JOIIRML D'YPHES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
M81,017. ÎO" Année.
Dimanche, 2 Février 1851.
INTÉRIEUR.
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Tpbes, 1" Février.
Le Mandement de l'Archevêque de Pari».
Souvent nous avons dit que le prêtre n'avait
qu'à perdre en se mêlant aux luttes politiques:
que l'influence qu'il pouvait gagner, n'était
acquise Jqu'aux dépens de son autorité reli
gieuse et que, dans l'esprit aetuel de la société,
son véritable rôle, puisque le domaine reli
gieux était libre et entièrement séparé de la
domination temporelle, était de ne pas inter
venir, avec son caractère sacré, dans les luttes
de partis et de planer au-dessus de tous les
intérêts temporels qui peuvent agiter la société.
Eh bien pour prix de nos sentiments cer
tainement favorables au clergé, en tant qu'in
stitution morale et religieuse et nullement
politique,-les journaux patronés et loués par le
cléricalisme criaient l'hérétique, au libérâtre,
l'anarchiste. On vous jetait la tête toutes
les injures, et l'on croyait vous faire grâce en
île vous désignant pas comme un être dan
gereux sentant le roussi.
Aujourd'hui un prince de l'église, l'archevê
que de Paris, vient de faire paraître un mande
ment, en conséquence d'une décision du Concile
de Paris, qui engage le clergé se tenir stric
tement en dehors des luttes politiques. Cette
œuvre, digne monument de la haute raison du
prélat de Paris, est remarquable plus d'un
titre et nous nous hâtons d'en reproduire
quelques parties
Mais toutes ces formes politiques dont nous nous
préoccupons avec tant de sollicitude, et qui, sans doute,
ont leur valeur et leur bonté relative, n'intéressent
l'Église, après tout, que parce qu'elles ont de favorable
ou de contraire au respect dû Dieu et ses saintes lois.
Elle sait, d'ailleurs, que le bonheur, même temporel, des
peuples, la paix et la prospérité n'en découlent pas né
cessairement que les bonnes lois, comme les bonnes
mœursla sécurité des familles et la concorde des
citoyens n'en dépendent pas non plus d'une manière ab
solue; que la misère et la révolte, l'oppression et la
tyrannie sont possibles avec tout système social et sous
tous les régimes; que le christianisme, au moyen de ses
divines influences, et surtout par les conséquences pra
tiques de sa doctrine, peut seul, avec le temps, améliorer
le sort des classes laborieuses et procurer une nation
toutes les libertés honnêtes, toutes les garanties désirables
de félicité. C'est pourquoi elle n'entre point dans les
préoccupations des politiques, et, nous le répétons, les
diverses Constitutions des États ne l'intéressent que par
leur rapport avec la religion et son exercice.
lus raY»
la cavalcade.
La cour d'Amboise avait subi une brusque métamor
phose le roi par sa conduite, avait autorisé tous les
élans. Les toilettes brillantes, riches et d'apparat étaient
remplacées par des habits grâcicux, légers, élégants, tout
ce que l'art avait inventé était coquettement étalé, cha
cun voulait se (aire admirer.
Plus de cinq cents gentilshommes des plus beaux noms
étaient cheval devant la cour d'honneur, impatients de
caracoler, de voir et de se faire voir.
Lorsque Louis XI parut sur la terrasse donnant la
mam Marguerite d'Anjou, il fut salué d'une vive accla
mation, laquelle il répondit par un sourire.
Le sire de Matignon, grand ceuyer, s'approcha du roi,
mais ce prince voulut offrir galamment l'étricr sa belle
pareote et Marguerite d'Anjou, posant une main sur
l'épaule de son royal cavalier, sauta légèrement en selle
et salua de la main, avec grâce, la foule qui se pressait
autour d'elle. Le comte de Warwick vint se mettre la
gauche du prince de Galles, et le duc de Clarcnce la
droite du roi. Derrière le roi venaient le comte de Cha-
bannes, l'Hermitc de Solliers, le grand-veneur Guillaume
de Galaé, et Pierre Henncquin, grand-louveticr.
Ah elle ne connaît, elle, qu'un seul gouvernement
qui convienne également tous, et que tous doivent ac
cepter, celui du puissant maître du ciel cl de h terre,
dont elle est parmi nous le représentant et l'interprète.
Eu vertu de sa fondation divine et de la mission surna
turelle qu'elle a reçue du Fils de Dieu lui-même, elle est
de tous les lieux et de tous les siècles, pour toutes les na
tions qu'elle doit enseigner, pour tous les hommes qu'elle
doit évangêliser, pour tous les Étais qu'elle doit chris
tianiser. Elle respecte tous les gouvernements qu'elle
trouve établis, ceux même que les révolutions fontsurgir,
sans leur demander compte de leur origine ni de leur
droit; pourvu qu'ils accomplissent leur devoir; et leur
devoir, c'est d'établir ou de maintenir l'ordre, de faire
observer la justice parmi les peuples, d'y faire régner la
paix, aliu que les citoyens, protégés dans leurs intérêts
matériels et spirituels, et assures d'une vie câline et
tranquille, sous l'égide de l'autorité, puissent paisible
ment rendre Dieu ce qui lui est dû, et travaillent effi
cacement, sous la conduite de 'a religion, faire leur
salut et mériter l'éternel bonheur de l'autre vie.
Or, l'Église se personnifie dans le prêtre. C'est
par lui que son action divine sur les hommes se fait
sentir. La conduite de l'Église doit donc être ici, comme
toujours, le modèle et la règle de la nôtre. Nous devons,
en quelque sorte, participer son immutabilité, au milieu
des orages du siècle; et de mêipe que, dans la distribu
tion de ses lumières et de ses grâces, de ses secours et de
ses consolations, elle ne s'inqu,ii*tc aucunement des di
verses formes de gouvernement adoptées par les peuples
divers, comme les mieux appropriées leurs mœurs cl
leurs besoins; de méine aussi, nous, ministres de Dieu,
dans l'exercice de nos fonctions sacrées, devons-nous ne
faire acceptation de personne et nous montrer également
dévoués nos -.emblubles, toujours prêts sacrifier notre
vie même pour chacun d'eux, sans distinction d'opinions
ni de partis politiques, nous faisant tout tous, ainsi que
le veut le grand apôtre, afin de les gagner tous Jésus-
Christ., s'il est possible.
Mais il faut nécessairement pour cela, nos très-chcrs
coopérateurs, que, dans notre conduite avec les fidèles,
nous demeurions étrangers ces opinions, ces partis,
quelles que soient d'ailleurs nos convictions et nos sym
pathies. Le prêtre qui, dans sa vie sociale, dans ses rap
ports officiels et journaliers avec le mondé, se mêlerait
aux débits passionnés de la politique; celui surtout qui,
dans l'accomplissement des devoirs de son saint ministère
et parliculièrcment dans lafprédieation de la parole di
vine, oubliant le respect dû la chaire chrétienne, la
transformerait en une espèce de tribune, ou seulement
s'y permettrait des allusions plus ou moins directes aux
affaires publiques et ceux qui y prennent part, celui-là
aurait bientôt compromis, avec son caractère de prêlre,
les intérêts augustes de la religion; celui-là, frappant
Iui-niême sa foi et son zèle de stérilité, rendrait d'avance
infructueuses toutes les œuvres de sacerdoce, au moins
l'égard de ceux dont il^urait froissé les sentiments,
par ces démonstrations d'esprit et de parti, démonstra
tions dès-lors plus coupables encore qu'intempestives,
véritablement criminelles aux yeux de Dieu comme aux
yeux des hommes
Ce qui n'est malheureusement que trop certain,
puisque nous le voyons de nos propres yeux, c'est que
l'attachement obstiné l'opinion politique divise la
isociété en plusieurs camps ennemis, toujours en armes,
toujours prêts eu venir aux mains ce qu'atteste une
fatale, expérience, c'est que, du choc violent et sans cesse
répété des opinions contraires, sort un feu ardent qui en
flamme les passions, excite les masses populaires, arme
les uns contre les autres les enfants d'une patrie com
mune et ce feu, hélas qui ne s'en souvient, a produit
parmi nous les maux lamentables de la guerre civile,
dont nous avons déjà plusieurs fois épouvanté le monde.
Or, si c'est là ce qui, de nos jours, divise le plus les
hommes s'ils sont portés regarder comme des ennemis
tous ceux qui heurtent ou ne bartagént pas leurs senti
ments en cette matière, comment accorderont-ils leur
estime, leur affection, leur confiance, aux prêtres qu'ils
rangeront au nombre de lcûrs adversaires? Èt que feront
ees prêtres, que deviendra leur ministère sans la con
fiance, l'affection et l'estime de ceux auxquels ils sont
envoyés. Donc, vous le comprenez, nos très-chers coo
pérateurs, nous manquerions tout ce que la prudence
et le succès de notre saint ministère exigent de nous;
nous manquerions Dieu, l'église, notre mission de
paix et d'amour, si nous nous mêlions aux débats de la
politique humaine...
Après les principes, les conséquences. Et d'abord
sans vouloir examiner ce qui peut convenir ailleurs, et
uniquement préoccupé de la position presque toujours
exceptionnelle de notre diocèse, non-seulement nous ex
hortons nos bien-aimés fils dans lë sacerdoce ne point
se présenter comme candidats de rtos assemblées politi
ques aux prochaines élections, mais nous croyons devoir,
dans les intérêts totu la fois de la religion et de la patrie,
le défendre expressément tout prêtre de notre diocèse
engagé dans le ministère sacre, ayant charge d'âmes,
conformément l'esprit du Concile de Paris.
La présence des membres du clergé dans l'Assemblée
Derrière la reine, on retrouvait la plupart des grandes
dames que nous avons déjà nommées, et parmi elles,
Ange de Lamorge et Margarct
La cavalcade s'ébranla, tous les panaches ondoyèrent,
les handcleltcs et les longues robes s'agitèrent la brise,
la noble compagnie prit la route d'Orléans, et bientôt
perdit de vue la Loire et le château.
Le dernier des cavaliers avait disparu depuis long
temps dans la vallée, et le chevalier de Kcrven était
encore accoudé sur la plate-forinecherchant dans
l'espace l'image de sa fiancée, écoutant tous les bruits,
pour distinguer celui de l'heureuse jeunesse qui jouissait,
sans le savoir, de son bonheur le plus cher, celui de voir,
de saluer et d'entendre sa Margaret adorée.
Tout-à-coup, sortant de sa rêverie et voulant suivre
celle qu'il aime, il s'élance sur son cheval et court sur la
route que la cavalcade venait de prendre.
A trois ou quatre cents pas du point de départ, Henri
rencontra deux vieux pèlerins qui tenaient le milieu de
la route, et qui cheminaient pesamment. Emporté par la
fougue de son cheval qu il ne pût modérer assez tôt, il
arriva devant les deux vieillards qui se baissèrent heu
reusement devant lui, et il franchit ^ce double obstacle
avec audace.
convoquées.
Mais aujourd'hui, pour avoir quelque influence dans
ces assemblées de la nation, il faudrait nous attacher
l'un des partis, voter avec lui. Or, nous ne devons jamais
devenir des hommes de parti. Ministres de l'église catho
lique, nous appartenons tous, pour les moraliser tous,
pour les sauver tous, et l'intérêt éternel des âmes doit
toujours l'emporter, dans notre esprit et notre cœur, sur
l'intérêt borné de la politique.
Quel brave cavalier, Monseigpcur, dit l un des pèlerins J
dans lesquels on a sans doute reconnu le comte de Keri
ve n et son ami, comme il ressemble bien, repartit l'autre
ce qu'était son père Ami j'avais alors son âge la
comtesse de Rosières avait dix-huit ans; dans une chasse,
je franchis, pour lui pjaire, un fossé, de dix brasses, où
était tombé le renard que nous poursuivions... Après un
court silence, le comte reprit Retournons sur la Loire,
j'ai vu ce que je voulais voir... nous avons eu nos caval
cades, nous aussi Viens, mon vieil ami, viens sur le
fleuve, nous oublierons le présent, nous causerons de nos
bonnes batailles, du manoir de Kerven; viens, je te par
lerai d'elle.
De qui Monseigneur. De Marguerite. De
cette jeune demoiselle que nous venons de voir Fou
s'écria le comte, avec une colère concentrée; non pas
d'elle, mais de sa mère, de sa mère que j'ai revue en elle!
Quoi! vous aimeriez en reparler, vous en souvenir?
Le comte prit un ton d'ineffable douceur et répondit,
les regards levés vers le ciel
Celle que l'on aima la première, on l'aime toujours
au fond du cœur, toujours ce cœur eût-il été flétri par
toules les trahisons! Viens, ajouta le vénérable vieillard,
j'ai besoin de me souvenir, et besoin d'oublier
La vallée dans laquelle s'était engagée l'escorte royale,
débouchait sur une vaste forêt peuplée de sangliers, do
daims et de cerfs, dont la chasse était exslusivcment
réservée. Des percées longues et commodes avaient été