a été découverte par des employés des douanes qui
avaient vérifier le contenu des ballots.
Nous pensons que la publicité donnée ce fait
en empêchera le retour: une lettie cachetéeou non
ne peut pas être déposée dans un ballot 011 paquet
transportés soit par les messageries, soit par le che
min de fer. Quant aux factures, on peut les joindre
aux marchandises, mais écrites sur papier timbré
et ouvertes.
M. L.-H. d'Aywaille, contrôleur au bureau des
matières d'or et d'argent, Anvers, est mort pres
que subitement, hier après-midi, l'âge de 67 ans.
On avait affiché, hier au malin,ses bans de mariage,
l'hôtel—de—ville, et l'après-midi on y apprenait
son décès.
Les membres de la députation permanente du
conseil provincial de Liège viennent de déposer, au
parquet de Liège, une plainte en calomnie contre
l'éditeur de la Tribune.
On nous écrit de Réalville, canton de Caussade
Ces jours derniers, un enfant de quatorze ou
quinze mois tomba malade et succomba après quel
ques jours de souffrances. On procéda son inhu
mation, et comme dans nos contrées les bonnes
femmes croient que les trépassés ont rigoureusement
besoin d'êlreenveloppésdansdes draps bien chauds,
011 échauffa le linceuil mortuaire et on y roula le
cadavre de l'enfant. Mais, surprise! au moment
où ces derniers et lugubres préparatifs étaient pres
que terminés et que la bière était If», béante,
attendant sa proie, on sentit quelque chose remuer.
L'enfant n'était pas mort. On s'empressa de le
dépouiller de ses langes, et ou vit qu'effectivement
celte petite créature n'était qu'engourdie, et qu'il
avait suffi d'un peu de chaleur pour la rappeler
la vie.
Nous ne décrirons par les joies de la pauvre
mère en voyant son enfant qu'elle croyait perdu
jamais, revenu miraculeusement la vie, mais que
ce fait, qui du reste, n'est pas sans précédent
puisse au moins faire comprendre, aux gens des
campagnes, tous les inconvénients des inhumations
trop précipitées,
Souvent il a été question de M. Jacques Arago,
l'aveugle, le frère de François Arago, l'astronome,
d'Élienne d'Arago, le proscrit. Rien que privé de la
vue, M. Jacques s'était embarqué pourla Californie,
et l'on a raconté que dans la traversée, le capitaine
du vaisseau qui le jortait avait été obligé de le faire
descendre terre pour l'empêcher d'exciter le dés
ordre dans son équipage.
M. Jacques Arago est revenu en France et il a
composé et dicté un livre dans lequel il raconte ses
dernières pérégrinations. Nécessairement il n'est
coupable, suivant lui, d'aucunetf ntativedesédition.
Mais le plus curieux, c'est que, nullement fatigué
de son dernier voyage, des épisodes désagréables
qui ont pu le signaler, l'aveugle va se remettre en
rout'pour les mêmes latitudes et la tête d'une
expédition qui va s'établir au Chili ou au Pérou.
Les yeux fermés, il va conduire ses compatriotes
dans les contrées où ils ont mission de porter la
lumière, le travail et la civilisation. Quel sera son
titre, son grade? On ne ledit pas; m lis on ass ure
qu'il sera l'âme, le flambeau de la nouvelle entre
prise.
Ce ne sera pas une des choses les moins bizarres
de notre époque que de voir une expédition mari
time et lointaine sous la protection d'un rival des
quinze-vingt.
M"" pleyel, lyov. Nous avons annoncé le
départ de M™" Pleyel pour le Midi de la France. Nous
apprenons que la célèbre artiste a donné, Lyon,
deux concerts qui ont mis en émoi le public musi
cal de la seconde ville de France. Elle a joué comme
elle seule sait le faire, quelques-uns des plus bril
lants morceaux de son répertoire, et l'enthousiasme
a suivi un crescendo soutenu. Applaudissements
frénétiques, bravos, rappels, bouquets, rien de ce
qui peut servir former une ovation complète n'a
manqué notre illustre compatriote. Mm* Pleyel
donnera encore deux concerts pour le moins, car les
dilettantes lyonnais ne paraissent pas disposés la
laisser partir après les quatre soirées qu'elle leur a
promises. On dit, en outre, que son hôtel est littéra
lement assiégé par une foule de dames et de demoi
selles amateurs qui viennent solliciter ses conseils.
De Lyon, M"* Pleyel se rendra Marseille, où elle
est attendue, puis dans d'autres villes des déparle
ments méridionaux qui la réclament leur tour.
L'Impartial de la Meurthe raconte le drame
suivant
Un enfant nouveau-né avait été déposé sur le
bord de la route qui traverse la forêt de Sarrebourg.
Dans les langes qui enveloppaient cet enfanl.se
trouvait une sominede too fr. et une lettre où l'on
priait celui qui le trouverait d'en prendre soin. Un
homme, caché dans le taillis, veillait sur cette
pauvre petite créature. Un garde arriva sur les lieux,
souleva l'en faut, déroula les langes, prit connaissance
de la lettre, se saisit du rouleau de 100 fr. et entra
dans le bois, en emportant le nouveau-né, et lui
brisa la tète contre un arbre, avant que l'homme
qui veillait sur l'enfant pût prévenir cet horrible
dessein, et l'enterra quelque pas de là. Le témoin
du crime s'avisa alors de cou perdu bois pour attirer
le garde et se faire arrêter. Le garde, en effet, vint
le sommer de le suivre chez le maire. Arrivé chez
le magistrat, l'inconnu riposta, l'accusation du
garde-forestierpar une accusation de vol et
d'assassinat. Et la preuve, ajouta-t-il, c'est que vous
avez les 100 fr. dans votre poche. Le garde, accablé
par celte déclaration, a, dit-on, fait des aveux
complets.
Le 6 Janvier dernier, Kuterham, maître tailleur
du bagne de Brest, tombait sans connaissance sous
les coups de couteau que lui portait avec rage le
condamné Envesailles. Chaque fois qu'il frappait sa
victime, ce dernier criait: Tiens, voilà ce qui le
revient. C'est pour ce fait que ce meurtrier compa
raît devant le tribunal spécial maritime de Brest.
Le tailleur a survécu, mais il est en proie de vives
souffrances et estropié pour la vie. L'accusé est un
ancien soldat du u' léger. A son entrée au corps,
il avait subi une condamnation pour vol 3 ans
d'emprisonnement; puis, Alger, il avait été
condamné mort pour violences envers ses supé
rieurs. Sa peine ayant été commuée en celle du
boulet, une nouvelle insubordination le fit encore
condamner mort; une nouvelle commutation lui
infligea les travaux forcés perpétuité.
Envesaillesavailobtenude l'ouvrage dans l'atelier
des tailleurs, lorsque le maître jugea propos de
réduire le nombre des personnes qu'il occupait.
Envesaillesfut porté sur la liste deceux qui devaient
être privés de travail. De là ces projets de vengeance,
consommés par une espèce de parti pris d'en finir
avec l'existence. A l'audience l'àccusé ne dément
pas les deux seutirnens qui ont dirigé sa conduite,
rarement on a vu avec plus de cynisme la prémé
ditation d'un crime. Mon général, dit-il, je savais
ce que je faisais je voulais me faire condamner
mort et j'y ai réussi. Je ne veux pas de grâce; la
seule que je demande, c'est qu'on me fasse faire la
culbute; dans quarante jours mon compte sera
réglé. J'aurai grâce entière, sans surveillance Ni
nice sera fini. Je voulais tuer mais puisque le
tailleur n'est pas mort, tant mieux, c'est un sou
venir de reconnaissance qu'il gardera de moi. Vous
me reprochez d'être insubordonné: c'est un don que
j'ai reçu de la nature.
Un forçat vient déposer contre lui et s'écrie
«Comme j'aurais voulu connaître plutôt cet être-là!
j'aurais préféré tuer dix forçats, plutôt que de bles
ser le tailleur. Un autre condamné l'accuse d'avoir
fait entendre des menaces contre une religieuse, et
d'avoirdit qu'ilaurait voulu trouver le commissaire
pour l'assassiner. Il avoue tout, et répond C'est
vrai, je me suis plaint de la religieuse et j'aurais
voulu trouver ma belle pour lui apprendre me
mettre pendant douze jours la diète; c'est une
rugueuse de portions, elle m'a fait du mal, pendant
que la religion lui commande de ne faire que le
bien, et je vous prie de croire que je voudrais la
tenir seulementcinq minutes pour la récompenser.»
En se retirant, l'accusé s'écrie: Enleoé, c'est pesé.
Envesailles est condamné mort, l'unanimité
des voix.
L'empereur de Russie a ordonné que les commer
çants et les industriels qui auraient l'intention de
visiter l'exposition de Londres, seront dispensés de
payer la taxe pour les passeports.
Aventures d'un Japonais.
Il y a dix ans environ, un marin américain, le
capitaine W.-H. Whitfield, de Fair-Haven, qui comman
dait un baleinier dans l'Océan Pacifique, attérit une île
inhabitée pour y faire de l'eau. Il y trouva, sa grande sur
prise, quatre hommes qui parlaient un langage inconnu.
C'étaient des Japonais qui avaient été jetés par la
tempête sur cet ilot désert. Ils n'avaient rien pu sauver
de leur navire mis en pièces, et,dcpuiscent quatre-vingts
jours, ils vivaient avec des œufs de tortue et les mouettes
qu'ils abattaient coups de pierre.
Le capitaine Whitfield prit ces malheureux son bord,
et il en déposa trois Uonohilu, capitale des lies Sand
wich. Quant au plus intelligent de tous qu'il nomma
John Mung, il l'eininena aux États-Unis.
John Mung y apprit l'état de tonnelier il fréquenta
les écoles publiques et acquit une instruction assez éten
due. Il s'embarqua alors bord d'un navire baleinier
qui allait pêcher dans l'Océan Pacifique, et la suite de
cette campagne, il se rendit en Californie. N'ayant pas
réussi en Californie au gré de ses espéranees, il est
retourné cette année aux îles Sandwich, dans l'espoir
qu'un des nombreux navires qui y touchent tous les ans
lui fournirait l'occasion de revoir son pays natal. Toute
l'ambition de .Mung est de posséder une jonque, de la
diriger lui-méine l'aide de la boussole cl du compas et
de prouver ainsi ses compatriotes que les barbares du
dehorscomme ils disent, peuvent leur en remontrer en
fait de navigation.
A son retour Honolulu, John Mung apprit que
plusieurs de ses compatriotes venaient d'être amenés aux
îles Sandwich par le capitaine Clark, du navire VHenry
Kneeland, qui les avait rencontrés en mer, le 22 avril
1850, sur une jonque complètement désemparée. John
Mung servit d'interprète ces malheurenx, et voici ce
qu'on apprit de l'un d'eux, nommé Kekuzero:
Leur jonque s'appelait le TinzumoUy elle avait pour
capitaine un nommé Kusky, et Kekuzero en était le
second. L'équipage se composait en tout de treize per
sonnes. Kekuzero a conservé les livres du bord où se
trouvent relatés tous les accidents de mer comme sur un
navire européen. Le TinzumoUy appartenait un
guerrier ou noble du Japon, appelé Souinung, et résidant
dans la petite ile de Nipung, au nord-est de l'île de
Niphon. Ce Soumung est le propriétaire des deux seules
jonques de l'île, les autres habitants ne possèdent que des
bateaux de pêche. L'île ne produit que du riz et des
légumes.
Le TinzumoUy transporta une cargaison de riz Jeddo,
capitale du Japon, et l'y débarqua. Le capitaine reçut
le prix du chargement, moitié en argent, moitié en billets.
Ces billets sont vignettes et dessins, et ont aussi bon
air que ceux de la banque de New-York ou de laabanquc
d'Angleterre.
Au retour, qui devait s'effectuer en trois jours, la
jonque rencontra des vents contraires qui la firent dévier
de plus en plus de sa route. Au bout de seize jours l'équi
page n'avait plus d'eau au bout de vingt-six, il n'avait
plus de riz. Il fut réduit subsister sur l'eau que fourni
rent heureusement quelques averses de pluie, et sur les
poissons que l'on prit de temps autre. Soixante-six jours
se passèrent ainsi; enfin la jonque, démâtée, privée de
tous ses apparaux et incapable de manœuvrer, rencontra
VHenri Kneeland. Le capitaine.Clark prit l'équipage
son bord et fournît ses besoins; mais comme il ne pou
vait se charger d'autant de monde pour toute une cam
pagne, il remit six hommes aux autorités russes de
Pélropanlosky, sur la promesse qu'ils seraient transportés
au Japon. Le capitaine Schcrmau, du Nemroden prit
deux autres sou bord, ainsi que le capitaine(Divol, du
Marengo. Les trois derniers furent amenés *par lui
Honolulu. De ce nombre était Kekuzero, second du
navire.
beaucoup de questions ont été faites Kekuzero sur
son pays. L'île Nipung, où il est né, l'une des plus
petites du Japon, contient soixante temples, tous remplis
de dieux, c'est-à-dire d'idoles. Chaque temple est desservi
par un prêtre qui remplit l'office de maître d'école.
Tous les enfants, riches ou pauvres, suivent ensemble
les cours de l'école, et il n'est presque personne qui ne
sache au moins lire et écrire. Les dépenses du temple et
de 1 école sont défrayées par une taxe générale; chaque
cultivateur étant obligé de donner cinq boisseaux de riz
par acre.
On a demandé Kekuzero comment sont punis les vo
leurs. La première et la seconde fois, a-t-ildit, les voleurs
sont mis en prison, la troisième, ils ont le cou coupé.
Quant aux meurtriers ils sont décapités.
Un homme n'a droit de prendre qu'une seule femme;
mais, si elle lui déplaît, il a le droit de la renvoyer chez
ses parents, du consentement de ceux-ci; mais en cas de
refus de ceux-ci, il est obligé de lui faire une pctision
alimentaire.
LesJaponaiscroicntqu'après la mort les bons vontdnns
un lieu agréable, et les méchants dans un séjour affreux.
Lorsqu une personne vient mourir, un écriteau, portant
son nom, est suspendu dans sa demeure, et les gens de la
maison prient certains jours pour l'âme du trépassé.
11 y a six grandes fêtes religieuses au Japon, y compris la
nouvelle année qui tombe en janvier.
C'est un préjugé répandu que les Japonais, lorsqu'ils
sont ramenés dans leur patrie la suite d'un voyage
l'étranger, sont infailliblement mis mort, Mung et
Kekuzero affirment qu'il n'en est rien. Kekuzero assure
que, si on les reconduit dans leur village, les habitants
feront le meilleur accueil au navire qui les ramènera, et
le ravitailleront gratis. Ce qui donne lieu de le croire, c'est
que, sur cet équipage, de treize hommes, sept étaient
mariés, et ont laissé leurs femmes et leurs familles dans
leur île natale. Les autorités américaines se proposent de
faire repatrier ces malheureux naufragés, soit par un
navire de guerre soit par un baleinier, pour profiler de
cette occasion do pénétrer dans le Japon.
Journal des iles Sandwich