EXTÉRIEUR. les retirer, elles ne donnaient plus aucun signe de vie. Inutile d'ajouter que leurs cadavres étai<nt horriblement mutilés. Im nommé Bernard Vandercruyssen, marchand de bestiaux, demeurant Meirelbeke, ayant quitté son domicile vendredi dernier pour se rendre Gand, n'est plus rentré. Il avait sur lui uue somme assez considérable d'argent Il existe dans la commune d'Aerseele deux irères jumeaux, nommés Van Overbeke. Ils ont servi en semble dans l'armée. Quand l'un devait partir l'autre lesuivait. Ils ont épousé deux sœurs, et ils se sont mariés le même jour. Les époux jumeaux habitent ensemble, quoique tenant ménage part. Us exploitent une petite métairie, et ils vivent en parfaite harmonie. Ils ont chacun cinq enfants. Leur frère est contre-maitre l'atelier-inodèle de la com mune; il vient d'être décoré comme ouvrier indus triel par S. M. Les services funèbres en l'honneur des victimes de la révolution de 1H48, ont été célébrés hier dans toutes les églises de Paris. A Notre-Dame la foule était considérable, l'on remarquait quelques nota bilités républicaines. Les représentants de la Mon tagne s'y trouvaient en assez grand nombre. Quelques rassemblements iuoffensifs ont eu lieu sur divers points, enlr'aulres, Montmartre; mais aucun désordre sérieux ne s'est manifesté l'occasion de l'anniversaire du 24 février. Les journaux publient la note suivante qui leur a été communiquée par ordre de M. le préfet de police: Plusieurs journaux ont parlé, avec plus ou moins d'exactitude, d'une manifestation hostile l'assemblée législative qui devait avoir lieu dans ta journée de samedi. Bien que cette manifestation n'ait pu avoir d'elFel, en présence des mesures énergiques prises par l'autorité, le préfet de police, après avoir pris les ordres de M. le président de la république, vient d'en traduire les acteurs, organisateurs ou complices devant les tribunaux. L'on parlait hier d'une promenade cominémora- tive la colonne de la Bastille. Favorisés par le beau temps, les promeneurs encombraient les lieux pu blics, mais il n'y a eu aucun désordre déplorer. FRANCE. Paris, 26 Février. Nous vous donnons plus loin des détails circonstanciés sur les prin cipaux incidents qui ont signalé la journée d'hier. Il ne nous reste qu'à les compléter par quelques observations intimes. Nous avons cru devoir nous rendre au service funèbre de l'église Notre-Dame, où nous avions déjà annoncé que le gros des républicains de Février devait se réunir. Notre attente n'a point été trompée. Toutes les eouches du socialisme et de la démocratie étaient scrupuleusement représentées dans l'immense nef de la métropole. Com munistes. montagnards, républicains du jour, de la veille et de l'avant-veille se coudoyaient dans leur commun désastre, maugréant contre la situation présente et s'ac- cusant, in pettoles uns les autres d'être les artisans de leur ruine. Les républicains de la couleur du National et du Siècle, éLaient néanmoins les plus nombreux. Aussi la physionomie morne et fatiguée de l'ancien président ici vos intérêts. Et comment Je continue d'in triguer ce couple charmant; je leur donne tant de tracas, tant d'épouvante; je me trouve si souvent sur leurs pas; je les rends si malheureux l'un par l'autre, sans jamais me découvrir, qu'un beau jour la tendre Margarct pren dra son amant en horreur, en songeant vous et votre couronne ducale. J'humilierai le chevalier en toute cir constance, je ferai ressortir sa pauvreté, je l'exposerai aux risées. Elle l en aimera davantage, peut-être? Histoire de fabliau, tout cela. La femme est vaine de sa nature, et elle aime se parer de ses vices, quand ses vices sont élégants, et 11e garde pas un amant qui ne peut pas lui faire honneur. Vous verrez donc mourir de con somption cet amour chevaleresque toutes les qualités brillantes du petit de Kerven tomberont pièce pièce. La belle comtesse, éprise de vous, folle de vous, chassera sa première passion de son cœur, où vous régnerez. Elle a, dites-vous, mal conçu votre déclaration Très-mal. Je l'avais ccpen 'ant glissée avez assez d'adresse et une éloquence que je ne me soupçonnais pas; elle in'a rendu son portrait en me raillant d'une façon diabolique. Hum lit le lord, c'est un vrai congé; inais qu'importe Et notre lettre, en connais-tu les résultats? Mes lettres, voulez-vous dire, elles ont produit tout ce que j'en attendais. N'avez-vous pas remarqué hier, 'a cérémonie, comme votre amoureuse était troublée La reine a pareillement lu la sienne et vous, qui avez eu audience uvcc Warwick hier soirn'avez-vous rien appris La reine était fort émue quand nous sommes arrivés près d'elle, et mademoiselle de Rosières l'a quittée les larmes aux yeux. Très-bien, très-bien, nous aurons fait merveille. Es-tu bien sûr qu'on ne nous de la Constituante, nous a-t-elle paru s'éclairer et se des siner plus ferme côté de la figure maladive du général Cavaignac. Chose digne de remarque toute cette foule d'ancien- gouvernants, d'anciens ministres, d'anciens administra teurs, qui, pendant dix mois durant, se sont disputé ou partagé les dépouilles de la France, semblait être dominé encore dans ce dernier réduit qu'avait choisi la révolution par la société retrempée et seuvée, personnifiée dans les deux édiles de la cité, M. le préfet de la Seine et M. le préfet de police. M. Carlier surtout, vêtu de son costume officiel et promenant son œil serein sur toute l'assistance, était une sorte de leçon vivante imposée ces hommes qui, avec les ressources infinies de la France, n'avaient su ni pu rien fonder, parce qu'il leur avait manqué la première vertu d'un bon gouvernement: l'horreur de l'anarchie et la ferme volonté de rétablir l'ordre matériel en réprimant le désordre moral avec une constante énergie. Ce contraste frappant entre les hommes qui ont pro mené partout la sape et la mine, après Février, et celui qui a concouru si puissamrucntà remettreen place chaque chose Paris, sous l'impulsion du Président et de l'As semblée, ee contraste n'a échappé personne, pas même aux principaux acteurs. Protégés et surveillés la fois, au milieu de leur manifestation, par les représentants de l'autorité légale; ces derniers sentaient, en effet, instinc tivement le poids de leur irrémédiable défaite. La même impression est résultée pour nous du spec tacle qui nous a été donné pendant plusieurs heures sur lu place de la Bastille. Quelques hommes chevelus et barbus, ornés de bouquets d'immortelles, quelques offi ciers en tenue, faisant leur pèlerinage sans élan, sans goût et comme par devoir, et, embrassant tout cela, une foule inerte et indifférente de curieux, voilà tout ce qui a constitué les éléments de la démonstration populaire destinée raviver le zèle des départements. Quels que soient les récits que vous enverront les ré dacteurs des journaux rouges, croyez que tout l'ancien enthousiasme révolutionnaire est bien mort, et qu'à moins de grandes fautes de notre part, il ne revivra pas demain. Rien de plus curieux ce matin, que les journaux or ganes ou complices de la faction rouge. A les entendre, la journée du 24 Février a été célébrée avec un élan ad mirable. Le peuple républicain du National, de/3 Presse, du Siècle, etc. etc., avait mille coudées de hauteur! Ja mais leur République n'a été plus grandiose et plus enra cinée au cœur du pays. Malheureusement pour ces jour naux, ceux qui ont été témoins dis la journée du 24 Février, c'est-à-dire toute la population parisienne, ont été surpris de l'immense ^olitudc qui s'est faite autour du socialisme de la République de M. Marrast. Tout ee qu'il y a de vrai dans ta Presse et le National, c'est que cet anniversaire porte avec lui une haute et significative leçon. Il nous a montré que si l'esprit révolutionnaire est encore vivace dans les bas-fonds de la société, la niasse de la population française n'en éprouve pas moins une pro fonde répugnance pour là faction qui s'est imposée elle par un coup de main, et a en quelques heures anéanti sa liberté et sa prospérité. Tandis que les amis compromettants du président de la république s'évertuent envenimer la querelle qui existe entre lui et l'assemblée, pelle-ci évite autant que pos sible toutes les occasions de conflit et pousse la bien veillance jusqu'à s'abstenirde démarches qui sembleraient impliquer un blâme de la conduite de Louis-Napoléon. Ainsi, je crois pouvoir vous donner comme certain que si le bureau 11'a pas assisté la cérémonie du 24 février, ait pas aperçus la nuit, sur la Loire? Tout est secret... le sieur de Torcy a rencontré notre- barque, mais sans y voir autre chose. Tu es habile et fidèle, aussi je te promets les marelles d'Écosse, quel que soit le vainqueur. Voilà l'heure, milord duc on entre la chapelle, partons... L'archevêque de Tours officiait dans cette même cha pelle où s'étaient rencontrés, la veille, les deux moines et les deux jeunes femmes. Le roi de France était assis dans un grand fauteuil drapé de housses d'or; il avait devant lui un petit prie-dieu gothique d'un goût exquis, et ses genoux s'enfonçaient fréquemment dans un coussin de velours glands d'argent. E11 face de l'hôtel, sur deux banquettes cramoisies et dorées, on voyait le jeune et beau prince de Galles, avant sa gauche la charmante Anne de Warwick. Ces deux gracieux enfants se tenaient humblement courbés devant le Dieu qui allait recevoir leur serment. Unis dans un âge où tout est illusion, leurs âmes étaient les seules peut-ê're qui, dans celle foule, croyaient sérieusement au bonheur de l'avenir. Heureux de se voir et de s'appartenir, ravis de leur mutuelle beauté, ils ne songeaient pas la lourde couronne qu'on posait sur leurs tètes, car tous deux avaient au front le bandeau radieux de la virginité. Le prince de Galles élait vêtu de satin blanc de la téte aux pieds; la seule rose rouge était brodée sur son man- telel ses cheveux blonds étaient rasés fort près, et lui donnaient un petit air martial dont raffollait sa mère. Anne de Warwick était pareillement vèluc de blanc, portait sur sa téte une couronne de jasmin et d'oranger. c'était pour ne pas paraître blàiner l'absence du président, Jn prétendait hier dans la soirée, et l'on a répété aujour- d hui la bourse, que le prince aurait mal apprécié la mesure prise par le bureau et que sous prétexte d'une indisposition, il refuserait de se rendre la soirée donnée par M. Dupin, l'hôtel de la Présidence. Si le fait a été vrai un instant, il a cessé de l'être, car H heures du soir, le prince, malgré une fluxion de dents, a paru dans le salon de M. Dupin. Du reste, on espère que, mieux éclairé par les hommes intelligents et véritablement dé voués, dont il prend parfois les conseils, Louis-Napjléon comprendra que le pouvoir législatif ne lui est point hos tile dans le fond et que c'est surtout par suite des inspirations mauvaises qui l'obsèdent habituellement, et qui 1 ont pousse des actes regrettables, que le prince- président doit attribuer la suspicion dont il est l'objet depuis quelque temps de la part de l'assemblée. On parle d uue transaction entre le gouvernement et l'assemblée, en ce qui louche la proposition Greton. Le gouvernement aurait, dit-on, signifié quelques bur- graves qu'il s'opposerait au projet d'amnistie et qu'il suspendrait en outre les grâces particulières qu'il avait l iaient on défaire, pourvu que la majorité de son côté repoussât la proposition Creton. On ne dit pas si les burgraves consultés ont accepté ces offres. Mais dans les bureaux le ministre a réservé comme une menace la question des grâces particulières; ainsi que vous avez pu le remarquer, la netteté du rapport par lequel M. Pisca- tory, au nom de la Commission chargée d'examiner la proposition d'amnistie la repousse, ne saurait rien faire préjuger sur la solution. ANGLETERRE. Loxdbks, 25 février. Le marquis de Landsdowne la chambre des tords, et lord John Russell la chambre des communes, ont donné hier soir des explications sur la crise ministérielle. Suf la motion de lord John Russe!!, la chambre des commu nes s'est ajournée vendredi. Au sujet de l'état des négociations, le Morning-Herald annonce que lord John Russell el sir James Graliain n'ont pu parvenir recomposer le cabinet, et qu'en con séquence lord Stanley a de nouveau été appelé au palais de S. M. 11 ajoute qu'on pense que lord Stanley parvien dra former un cabinet. Le Morning-Post, dans sa troisième édition, annonce que lord Stanley, mandé au palais 10 heures, y est arrivé 11 et a été Immédiatement introduit auprès de S. M. ESPAGNE. Madrid, 20 février. La chambre des députés n'a pas encore siégé aujourd'hui. La commission, chargée durèglement de la dette, s'est assemblée hier; elle n'a fait qu'examiner les pièces de mandées au gouvernement et que celui-ci s'est empressé de produire. La Commission se réunira encore demain soir. O11 dit qu'elle paraît peu désireuse de précipiter la présentation de son rapport. Quelques personnes croient rnéine que la question 11e sera pas décidée dans la pré sente session des Cor lès. Outre les membres de la commission, il y avait cette réunion plusieurs députés de toutes les fractions du Congrès et notamment MM. Madoz, Lafont, Berraudez de Casiro, Moreno Lopcz, Sanehez Ocana, Coello, Lopes Ballesleros et d'autres. La discussion s'est engagée sur l'intégralité du projet présenté par le gouvernement. MM. Garcia Luna, Madoz, Sanehez Ocana et Lorente ont pris la parole. Ce dernier, dit la Epoca, s'est élevé une grande hauteur il a dit qu'il partageait toutes les vues du cabinet sur l'opportunité du règlement de la dette et sur la nécessité d'y procéder, mais qu'il se ré servait l'appréciation de la possibilité d'exéeuter ce que Elle baissait ses beaux yeux bleus sur un missel, et tenait un rosaire dans la main droite. Derrière les jeunes époux élait la reine d'Angleterre, ayant le duc de Clarenee sa droite et la comtesse dé Warwick sa gauche. La cour s'était partagée des deux côtés de la nef, et l'on voyait les femmes les plus merveilleuses, douillette ment agenouillées, marmottant bien bas de ferventes prières, cl relevant parfois des yeux languissants sur quelques beaux cavaliers, assez mauvais catholiques pour songer l'amour dans une église. Mademoiselle de Rosières élait placée côté de la marquise. Le visage de Jeanne, comme celui de Margaret, était d'une pâleur extrême; ils al tiraient et fixaient les regards,etlesjeunesgensen chueliottaient méchamment. Tout-à-coup les joues de la comtesse se colorèrent, sa peau, d'un blanc presque mat, devint rose, et ses regards éblouis s'abaissèrent comme regret. La marquise de Courtenay avait sans doute éprouvé la même impression que son amie, car ses traits ayant subi une pareille mé tamorphose, son front se pencha pour ne se relever que longtemps après, avec humilité et prudence. Les jeunes seigneurs, qui admiraient ces deux femmes et portaient intérêt leur langueur charmante, retournèrent la téte tous la fois, pour se rendre compte du sujet qui, selon la phrase favorite du galant de l'Aigle, avait caché les lys sous les roses. Tous les regards rencontraient Henri de Kerven. Le chevalier était appuyé contre l'un des piliers de la porte d'entrée son bras élait on écharpc ses cheveux noirs tranchaient avec l'effrayante pâleur de son visage ses yeux exprimaient uue douceur pleine de charme. [La suite au prochain N°

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Le Progrès (1841-1914) | 1851 | | pagina 2