JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Vires acquint eundo. INTÉRIEUR. sa ABONNEMENTS Ypbes (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypbes, 8 Mars. En émettant quelques réflexions sur le petit nombre d'industriels qui ont manifesté l'inten tion d'exposer des produits de leur industrie la grande exhibition de Londres, nous témoi gnons le regret de n'avoir pas compris M. Soenen au nombre des fabricants qui pren dront part cette solennité industrielle. Mais ce n'est pas tout-à-fait notre faute. En premier lieu, M. Soenen avait fait connaître son inten tion d'exposer. Plus tarddoutant de pou voir terminer les ouvrages fabriqués pour le terme fixé, il avait émis la crainte de ne pou voir remplir sa promesse. Enfin, grâce proba blement au délai accordé aux fabricants en dernier lieu, M. Soenen prendra part l'expo sition de Londres et les dentelles d'Ypres compteront un exposant de plus. Ajoutons que les tissus destinés par ce fabricant l'exposition universelle de Londres feront honneur la ville d'Ypres qui devra de la reconnaissance M. Soenen, pour avoir coopéré au maintien de la renommée de l'industrie capitale de notre cité. Un individu de Roesinghe s'est noyé dans le fossé de la lunette des fortifications longeant la roule de Bruges, près du moulin du sieur Breyne. Trois compagnons attardés, garçons de ferme, croyons-nous, revenaient lard dans la nuit du côté de la çotnmune de S'-Jean se dirigeant sur le village de Boesinghe. Ils étaient pris de buisson et l'obscurité les ayant fait dévier de la route, ils sont tombés dans le fossé de l'ouvrage avancé. Deux ont pu en être retirés, mais le troisième a payé de son existence l'oubli des préceptes de la tempé rance. Hier on a transporté en ville, un homme qui s'est cassé la jambe au bassin du canal, en chargeant des arbres sur un bateau. Par arrêté royal du 28 Février 1851, la dé mission du sieur Cornette, Jean-Baptiste-Em manuel, de ses fonctions de juge de paix du canton de Poperinghe, est acceptée. Il est admis faire valoir ses droits la pension. La Patrie nous assure, dans son numéro d'hier, que M. Delafaiile-D'Huysse ne sera pas porté, par les cléricaux, comme candidat aux élections d'Os tende. Que le parti clérical ail changé d'avis ou bien que \1. Delafaille ait reiusé la candidature qui lui a été offerte, cela est possible, mais que cette candida ture n'ait pas été résolue Bruxelles dans une des réunions qui ont eu lieu récemment et où se trou vaient la plupart des sommités catholiques, cela n'est pas. Quelques obstacles imprévus doivent être survenus, bu bien la prévision d'une défaite certaine a-t-elle lait hésiter les plus résolus. Quoiqu'il eu soit, il est positif, d'après la Patrieque M. Dela faiile-D'Huysse ne se présentera pas aux suffrages des électeurs de Furnes-Ostende. Le Burger-IVelzyn nous parle de M. de Moore- gheui. Nous pensons que cette candidature n'est pas assez sérieuse pour qu'il faille s'y arrêter un instant pour la combattre. Mais est-ce dire pour cela que les cléricaux abandonneront la partie et vont laisser le champ libre uux libéraux? Bien imprudent serait notre parti s'il le croyait. Soyons assurés que nos adversaires travaillent en secret et que ce ne sera peut-être que la veille ou l'avant-veille des élections que l'on connaîtra leur candidat. Agir autrement, du inoins s'ils veulent avoir quelques chances bien légères de succès serait, de leur part, une impru dence qu'ils ont payée assezelier en pareille occurence pour qu'ils ne fassent plus de même aujourd'hui. N'importe,leurs intrigues éclioueront devant le bon esprit des électeurs d'Ostende-Furnes. (Impartial de Bruges.) Nous faisons suivre la lettre par laquelle M. Gus tave Pecsteen-De Vrière, se porte candidat aux L!£§ (8ritb.> les de0x couronnes. Le soir, Marguerite d'Anjou, retirée dans son appar tement, était seule; elle repassait dans sa mémoire et dans son cœur les événements de cette journée si impor tante ses projets, ses vengeances; elle chassait'ses derniers ressentiments d'orgueil, priait tout bas pour son fils, qu'une alliance désespérée venait d'attacher la famille de son plus grand ennemi. Absorbée par les pensées, par les rêves qu'elle faisait tout éveillée, la reine ne prit pas garde l'arrivée de sa filleule qui s'approcha respectueusement, effleurant le tapis, comme un oiseau le gazon. Nous voilà bien belle, ma chère petite, dit Margue rite en lui donnant sa main baiser. Pauvre fillette, dans une heure lu ne m'appartiendras plus, lu ne seras plus tna petite Margaret, la jeune fille qui me faisait oublier nicschagrins de reine Avec toi je n'étais plus Marguerite d Anjou, je goûtais le libre bonheur que Dieu fit pour tous les humains, et que le trône interdit... Et toi, ma fille, quand tu seras comtesse de Kerven> fière de ton brave chevalier, joyeuse de son amour, aimeras-tu encore ta marraine?... oh Madame, si je suis heureuse un jour, n est-ce pas vous que je le devrai Sais-tu que Je sire de Kcrven va faire hien des jaloux la cour Combien de baisers me donneras-tu si je ne le fais pas partir demain avèc le comte, si je le garde avec nous Chère marraine, aucune bonté de votre part ne m étonne, mais... Ne serait-ce pas dommage de faire une si jolie veuve ajouta la reine en caressant les joues, de Margaret. L'aimes-tu bien Oh plus que tous... excepté vous... Menteuse On vient, ce doit être lui 1 Un huissier annonça le chevalier de Kcrven. Henri entra et salua la reine en s'inclinant profondément. Nous avons sans doute contrarié les ordres du médecin, sircchevalier, en vous faisant veiller si tard; mais l'heure ne dépendait pas de moi. Ma blessure ne me fait pas souffrir, Madame; elle a causé mes amis plus d'alarmes qu'elle n'en méritait. Je suis prêt vous servir en tout ce que vous commanderez. Aussi, profiterons-nous de cette noble résignation et de ce zèle dévoué. Mon intention était de vous faire partir demain pour l'armée votre réputation de bravoure, vos talents militaires, votre nom assuraient des succès mes armes, et je fais un grand sacrifice en renonçant au projet que j'avais sur vous. Vous me privez par là de mon plus bel espoir, Madame, et... Vous ne dites pas là le fond de votre pcnsca, chevalier; car toute votre ambition est de rester aux genoux de cette belle demoiselle. Approchez, Margaret, approchez, monsieur de Kcrven; vous êtes le seul de ces jeunes seigneurs qui je,n'aie encore rien donné; c'est votre faute vous ne demandez rien, et il faut vous deviner; je vous donne donc ma filleule, un peu par force, il est vrai, et non pas sans jalousie, car elle vous aime plus que tout au inonde. Rendez-la heureuse, cl prouvez-moi que vous me devez votre bonheur, en me servant vaillamment contre ses ennemis. Henri et Margaret tombèrent genoux devant la reine qui posa ses mains sur leurs têtes en disant avec émotion: Je vous bénis, mes enfants, et pour que cette jeune fille ne soit pas un jour trop fière de ses richesses, je vous donne, chevalier, le comté de Willshire. Maintenant, descendons la chapelle, où l'aumônier'nous attend. Margaret leva sur son ami des yeux pleins de larmes; Henri la rassura d'un regard courageux et répondit la reine: Madame, vous avez rais ce soir le comble mon bonheur; il nie tarde de vous donner tout mon sang pour fonctions de sénateur; nous extrayons celte lettre de la Flandre Maritime, laquelle M. Pecsteeu l'a adressée. Nous partageons en tout l'opinion de notre confrère, que cette candidature a toutes les chances de réussite pour elle. Nous lisons dans la Flandre Maritimele 5 mars. Élection dn 10 mars 1851. M. G. Pecsteen-De Vrière nous adresse la lettre suivante Bruges, le 3 mars 4851. Monsieur le rédacteur de la Flandre Maritime, Dans votre numéro du 22 février vous avez eu la bonté de vous exprimer dans les termes les plus bienveillants sur l'éventualité de ma candidature, tout en faisant re marquer, qu'aucun acte ou aucune parole de ma part, n'indiquait jusques-ià que j'eusse l'intention de me pré senter aux suffrages des électeurs. Si j'aijusqu'ici gardé le silence, c'est parce que, lorsque quelques électeurs ont bien voulu songer moi pour remplacer l'honorable M. De Ridder, j'ai subordonné mon acception la certitude qu'aucune des personnes domiciliées dans les districts d'Ostende et de Furnes, auprès desquelles des démarches avaiclit été faites anté rieurement, ne consentait accepter la candidature. Aujourd'hui, Monsieur, que toutes les incertitudes cet égard sont levées, je n'ai plus de motifs pour hésiter, et je m'empresse de vous dire, que si les districts de Furnes et d'Ostende méjugeaient digne de leunconfiancc, j'accepterais leur mandat avec autant de reconnaissance que je-mettrais de zèle servir leurs intérêts. Veuillez agréer, monsieur, etc. G. Pecsteen. La candidature de M. Pecsteen-De Vrière sera accueillie avec sympathie, et réunira la grande ma jorité des sutlrages dans les arrondissements de Furnes et d'Ostende. En déclinant toute candidature, jusqu'à ce qu'il eût acquis la certitude qu'aucun habitant, apparte nant aux collèges électoraux de Furnes ou d'Ostende, ne sollicitait les suffrages des électeurs, M. Pecsteén- De Vrière a posé un acte de délicatesse et de déférence envers le corps électoral. M. Pecsteen se présente aux électeurs de Furnes et d'Ostende, comme homme d'ordre et de progrès, connaissant les intérêts et les besoins de nos localités, et étant prêt les défendre et les protéger daiis le sein du sénat. vous prouver ma reconnaissance. J'aime mademoiselle de Rosières; j'ai fait serment que, choisie par mon cœur, elle serait la compagne de ina vie, et recevrait ma foi, mon nom, uomine elle a reçu mon amour; mais je voulais mériter la protection que vous daignez m'accordcr au jourd'hui... et, bien que je me croie digne de vos bien faits, je dois les conquérir. Mademoiselle de Rosières a une àine trop belle, trop brave pour exposer son jeune époux des soupçons outrageux. Que dirait-on, madame, si le chevalier de Kerven cachait son honneur, sa gloire dans l'oisiveté, dans le bonheur, dans l'amour. Mon père me maudirait... etun jour cette noble fille me mépriserait peut-être. C'est hien, chevalier; est-ce aussi ton avis, Margaret Oui, madame, j'obéis aux penchants de M. de Kerven avec l'aveugle dévoùment, avec l'admiration qu'il m'inspire. Vous êtes deux enfants pleins de cœur; et le mien vous adopte. Ainsi, chevalier, vous partirez demain. Henri se retira en jetant un tendré regard Margaret; il trouva sa fiancée plus belle que jamais. Fière de son choix, la jeune fille avait au front toute la noblesse de son amant. Qui de nous est reine en ce moment, mon ainie lui demanda Marguerite avec bonté. C'est tou jours vous, madame, puisque-vous faites des heureux. Donnerais-lu ta couronne de Kerven pour la mienne Mademoiselle de Rosières regarda sa marraine avec des yeux brillants de joie; puis, s'asseyant ses pieds, comme elle en avait l'habitude, elle baisa ses deux mains et répondit La vôtre est d'or... elle m'écraserait. Ma cou ronne est d'épines, c'est celle du martyre la tienne est de fleurs, mon enfant Et, joignant les mains sur son front, la reine garda un profond silence, que sa filleule n'osa pas troubler. (La suite au prochain .Y'.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1851 | | pagina 1