JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1.049. 11* Année.
Dimanche, 95 Mai 1851.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
GRISE MINISTÉRIELLE.
LUS BERNISIItS KgRVEN.
Ki-WirS—
A DONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centjmes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 94 Mal.
Rien ne démontre davantage combien les
ministres démissionnaires étaient les hommes
de la situaliou, que la difficulté de les rempla
cer et d'accoucher d'une combinaison ministé
rielle viable. Si l'opinion libérale se trouve dans
cet impasse, nous croyons qu'il faut l'attribuer
un manque d'entente préalable, dans les
grandes occasions, entre la majorité et le cabi
net. Ces situations fausses se répéteront de plus
en plus, moins que le parti libéral ne sache
se discipliner, si non il peut s'attendre tomber
bientôt en dissolution, et quand il sera fractionné
en petites coteries, son influence sur le pays
sera annihilée.
Plusieurs journaux, surtout ceux qui mar
chent sous la bannière catholique, prennent
lâche de publier que l'ancien cabinet restera.
Nous pensons, moins qu'd n'y ait nécessité
absolue et a vortèment de toutes les combinaisons
possibles, que la retraite des ministres est sé
rieuse et réelle et qu ils ont pris celle détermi
nation sans arrière-pensée. Mais c'est un thème
qui prêle si bien la déclamation, que celui de
présenter les minisires comme tellement atta
chés leurs portefeuilles, que leur démission
n'est qu'une menace et une comédie. Les feuil
les cléricales se rappellent comment on s'est
moqué de M. De Theux, en 1U40, qui s'est fait
prier par un certain nombre de députés de son
parti de rester son poste.
Il semble donc que, dans tous les cas, les mi
nistres actuels seront remplacés. Nous croyons,
d'après des renseignements assez positifs, que le
président du sénat, M. Dumon-Dumoiiier, a
accepté la mission de former un nouveau ca
binet. Il serait ministre des affaires étrangè
res: le département de l'intérieur serait confié
M. Delehaye; M. Orts ou Lelièvre devien
drait ministre de la justice; M. T'Kindl, minis
tre des travaux publics pour les finances, il
serait question de M. Roussette, Charles, dé
puté de Mons, ou de M Cools. Il est toujours
certain qu'on travaille activement reconstituer
un cabinet. Aboutira-t-on Nous l'ignorons
mais dans tous les cas, il faut qu'on en finisse.
L'administration est paralysée, les affaires lan
guissent et tout semble être remis en question II
importe donc qu'on aboutisse au plutôt for
mer un ministère, car cette incertitude fait
plus de mal qu'on ne pourrait se l'imaginer.
La chambre des députés vient de se proroger
indéfiniment. Allons, grâce une crise minis
térielle, encore une session de perdue.
Le médecin de bataillon de l8 classe A.-J.
Ponlus, du 5" régiment d'infanterie de ligne,
est nommé médecin de régiment l'ancienneté.
Wervicq, 17 Mai 1851.
Nous venons d'éprouver une perle bien sensible
dans ta personne d'u'ii de nos concitoyens les plus
aimés, M. Joseph Lepoutre, décédé la fleur de
l'âge, après quelques jours de souffrance.
Secrétaire et disl ributeur des secours du bureau
de bienfaisance depuis i8'13, il s'acquitta de ces
fonctions ingrates et pénibles avec une sollicitude et
une abnégation admirables. Distributeur des postes
d'abord percepteur ensuite commis-greffier du
juge-de-paix, il sut acquérir la bienveillance juste
ment méritée de ses supérieurs qui tous se plaisent
i rendre hommage ses talents et son intégrité.
Récemment appelé par un vote unanime au grade
de commandant des Sapeurs-Pompiers, il se voua s
l'organisation de ce corps avec un zèle digue des
plus grands éloges. C'est envain que l'envieuse ca
lomnie tenta d'empoisonner les derniers moments
de cette existence si honorablement remplie, une
foule innombrable accourut la cérémonie funèbre
et vint protester par sa présence et son pieux re
cueillement contre les odieux détracteurs de l'homme
de bien. Riches et pauvres, chacun voulut donner
sa part de sympathie celui qui fut Lon fils, bon
frère, ami sincère et dévoué. Le Conseil communal,
de hauts fonctionnaires dans l'administration des
postes, le conseil d'administration des Hospices, lest
Sapeurs-Pompiers, la Société de S' Sébastien, la
Société des choeurs, plusieurs commandants de la
garde civique de Belgique et de la garde nationale de
France, accompagnèrent le trisleconvoi. Un discours
d'adieu, profondément senti, prononcé sur la tombe
par M. Henri Lannoy, vint rappeler leséminentes
qualités du défunt et mettre le comble l'émotion
de la foule qui s'écoula dans un religieux silence.
On a remarqué avec étonnement l'absence de la
Société de musique dont M. LëPoUTRE fut, pendant
de longues années, le vice-président, et pour la pros
périté de laquelle il s'imposa de grands sacrifices.
Des griefs imaginaires peuvent être la cause de cet
oubli, mais eu face de la mort qui nivelle tout, ne
devrait-on pas faire une généreuse abnégation de
sentimens d'animosité personnelle et gagner ainsi
['estime générale qui encourage et soutient les
sociétés particulières?
Programme de* morceaux de musique qui seront
exécutés par Tharmonie du 12» régimentDiman~
chea5 Mai, de midi une heureau Jardin
publicsi le temps le permet.
1° Nouveau Pas redoublé sur le Prophètearrangé par
M. Clément, chef de musique.
2° Ouverture de la Fête des Chasseurs, (Ritmcyer).
3° Fantaisie sur la Fée aux roses, arrangée par M.
Clément, (Halévy).
4° Grand Pot-pourri sur le Prophètearrangé par M.
Clément, (Mcyerbeer).
Nous lisons clans le Times
La Compagnie de la Flandre occidentale s'est entendue
avec le gouvernement beige. Celui-ci exploitera la ligne
de Bruges Courtrai, en abandonnant la Compagnie 50
pour cent des recettes. La nicme chose aura lieu pour la
ligne de Courtrai Ypres et Poperinghe, que la Compa
gnie doit construire. Pour l'embranchement de Dej nze
qui ira par Thielt rejoindre la ligne de Courtrai Bruges,
le gouvernement l'exploitera et garantit un dividende de
4 p. c. Ces diverses conventions seront également sou
mises aux Chambres.
Nous n« demanderions pas miei»# que de
pouvoir croire cette nouvelle donnée par le
Timesmais malheureusement nous avons tout
lieu de penser, que les négociations ne sont pas
terminées et que cette nouvelle est prématurée.
fiUlTB.)
la prison.
Le fatal donjon qu'occupaient Henri et Angc,étaitsitué,
ainsi que nous l'avons dit, l'un des angles de la cour
carrée qu'entouraient de hautes murailles et comme le
monument était bâti sur la Tamise, les vapeurs du fleuve
s'y attachaient avec opiniâtreté, pour ne s'effacer qu'au
grand jour.
Au premier étage du donjon, après avoir parcouru un
étroit corridor, constamment éclairé par deux lampes
sinistres, on arrivait une porte basse et eintrée qui
s'ouvrait au-dessus de trois gradins en pierre de taille
lises par le temps; cette porte en bois de chêne semée
d'énormes chevilles de fer, et garnie de verroux scellés au
mur, fermait la prison des deux frères d'armes.
C était une pièce octogone et voûtée, soutenue par des
piliers engagés dans le mur et dout les arêtes saillantes
egoultaient constamment une eau malsaine provenant de
l'humidité extérieure.
Dans l'un des coins de cet affreux réduit, qu'envelop^
pait le plus morne silence, le chevalier de Kerven, le doa
appuyé «on pilori, Ange de Lamorge couché ses pieds,
repassaient dans leur mémoire les souvenirs de leur vie
libre, et ne témoignaient par aueun soupir, par aucune
larme, l'orage qui les agitaient. Tout-à-coup un bruit
singulier vint les tirer de leur méditation. Chut dit
Henri.
Aussitôt la porte tourna sur ses gondsx; deux hommes
descendirent les gradins, entrèrent dans le cachot et
repoussèrent la porte derrière eux. Eh bien mes
Le receveur des contributions directes de la ville,
prie les contribuables qui, jusqu'à ce jour, n'ont,
pas encore payé les termes échus, de vouloir bien le
faire dans le courant de ce mois, au plus tard, on
les prévenant qoe passé ce délai, ils y seront sommés
officiellement par les voies ordinaires.
On écrit d'Hooghlede, en date du 20 Mai
Hier on a échappé un grand malbeur. A
quatre heures de relevée un terrible orage a
éclaté sur notre commune; l'éclair, le tonnerre,
le vent et la grêle, faisaient trembler les plus
intrépides, quaud loul-à-coup un horrible fra
cas se fait entendre; au même instant tout le
clocher était entouré de feu, la foudre y était
tombée, mais sans y laisser de trace de feu pour
le moment.
1 M
cun. Donne-nous des nouvelles, mon vieux balafré,
dit Henri. Vous êtes donc ressuscité dit ADge.
Ils m'ont fourré deux fers de lance dans la poitrine,
Tcwksbury mais od ne tue pas un solitaire comme un
marcassin, et me voilà. Sachez en deux mots que je me
suis enrôlé dans les gardes pieds de la couronne afin de
pouvoir vous être utile, et même vous sauver. Je ne suis
pas seul travailler pour vous. Prenez ce billet, lisez-le,
_l_ t Lis inelnuuf innc fin*nn
gentilshommes, dit le geôlier Burn, en posant un petit et suivez de point en point toutes les instructions qu on
panier au milieu de la cellule, comment avez-vous passé vous y donne, je répends de la réussite, puis voila un petit
la nuit? Très-bien, et vous répondit le page d'un ton rouleau où vous trouverez tous les ustensiles d un doc-
ricaneur. Oh moi, mieux que jamais, mon brave teur... Nous vous laissons; mangez, prenez des lorces,
enfant; mais où êtes-vous donc cachés lisezattentivementee billet et tenez vous prêts
Adieu...
malicieux enfant, quoique les nouveaux venus lui fissent
face.Parlez-moi de mes prisonniers, répondit le porte-
clés ils sont au moins de bonne humeur. On ne sd
reconnaît donc plus maintenantdit l'archer en se rap
prochant de ses deux amis. Kilderkin Kilderkin
s'écrièrent la fois le page et le chevalier, qui se levèrent
vivement et s'emparèrent des mains du soldat. Eh
oui c'est moi... Mais parlez bas
Et il embrassa les deux captifs au moins dix fois cha-
encore Ne le devines-tu pas où sont-elles ou est
la comtesse de Rosières où est la marquise de Cour-
tepay que devient la reine
Kilderkin poussa un soupir douloureux et répondit:
Ma noble maîtresse, ma reine bien-aimée... hélas elle
est captive et veuve. Veuve Le roi Henri VI est
mort. Mort On l'a trouvé mort ce malin dans sa
cellule... C'est un horrible mystère ou plutôt un crime
horrible! Malheureuse reine! dit le chevalier...