Faits divers.
Le général de S'-Àrnaud, a, par ordre du 5, cassé 30
grenadiers, revenus au camp sans armes, sans bagages,
sans blessures! Ce châtiment a produit une impression
profonde; il rappelle le fait de cette dcmi-br;gsde de
l'année d'Egypte, qui, l'étant mal conduite au siège de
Ssint-Jcan-d'Acre, dut traverser le désert, Js crosse en
l'air, comme punition imposée par le général eu chef.
Paris, 25 juin.
On assurait aujourd'hui, l'Assemblée, vers quatre
heures, qu'une émeute, occasionnée par une grève d'ou
vriers, avait éclaté dimanche dernier Voiron (Isère).
Le préfet du département s'est transporté immédiatement
sur les lieux, et le calme n'a pas tardé renaître.
Une scène de désordre s'est produite hier soir dans le
jardin du Luxembourg. Une jeune dame, d'origine brési
lienne, et qui est bien connue des habitués du concert
militaire, pour l'élégance assez singulière de son costume
et l'admirable régularité de son visage, assistait hier
l'exécution de l'ouverture de Séhirami, par la musique
du 3* de ligne. Toula coup, un enfant qui la remarque
(cet âge est sans pitié) s'écrie: Tiens, voilà madame de
Bocarmé, voilà l'empoisonneuse. Un cri d'horreur par
court la foule, on se rue vers la charmante brésilienne,
qui se débat en vain contre une accusation mensongère et
veutt s'enfuir tout effrayée en protestant contre la pré
tendue reconnaissance de la foule, on la poursuit, on
s'acharne après elle; les cris redoublent, l'émotion est
son comble, le poste prend les armes; ce n'est que grâce
son intervention, qu'au bout d'une demi heure de voci
férations et de huées, la malheureuse jeune femme peut
ae soustraire aux menaces, aux sifflets et aux injures qui
l'assaillaient de toutes parts.
Voici ce qu'on écrit de Montpellier sur les causes du
duel qui a eu lieu Montpellier, entre MM. de Gines-
tours et Aristide Olivier:
Les injures réitérées adressées depuis quelque temps
M. Olivier, dans VEcho du Midi, par le sieur Escandc,
qu'une infirmité naturelle protège, ont amené cette dé
plorable affaire. M. de Ginestours est le neveu de M.
Grasset, représentant de l'Hérault.
M. Ic garde des sceaux vient d'envoyer des ordres
sévères pour que les témoins soient poursuivis.
ANGLETERRE. Loxdiikr, 21 juin. —Hier
dans l'après-midi, le roi des Belges, accompagné du duc
de Brabant, du comte de Flandre et de la princesse Char
lotte, est allé voir le grand modèle du globe terrestre
exposé dans Leiccstre-square.
Ce matin, la reine, le roi des Belges, le prince Albert,
le duc de Brahnnt, le comte de Flandre et la princesse
Charlotte ont fait une nouvelle visite l'exposition. LL.
MM. et LL. AA. RR. qui étaient venues au palais de cristal
9 heures çt demie, sont restées jusqu'à 12 heures. La
foule qui était déjà très-grande dans l'intérieur du palais,
s'est rangée sur leur passage et a fait entendre de nom
breux hourahs. A 2 heures, le nombre des visiteurs
s'élevait 58,558.
Le nombre des visiteurs l'Exposition universelle s'est
élevé hier» 67,555. La recette a été de 3,018 liv. 13 sh.
Depuis le ir mai jusqu'à ce jour, 1,579,868 personnes
ont visité le palais de llydepark.
La première journée de l'élection de Balte a donné la
majorité au candidat free-trader et radieal, le capitaine
Scobeil. Son concurrent, M. Sutcliffe, candidat conser
vateur, a demandé le poil qui aura lieu aujourd'hui et
demain.
Le comité chargé de s'occuper de l'érection d'un mo
nument sir Robert Peel, s'est réuni hier Mansion-
House, sous la présidence du lord-maire. 11 a examiné
les divers modèles qui ont été envoyés par des artistes,
mais sans prendre aucune décision. Il a également ajourné
votre calme me stupéfie. Après tout, vous voyez les choses
avec sagesse pour un moment de souffrance, vous serez
débarrassé des chagrins de ce monde. Adieu permettez
que je baise votre main.
Et le bon geôlier s'enfuit du cachot, sans retourner la
téte, de peur de trahir son émotion.
Henridemeuré seul dans sa cellule, tomba dans une
rêverie qui pesait sur son cœur comme un rève doulou
reux. Il repassait sa vie entière, qui ne lui apportait des
souvenirs heureux et fortunés que pour l'accabler sous la
main de fer de l'affreuse réalité, qui ne lui souriait avec
les joies du passé que pour l'outrager avec la honte et les
injures sanglantes de son dernier jour Il revoyait le vi
sage sévère et triste de son vieux père; il entendait les
reproches sortant de ces lèvres dont il avait si cruellement
refusé les baisers; il se rappelait les leçons du comte, et
cette nuit funeste où, au mépris des tendres avertissements
de l'expérience cl de la nature, il avait rejeté les sentiments
les plus sacrés pour obéir une passion indigne; il revoyait
les cheveux blancs du vieillard, les larmes qui avaient
coulé des yeux du père sur les mains du fils; il retrouvait
la sentinelle qui, du pont-levis de Kerven, avait béni un
CDfant ingrat et impitoyable; il songeait au manoir de ses
aneétres déserté; il se rappelait les jours heureux de son
enfance; il se livrait tous les penchants de la piété filiale,
la décision quant remplacement adopter pour l'érec
tion de la statue. Le comité se réunira du nouveau lundi
pour décider ces deux points importants.
PRUSSE. Bsrlix, 22 Juin. Au commence
ment de ce mois, l'ambassadeur de France a demandé
M. le baron de Manleuffel, président du conseil, jusqu'à
quel point on pourrait considérer comme fondé le bruit
de l'envoi d'une armée fédérale la frontière du Rhin par
la Prusse et par l'Autriche et dans quel but une pareille
mesure serait prise. M. de Manleuffel a, dit-on, répondu
qu'une pareille mesure ne pourrait en aucun cas être
considérée comme dirigée contre la France; qu'en réalité,
il ne s'agissait que de mettre sur pied quelques corps de
troupes peu considérables dans les environs de Francfort
près de Kreusenach pour qu'ils fussent aux ordres de la
diète germanique.
ALLEMAGNE. Wiesbade,21 Juin. Il parait
se continuer que le comte de Chauibord viendra passer
une partie de l'été sur les bords du Rhin. Nous appre
nons que les appartements occupés l'année dernière par
le comte l'hôtel Duringer, sont de nouveau pris pour
un espace de temps assez long. Wiesbnde deviendra
donc de nouveau le rendez-vous de ses nombreux parti
sans. Le jour de l'arrivée du comte n'est pas encore fixé.
Le mariage du prince Hcrmann de Saxe-Weimar avec
la princesse Auguste, fille du roi de Wurtemberg, a été
célébré Friedrichslial'en, le 17.
ESPAGNE. Madrid, 19 Juin. M. Negrete,
ancien ministre, dans la scanee d'hier de la chambre des
députés, est cueore revenu, on ne sait trop pourquoi, sur
la scission qui l'a séparé de ses collègues avant la forma
tion du cabinet actuel. C'était sans doute pour arriver
cette conclusion de son discours, qu'il ambitionnait plutôt
le litre d'homme honorable que celui d'homme habile.
Cet incident n'a produit aucune sensation. A la chambre,
M. Borrcgo a pris la défense de la presse, et M. Bertran
de Lis répondra demain ses observations.
Un énorme poisson du genre de ceux que les pé
cheurs appellent chut de mer a été péché le 19 juin
Marseille; il ne pèse pas moins de 600 kilog., et il
fallait quatre hommes pour le porter.
Il y a eu, l'autre soir, une espèce de révolution au
théâtre de la porte Saint-Martin. Les musiciens et
les machinistes auxquels il était dû des sommes assez
fortes.ont refusé le service et déclaré qu'il ne se ren
draieut pas a leurs postes, si l'on ne les payait pas.
Comme l'argent n'élail pas apporté, ils se sont reti
rés, et force a été de faire un relâche que l'on a mis
sur le compte de l'indisposition d'un artiste.
Une ronde de sârelé, qui passait la nuit dernière
dans la rue de Charonne, Paris, entendit ces com
mandements faits d'une voix forte: Chargez vos
armes Mpyrélez vos armes Les agents regardèrent
de tous côtés, et la clarté de la lune ils aperçurent
un homme qui marchait grands pas sur le bord
extrême du toit d'une maison élevée de trois étages.
Dans la persuasion que cet homme ne pouvait être
qu'un malfaiteur ou un fou, ils éveillèrent le con
cierge de la maison et, de concert avec lui, prirent
des mesures pour arracher cet individu, quel qu'il
fût, une mort qui paraissait imminente.
On parvint jusqu'à lui au moyen d-'échelles et de
cordages; maisau moment où on le louchait, il lit un
mouvement en arrière, et tomba de la hauteur de
trois étages sur le pavé où il se brisa le crâne.
Au bruit que causa cet événement, plusieurs per
sonnes du voisinage accoururent. Parmi elles se
et se préparait la mort par le repentir; puis revenant
la cause deses égarements, la femme qui l'avait entraîné
tant de complets sacrifices, la femme qui l'avait arra
ché du toit et du cœur paternels, qui l'avait jeté dans des
entreprises où sa vie était chaque jour menacée, qui lui
avait menti par tant d'infâme coquetterie, qui l'avait atta
ché sa destinée et conduit jusqu'à l'échafaud pour le
trahir, le renier, l'outrager, il souriait avec amertume
sa propre simplicité, et bénissait le terme de ses souf
frances.
Épuisé par tant d'émotions, et cédant la fatigue qu'il
avait si longtemps vaincue, Henri laissa tomber sa tète sur
sa poitrine, et s'endormit, adossé au pilier du cachot,
dont la porte était entr'ouverte.
Des pas retentirent dans le corridor, h porte de la cel
lule tourna doucement et lentement sur ses gonds et le
prisonnier, réveillé en sursaut, s'écria
Qui êtes-vous
La lampe apportée par Kilderkin s'était éteinte, et le
captif, quoique habitué aux ombres de sa prison, ne put
pas distinguer les formes de la personne qui était devant
lui.
Que voulez-vous répéta le chevalier.
Cette question demeura sans réponse comme la première.
Une pensée rapide traversa l'esprit de Henri de Kerved
trouvait une dame qui, dans l'homme qui venait'de
se tuer d'une façon si déplorable, reconnutson mari,
le sieur C., ébéniste.
Il paraît que depuis quelque temps, le sieur C.
était sujet des accès de noctarubulisme, sous l'in
fluence desquels il se levait nuit pour terminer des
travaux de sa profession ou des comptes de factures.
On ne comprend pas comment il-lui a été possible
de gagner le toit de la maison d'où-il est tombe.
On lit dans le Castrais, courrier du Tarn
La petite ville de Saint-Amans-Labaslide, vient
d être le théâtre d'un affreux événement, accompa
gné de circonstances qui en augmentent l'élraugeté
et l'horreur.
Ut) jeune homme de 26 ans, avait déjà donné
des inquiétudes sur l'état de son esprit. Il se livrait
depuis quelque temps des investigations longues
et persistantes pour découvrir les restes des animaux
morts dont il voulait, disait-il, faire sa nourriture.
A la mort de sou père, après quelques marques de
duuleur, ilavail voulu s'opposer l'inhumation. Des
représentations lui furent laites sur son étrange
conduite. Pourquoi, répondit-il d'un ton tran
quille et sans laisser paraître la moindre émotion,
pourquoi vouloir enterrer une viande avec laquelle
je pourrais laire de si bons repas?
Cette inanie avait pris un caractère alarmant.
Sa mère et sa sœur avaient eu déjà beaucoup souf—
Irir de celte affreuse prédilection, et s'étaient oppo
sées l'introduction, dans leur demeure, de viandes
gâtées ou de débris d'animaux abandonnés. Enfin,
vendredi dernier, il rentra tout fier de ce qu'il ap
pelait une heureuse trouvaille. Il portait soigneuse
ment euieioppés dans un linge les restes d'un chien
dont la mort paraissait remonter plusieurs jours.
Sa mère lui fil quelques observations avec dou
ceur ei l'engagea renoncer au projet q u'il avait de les
préparer pour son repas. Sa sœur se joignit elle et
devint plus pressante. Il persista et proféra des me
naces. Une voisine attirée par le bruit voulut se
joindre la mère et la sœur du jeune homme pour
l'empêcher de mettre sou projet exécution. Le
jeune homme, furieux de se voir contrarié dans ce
qu'il regardait comme une chose naturelle, saisit un
Couteau, se précipita vers la voisine et la frappa au
sein. Malgré les soins qui lui furent prodigués, elle
expira quelques heures après.
Le jeune homme fut arrêté et dépose le lende-
ma in dans les prisons de Castres.
Il ne paraît pas. jusqu'à présent, avoir connais
sance de ce qu'il a fait, et lorsqu'on lui a annoncé la
mortde la malheurcusefemme qu'il avait frappée, il
s'est couleiiléde faire froidement quelques réflexion»
dans le genre de celles que'lui avait inspirées la mort
de son père.
On lit dans la Revue du Havre
La semaine der nière est dçcédée la femme d'un
entrepreneur de déchargement de navires, demeu
rant au Havre, rue Petit-Portail, quartier Saint-
François. On savait qu'il y avait plus que de l'aisance
dans ce ménage, propriétaire de plusieurs maisons
de ville, aussi comprenait-on difficilement la persis
tance de la femme se vêtir presque toujours de la
même robe.
Sa mort vient de donner'le mot de l'énigme. Cette
robe a été visitée après son décès, et quelle n'a pas
été la surprise, nous dirons même la joie du mari,
eu reconnaissant qu'elle était doublée dé billets de
banque! Il s'en est I rouvé, nous a-t-on dit, pour une
valeur de 5o,ooo francs
il crut qu'on venait exécuter en secret la sentence de la
cour martiale, et qu'il allait être assassiné. Il n'en douta
plus, lorsqu'il entendit tâtonner les murs ses côtés, et
par un élan naturel aux cœurs courageux, il leva le bras
pour se défendre, puis loucha son front pour se. signer,
sans songer davantage la résistance... Après un moment
d'attente, le chevalier sentit deux mains tremblantes
l'effleurer, et, en même temps qu'un corps souple et léger
tombait sur ses genoux deux baisers retentirent sur ses
joues, et'une voix douce comme celle d'une jeune fille
murmura ces mots son oreille
A-t-on pensé moi
Henri, épouyanté de cette apparition, répondit avec
désespoir
Que viens-tu faire ici, malheureux Quelle folie
Va-t-en va-t-en
Et il repoussa durement le page mais celui-ci se jeta
de nouveau dans les bras de son frère et lui dit
Je viens rapporter la réponse ton billet et te sau
ver; monseigneur, elle t'aime, elle t'aime autant et plus
que jamais peut-être; j'ai une foule de nouvelles te ra
conter, mais ie temps nous presse, alerte; dépêchons,
viens, le hasard veut que Kilderkin soit encore de garde
une minute de retard peut noos perdre. Lève-toi.
Tu l'as vtte tu lui as parlé