M-1,06©. 11e Année.
Jeudi, 3 Juillet 1831.
JOURNAL DYPRES ET DE I/IIIKOVDISSFJIE.YT.
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INTÉRIEUR.
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être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
,'1 s Ypbes, 3 Juillet.
On fit dans Y Observateur, du 2 Juillet
R^cetkîtnenlM. Faider, avocat-général près
de la cour d'appel de Bruxelles, fesait ressortir,
dans une intéressante notice, la haute utilité
de l'étude des monuments littéraires de l'anti
quité voici qu'uue autre voix s'élève pour
soutenir savamment la même thèse. Dans un
livre aussi bien écrit que pensé, intitulé: Qu'est-
ce que la méthode appliquée a l'enseignement moyen?
M Vercamer, professeur au collège communal
d'Ypres, vient d'émettre, sur la question des
langues anciennes, des vues très-judicieuses que
nous laisserons exposér nos lecteurs par l'au
teur lui-même.
{Suit toi extrait assez étendu du susdit livre.)
On lit dans le Moniteur de l'enseignement
stfus la rubrique
Revue de Bibliographie analytique.
Qu'est-ce que la méthode appliquée l'enseignement
moyen? par Ch. Vercamer, professeur au collège commu
nal d'Ypres.Ypres, Lambin, fils, 1851.
Le but principal île l'auteur, c'est de plaider la
cause dé la méthode rationnelle, au moment suprême
où s'agitent chez nous tant et de si délicats problè
mes de pédagogie. Au nom de l'expérience qu'il a
déjà acquise, M, Vercamer demande que, dans
l'intérêt des élèves, on s'occupe essentiellement de
la culture du jugement.en n'exigeant de la mémoire
que ce qu'on en doit absolument prendre. Peut-être
s'est-il laissé entraîner trop loiu la suiie du prin
cipe qu'il invoque partout dans ses pages, et n'a—l—il
pas assezteuu compte de l'incoulestable utilité de la
mémoire. Il dit des choses très-sensées, très-senties
sur l'importance sociale d'un enseignement sans
pédanterie et sans fracas de formules, mais il lui est
arrivé ce qui arrive d'ordinaire quiconque réagit
contre une usurpation, un excès il a été emporté
par la chaleur de ses efforts.
Il nous semble, comme 5 l'auteur, qu'il faut faire
tout pour les idées, que jusqu'ici ou a trop abusé de
DSRNIÉftS KIEftyËN.
le pardon.
(«cite.)
Le premier mouvement du chevalier fut de regarder
avec admiration le blond visage de son petit ami ce
visage était plus beau que de coutume; il reflétait l'âme
adorable qui faisait de cette charmante créature un être
presque divin; puis, s'adressant Kilderkin et Burn,
il leur dit
Adieu, mes amis, laissez-nous; allez vous reposer,
nous nous reverrons au grand jour... Envoyez-nous de
bonne heure un prêtre, que nous puissions mourir en
bons chrétiens.
Je vous enverrai le pèreGreen... c'est l'aumonier
des prisons, dit Burn avec bonhomie; excellent homme,
qui vous enseignera le droit chemin du Paradis.
Non pas, non pas, s'écria le page. Écoutez, Kilder
kin, et il lui parla bas l'oreille.
Oui, mon enfant, oui, certes, répondit le vieil ar
cher avec émotion comptez sur moi, vous serez obéi.
Hélas! ajouta le porte-clefs il faut messeigneurs
que je vous enchaîne une seconde fois; puisque votre
sort est décidé je. dois éviter de compromettre ma place,
elle fait vivre ma famille.
Faites, compagnon répondit Henri, faites sans
crainte; et les prisonniers tendirent cux-méincs leurs
0, «MstTdroe'nn liavjoo ec étai
Ki'derkin et Burn s'éloignèrent en soupirant les
verroux slenfoncèrent dans la muraille, et le silence ré
gna de nouveau autour des malheureux condamnés.
Ange s'approcha du chevalier, ae pencha sur son
épaule et lui dit
Es-lu encore Tâché?
la faculté spéciale qui s'appelle mémoire; mais
nous ne pensons pas qu'il faille en négliger le
développement normal.On a besoin dans la vied'une
mémoire étoffée et souple, cela ne saurait faire de
doute, et il convient, par conséquent, que l'ensei
gnement élémentaire s'en préocupe sérieusement.
D'ailleurs, le bien voir, la mémoire normalement
développée ne saurait nuire l'intelligence. Tous
les vrais progrès se tiennent, et l'un facilite l'autre.
Après des considérations générales où M. Verca
mer fait, pour ainsi parler, sa profession de fui
pédagogique, et où il montre très-bien que le pro
fesseur doit avant tout vivifier, animer sans l'excéder
de fatigue la jeune et délicate intelligence qu'il a a
conduire, il divise son travail en deux sections,con
sacrant l'une aux éludes philologiques, et s'occupaut
dans l'autre de la méthode qu'il convient de
prendre pour les sciences expérimentales proprement
dites.
Dans la première de ces deux sections,on établit
d'abord l'inévitable nécessité des études humanitai
res. A ce propos, est nettement abordée, nous
aimons le reconnaître, la question de renseigne
ment linguistique, et l'on réfute rapidement, mais
solidement l'assertion de Locke que pour ap-
piendre une langue, il n'y a d'autre guide suivre
que l'usage. Il est regrettable toutefois que dans
cette séi ie de ses développements, M. Vercamer ait
si facilement passé condamnation, lui, flamand, sur
l'avenir de la langue fiamuude. Au point de vue des
études de latin et de grec, ainsi qu'au point de vue
de l'enseignement des langues germaniques, il y a
plus d'un argument faire valoir en faveur d«
l'extension de l'enseignement de la langue flamande.
L'unité, sans doute, est une bonne chose, mais c'est
quand elle a ses racines dans la réalité pratique,
quand elle ne supprime rien de ce qui a droit au
respect.
Mais il y a d'excellentes observations sur les res
sources que peut trouver un professeur digue de sa
noble mission, quand il veut instruire en attachant,
obéissant ce précepte de Cicéron, plein de choses
Si vous vouiez instruire, rendez attentif.
u S'appuyer sur la pensée, dit l'auteur, ce mot
résume le véritable principe de la science gratr.ina-
rj ii><x j v t*1 111sf»itlfl prrrttj—
ticale. La plupart des grammairiens généralisent et
simplifient l'analyse grammaticale, par ce qu'il*
appellent l'analyse logique. Mais où trouver l'a raiTtiu
de cette dernière science? Mais où puiser des prin
cipes de certitude et d'immutabilité quant S cette
même science? C'est la pensée qui engendre les
langues, c'est donc la pensée qu'il faut étudier pré
alablement pour se rendre compte de leurs formes
diverses et de toutes les combinaisons possibles des
mois...» Soit, mais que l'on se garde toutefois
d'abuser de l'absulraciion en réduisant 5 ce squelette
la vie des langues. Pour développer l'intelligence de
l'enfant, il n'est pas do tout nécessaire d'étouffer ou
de garotler l'imagination. Ce serait vouloir la végé
tation sans l'ascension de la sève. Quoi qu'on fasse,
c'est l'imagination qui sert de véhiculé, pouf ainsi
dire,aux premiers efforts de la pensée, y'
En passant \asecl\oiidossciencesexpériinentalest
M. Vercamer examine quel point de vue il faut
enseigner l'histoire, et il Conclut très-bien par ces
mots pour instruire, il faut plus que de l'esprit
et du savuir; il faut de l'âme et du sentiment. A
quoi servent les plus belles paroles, lescombinaisoiAS
les plus ingénieuses de l'art, si elles sont incapables
d'émouvoir; admirables si vous voulez, mais qui,
disparues, ne laissent plus de traces? Vous avez
devant vous cet âge brillant qui seul avant de con
naître, qui aime avant de savoir, âge impressionnable
et expansif, s'il en lût, et pas un mol qui aille droit
au cœur et pas une parolé'vîljranfé'âTû'nfssoii de
cet enthousiasme prêt a déborder de tous côtés1!
Toujours cette raideur du pédagogue, Cette froide
monotonie de rhéteur, ce flegme imperturbable dn
pédant Oui, c'est bitu cela, et quiconque en-»-
seigue, comprend cela le grand, on pourrait dire
l'unique écut-il de l'enseignement, c'est le pédantis-
tne. On n'en dira jamais trop contre cette fatale
pétrification de l'iutelligencequi consisteà repousser
la vie comme contradiction de la science,,l'imagina
tion comme contradictoire du bon sens, et la poésie
comme contradiction de la réalité...
Notre intention n'est pas de surfaire ces pages d'un
débutant; maisuoussignalons l'apparition de ce petit
livre du fond de la West-Flandre, comme un symp
tôme de bon augure; caril indique que partout ori
Henri s'empara des mains de l'enfant, les posa sur son
cœur et lui répondit avec douceur:
Je ne peux pas t'empêchcr de retourner au ciel;
c'est Dieu lui-inéine qui ouvre tes ailes; mais pourquoi i
me donner ce dernier, cet affreux chagrin pourquoi ne
pas m'avoir abandonné ma triste destinée
Henri, te rappelles-tu la dernière nuit que nous
avons passée Kerven?
Nous étions tous deux appuyés l'un sur l'autre
comme maintenant; tu me lisais d'une voix émue la der
nière lettre de Margaret, qui exprimait les sentiments les
plus tendres, les plus délicats, les plus passionnés; je
t'arrêtai brusquement. {Jne pensée m'avait frappé au
cœur, elle était l'expression de l'amour le plus noble; la
voici: Songe; ami, que je ne t'abandonnerai que pour
mourir!... Alors, moi qui étais un pauvre enfant bien
ignorant des merveilles de ce inonde, moi qui t'aimais
assez cependant pour braver la colère de mon père et
m'élanccr ta suite dans tous les périls que l'amour allait
semer devant toi, je te fis un" serment que tu as oublié
hou frère je pensai, dans ce petit cœur qu'une vie trop
courte n'a pas entièrement fait connuitre, qu'une femme
assez heureuse pour être adorée de loi ne son-ail pas capa
ble de me surpasser en dévoument, et je te jurai mon
tour, comme Margaret, de ne te quitter que pour mou
rir! L'amour et l'amitié te firent deux serments. Quct~fcst
le plus fidèle
Noble enfant, tu me fais comprendre l'horreur de
mon crime; en t'entraînant dans le précipiee que j'ai
Si profondément creusé sous moi, j'ai mérité tout le
poids de la colère divine... Achève ta vié glorieuse par
un acte glorieux; pardonne-moi en ton propre nom, par-
donne au nom de nos malheureux pères. laieraqsl
J'gi un,autre pardon donner, beau maître, car j'ai là
sur mon "«e^r ia réponse de Msrgaret.,.N'ouvrez pas la
main si vite, monseigneur, vous ne toucherez ce trésor
qu'après vous être bien repenti de tous les grands repro
ches que vous avez injustement adressés cette chère
sœur.
Oh oui, je rte repens; j'ai douté, j'ai eu tort et
vraiment cette tête folle a mérité son sort; car elle
m'emporte toujours et me rend sans cesse coupable do
quelque extravagarièe. -rr»«m *1
C'est bien. Je reçois ton excuse et t'absous... Je
commence d'ailleurs croire qu'on ne peut aimer pas
sionnément sans faire folie sur folie... Je feignais de trou
ver la conduite de la comtesse naturelle, et au fond du
cœur je maudissais la tendre Jeanne... Voici un petit sac
de velours qui contient la lettre de Margaret... -
S.iis-lti ce qu'elle me dit?
Si j'avais eu le temps de lire ce billet chéri, ma
curiosité l'eût emporté sur mon respect pour mon sei
gneur et maître mais j'étais trop pressé d'arriver... Nous
allons lire nous deux, ce sera plus doux... Prends ton
bien et baise-moi pour ma commission.
Lisons, dit Henri voix basse.
Le petit sac fut ouvert lentement avec précaution. Les
yeux des deux prisonniers brillaient d'impatience qt
d'amour, et les mains d'Henri touchaient peine le ve
lours et le papier.
Je sens quelque chose sous mes doigts, dit le che
valier. r
Et moi aussi. Allons, courage. nilawwii
C'est un rubis s'écria le chevalier, qui avait brus
quement ouvert le billet.
Il est magnifique et parle tien tendrement, répon
dit Ange; j'avais oublié de te dire que Margaret portait
son corsage des nœuds de rubis et de diamants.
Cette pensée est délicate, répliqua le chevalier,
cette pierre précieuse porte la couleur favorite, qui, dans