je ne peux laisser souiller le nom que tu nous a donné.
Ma dernière pensée sera pour toi, pour mes frères et pour
ma pauvre sœur
Si je vais rejoindre ma bonne mère dans un monde
différent, nous parlerons souvent de vous avec elle, et si
nous pouvons vous venir en aide par no< bénédictions,
elles iront vers vous ardentes et passionnées.
Dans tous les cas, la dernière de mes pensées, je te
le répè e,sera pour toi et mes bons frères, Emile, Ernest,
Adolphe, Èivsé", et pour Joséphine. Je vous demande
pardon des peines que j'aurais pu vous occasionner, et de
celles surtout que je vais te procurer, mes lrères et
ma sœur aussi.
La meilleure de mes caresses vous tous.
Aristide Olliyier.
Les journaux judiciaires donnent aujourd'hui de nou
veaux détails sur l'affaire de la Prévoyance.
Trois employés supérieurs de cette compagnie vien
nent encore d être arrêtés par ordre du juge d'instruc
tion, M. Brault. Après avoir subi nn premier interroga
toire, S..., G... et D... ont été écroués la prison Mazas,
où sont déjà les deux directeurs, D... et F...
Afin d'inspirer une plus grande confiance aux sous
cripteurs, les directeurs avaient monté leur administra
tion l'instar des ministères les pins compliqués mais
les appointements des employés étaient loin de répondre
aux titres pompeux dont on les décorait. Le sieur S...,
ancien acteur au petit théâtre du Luxembourg, avait
l'emploi de secrétaire général, pour lequel il ne touchait
que 100 fr. par mois. Un grand rôle lui était attribué
dans les scènes de haute comédie qui se jouait journelle
ment dans les bureaux.
Un jour, une députation de souscripteurs de la Pré
voyance arriva de Hollande, afin de réclamer des intérêts
qui depuis longtemps n'avaient pas été servis. Les en
voyés furent reçus avec ostentation dans le salon direc
torial, où leur demande fut accueillie de l'air le plus
gracieux du monde. Tout en causant avec eux, le direc
teur avait .fait un signal au sieur S..., établi dans un
bureau voisin. Celui-ci, prévenu d'avance, fabriqua une
lettre de laquelle il résultait que les intérêts réclamés
avaient été payés. A un coup de sonnette du directeur, la
pièce fausse fut triomphalement apportée et les députés
néerlandais se retirèrent en faisant des excuses. Le même
manège se renouvela pour une députation italienne, qui
venait également formuler des plaintes sur u.n non-
payement.
Les registres saisis fourmillent de surcharges et d'in
terpolations. Les directeurs avaient des agents qui se
répandaient dans les campagnes, gagnaient la confiance
des souscripteurs et, en leur faisant entrevoir dans un
avenir prochain des troubles politiques, les déterminaient
se défaire vil prix de leurs titres. Ces titres rachetés
étaient sur-le-chainp falsifiés, c'est-à-dire qu'à la somme
qu'ils mentionnaient on ajoutait un chiffre qui en décu
plait la valeur, et le faux était répété sur les livres.
Un employé chargé d'une partie de la comptabilité
s'étant aperçu d'un grand nombre d'irrégularités qu'il
prenait pour des erreurs, crut devoir en avertir le direc
teur. En récompense, il fut accusé d'incapacité et congé
dié On renvoyait également les garçons de bureaux qui
refusaient de se vêtir d'habits noirs et de figurer comme
actionnaires dans les assemblées générales.
Les recherches opérées par M. Bellanger, commissaire
de police, sous la direction de M. Brault, juge d'instruc
tion, se poursuivent avec persévérance. 100,000 fr. de
valeurs viennent encore d'être découverts et saisis. Cha
que jour le parquet du procureur de la République et les
bureaux du commissaire de police sont encombrés d'ac
tionnaires et de souscripteurs en quête de renseigne-
sympathies de la foule, et les regrets que les deux con
damnés laissaient après eux. Les femmes, les vieillards et
les enfants tendaient les mains aux chevaliers, et tes
accompagnaient de leurs bénédictions, de leurs encoura
gements.
Le cortège passa devant la taverne de miss Kennet qui
vint présenter son offrande habituelle aux prisonniers;
maissesmains tremblèrent leur approche, et elle ne put
que se signerdevantcux,enlesrccommandantà laVierge.
Le soleil s'était caché derrière les tours de Westminster,
et ses derniers rayons frappaient les toits des maisons les
pljs élevées. La place de Black-Friars. abritée par le mo
nastère de ce nom et par les arbres qui garnissaient ses
avenues, était entièrement ombragée; le peuple entassé
autour de l'échafaud qui s'élevait au milieu de la place,
laissait peine un passage au cortège, et les archers se
servaient de leurs armes pour écarter les curieux.
L'échafaud était tendu d'un drap noir sur lequel ressor-
taient davantage les instruments du supplice, et la per
sonne du bourreau. Cesinistrc personnage était vêtu d'une
longue robe rouge, et ses manches, retroussées jusqu'aux
coudes, montraient des bras musculeux dont le seul aspect
glaçait d'effroi.
Henri et le page se tenaient par la main, et promenaient
sur la foule des regards courageux et fiers sans vanité;
la vue de l'échafaud, leurs pensées mélancoliques les avaient
abandonnés; le seul sentiment du devoir et de la dignité
les animait; Français et chevaliers, ils devaient marcher le
front levé,et mourirsanstrahiraucune faiblesse. Le comte
et le sire de Lamorge suivaient de près leurs enfants, et
ne pouvaient-témoigner leurs angoisses que pnrdcssinges
ou des serrements de main qui remplissaient leurs yeux
de larmes!
ments. Toutes les mesures sont prises pour que les inté
rêts soient sauvegardés. On a lieu d'espérer que le capital
sera intégralement remboursé et que le déficit ne portera
que sur les dividendes et les intérêts.
Paris, V juillet.
On dit que le conseil d'état, trouvant la déclaration de
M. Carlier suffisante, refuserait l'autorisation de poursuites
demandée par M. Forcade. D'après la vivacité du Mes
sager de l Assemblée, ou peut juger que cette déclaration
est loin de donner M. Forcade la satisfaction qu'il croit
être en droit d'exiger.
M. de Laguerronnière verse aujourd'hui l'huile sur la
plaie faite hier au cœur de L. Napoléon, par M. de La
martine. S'il lui reproche cette mauvaise honte qui
l'empêche de se dire républicain, il veut bien blâmer les
scènes de Chatellerault et les flétrir au nom de la républi
que même; la république se fâchera certaine.nent de cette
protestation. Le rapport de M. Vatimesnii. sur l'organisa
tion communale est fort recherché; distribué l'assemblée
nationale, il y a quatre jours, il est maintenant difficile
de s'en procurer un exemplaire; ce succès n'est pas très-
agréable aux bonapartistes, qui redoutent de plus en plus
les influences légitimistes. Il se flattent pourtant tout haut
d'avoir plus d'intelligence que l'on ne pense dans ce parti;
deux de ses membres plus actifs seraient prêts soutenir
publiquement que la légitimité n'est possible qu'avec l'al
liance du bonapartisme; si cette opinion s'est produite, je
la crois isolée.
On prépare un coup de foudre napoléonien; c'est un
almanach pour 1852, de grande dimension; autour des
mois, une légende apprendrait aux paysans et aux ouvriers
qu'ils ont le droit de nommer Louis-Napoléon sans en
freindre la légalité. Ce genre alinanach-affiche est nou
veau; il doit avoir un grand succès, surtout vendu prix
extrêmement réduit.
ANGLETERRE. Lo\i»i«es, 5 juillet. La
chambre des communes a enfin voté hier la 5° lecture du
bill sur les litres ecclésiastiques. L'amendement présenté
par sir P. Thesigcr,à l'effet de donnrrau bill une sanction
efficace pour prohiber l'avenir 1 introduction dans le
royaume, des bulles et rcscrilsd'u S* Siège a été maintenu
et un amendement de lord John Russell tendant sup
primer cette disposition a été écarté par 208 voix contre
129, majorité contre le gouvernement 79 voix. Un autre
amendement présenté aussi par le premier lord de la Tré
sorerie l'effet de supprimer la disposition qui autorise
les simples particuliers intenter une action en justice
contre les infractions au bill a eu le même sort il a été
rejeté par 175 voix contre 124.
La chambre a voté ensuite sur l'ensemble et le bill a
été adopté définitivement par 217 voix contre 40.
Un membre irlandais M. Grattan a proposé alors l'amen
dement suivant au titre de la loi Acte pour empêcher
le libre exercice de la religion catholique romaine en Ir
lande. Cet amendement a été rejeté sans division et le
titre proposé admis. Celte dernière formalité accomplie,
le speaker a annoncé au milieu de nombreux applaudis
sement que le bill serait envoyé la chambre des lords.
Comme la noble chambre ne siège pas le samedi ce ne
sera que lundi qu'elle en sera saisie.
Par suite du mauvais état de la mer, le steamer le
Vivid, s'est arrêté hier dans l'après-midi, Ramsgate et
le roi des Belges, les jeunes princes, le duc de Saxe-Co-
bourg, le prince de Leiningen et toutes les personnes de
la suite de S. M. et de LL. AA. RR. ont passé la nuit dans
celte ville.
La chambre des communes a voté hier, sans opposition,
Courage, mon bon père, disait Ange, encore quel
ques pas, et je ne souffrirai plus; cesse de pleurer... Je
ine sens incapable de résister davantage, et on croirait que
j'ai peur.
Ange, mon pauvre enfant répondait le vieillard
d'une voix étouffée, et sa bouche lui refusait d'autres
paroles.
Ma mort n'cst-elle pas glorieuse? Ne suis-je pas
prisonnier de guerre Et si j'étais tombé comme le grand
Warwick, Barnel, ne te serais-tu pas consolé
Jamais jamais
Écoute, père, écoute, je veux te confier une pensée
qui te fera sourire malgré tes pleurs. Tu as été trop géné
reux, trop noble et trop bon, dans la longue carrière,
pour ne pas avoir mérité le ciel après la mort... Moije
sens là, dans ce cœur formé par loirquc te bon Dieu ne
me repoussera pas, et qu'il réunira deux âmes... Veux-tu
croire ton petit inspiré; réponds
Oui, mon bel enfant, oui, Dieu t'attend; mais moi...
Maintenant, voici ma dernière prière... Frcndscettc
médaille, elle me fut donnée par Jeanne sur le Lancastre-,
tu lui diras que je l'ai gardée sur mon cœur jusqu'ici, et
que je la lui renvoie, non pour lui reprocher son oubli,
sa froideur, mais pour lui témoigner que je l'aime et que
je crois en sa vertu.
Eh quoi! mon ami, tu penses encore cette femme!..
Le malheur ne me rendra pas injuste, et ne ravira
pas la marquise mon estime et mon respect...
Les archers qui étaient en tête du cortège s'arrêtèrent
en ce moment la barrière de l'échafaud, et se joignirent
aux gardes qui en défendaient les approches. L'huissier
de la cour martiale monta les degrés la rarap", et lut
haute voix la sentence qui condamnait le chevalier Henri
la troisième lecture du bill sur le serment prêter par
juifs, pour Siéger au parlement Les adversaires de ce
projet n'ont pas provoqué de vote sur la troisième lecture,
seulement quelques-uns d'entr'eux, sir R. Inglis, MM.
Newgate, Plumptra et quelques autres, ont protesté con
tre l'introduction dans la législation de la Grande Breta
gne, d'un principe qui a, selon eux, pour effet de décris-
lianiser le parlement. Le reste de la séance de la chambre
aété rempli par la discussion en comité général des articles
du bill, modifiant l'administration des bois et forêts de la
couronne.
La presse anglaise s'est beaucoupémuedel'appel adressé
aux Italiens au nom du pape pour provoquer des sous
criptions l'effet de construire un grand temple catholi
que au sein de la capitale de l'Angleterre.' La plupart des
journaux qui se sont occupés de ce document y ont vu
un nouveau défi jeté par l'église romaine l'église angli
cane et au protestantisme tout entier", une circonstance
aggravante de l'agression papale. Aujourd'hui un minis
tre protestant qui s'est fait remarquer par son ardeur
combattre le catholicisme, le docteur Cumming, propose
d'ouvrir une souscription pour construire un temple
protestant Rome, au sein de la métropole du catholicis
me. Il s'engage fournir 100 liv. cette souscription.
ALLEMAGNE. il woviiE, 3 Juillet.Un dé
cret royal, dont il a été donné lecture aux chambres dans
leur séanee de cet après-midi, les proroge pour un temps
indéfini, en les remerciant du zèle et de la persévérance
dont elles ont l'ait preuve.
PORTUGAL. On a reçu aujourd'hui par le steamer
le M on trose, arrivé hier matin Southnmplon des nou
velles de Lisbonne jusqu'au 25 mai. S'il faut en croire
les correspondances des journaux anglais les mieux infor
mées, la nouvelle loi électorale aurait déjà été, pour le
duc deSaidanha, une source de graves embarras. Cette
loi est vivement attaquée par quelques-uns des alliés
mêmes du duc, dans sa campagne contre le coqitc de
Thomar, et entr'autres par Silva Cabrai, qui dans une
lettre qu'il adresse au maréchal, déclare qu'il ne peut
plus appuyer une politique reposant sur des principes
comme ceux qui servent de base p la nouvelle loi.
Trois généraux commandant des divisions militaires
ont donné leur démission par le motif qu'ils ne veulent
pas servir un ministère qui livnt ainsi le pays aux pro
gressistes. Ces démissions sont d'autant plus significatives
qu'elles viennent d'officiers généraux qui s'étaient joints
les premiers avec leurs régiments au mouvement dont le
succès a porté Saldanha au pouvoir.
Le duc en présenec de ces difficultés n'a d'autre alter
native que de modifier la loi électorale ou de changer Je
cabinet dont il est le chef pour y faire entrer exclusive
ment l'élément progressiste. Des conférences ont eu lieu
entre lui et quelques membres influents du parti pro
gressiste dans le but de s'enleudre sur l'une ou l'autre de
ces mesures.
SCHLESWIG-HOLSTEIN. Le projet de con
stitution élaboré par les membres Holsteinois du comité
de l'assemblée des notables, demande lin ministre com
mun Copenhague pour le Schleswig et le Holstein, le
règlement de ce qui concerne la. langue d'après le statu
quo d'avant 1848, une armée séparée de celle de Danu-
marck et la division par la diète germanique de ce qui
concerne la flotte, soit commune toute la monarchie,
soit particulière pour les duchés. Le projet particulier de
M. Prehn part de l'établissement d'un conseil d'état pour
toute la monarchie et de duchés séparés.
Celui de la majorité repose en grande partie sur la
de Kerven et le sire Ange de Lamorge la peine de mort,
pour avoir porté les armes contre le roi, et pour le crime
de haute trahison, en ec qu'ils avaient eu l'audace d'atta
quer l'épée la main la personne inviolable et sacrée du
souverain.
Cet arrêt fut écouté en silence, et l'officier en avait
peine prononcé les derniers mots, qu'Angeéchappant
aux mains de sou père, s'élanç i vivement sur la rampe,
et apparut au peuple le front rayonnant.
Commencez par moi, messire Toin-Hill, dit le géné
reux enfant au bourreau. Hâtez-vous, je suis prêt... Que
faut-il que je fasse
Vous agenouiller près de ce billot, mon gentilhomme,
répondit l'exécuteur.».
Arrêtez! dit i'aumônicr Green qui monta sur l'écha
faud suivi du comte et du chevalier.
Arrêtez s'écria Pierre de Lamorge, en tombant
genoux près de son fils; et de ses deux mains, le mal
heureux père étreignait la hache de Tom-Hill.
Ce brave enfant réclame un droit qui lui appartient
en toute justice, répondit l'exécuteur, il est le plus jeune
des deux condamnés et doit passer le premier.
C'est aussi ma volonté, dit Henri, je suis assez fort
et assez résolu pour subir un double supplice, en voyant
couler le sang le plus pur et le plus innocent... Cher
frère, adieu... ajouta-t-il en pressant le page sur sou
cœur... Montre-moi le chemin du ciel...
Les lèvres du page tremblèrent tout-à-coup, son cœqr
se gonfla... il serra la main du chevalier sans pouvoir lui
répondre, et baisa les pieds du Christ que le révérend
Green lui présenta. Le vieil intendant, toujours agenouillé,
se traîna aux pieds de son fils qui se baissa pour lui faire
uue dernière caresse, et comme il pleurait, le comte le