fcompsgnic du 15' de ligne casernée au Luxembourg, a
été appelée pour rétablir l'ordre dans cet établissement.
A onze heures du soir les mutins étaient rentrés dans le
devoir et quelques-uns des élèves les plus compromis ont
été, dit-on, renvoyés ce matin.
L'Élvsée montre un calme stoïque la veille de la ba
taille, le prince président évite maintenant de parler de
la révision; ses familiers répètent: Nous sommes assurés
par avance de la défaite, la constitution ne sera pas
révisée cette fois, mais la volonté du pays avant tout.
ANGLETERRE. Losones, 11 Juillet. Hier,
la reprise de la séance de la chambre des communes,
M. Cochrane a adressé une interpellation au gouverne
ment, pour savoir s'il a reçu quelque information officielle,
relativement l'occupation des états romains par les
Français; s'il n'a pas appris que par ordre des autorités
françaises Civita Castellana, Civita Vccchia et le château
S1 Ange, vont recevoir de nouvelles fortifications, et que
les troupes françaises vont recevoir un renfort de 10.000
hommes. L'orateur demande enfin si dans le cas où les
Français auraient l'intention d'occuper Rome d'une ma
nière permanente, le gouvernement de S. M. acquiescerait
cette occupation.
Lord John Uussell a répondu Le gouvernement a reçu
des nouvelles de Rome, mais elles ne font point mention
des faits indiqués par l'honorable membre. Quant l'in
tention qu'auraient les Français de rendre leur occupation
permanente, ce que je puis dire, c'est que toutes les com
munications que nous avons eues avec le gouvernement
français sur ce suj'el nous donnent lieu de croire que ce
gouvernement n'a nullement cette intention.
M. Cochrane deinaude si le noble lord veut bien déposer
ces communications sur le bureau.
Lord John Russell dit que le moment n'est pas encore
venu de faire ce dépèt.
Après cet incident la chambre a voté la troisième lec
ture du bill sur le nouvel impét sur les maisons habitées.
Ce vote a eu lieu sans opposition; seulement M. Disraeli
a de nouveau proteste contre une mesure qui n'est pas de
nature améliorer la situation financière du pays et en
général contre le système financier du gouvernement qui
tend sans cesse aggraver les charges qui pèsent sur la
propriété.
Lord John Russell a répondu que le gouvernement était
heureux d'avoir pu remplacer par un'impôt juste et mo
déré une taxequi empêchait l'air et la lumière de pénétrer
dans les habitation* des pauvres (la taxe sur les fenêtres),
que d'ailleurs la situation financière du pays loin d'etn-
pirer allait sans cesse en s'amélioranl.
ALLEMAGNE. Les gouvernements de Franee et
d'Angleterre ont protesté auprès de la diète contre
l'admission de toute l Autriche dans la confédération
germanique et contre le maintien des provinces de Prusse
et de Posen comme en faisant partie. Le cabinet de Berlin
d'accord avec celui de Vienne, a déclare que ces ques
tions sonl une affaire intérieure de la confédération qui
ne souffrira pas l'immixtion de l'étranger.
DANEMARCK. CoPExnAGie, 4 Juillet. Une
dépèche télégraphique adressée la Gazette du Weser
annonce que le comte de Sponnek et le comte de Moltke
sont définitivement chargés de composer le nouveau
cabinet. On croit que le chambellan de Bille, ambassadeur
du roi Stockholm, remplacera M. de Raedlz comme
ministre des affaires étrangères.
RUSSIE. S'-Pétcrsboerg, 3 Juillet. Un
ukase impérial ou 12 juin décerne M. Carlier, préfet
de police a Paris, l'ordre de S'"-Anne de seconde classe
avec décoration en brillants.
Bibliographie.
QU'EST-CE QUE LA METHODE
APPLIQUÉE A L'ENSEIGNEMENT MOYEN?
Par M. Cn. Vsrcamer, professeur au Collège d'Ypres.
On dirait que la loi du 1" juin 1830 porte déjà des
fi'uits avant de recevoir son application.
A Bruges, on voit apparaître un ouvrage nouveau inti
tulé: Théorèmes et problèmes de Géométrie et de Trigono
métrie, par le docteur Rctsin, professeur l'Athénée. Cet
ouvrage, d'un long et consciencieux travail, écrit sur une
matière qui nous est peu familièr», n'a pas besoin de
recevoir notre approbation les antécédents bien connus
de fauteur sonl pour nous comme pour le publicun gnge
queceltc œuvre scrad'unegrandeutililédans lesathénées,
illuminés subitement par le génie de la loi nouvelle.
En ce même moment il vient de sortir des presses
d'Ypres un ouvrage de M. Vercamer sur la Méthode.
C'est un tout petit volume d'une cent cinquantaine de
pages peine, unis le petit volume est un bagage suffi
sant pour faire connaître favorablement l'auteur, quand
mêmecelui-ci, s'arrêterait ce coup d'essai. Eu effet, une
œuvre tonte remplie d'observations délicates, riche de
citations heureuses et couronnée par line profondeur re
marquable dans l'exposition des principes, est certes eliosc
peu ordinaire. Ajoutons que l'ouvrage est écrit d'une
manière remarquable: une phrase bien française, un
style simple et sévère, inspiré par la lecture de bons
classiques, tels que Descartes, Bossuot, etc.
L'ouvrage de M. Vercamer n'est pas écrit dans une
préoccupation personnelle, mais dans le but de se rendre
utile dans l'examen de la question de l'enseignement,
question actuelle et toute pleine d'intérêts, et qui, grâces
la loi de 1890 et au travail assidu des commissions ad
ministratives, va recevoir prochainement des solutions
heureuses.
Écoutez l'auteurlui-mêinc
La question de l'instruction publique vient de faire
un grand pas en Belgique. Nous sommes la veille de
voir mettre exécution la loi du 1™ juin 1830, lâche
difficile et laborieuse s'il en fût, parce que c'est de la
manière dont elle sera remplie que dépend tout l'avenir
littéraire et scientifique du pays- Aussi je ne m'étonne
pas des lenteurs tant reprochées au gouvernement.
Pour atteindre un résultat complètement satisfaisant,
avant d'en venir une décision dernière, on ne peut
s'entourer de trop de lumières; il convient d'examiner
t tous les systèmes d'organisation et de méihodes d'en-
seignement, n'importe d'où ils viennent, de faire tin
appel l'expérience et aux méditations de tous les
hommes intéressés, directement ou indirectement,
une bonne instruction publique et, après un examen
mûr et réfléchi, de faire éclore d'opinions multiples,
diverses et souvent raêmecontradicloires, un éclectisme
sage et raisonné.
Un pareil travail exige des études et des recherches
qu'il n'est pas permis tout homme d'achever en un
temps donné. Par ces quelques pages je n'ai donc pas
la prétention d'élaborer une œuvre savante. Appelé
l'enseignement par vocation et par goût, j'ai acquis, au
bout de quelques années de pratique, cette conviction
qu'en fait de méthode beaucoup est 'a refaire sinon tout
n créer. En exposant les idées que m'ont suggérées la
reflexion et l'expérience, je n'ai d'autre but que d'np-
porter ma part de matériaux, quelques minimes qu'ils
soient, l'édifice qu'en ces moments on élève la jeu-
nesse studieuse.
Il est une question que le lecteur se pose avant déjuger
l'ouvrage. C'est celle qui consiste demander des rensei
gnements sur l'auteur. Ancien élève de l'uuiversité de
Gand, M. Vercamer su distingua maintes fois par des dis
cussions philosophiques assez remarquables; plusieurs de
ses mémoires lui valurent l'honneur de la lecture publique
et l'approbation des maîtres; il fut choisi pour entrer en
Mensonge insigne, dit le comte.
MaisClarencen'avait pas borne son infamies ce seul
sacrifice de ma loyauté et de mon amour pour l'auguste
captive; ce monstre avait sur moi des vues plus criminelles.
Ne pouvant détourner mon cœur de sa sainte affection
pour mon fiancé, il n'a pas craint d'employer In ruse pour
triompher de ma gloire. 11 a mis la vie des deux prison
niers au prix de mon honneur, il m'a montré l'arrêt de
leur condamnation, il m'a montré leurs lettres de grâce.
Je n'avais qu'un jour pour me décider... qu'un jour... oh!
Jeanne, ma pauvre sœur, mon cœur était rempli d'un
amour si pur, si dévoué, si saint
Profanation murmura encore le comte.
J'ai tout accepté.
Oh s'écria la marquise épouvantée.
Rassure-toi, chère sœurla fiancée est sans tache.
J'oi longtemps hésite dans la lutte affreuse que se livraient
tous mes sentiments. L'amante désespérée invoquait le
nobfe Sing des Sevem...
Noble sang des Severn répéta ironiquement le
comte.
Et le souvenir de ma vieille famille, continua Mar-
garet sans s'occuper de son interrupteur, me défendait de
dégénérer. Dieu qui prend pitié du désespoir, m'envoya
tme pcnsce rapide qui jaillit comme un trait do lumière.
La mort m'apparutrayonnantede prestiges, je me réfugiai
$aos peur entre ses bras, et je crus entendre la voix douce
de mon bon ange qui me disait Pour les sauver, il faut
mourir!... J'acceptai donc l'infâme marche de ce duc
infâme;jeconvins avec lui, froidement, de lui appartenir,
d'être son bien, son eslavc, du moment où la clémence
royale aurait délivré mon bien-aimé. Jeanne, il m'a fallu
supporter toutes les hontes que tu as si généreusement
partagées avec moi, il a fallu assister a cette fête, sourire
la foule, plaire aux courtisans, charmer mes bourreaux,
te disputer le prix de la beauté, de la grâce, dcl'élcgancc,
dans cette courodicusc où mon âme était comme en enfer.
Surveillée chaque pas épiée chaque mot; prévenue
qu'un signe, qu'une parole, qu'une démarche renverse
raient mes espérances et feraient tomber la tète chérie
pour laquelle je donnais ma vie avec courage et joie, je me
suis fait mon propre tyran, j'ai dévoré des larmes brû
lantes dans ma solitude, j'ai gonflé mon cœur de soupirs,
j'ai caché mes douleur», mes angoisses, mes projets pour
ne pas rencontrer les résistances. J'ai lu les lettres de
mon fiance, j'ai enseveli ses pensées dans mon âme, j'ai
mouillé de pleurs tous les mots sacrés qu'il avait écrits,
j'ai béni sa constance et sa grandeur, je me suis imposé
un silence qui était une torture hideuse pour ma ten
dresse, et, dans mon dévoument, dans mes chagrins, je
prioislcciel d'avancer l'heure de ma mort, qui devaHl-étrc
celle de sa délivrance.
Oh grand Dieu s'écria, Jeanne, vous l'entendez,
mon père... A genoux, tombez genoux devant cette
femme, devant ce bel ange du seigneur que vous servez.
Mensonge et stratagème, répondit le comte avec
lice nu concours universitaire, mais des circonstances de
famille, croyons-nous, nécessitèrent son départ de l'unir-
versité, et l'empêchèrent de recueillir une palme que ses
condisciples et ses maîtres lui destinaient d'avance.
Et maintenant Vite en matière.
La méthode est un de ces sujets, traités par une foule
d'écrivains, non pas sous le même point de vue, et pas
toujours avec le même talent. Comprise d'une manière
différente, la théorie de la méthode a donné lieu des
luttes bien vives entre des partisans fanatiques en sa fa
veur et des ennemis acharnés contre elle. M. Vercamer
a voulu eu finir une fois tout de bon, en partant des prin
cipes premiers, sur lesquels il base sa théorie.
La A/étliode, dit l'auteur, c'est la voie que l'esprit
suit, soit pour acquérir une scicuce, soit pour la trans-
mettre. Cette définition contient en elle-même la
distinction de deux méthodes bien diverses la méthode
d'ùivention et la méthode d'exposition d'enseignement.
Souvent, on s'est demandé s'il n'y a pas quelques règles
fixes pour acquérir toutes les qualités de l'esprit; s'il n'y
a pas moyen (le gagner par l'effet de l'art des pensées ori
ginales, d'être en un mot un grand homme Si pareille
chose existait, s'il y avait un art d'inventer des pensées
originales, un moyen mécanique pour attraper du géuie,
toute la pe.nsée serait acquise du dehors et ce serait la
négation la plus complète de la spiritualité. Heureusement
pareilles règles ne peuvent exister.
Cependant le sujet pensant, la recherche de la vérité,
peut prendre une route qui conduit mieux au but; il peut
y avoir des moyens plus iéeondenls que d'autres. C'est
ainsi que l'homme qui va jusqu'à interroger les principes
premiers des eboscs, dans chaque question résoudre,
obtient nécessairement des résultats plus décisifs que
ecbaî qui ne voit que superficiellement les ehoses. Il faut
docte lâcher d'acquérir l'esprit philosophique, que donne
la réflexion, niais qui semble inné daôs les âmes ver
tueuses. C'est en effet la vertu qui enflamme la pensée de
l'autour du vrai etdu beau, lui donne l'audace de l'examen,
le courage de rejeter avec énergie les erreurs et les pré
jugés. Voilà, croyons-nous, la seule et véritable règle,
si règle il y a, pour trouver la vérité et devenir un grand
homme. Grande leçon sur laquelle la jeunesse n'a qu'à
méditer.
C'est ce travail intérieur de la pensée et apphquéà telle
ou telle science, qui permet, d'exposer avec clarté, netteté
et précision la science que l'on veut enseigner. Bien jios-
séder son sujet avant de le transmettre est la première
régie de la méthode d'exposition.
Mais ce n'est pas tout; dans celle méthode, il faut non-
seuleineut visera se faire comprendre, mais encore tâcher
de développer sans cesse l'intelligence de ces jeunes êtres
que tes parents ont confié au maître) ne pas laisser s'étioler
ces belles âmes, dont le professeur a pris charge.
Et comment? Ce principe, dit M. Vercamer, je le
résume en deux mots: s'occuper uniquement de la
culture du jugement et n'exiger de la mémoire que ce
qui est nécessaire cl utile celui-là. Tout pour les idées
et rien ou plutôt peu pour les mots s'attacher la
forme et négliger le lond, c'est travailler au rebours
d'un enseignement réfléchi. Voilà la méthode que
M. le professeur Vercamer veut appliquer l'enseigne
ment; il l'appelle rationnelle, contrairement celle qui
est suivie dans la plupart de nos collèges et laquelle il
donne le nom de méthode mécanique.
Que nous voyons avec plaisir ces attaques dirigées con
tre cette méthode mécanique, qui établit une lutte néces
saire et fatale entre le pédant et (e mouturil et par laquelle
l'instruction n'est complète que quand le moutard est
entièrement slupédifié et tombe frappe dans son intelli
gence sous l'esclavage le plus terrible qui puisse exister,
la servitude de l'esprit.
L'auteur est accablé de tristesse quand il parle de ce
gaspillage de facultés humaines, a Hélas s'ccrie-t-il,
combien parmi nous n'ont vu les belles années de leur
enfance, si pleines de sève, si riches de spontanéité
calme et indifférence. Pierre de Lainorge passa ses deux
mains sur ses yeux.
J'avais donc préparé aujourd'hui ce coffret d'ébène,
et je devais te faire prier de le faire parvenir au chevalier
de Kervcn. J'avais préparé cette coupe que voilà; en la
touchant de mes lèvres, j'aurais été délivrée de Clarencc
et j'aurais rendu la vierge ses serments.
Le quart-d'heurc est passé, Madame, dit le comte, et il
s'appuya sur la table, son poignarda la main. Jeanne se jeta
au-devant de lui.Margaretl'attira douccinentsur son cœur.
Dans quelques instants le duc se présentera pour
réclamer son esclave; qu'il te trouve priant Dieu pour
mon âme, chère sœur.
Est-ce fini dit le comte.
Donne-moi mon chapelet, reprit Mademoiselle de
Rosières; quand ma mère mourut, elle m'ordonna de lo
placer sur sa poitrine, je veux mourir comme elle...
0 monseigneur s'écria le sire de Lamorgc, c'est le
chapelet de Windsor.
Qui étes-vous donc? interrompit Jeanne vivement...
et qui s'appelle monseigneur ici
Quel que «oit votre nomreprit Margaretje vous
remets ce coffret, vous le porterez au comte de Kerven et
lui direz que j'avais reçu l'ordre et fait serment de ne
l'ouvrir qu'à sa mort, et de ne me marier qu'après avoir
lu les papiers qu'il renferme... J'ai obéi ma rocre expi
rante, et cette obéissance m'a ravi tout mon bonheur...
(La suite au prochain n*.)