JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
11e Année
Dimanche. £7 Juillet 1851
Vices acquirit euodo.
INTÉRIEUR.
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ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne 15-centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 26 Juillet.
C'est avec un véritable plaisir que nous
apprenons que les fanfares du bataillon de la
Garde civique se préparent avec zèle et ardeur
représenter dignement la ville d'Ypresairgrand
festival d'Anvers, offert toutes les musiques de
Garde civique du royaume, et qui aura lieu le
lii Août prochain. Les répétitions se succèdent
sans interruption. Dirigés avec talent par leur
habile chef, M. Moerman, dont nous n'avons
pas besoin de faire 1 élogetous les exécutants
montrent un empressement peu ordinaire, et
ne s épargnent aucune peine pour se montrer
dignes du corps auquel ils sont tous fiers et
légitimement glorieux d'appartenir.
Ce qui parait doublement satisfaisant, c'est
que leurs répétitions, marchant d'ailleurs avec
une précision et un ensemble parfaits, ressem
blent véritablement une réunion de famille,
où la bonne entente et la plus franche cordialité
ne cessent de régner.
La présence continuelle et le zèle infatigable
de MM. le major-commandant et capitaine-
directeur ne laissent pas que d'encourager et
d'augmenter l'ardeur de nos soldats-musiciens.
Honneur M. le major Vanden Bogaerde
Honneur M. le capitaiue Cardinael Honneur
nos artistes courageux
,1e 24 Juillet 1851.
Moniteur le rédacteur du Progrès
Lecteur assidu de votre journal habitant une
partie de votre arrondissement où le besoin des tra
vaux publics et particulièrement hydrauliques, se
lait sentir depuis un temps immémorial, je viens
vous prier d'accorder une place dans votre journal
aux quelques lignes qui suivent.
Tout ami sincère de son pays, tout partisan zélé
des idées sagement progressives, tout homme d'intel
ligence et de cœur doit applaudir aux courageux ef-
LE SECRET.
(suite.)
Le duc de Clarence s'était adossé un angle de la
muraille et s'y tenait dans une attitude tremblante. La
marquise s'approttha du comte et le supplia de laisser la
vie ce monstre; elle lui conseilla de fuir et de délivrer
Mnrgaret, en ajoutant qu'elle se joindrait sa tendre sœur
qu'elle ne voulut jamais abandonner le comte réfléchit
un instant cette proposition, puis se tournant vers le
prince, il lui dit
Tu serais heureux de me voir suivre le conseil qu'on
me donne, car en échange de ma pitié, tu me ferais pour
suivre, et l'échafaud du fils servirait au père
Je vous jure, comte
Ne blasphème pas... tais-toi... Mon enfant, reprit
le seigneur de Kerven en s'adressant mademoiselle de
Rosières... voulez-vous fuir ce nid de vautours et m'ac-
compagner en France
Hélas répondit Margarctjusqu'au jour prochain
où Dieu me réunira mon bien-aimé, je veux vous sui
vre comme votre ombreet remplacer par ma tendresse
celui que nous pleurons... mais cet homme sera notre
bourreau.
Je vous promets... s'écria de nouveau le prince,
dont le visage rayonna de joie tout-à-coup, je vous promets
que je n'inquiéterai pas votre fuite...
forts du ministère issu des élections de 47, lequel,
après avoir su faire face aux difficultés sans nombre
qu'il s'était donné résoudre en acceptant l'héritage
d'une gestion dedix-sepl années d'incurie et de basse
complaisance, est sur le point de doter le pays d'une
série vraiment monumentale de travaux de tout
genre, canalisation, chemins de fer, re-avres gigan
tesques qui jadis auraient sulfi l'illustration de
tout un régne.
Quoiqu'en déidatère une opposition systématique
s'agitant et vociférant dans le vide, il n'y a pas un
des travaux proposés la législature qui ne soit jus
tifié ou par la nécessité, ou par des avantages de
toute sorte.
S'en suit-il que, tous les travaux projetés ayant
reçu leur exécution, tout aura été dit et toutaura été
fait Certes, qui serait assez insensé d'en discon
venir? il est encore de bien grandes et de bien nom
breuses portiohs de notre sol qui sont attendre,
depuis le temps de nos pères, une légitime part au
budjet des travaux publics.-
Je vous écris, Monsieur, d'un endroit où, au mois
de février, certains terrains, connus sous le nom de
broeckayesd'une étendue assez considérable, ont
parfois près de 200 mètres d'eau. Or, notez que les
broeckagei sont voisins des terres du Furnes-
Anihacht, lesquelles sont généralement situées plus
bas de 190 mètres. Qu'arriverait-il si les digues de
l'Yser, seul obstacle qui retient les eaux des broec-
kagesvenaient être rompues L'engloutissement
d'un grand nombre de communes, et le renouvelle
ment d'unede ces catastrophes si fréquentes en Hol
lande, s'il faut en croire un homme parfaitement
compétent, feu M. de Brock, ci-devant ingénieur et
directeur en chef des ponts et chaussées.
Quant au remède apporter un état de choses
aussi peu rassurant, c'était en 1846, si je merappelle
bien, qu'un de mes honorables amis, M. J.-B. Tert -
zweil, l'un des propriétaires riverains des broeo-
kages, publia une notice, reproduite par le Progrès,
où il indiqua un moyen qui avait un double mérite,
celui de parer des sinistres presque inévitables, et
cet autre de produire* des avantages immenses au
point de vue commercial; en d'autres termes la
solution qu'il offrait la méditation des hommes
compétents était basée d'un côté sur la question de
nécessité, de l'autre sur celle de l'utilité publique.
Il est inutile, pour le moment, d'entrer en détails
sur la nature et les résultats àalteiidredestravauxà
faire pour préserver \cFurnes-Ambachtde malheurs
Et moi je le promets aussi, dit Pierre de Lamorge
qui, l'épée la main se mit entre le comte et Clarence;
nous deux maintenant, reconnaissez-vous le pèlerin
d'Amboise, mylord...
En effet, je crois vous avoir déjà rencontré, mon
père...
Eh bien le'noble enfant qui n'a dû la vie qu'à l'un
de tes ignobles stratagèmes, grand prince, est mon fils.
Le duc baissa la tête avec frayeur et honte.
Je le suivais nuit et jour pendant que monseigneur
de Kerven veillait sur son enfant; ma sollicitude m'a en
seigné des secrets terribles dont le premier mot te fera
trembler... écoute... Je possède presque toute ta corres
pondance avec lord Wcnlock, ce traître formé ton école;
tous tes projets ambitieux y sont détaillés, écrits de ta
propre main je possède, entre autres pièces, une lettre
écrite quelques jours avant la bataille de fiarnet, et celle
lettre annonce que le duc de Clarence passera ou restera
du côté du plus fort, que ce fût Warwick, que ce fût
Edouard... Tu vois bien que lu m'appartiens, et que ton
Illustre frère peut, nia moindre révélation, l'envoyer
Black-Fri3rs ton tour... qu'en pense ta grâce?
Je n'ai jamais rien écrit Wcnlock.
Pourquoi le faire jeter un démenti la face par
chacun de nous? tiens, regarde... Et fouillant sous sa
robe il tira de 9on sein un paquet de lettres soigneuse
ment enveloppé de parchemin
Depuis le moment où j'ai mis la main sur ce trésor,
ajouta-t-il, il ne m'a jamais quitté. Je eraignais tant de le
tous les jours prédits; pour rendre la circulation
et l'agriculture les broeckayes noyés, la pins grande
partie de l'année, sous des inondations périodiques;
et pour livrer qui sait T au commerce une des voies
navigables les plus prospères pour les deux Flandres.
Mais, vu la sympathie du potLvoir pour tout ce qui
touche aux besoins matériels de l'état, vu l'élan
imprimé par un ministère actif et capable tout ce
qui est du domaine des travaux publics, vu l'activité
déployée dans les moindres cantons du pays, vu la
part faite aux terrains du nord de notre province
également exposés des crues périodiques, vu que
Dixmude n'aura pas son chemin de fer, c'est aux
hommes intéressés et dévoués de notre arrondisse
ment àse donner du mouvement,élever la voix en
faveurdecetautrecoin de la Flandre occidentale qui
attend son tour pour participer aux bienfaits d'une
administration intelligente et répondantdu moins
aujourd'hui, aux vœux et aux besoins réels du pays.
A vous Messieurs les représentants d'Ypres de
Dixmude et de Fumes, vous, MM. les conseillers
provinciaux de- l'arrondissement, vous, MM. les
bourgmestres des communes intéressées, vous
tous l'honneur de l'iniljative pour la présentation
et l'élaboration d'un projet dont l'exécution fera
époque dans nos annales et fera bénir vos noms
par les générations futures
Agréez, Monsieur le rédacteur, mes salutations
cordiales. X.
P. S. Je viens de lire dans l'Indépendance d'au
jourd'hui même un article qui, par lé plus singulier
des hasards, vient en aide aux réflexions qui pré
cèdent. Voici ce qu'on y dit du projet soumis, en
ces moments, aux délibérations de la section des
travaux publics:
Sans doute ce projet ne comprend pas tout ce qu'il
est désirable de voir exécuter dans un avenir plus
ou moins éloigné, mais il a pour but de donner
chaque province, chaque fraction du pays, une
part aussi équitable que possible, et d'exécuter ce
qu'il serait surtout préjudiciable aux intérêts du
plus grand nombre d'ajourner plus longtemps.
Est-ce dire pour cela que le gouvernement ait
présenté une œuvre tellement parfaite dans toutes
ses parties qu'elle ne puisse recevoir aucune espèce
de modification on d'extension? Nous ne pensons pas
que le gouvernement lui-même ait cette prétention.
11 peut se iairequeladiscussiou révèle la convenance,
la nécessité d'ajouter ou projet certaines choses dans
une certaine mtsuie; et autant il serait dangereux
perdre Arrière, fais place et n'oublie pas qu'au pre
mier piège tendu par toi... Tu m'as compris
Le duc ne trouva pas un mot répondre. 11 fit signe
au comte de sortir, puis jura de veiller ce que le départ
des deux dames 11e fût en rien troublé.
Alors le comte tendit la maiu Margaret; Jeanne prit
le bras de l'intendant, et les quatre fugitifs sortirent de
l'appartement en jetant un regard de mépris Clarence,
qui tomba anéanti dans un fauteuil.
Jeanne, en traversant le'jardin, dit son guide
Où trouverons-nous mou cher frère, votre bel Ange
Sur la Tamise, ma tille, répondit l'intendant.
Et ils cheminèrent dans un profqnd silence.
le manoir.
Nous reconduisons le lecteur au manoir de Kerven
nous fermerons ce livre sur ses premières pages, pour
ainsi dire, et le fil de la légende nous aura ramenés, selon
la loi générale, au lieu même d'où nous étions partis.
N'est-ce pas ainsi dans la vie, et ne voit-on pas tout
homme et toute chose revenir son principe, après un
détour plus ou moins long l'homme dans son vieil âge,
a ses doux souvenirs, la faute au repentir et l'âme au
Créateur La gazelle poursuivie trompe le chasscpr, et
revient son gîte de feuilles pour y mourir; le soMat re
gagne sa chaumière, et tous nous retournons la terre
que nous avons foulée, chacun d'un pas bien différent.
Les premiers jours de l'automne n'avaient pas encore
dépouillé Kerven de ses feuilles qui, jaunies pour la plu
part, se détachaient en foule et roulaient au gré des bri-