JOIIMAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. I.070. 11e Année. Jeudi, 7 Août 1851. INTÉRIEUR. LE CANARD-DORÉ. LA TUYNDAG. ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 30c. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes - Provinces, 4 francs. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Proches paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé 1 éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypres, 6 Août. Si la Belgique a joui d'une tranquillité qui contrastait avec l'agitation des autres pays, pen dant le cataclysme de 1848, tous les hommes prévoyants l'ont attribué aux élections de 1847 et la chute du parti catholique. Les .défen seurs éminents de cette opinion celle époque croyaient pouvoir se féliciter de ne plus être au pouvoir, au moment où cet effroyable ouragan politique a éclaté. Aujourd'hui il semble que les anciennes idées de prépotence soient revenues l'opposition cléricale, car elle tente de nouveau l'assaut du pouvoir et tous les moyens lui sont bons pour l'enlever de haute lutte. Une élection a eu lieu Neufchâteau, arrondissement de la province du Luxembourg, où jusqu'ici le clergé n'est pas ouvertement et visière levée descendu dans l'arène. M. Orban se trouvait sur les rangs. Ayant échoué line première fois contre M. Nolhomb, il est resté sur la brèche quand celui quia été élu, a refusé le mandat après l'avoir accepté. Celle persistance rester sur les rangs, grâce l'appui du clergé, lui a réussi. Il a été nommé la grande jubilation du parti clérical auquel il disait ne pas appartenir, puisqu'il se qualifiait de député indépendant. Un mot cette occasion. Tous les députés qui combattent l'opinion libérale aiment se donner le titre d'indépendants. Indépendants de quoi de l'opinion libérale ouipuisqu'ils la combattent. Mais qu'on examiue leurs allures et leurs actes, sont-ils indépendants du parti clérical qui les a fait élire et qui a toujours lour dement pesé sur les mandataires? Enfin celle indépendance dont ils aiment se vanter n'existe que «l'une part contre le libéralisme, dût-il même faire le salut de la Belgique tandis que d'autre part, c'est de la plate servilité, puisque le parti clérical qui a pris ces indépendants son service .en les faisant élire, peut les chasser, quand il lui fera plaisir. M. Orban est donc un in dépendant de ce numéroAussi les journaux dits Le 10 avril 1672, le brigantin hollandais le Canard- Doré était mouillé dans le port de Flessingue, le Canard- Doréainsi que tous les bàtimcns de Flessingqe, faisait alternativement le commerce et la contrebande en temps de paix, et la course en teaips de guerre; mais, malgré ces sortes de trafics, l'ordre et la propreté la plus minu tieuse régnaient a bord, et pas un navire de guerre n'était mieux réglé et emménagé que ce brigantin. Ce n'est pas que M. Svoëlt, la fois capitaine et combourgeois de ce navire, tint beaucoup cette régularité de service; mais son premier lieutenant, Gaspard Keyser, se montrait par tisan si décidé de la discipline, que le capitaine, fort bon homme d'ailleurs, le laissait faire peu près sa guise, malgré les railleries de son second lieutenant Jean Bart. Or, ce jour-là, Gaspard Keyser commandait le navire en l'absence du capitaine Svoëlt qui était terre; ces deux jeunes gens étaient dans la cabine devant une cruche de bière et un llacou d'eau-de-vie. Après une conversation de bord, Keyser dit Jean Maintenant, j'ai quelque chose s te proposer. Mon oncle Keyser d'Oslcnde a quelque part douze ou quinze milliers de livres qu'il me garde pour un bon marché; tu as quel que ebose aussi proposons au bon homme Svoëlt de nous céder le Canard-Doré. Malheureusement la conversation fut interrompue par l'arrivée du bon homme Svoëlt qui entra dans la cabine, en compagnie d'un petit homme gras, figure fleurie et parfaitement vêtu de velours noir, avec une brillante et catholiques ne s'occupent que de cette élection et chantent un hosannah, comme si la Belgi que était rentrée sous la domination épiscopale. Nous laissons aux hommes sages et sérieux apprécier si les anciennes allures du clergé et du parti théocratique sont très-prudentes en face des signes du temps, et si, I approche des complications politiques qui peuvent surgir, le prêtre doit se poser en agent politique et élec toral, voué au service d une opinion qui est loin d'être populaire et sympathique; si la hié rarchie catholique est bien venue de faire in tervenir un souverain étranger pour blâmer les lois et les institutions de notre pays, très-jaloux de son indépendance si, en d'autres termes, il n'est pas dangereux, en l'époque où nous sommes, que les ministres du culte donnent l'exemple de la désobéissance aux lois du pays et s'avisent de lui imposer leurs volontés. Qu'on y songe bien, le jeu qu'on joue peut convenir des hommes passionnésambitieux, mais nous doutons fort que l'opinion publique suive les artistes en révolution qui, sous des -dehors pieux et sous des prétextes religieux, tâchent de fomenter le mécontentement et la désaf fection. Depuis quelques années, nous ri'avons pas eu de kermesse aussi brillante ni aussi animée. Un temps magnifique a été pour beaucoup dans le succès qu'ont eu nos fêles et nos plaisirs Tâchons de rendre uu compte sommaire des solennités qui ont embelli notre jolie ville, pendant ces derniers jours. La Société royale de S' Sébastien avait fait un appel aux piincipales confréries du royaume et un grand nombre d'archers avaient répondu l'invitation. La ville et la société donnaient poùr 1,204 francs de prix, non compris les médailles aux armes de la ville décernées la société la plus éloignée, la plus nombreuse et celle qui se présenterait avec le plus d'apparat. Un beau cortège s'est donc formé deux heures de relevée. On y remarquait la société lourde chaîne d'or au cou. A la vue de leur capitaine, lcs deux jeunes marins se soulevèrent et voulurent sortir de la cabine, mais Svoëlt les arrêta et dit Jean Bart J'ai affaire vous; quant Keyser, il peut monter sur le pont et y attendre mes ordres. Keyser sortit et laissa Jean Bart avec Svoëlt et le petit homme gras, vétu de noir. Voici notrejeune marinier, ditSvoëlten lui montrant Jean Bart puis il ajouta Bart, saluez M. le secrétaire Van Berg, secrétaire du collège de l'amirauté de Flessingue. Jean Bart, qui ne savait pas trop où tendaient ces pré liminaires, salua brusquement et attendit. Alors M. le secrétaire Van Berg, toujours souriant, prit la parole, et, s'adressant Jean Bart d'un ton mielleux et insinuant Quoique je n'aie pas encore eu l'avantage de vous voir, jeune homme, je vous connais, où plutôt je connais sais votre hardiesse et votre intrépidité. Ah ça est-ce que je suis vendre, pour me vanter comme on vante un bœuf au marché dit impatiemment Jean Bart, malgré 1e coup-d'œil significatif du capitaine. Ah oh En vérité, ce jeune homme a un singulier instinct, capitaine Svoëlt. Eli bien mon jeune ami, ce n'est pas tout fait de vous vendre qu'il s'agit, mais de vous engager au service des états-généraux. Moi Oui, jeune homme, vous-même. Outre le grand bien que.M. l'amiral de Ruyter a dit de vous ces messieurs du collège de l'amirauté, le capitaine Svoëlt que voici a rendu de si bons témoignages de votre capacité, de votre habileté, soit comme marinier, pilote ou canonnier, nous cl Ingelmunsler précédée de sa musique et de ses eanonniers avec leurs pièces Elle a obtenu les méilailles d honneur pour ia plus belle tenue et le plus grand nombre d'archers. Il y a quel ques années, la confrérie d'Ypres s'était rendue au tir d'Ingelmunster, donné sous les auspices de M. le baron de Montbtanc, et la société de celte belle et populeuse commune s'est souvenue de cet acte «le courtoisie et elle a voulu rendre la Société royale de S'-Sébastien d'Ypres ce qu'elle en avait reçu. On avait même annoncé la présence de M. le baron d'Ingelmunster qui aurait accompagné la confrérie dont il est président d honneur, mais il était Londres. Il faut le regretter, car nous en sommes convaincus, la Société de Sl-Sébas- tien aurait fait sou possible pour reconnaître l'aimable accueil qui lui avait été fait Ingel- munster par M. le baron de Montblanc. En suite la société de la ville de Menin figurait au cortège dans un costume coquet et qui lui vaudra une médaille commémorative en argent, comme témoignage de la satisfaction qu'a éprou vée le serment d Ypres, de ce qu'elle a embelli le cortège du tir de notre kermesse. Cent quatre vingt dix-neuf archers se sont fait inscrire, et dans ce nombre il y en avait de Liège, lin archer de Bruxelles, M. Van Ouwen- huyzen. de Tourcoing, de Lille, de Bruges, (société royale de S1 Sébastien) qui ont obtenu la médaille destinée la société la plus éloignée. Voici comment les prix se sont repartis le premier prix, M. Rogié, d'Estaircs le second, M. Hardeman, de Locre le troisième, M. Vermeulen, d'Elverdinghe le quatrième M. Delefortrie. de Menin le cinquième M. Edm. Bouckenaere, de la Société royale de S' Sébas tien d'Ypres La première journée s'est terminée par un concert donné par MM. J. De Smits et De Wulf, avec la coopération de M. Fischer, directeur du chant d'ensemble de la Société de la grande harmonie de Bruxelles. Celte soirée musicale suivie d'un bal, avait attiré beaucoup de monde; l'exécution des morceaux annoncés par le pro- a tellement assurés que très-souvent vous aviez commandé en personne le brigantin, que messieurs du collège de l'amirauté Flessingue n'hésiteraient pas vous nommer second lieutenant bord d'une quaiche de guerre, si.... D'une quaiche de guerre; moi... servir militairement, ni plus ni moins qu'un soldat Mais songez donc, jeune homme, qu'une fois au service de la Hollande, vous pouvez devenir... lieutenant, capitaine. Oui, oui, lieutenant bridé, capitaine bridé, ne pou voir déferler une voile ou tirer un coup de canon sans dire; Plait-il? Non, non. Ainsi donc, mon jeune ami, vous refusez le service - militaire dit le secrétaire en paraissant réfléchir profon dément. Oui, cent fois oui. Mais si, par hasard, je n'ose pas vous l'affirmer du moins, dit le secrétaire en parlant avec lenteur et fixant sur Jean Bart un coup d'œil perçant et interrogatif, si par hasard le collège de l'amirauté ayant quelque part, dans un coin de l'arsenal de Flessingue, une jolie caravelle de six canons, bien montée, bien équipée, vous offrait le commandement de cette caravelle, que diriez-vous de cela, mon jeune ami Ah mon brave monsieur de la chaîne d'or, cela sonne autrement; n etre si gêné ni entravé par personne son bord, si ce n'est pas tout, c'est beaucoup. Enfin, vous diriez oui c'est heureux s'écria le secrétaire, ne pouvant plus contenir sa joie. A ce prix, vous vous engageriez au service des états I

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Le Progrès (1841-1914) | 1851 | | pagina 1