JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1.073. 11e Année
Dimanche, 17 Août 1851.
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1ATÉI11EUR.
Yphem, 16 Août.
Distribnt ion des prix
aux élèves du Collège communal.
Le provisoire vient de finir pour renseigne
ment secondaire. Après une attente de vingt
années, ce dégré de l'instruction publique
sera réglé par la loi, car elle n'est pas encore
entièrement mise exécution, le gouvernement
est seulement en mesure de l'appliquer en par
tie. Les dix athénées seront en plein exercice
la rentrée des vacances et peut-être que quel
ques collèges seront organisés dans le courant
de l'année scolaire Pour les écoles moyennes
elle» seront ouvertes fur et mesure que les
formalités prescrites par la loi seront accomplies.
Il interviendra donc une réorganisation du
Collège communal d Ypres; une partie des cours
séronl distincts et formeront l'école moyenne
et les six classes latines composeront le cours
d'humanités, auquel sera adjoint une section
professionnelle. Afin d'expliquer plus ample
ment quelles sont les vues de l'administration
communale et du gouvernement, nous faisons
suivre le discours de M. Merghelynck, membre
de la commission directrice du Collège com
munal. Cet honorable conseiller commuual s'est
exprimé en ces termes
A/tuteur*,
La solennité laquelle nous assistons ne sera pas la
dernière qui se fera en ce lieu, niais elle sera désormais
placée sous les auspices non plus seulement de l'autorité
communale exclusivement, maisaussi du pouvoir central.
Nous voulons indiquer que par suite de la loi sur rensei
gnement, une réorganisation de l'instruction moyenne
aura lieu en notre ville. Pendant vingt ans, celte loi sur
le degré intermédiaire de l'enseignement a été attendue
avec la plus vive impatience. La liberté d'enseigner n'a
pas donné les fruits qu'on en espérait et les hommes les
plus impartiaux ont dû constater avec les regrets les
plus cuisants, que le niveau des études, loin de s'élever
sous le régime de la liberté absolue, avait été en s'abais-
sant. il fallait, sous peine de retomber dans les ténèbres
du moyen-âge, donner une nouvelle impulsion aux
études classiques, tout en faisant la part des besoins
nouveaux qui se sont fait jour dans la société moderne.
La loi du 1" Juin 1850 autorise le gouvernement
créer ou maintenir dix athenées et cinquante écoles
moyennes. Si la ville d'Ypres n'a pas eu se louer des
nouvelles bases sur lesquelles on voulait organiser l'en
seignement moyen, nous avons trouvé dans le ministère
l'aide et l'appui qui permettra l'administration commu
nale de doter notre cité d'un établissement, complet
d'instruction secondaire.
En premier lieu,'la commune s'est montrée disposée
prier le gouvernement de vouloir organiser une école
moyenne. Aux termes de la loi de 18-jO, ccst une insti
tution exclusivement placée sous la direction du pouvoir
central et sous la surveillance d un bureau d administra
tion composé du collège de? bourgmestre et échevius et
de membres présentés au choix du gouvernement par le
conseil communal. Cet établissement qui pourra occuper
une partie des bâtiments du collège communal actuel,
remplacera les cours de française Une section préparatoire
sera annexée cette école, et rien ne sera épargné pour
en faire une institution qui pourra servirai d éuolc pri
maire supérieure pour les élèves qui ne se trouveront pas
dans la nécessité de pousser plus loin leur instruction,
et en même temps d'école préparatoire aux classes des
humanités du collège communal.
Mais une école moyenne seule sans section d humani
tés, ni professionnelle, ne pouvait suffire pour notre ville
qui a toujours joui d'un établissement d instruction
moyenne, et qui depuis vingt ans surtout, a supporté les
plus lourds sacrifices pour son maintien. D'ailleurs il
faut, dans l'intérêt de celte création même du gouverne-
i ment, que l'instruction soit continuée, car la plupart des
élèves ne peuvent se borner celle qu'ils recevront
l'école moyenne seulement,où les cours ne peuvent durer
que quatre ans au plus, y compris la section prépara
toire. Le conseil communal a parfaitement senti cet
inconvénient et s'est adressé au gouvernement, sollici
tant des subsides, afin de juxtaposer l'école moyenne
un collège communal, comprenant une section d huma
nités et une section professionnelle. Au moyen de celle
combinaison, l'établissement communal de notre ville
aura le même programme d'études que les athénées créés
par le gouvernement. D'un côté les six classes latines et
les mathématiques formeront la section d'humanités et
des cours professionnels comprenant le haut enseigne
ment de la langue française et flamande, l'étude de la
langue allemande et de la langue anglaise, ainsi que l'en
seignement de mathématiques appliquées aux sciences et
aux arts, seront le complément nécessaire de l'instruc
tion de l'élève qui, sortant de l'école moyenne, désire
rait perfectionner son instruction, sans l'aire un cours
d'humanités.
Tel est l'exposé concis du plan soumis par l'adminis
tration communale de la ville d'Ypres au pouvoir central
et c'est sur ces bases que le gouvernement a promis une
large part d'intervention. Pour l'école moyenne elle est
fixée par la loi; mais pour Iceollégecommunal qui restera
une institution communale sous une administration et
une direction communes avec l'école moyenne, un sub
side généreux était indispensable. Pendant quinze ans,
l'autorité communale a fait des sacrifices dans l'intérêt de
lu conservation de sou établissement, mais tout alors était
provisoire et quoique ce provisoire ait duré longtemps
au grand détriment de l'enseignement, la ville a con
tinué subsidicr largement et loyalement, taudis que
II.
(soite.)
Quand il rentra, la jardinière était au fond du potager
qui sarclait sa salade pieds et bras nus.
11 alla elle d'un air distrait.
Dites-moi, la belle jardinière, croyez-vous que la
jolie maison d'en face ne soit pas louer
Mon Dieu, Monsieur, j'ai appris hier qu'elle était
vendre. C'est un pauvre vigneron de ce pays-ci qui l'a
bâtie, crovanl bien placer son argent aujourd'hui, il n'a
plus ni argent ni maison; du moins on va vendre sa mai
son pour payer ses dettes: n'avez-vous pas vu les affiches?
On dit pourtant qu'elle est louée un bon prix.
Ali! elle est vendre! s'écria Frédéric avec un mou
vement de joie; ah elle est vendre
Vous voulez donc l'acheter, Monsieur
L'acheter? non pas, pensa Frédéric, mais je veux
la visiter. Il n'y a donc pas de portier? dit-il tout haut.
Il y avait un jardinier qui demeurait côté, là-bas
dans cette baraque; mais il parait que cet homme a trouvé
un meilleur jardin; il est Neuilly.
Et les clés de cette maison 7
On m a dit qu'il y avait un locataire, qui jan» doute
l'habite comme vous habitez celle-ci. Avant-hier, je me
souvieus d'avoir vu un domestique en livrée qui s'amusait
ratisser les allées; je n'en sais pas davantage. Je pense
bien que le notaire de Passy, qui fait les affaires du pau
vre père Collombet, a une seconde clé.
tl faut que j'aie cette clé, dit Frédéric avec l'ardeur
d'un homme qui va découvrir un trésor.
Allez tout de suite chez le notaire, dit Frédéric en mon
trant un louis; tenez, voilà qui vous donnera des jambes.
Mais, Monsieur, je ne réponds pas...
Allez toujours, je vous attends.
La jardinière pe prit pas le temps de mettre ses souliers.
C'est un fou, se disait-elle, mais il a du bon.
Elle revint sans la clé.
Eh bien
Le notaire n'y avait pas songé. Il faut qu'il envoie
Saint-Germain, chez la fille du père Collombet. Demain,
si vous voulez...
Demain c'est un siècle. Attendre demain Vous
me répondez que je trouverai la clé chez le notaire
Bien mieux, il nie la remettra, car il m'a priée de
faire voir la maison; il va en écrire au locataire.
Très-bien il faut que je parcoure la maison depuis
la cave jusqu'au grenier, demain dix heures.
A votre aise, Monsieur.
l'État n'intervenait que peu généreusement. Aujourd'hui,
qu'il s'agit d'organiser défini livement l'enseignement,
le Conseil communal a cru que le moment était venu de
faire comprendre au gouvernement que les sacrifices
devaient être allégés. Ces observations ont été admises
par le ministère, et la ville pourra diminuer les alloca
tions annuelles, portées son budget pour l'enseignement
moyen, d'une somme notable, tout en conservant son
institution considérablement améliorée.
Il est inutile de s'étendre, semble-t-il,surles bienfaits que
produira la nouvelle organisation et sur la nécessité
pour la ville d'Ypres de conserver un établissement com
plet d'instruction moyenne la hauteur des exigences
de la science moderne. Sur les limites du territoire belge,
seul chef-lieu d'arrondissement des deux Flandres qui ait
conservé jusqu'ici une institution purementeommun»le,il
était indispensable pour le gouvernement, de maintenir,
de commun accord avec l'administration communale, en le
réorganisant, le collège qu'il avait subsidié pendant six
ans. La nouvelle loi a créé de nouvelles divisions dans
les diverses branches de l'enseignement et de là résul
tera un remaniement du corps professoral. Qu'on nous
permette de le dire, la mise en vigueur'de la loi de 1830
a fait découvrir qu'elle n'était pas d'une application
facile. C'est pour cette cause que jusqu'ici rien n'a été
organisé définitivement pour les athénées et plus forte
raison, pour les écoles moyennes et les collèges com
munaux.
Il est cependant de l'intérêt de tous aussi bien des
professeurs que des élèves, que cette époque transitoire
soit aussi courte que possible, et cette nécessité est aussi
bien comprise par le gouvernement que par l'administra
tion communale. Aussi feront-ils tous leurs efforts pour
arriver placer, aussitôt que possible, l'institution d'en
seignement moyen d'Ypres, sous le régime de la loi de
1850. En attendant le collège continuera conserver son
organisation actuelle qui, en juger par ses résultats, est
loin d'être mauvaise. Si le grade d'élève universitaire est
la pierre de touche de l'enseignement donné dans un
collège, la ville d'Ypres ne peut regretter les sacrifices
faits jusqu'aujourd'hui pour le maintien quand même de
cetétablissemcnt. Les élèves qui'se sont présentésdevant le
jury ont tous remporté leur diplôme, quelques-uns mêmes
avec une mention honorable. C'est un beau succès obtenu
par nos élèves l'aptitude et au zèle desquels je me plais
rendre un hoin.nage public, en exprimant l'espoir qus
les élèves de rhétorique qui ont terminé leurs études
la clôture de la présente année scolaire, ne seront pas
moins heureux que leurs camarades qui les ont devancés
et qu lisseront les dignes élèves du collège d'Ypres, dont
I administration communale a toujours pris cœur les
intérêts et applaudi avec sympathie aux succès obtenus
dans ta carrière qu'ils avaient embrassé.
C est donc avec l'espoir de voir iecollége conserver cette
confiance des pères de famille, qu'en attendant la réor-
ganisation qui ne peut tarder longtemps, je nie permet
trai de féliciter les élèves sur leurs travaux et de renier-
cierMM. lesprofesscurs pour les soinsetle zèle dont ils ont
(ait preuve pendant la présente année scolaire et en
A cet instant, Frédéric remarqua, sur un beau cheval
bai-brun, un-homme de trente trente-cinq ans, en ob
servation devant la villa. C'était un homme du monde,
ti ès-élégant, d une nuble allure. Il était accompagné de
deux lévriers gris qui le suivaient avec une grande docis
lilé. Il agitait sa cravache et coupait l'air avec une colère
mal contenue. Voyant Frédéric qui le regardait grands
yeux, il le regarda d'un certain air de bravade, en homme
qui ne serait pas fâché de faire sentir son dépit quel-
qu un. Au bruit d'un battement d'ailes de perdrix, un des
lévriers s'élança follement dans un seigle déjà presque
mûr. Son maître le siffla; la pauvre béte revint au même
instant, l'oreille basse, sp mettre sa merci; il lui appli
qua, sans s'attendrir, trois quatre violents coups de
cravache. Après quoi, ennuyé sans doute de la curiosité
de Frédéric et de la jardinière, il piqua des deux et dis
parut sous un nuage de poussière.
N'est-ce pas là le locataire de la petite maison de
manda Frédéric.
Je ne puis vous répondre, Monsieur, car je n'ai pas
encore vu le locataire.
Frédéric retourna Paris, tout en se demandant s'il
n'avait jamais rencontré au théâtre où dans le momie ee
cavalier de mauvaise humeur.
Le lendemain, avant huit heures, Frédéric partit pied