N° 1.079, 11e Année.
JOIIIML D'YPiîES ET DE L AlUiOVDlSSEMEiYT.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
l>iEnanehe, 7 Septembre 1851.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 centimes.
Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypses, 6 Septembre.
Le Sénat a rejeté la loi sur les successions en
ligne directe. Depuis longues années, depuis
18-41. acte plus déplorable n'a été posé par une
branche du pouvoir législatif. La Chambre de
privilégiés de la fortune, les censitaires mille
florins d'impôts, s'insurgent contre l autre bran
che du pouvoir législatif d accord avec le pou
voir exécutif, et refusent net d'intervenir pour-
une part plus forte dans les charges publiques.
Un sénateur d'Anvers, M. Cogds, l'aller ego de
M. Jules Malou. s'est même imposé la tâche de
démontrer que le déficit était pour ainsi dire
nul, afin de pouvoir exposer la première
Chambre, qu'il n'y avait pas lieu de voler de
nouvelles ressources.
Cependant le sacrifice demandé n'était pas
lourd II s'agissait de payer un droit, tous les
vingt cinq ans, de 75 centimes par cent francs,
de fr. 7-50 sur mille francs, de 75 fr. sur dix
ville francs, de 750 fr. sur cent mille francs,
de 7,500 fr. sur un million, de 75,000 fr. sur dix
millions. Mais alors on ne pouvait porter le
passif en déduction de l'héritage, il aurait été
loisible seulement de le fa ire. moyennant de payer
vu pour cent, au lieu de 75 centimes pour cent.
Oui, c'est ce droit léger, minime, qui ne s élève
pas pour une fortune de cent mille francs
trois francs par un en supposant qu'on soit
tenu de payer ce droit tous les vinglcinq
Irenle ans, que la majorité du Sénat n'a pus
voulu admettre. Un esprit de vertige doit avoir
plané sur les membres de la Chambre haute,
pour qu'ils aient rejeté un impôt qui, loin d'être
impopulaire, n'était blâmé que par le parti
soi-disant catholique, parce que lui ne l'avait
pas présenté la législature et qu'il n'est pas
au pouvoir.
Il est certain que depuis longtemps les mi
nistères catholiques qui se sont succédé, avaient
songé imposer la ligne directe. Si le projet
avait vu le jour sous le patronage du parti clé
rical, il eut été alors aussi favorable la famille,
qu'aujourd'hui, présenté sous des auspices li
béraux, il est destructif.
Il est incroyable que le Sénat n'ait pas reculé
devant les conséquences qu'entraînera le rejet
du projet de loi. Il faut, pour que la majorité
se »oil déterminée exprimer un pareil vote,
SLS LIVRES IB'iHIIEURgS
SIMPLE HISTOIRE DE CŒUR.
que le tact politique ne soit pas ai; nombre des
vertus de ses membres et que l'intelligence ail
fait place la passion et peut-être l'avarice et
l'égoïsme.
Le Sénat a été dissous par un arrêté royal en
date d'hier. Les honorables sénateurs auront
donc se présenter devant les électeurs et ils
pourront se convaincre que l'opinion publique
n'est pas favorable ceux qui ont de nouveau
jeté le pays dans un état de crise et d'agitation,
sans compter que tous les travaux publics, at
tendus avec tant d'impatience et d'anxiété, sont
remis une époque peut-être bien éloignée.
Par arrêté royal du 4 Septembre 1851, la
session législative de 1850-1851 est close.
Un arrêté royal du 31 Août, autorise la
commission des Hospices civils d'Ypres, ac
quérir des .sieurs de Thibault de Boesinghe, pour
le prix de 20.000 francs, une maison avec fonds
et jardin, située en celte ville, section F. n"»
182 et 183 du plan cadastral, d'une contenance
totale de 18 ares 89 centiares, et d'un revenu
iuijiosable de fr. 705-45.
Un arrêté royal autorise, sous certaines con
ditions, le sieur Valeke-fiage. serrurier-poèlier
Yjrres donner de l extensiou l'usine
fabriquer du gaz qu'il exploite dans ladite ville.
La théocratie triomphe au sénat.
Le projet de loi sur les successions est rejeté.
Ce rejet entraîne nécessairement ie retrait provi
soire de la loi sur les travaux publics. Le ministère
ne voudra pas, sans doute, commencer d'immenses
travaux, sans avoir les ressources nécessaires poul
ies mener bonne fin.
Pourêlrejusle il convient aussi de ne pas promul
guer les autres lois d'impôts sur le tabac et les dis
tilleries. Il ne faut pasque lecommerceel l'industrie
supportent des charges nouvelles, alors que la grande
propriété esquive celles que l'on propose pour l'at
teindre.
La conduite du ministère nous semble clairement
tracée. Son premier acte doit être la dissolution du
sénat.
Bien que le choix des électeurs soit circonscrit
dans la classe des contribuables 1,000 florins, nous
ne désespérons pas, en faisant un appel l'opinion
publique, de voir changer la majorité de la chambre
haute.
Si cette attente est trompée, et nous ne nous dis
simulons pas la possibilité d'un pareil résultat eu
L'Angelus sonnait la petite église de Saint-Yrieix, le
crépuscule pourprail de ses feux mourans les coteaux
fleuris de ce beuu canton de Picardie, et celte riehe
nature, fatiguée des ardeurs brûlantes d'un jour d'été,
semblait retrouver la vie avec les brises cmbuuinéc9 du
soir
Penchée sur le balcon du château de Saint-Yrieix, les
yeux fixés sur la longue avenue de châtaigniers qui con
duisait cet antique manoir, la jolie comtesse Marie de
Pommereusc semblait attendre avec la plus vive anxiété
l'arrivée d'une personne dont son agitation nerveuse tra
hissait le retard. Rien de plus gracieux que cette blanche
et délicate jeune femme, se détachant ainsi des murs
noircis de la gothique demeure; sa robe légère, la gaze
diaphane qu'elle avait jetée sur ses cheveux, le voyageur
eut pu la prendre pour Tune de ces fantastiques appari
tions qu'évoque toujours l'aspect des ruines ou des vieux
donjons du temps passé
Je suis folle, se disait-elle, en cherchant surprendre
le «oindre bruit au lointain, je n'ai jamais tant désiré
iaisant la part de l'i nfluence qu'exercent les grands
propriétaires sur les électeurs des campagnes, on se
trouvera en présence d'un conflit entre deux grands
pouvoirs de l'état. Car, que l'on ne s'en cache pas,
le sénat vient, non pas de rejeter une loi d'impôt,
mais d'émettre un vote politique; de jeter un blâme
indirect non-seulement sur le cabinetqui a pour
appui une immense majorité dsris la chambre des
représentants, mais sur cette chambre elle-même.
El c'est dans un moment critique, dans l'attente
d'événements inconnus, que récèle la date fatale de
851 pour un pays voisin, dont les commotions ont
toujours un retentissement dans le nôtre, que quel
ques hommes aveuglés par la passion, ne craignent
pus de lancer la Belgique.dans la roule des aventures,
de la placer dans une situation dont nul ne saurait
prévoir 1a solution. Précurseur
»oa».|)»» «au—
Voici encore un échantillon des ignobles injures
adressées la majorité de la chambre des représen
tants par les organes de l'opposition cléricale
Les sénateurs ne sont point sensibles aux
dîners ministériels comme les ventrus que les clubs
ont fait législateurs et qui sont doués de plus d'appé
tit que de dignité; ils n'ont point de cousins, des
frères, des neveux .1 colloquer dans les emplois
publics, pourvoir de place de notaire, de juge, etc.,
comme les croupions de la chambre basse; ils n'ont
point redouter que le ministère, en combattant
leur candidatui e électorale, leur fasse perdre l'in
demnité parlementaire dont i ie jouissent pas,
et qui, pour cei tains grands hommes de la majorité
politique nouvelle, est la raison ultime et la cause
première de leur patriotisme et de leur servilité, de
leur empressement donner des lois et des impôts
au pays, des votes et des services au ministère les
illustres petits bourgeoisissus de la méprise de 1847,
sont seuls capables de céder ces moyens decorrup
tiou politique. Contre les sénateurs, il faut d'autre
armes, etc.
es
sa présence, et c'est pour lui causer le plus mortel
chagrin... En aurai-je le courage... quand chaque jour,
mon cruel secret expire sur mes lèvres C'est que je
l'aime, mon Dieu, de toutes les forces de mon âme
c'est que je l'aime, comme je 11e itérais plus jamais
aimer
Effrayée de ce cri du cœur, de ces paroles prononcées
avec la puissante expression d'une âme constamment
retenue, la comtesse couvrit son visage de ses mains,
comme pour se cacher elle-même sa pudique douleur.
C'est que c'était un chaste amour que celui de Marie de
Pommereuse, amour toujours silencieux et voilé, que
renfermait un cœur puret dont Dieu seul était le con
fident
Le galop d'un cheval se fit entendre. Un cavalier parut
l'extrémité de l'avenue.
La comtesse leva les yeux vers lui, puis, s'échappa ni
du balcon, elle cuurut au fond de sa chambre, et, s'age-
nouillanl devant son prie-dieu, ses lèvres murmurèrent
une fervente prière.
Quand la comtesse descendit au salon, un jeune homme
s'y trouvait déjà. Ses cheveux en désordre, sa vive rou
geur, attestaient la rapidité de sa course. Voici les
Ajournement des Chambre».
Nous recevons la nouvelle suivante
La séance était fixée midi. Ce n'est qu'à une
heure que les sénateurs sont entrés en séance. On
remarquait parmi eux un grand nombre de fronts
soucieux. Des bruits d'ajournement des Chambres
circulaient depuis le malin.
Après la lecture du procès verbal de la séance
d'hier, le ministre de l'intérieur a donné lecture de
l'arrêté royal suivant
Léopold, roi des Belges,
A tous présents et venir, salut,
Vu l'art. 72 de la Constitution
De l'avis de notre conseil des ministres
myosotis que vous avez désiré dessiner dit-il la jeune
lemme en lui présentant une touffe de ces jolies fleurs. Je
suis allé les chercher ce matin, dans la vallée de la Source,
et je vous les aurais apportées plus tôt, si je n'avais craint
d être importun en devançant l'heure de ma visite.
Marie prit les fleurs et remercia Léonce par un doux
sourire: sonémotionétaitsi vive, qu'elle ne put prononcer
une seule parole.
Je rends le bien pour le mal, continua gaîment le
jeune homiue; hier, dans votre longue promenade» et
lorsque je vous priais de cueillir une pensée pour moi, ce
lut une branche d'épines que vous in'offrîtes.
Peut-être, reprit faiblement la comtesse, l'épine
était-elle une pensée
Le regard de Léonce fut si expressif d'inquiétude et de
chagrincelte réponse, que Marie lui tendit vivement
la main.
Ami, lui dit-elle.
Ami s écria Léonce, en tombant a ses genoux; ah
mieux que eela, Mario, amant époux
Epoux jamais répondit la comtesse, eu s'éloignant
vivement de lui.
Le geste et le ton dont la comtesse accompagna ce»