j*° 1.080, 11* Année
JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRO^DISSEMEXT.
Vires acqumt eundo.
INTERIEUR.
Jeudi. 11 Sci><embre 1851
ABONNEMENTS yrties (franco), par trimestre, 5 francs 50c. provinces,4 francs.
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Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Vfrei, 10 Septembre.
Le Sénat, tout en rejetant la loi sur les suc
cession», a reconnu la nécessité d'augmenter les
ressources du trésor; depuis huit ans. en effet,
les diverses commissions, chargées de l'examen
des budgets, constataient le déficit permanent
que présentait notre situation financière et
l'urgence qu'il y avait d'équilibrer les recettes et
les dépenses. M. le comte De Bailletle fougueux
adversaire de la loi actuelle, disait déjà en 11147
II faut d une manière on d'autre augmenter
s> le» ressources du trésor, nous en atons re-
connu touvenl la nécessité dans cette enceinte.
Tout le monde est d'accord sur ce principe,
mais, quand il s'agit de l'application, la diffi-
n ciiIté commence; chacun apporte sa pana-
cée mait. convenons-en franchement, chacun
PHÉrÈRE VOIR PUISER DANS LA POCHR DE SON VOISIN.
Ces mots caractérisent, on ne peut mieux, la
conduite de la majorité du Sénat; grands pro
priétaires foncesMessieurs les Sénateurs
n'ont songé qu'^èurs ptopres intérêts; ils ont
oublié qu ils étaient la fois les mandataires
des fermiers, des marchands et des industriels,
et ils ont volé une aggravation de droits de
deux millions et demi sur le genièvre, la bière
et le tabac, sans qu'une seule voix se soit élevée
pour combattre ces impôts qui frappent l'indus
triel, le marchand et le fermier; mais aujour
d'hui qu'on leur demande de s'imposer leur
tour un sacrifice de 75centimes par 100 francs,
payables une fois tous les trente-cinq ans, ils
ont préféré, pour nous servir de l'expression de
M. De Baillet, de prendre cet argent dans la
poche de leur voisin, et ils ont trouvé un moyen
très-simple et qui consiste augmenter les cen
times additionnels sur la propriété foncière.
Mais si ces centimes étaient établisqui les
paierait? Ne seraienl-ce pas les fermiers et en
général tous les locataires c'est-à-dire ceux
qui ne possèdent rien Tous nos baux ne con-
tiennent-ils pas en effet cette clause: Toutes
n les contributions mises ou mettre sous
quelque dénomination que ce soit, pendant
toute le durée du bail, seront supportées par
le locataire qui oe pourra réclamer de ce chef
aucune réduction de fermage
Ce que veut doDC l'opposition du Sénat, c'est
se décharger de l'impôt sur les successions
en ligne directe qui atteint diiectement le ri-
L£ LIVRE OmURiSâ,
SIMPLE HISTOIRE DE COEUR.
(fcritb ri fis.)
Depuis ce jour, la convalescence de Léonce commença.
Il voulut vivre; car Marie lui avait dit Guérissez-vous
pour moi; vous saurez mon secret, et Dieu lui-même
décidera de votre bonheur.
Troissemaines s'écoulèrent peine, et Léonce accourut
au château de Saint-Yrieix.
C'était un beau jour d'automne. Le soleil dorait les
arbres séculaires du parc, et semblait jeter ses dernières
lueurs sur la végétation mourante, comme pour lui faire
ses longs adieux, avant la brumeuse saison des frimas.
Léonce vint s'asseoir près de la comtesse, l'ombre
d'un vert plataneque jadis abritait les jeux de leur
enfance.
Et Marie parla ainsi
Que Dieu vous pardonne le mal que vous m'avez fait,
Léonce, en accusant d'orgueil un cœur qui n'a jamais
connu ce défaut Non, mon ami, la comtesse de Poin-
mereuse ne se croirait pas déchoir eo acceptant le nom
plein d'honneur, de gloire et d'avenir quevousluioffriez.
che, sur le locataire qui paierait les centime»
additionnels; ainsi posée la question nous paraît
très-simple.
Le Gouvernement veut faire payer le pro
priétaire
Le Sénat veut faire payer le fermier et le
locataire.
Le Gouvernement demande de» ressources
aux riches
Le Sénat veut les arracher au fermier, l'ar
tisan, tous ceux enfin qui vivent des sueurs
de leur travail.
Entre les deux le pays jugera, et nous atten
dons son jugement avec une entière confiance.
La lutte qui se prépare a ce caractère parti
culier qu'elle n'a pas lieu seulement sur le champ
du libéral et du clérical, elle touche au déve
loppement pacifique des grands principes de
1789; question immense qui intéresse la bour
geoisie toute entière et qui doit être résolue
contre ces hommes égoïstes et ambitieux qui ne
rêvent le pouvoir que pour maintenir les privi
lèges et dont l'entêtement pourrait réserver
notre pays une de ces catastrophes que la France
a si chèrement payées Les corryphées du parti
catholique et M. Malou entr'aulres se sont si
longtemps félicités de ce qu'ils «n'occupaient
plus le pouvoir l'époque des événements de
Février 1848 nous croyons qu'ils feraient acte
de grande prudence de ne pas en vouloir pour
1852.
M. De Royer, I appui du projet de loi sur
les successions en ligne directe, prononçait ces
paroles mémorables qui dépeignent si nette
ment la situation dans laquelle se trouve le
Sénat
Le rejet de l'impôt eu ligne directe dé-
considérera le Sénat. Le peuple s'habituera ne
voir eu nous qu'une Chambre égoïsle, qui met ses
intérêts privés au-dessus des intérêts généraux,
a Le commerce, l'industrie verront en nous des
hommes toujours prêts les surcharger d'impôts
et n'eu accepter aucun pour nous-mêmes.»
Qu'en pense noire ruts-honorable sénateur
M. Malou
Qu'espérait donc l'opposition pour se montrer si
étonnée du résultat naturel du vole du sénat sa
dissolution
Se faisait-elle illusion au point de croire que le
ministère libéral, soutenu par une grande majorité
Ce nom-là, Léonce, je puis vous le dire au moment de
l'aveu solennel que je vais vous faire, c'est le premier
que j'ai désiré porter; j'acceptai celui du cumlc j'au
rais reçu le vôtre avec bonheur
Est-il vrai? s'écria Léonce hors de lui.
Pauvre ami reprit tristement la comtesse; ma con
fidence rendra vos regrets plus amers; mais mon cœur n'a
pas le courage de la retenir
Le comte de Pommereuse était bon, noble de cœur,
plein de tendresse et de soins délicats pour inui... Je
l'aimai de la plus vive amitié; mais une circonstance res
serra bientôt notre affection mutuelle, en développant
dans notre cœur l'intérêt le plus vif et le plus douloureux
pour mon aini le comte était attaqué d'une maladie de
poitrine. Ce triste secret me fut révélé par uu habile
médecin, trois mois après mon mariage...
Jugez, Léonce, tout ce que je dus souffrir après un tel
arrêt... Cet homme, jeune, riche, heureux, ne devait pas
franchir un certain âge... ses jours étaient comptés La
mort impitoyable attendait sa proie époque fixe, et ni
l'art, ni la nature ne pouvaient la lui arracher
Ce fut dans l'intérêt même de la vie du comte que l'on
me fit cette affreuse révélation... Il fallait veiller 6ur ses
dans la chambre des représentants et se sentant fort
de l'appui de l'immense majorité du pays, aurait
niaisement abandonné la partie pour l'aire place ti
un cabinet mixte, chargé d'aplanir la route uti
ministère catholique?
Avant le vote du sénat les journaux catholiques
fesjieut les fanfarons. Un appel au- peuple ne les
effrayait pas; ils l'appelaient, au contraire, de tous
leurs vœux. Aujourd'hui ils déplorent l'agitation
que ne pbul manquer de répandre la lutte électorale
placée sur le terrain où l'a imprudemment poussé
le sénat, l'instigation de ces mêmes journaux.
Mais c'était avant le vote qu'il fallait songer ces
conséquences c'était alors qu'il fallait tenir le langa
ge que l'on lient hypocritement aujourd'hui.
Le théocratie a voulu, a recherché la lutte; qu'elle
en porte la responsabilité. (Précurseur
Nous publions la liste des éligibles au sénat
dans la province de la Flandre occidentale:
F. Bethune, P. BoedtP. Borlier, L. Cuvelier, J.-B.
Coppielers, L. de Bie, vicomte Ch. de Croeser, E. de
Crombrugghe, T. de Gheus, E. de Glieus, vicomte A. de
JonglieE. de Man, P. de Mclgar, J. de Moldcr, C. de
Moucheron, cointe F. de Meulenaere, J. de Neckerc-de
Coninck, vicomte E. de Nieulant, F. d'Ennclières, C. de
Patin, baron M. de Pccllaert-de-Stcenmaere, baron J. de
Pélichy Van Huerne, de Ruysschere, Van Severen, che
valier Ch. de Schietere, L. de Smet, L. de Steurs, de
Thibault de Bœsingbe, de Ruo Van YVambeke, baron A.
de Vrière, P. de VrièreJ. d'Hanins de Moerkerke-
d'YdewaHe, Honoré d'Hanins de Moerkerke de Deur-
waerderLouis d Hanins de Moerkerke de Bie, P.
Gilliodts, Gncthals-Bisschoff, Goelhals-Delvigne, L. Her-
mans-Lybacrt, Huyghe de Peutevin, F. Janssens, Lebailly
de Tilleghem, L. Loncke, Malou-Vanden Pcereboom,
Moles Lebailly-D'hont, baron J. Mazeman de Coulhove,
baron C. Pecstecn de Lampreel, G. Pecsteen, P. Sinsve,
A. Van Caloen, J.-B. Vanden Pcereboom, L. Vanden
Pcereboom, P. VanderBeke de Cringen, C. Van Elslande,
I. Vander Gracht, F. Van Hainme, Van Hoobrouck de
Mooreghcm, L. Van Nieuwerihuyse, E. Van Outryve-
d'Ydewalle, J. Van Sicleghem, Verhulst-Vande Pôele, H.
Yseubrant. Ensemble 61 éligibles.
Complément delaliste par des personnes payant moins de
fr. 2,116-40 centimes.
Berghman, L., propriétaire, àYpres;Berten, F., rentier,
Popcringhc; Carton, H., propriétaire, Ypres; Dautri-
court, B.,propriétaire,Dixtnude; De Clercq,J., proprié
taire, Bruges; De Coeq-De Ridder, propriétaire,
Ostende; De Crombrugghe Custis, propriétaire, Bruges;
De Knuyt, A., propriétaire, Breedenc; Delmazure, E.,
propriétaire, Helehin Delevigne-Maes, propriétaire,
Courtrai; Delfosse d'Espicrres, propriétaire, Espierres
Delvigne-Bruneel, propriétaire, Courtrai; De Mey, J.,
propriétaire, Hooglede; De Serret, J., propriétaire et
bourgmestre,S'-Miehel; Despot, E., avocat, Fûmes
D Ennelières-d'Hust,Camille,e", propriétaire,ElverdinI
jours délicats, sans qu'il put soupçonner le motif... lui
imposer adroitement un régime dont il profilât sans le
comprendre.
Dès cet instant, mon affection pour lui devint mater
nelle; je l'environnai de précautions inp -rccptibles, je le
défendis contre tout ce qui pouvait augmenter le mal
affreux qui le minait son insu... et ma vie, pendant deux
années, fut un supplice d'autant plus cruel, que mes traits
ne trahissaient jamais les déchirements de mon âme. v
Unsoir,le comte, que je croyais dans son appartement,
entra subitement dans le salon. Le médecin me quittait..
M. de Pommereuse é'ait plus pâle qu'à l'ordinaire... Tout
accusait chez lui quelqu'émolion inaccoutumée
Marie, me dit-il, en s'asseyant près de moi, vous m'avez
trompé. Un cri m'échappa...
Rassurez-vous, me dit-il, je suis aussi coupable que
vous, car je croyais vous cacher depuis longtemps un
secret que vous aie dérobiez vous-même... Je suis perdu,
condamné,je le sais, et j ai lait depuis longtemps, Dieu,
le sacrifice de ma vie Mais vous quitter, Marie, vous,
ma seule affection dans ce monde, voilà ce qui iu ôte la
force, le courage. Là commence pour moi le désespoir.
Je touIus en vain le rassurer, lui rendre une espérance
*fe.'