1.089. - 11' Année. Jeudi. 9 Octobre 1851. JOll'YAL D YPItES ET DE L'ARRO\DISSEMEi\T. Vires acquint eunde. INTÉRIEUR. Avant la révolution de 1830. les jeunes Belges qui faisaient leurs éludes l'étranger étaient déclarés incapables de remplir des fonctions publiques dans toute l'étendue du royaume des Pays-Bas; ils étaient pour ainsi dire mis hors la loi. Les organes de l'opposition unionisle d'alors et les feuilles catholiques surtout flétrissaient et avec raison, cette mesure, qu'ils qualifiaient d'inique, d'arbitraire, de despotique. En 18)51, les jeunes Belges qui font leurs études dans les établissements du gouverne ment ou des communes sont déclarés indignes d'obtenir les prières que l'on accorde tous les chrétiens; ils sont pour ainsi dite mis hors la loi de l'église. Les organes de l'opposition clérico-démago- gique et les feuilles catholiques surtout se gar deront bien de flélrir aujourd'hui cette mesure intolérante, vexatoire et anti-chrétienne. Et cependant, l'incapacité prononcée par nos prélats en lltol. est aussi inique que celle dé crétée avant 1830, par le roi Guillaume. Elle le serait même plus, au point de vue des journaux catholiques, s'ils étaient sincères, car Guillaume alors privait injustement une catégorie de jeu nes Belges de certains biens de la vie de ce monde, et nos prélats, aujourd'hui, veulent priver plus injustement des jeunes Belges des biens de la vie éternelle. La doctrine chrétienne enseigne que Dieu a créé l'homme pour ohte-i nir la vie éternelle, que c'est là le plus grand de tous les biens. Eut-on jamais pu croire en 1830, que le clergé adopterait vingt-un ans plus tard une mesure analogue celle qu'il flétrissait alors Il faut l'avouer, notre clergé et ses organes dans la presse ont nue singulière logique. Qu'on y songe bien, l'exclusion prononcée par Guillaume a été, en partie, cause de la révo lution de lil30. Est-il possible que l'exclusion prononcée par nos prélats n'ait aussi ses conséquences MADAME DE MIREMONT. Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets Nousavqns stigmatisé, dans notre dernier n°, In conduite qu'a tenue le clergé propos de l'élection du 27 Septembre dernier; jamais en effet nous n avons vu une intervention aussi directe, une pression aussi intolérable, des ob sessions aussi odieuses; non content d'user de son influence par des moyens de persuasion qui puisent une si grande autorité dan» son carac- tèie, le clergé a eu recours la chaire de vérité, la sacristie, au confessionnal; partout il a fait du vole un cas de conscience, un article vie foi; il y avait évidemment un ordre général envoyé par l'évéque tous les ministres du culte, et cet ordre a été religieusement exécuté par ceux-là méinequi jusqu'ici semblaient rester étrangers nos luttes politiques. Nous avons vu avecd'au tant plus de regret des hommes ordinairement modérés, employer les moyens les plus mépri sables pour pressurer les consciences de leurs ouailles, que leur considération et leur inffueuce ne pourront guère y avoir gagné. Le béat Journal des BAZILES trouve que M. E. M. qui paraît avoir remué la bile des pieux preslolels du Collège ûpucopaln'a pas reçu sou éducation dans un culleye clérical. Mais il nous semble que le Collège communal a fait l'éducation de quelques hommes qui sont bien aujourd'hui selon le cœur du jésuitisme. Il n est pas inutile de rappeler que M. Sartel, le juge par la grâce de M. Malou, et l'ancien élève de l'Université libre, M. le docteur François-Xavier Dalmote, qui sont aujourd'hui des agents de la cléricaille, ont reçu et terminé leur instruction moyenne au Collège communal. En outre certain abbé qui se fait remarquer par sou zèle et son aptitude l iuliigue, y a fait quelques clas>es. M le vicaire Bossaerl, qui actuellement se dislingue par son fanatisme, oserait-il sou tenir qu'à l époque où il se trouvait au collège, cet établissement était une œuvre de pestilence et une école d'immoralité? Aujourd'hui que l'État prétend aussi avoir son enseignement qui sera celui de la société laïque, on menace les parents de refus de sacrements, non-seulement aux jeunes gens, mais encore aux pères de famille qui auront la fermeté de mépriser les ridicules injonctions du clergé. Des enfants qui fréquentent le Collège com muai ont été prévenus au confessionnal, qu'ils ne pourront désormais pas faire leur première communion. Peut-être ne s'arrêtera-l-on pas là et pressera-t-on le Pape de lancer lin- terdit sur les établissements de l'Etat Que les prélats ne s'arrêtent pas en si beau chemin, ils épuiseront un jour le calice de douleur jus qu'à la lie I TURPITUDES CLÉRICALES. Les feuilles cléricales nimenL parler de Tin ter ven t ion du pouvoir, et sans poli voir préciser aucun fait, elles aiment faire sonner des phrases ronflantes sur la pression despotique de tel ou tel fonctionnaire. Nous voulons tiès- Lien les suivre sur ce terrain et nous leur de manderons comment elles qualifieront 1° Le fait de ces ecclésiastiques qui, du haut de la chaire dite de véritéont prêché le men songe et la calomnie 2° Le fait de ceux qui ont distribué dans le confessionnal des bulletins électoraux et qui ont fait du vote des fidèles un cas de conscience 3° Le fait de ceux qui ont formé en comité électoral le bureau des marguillers ou le con seil de fabrique; 4° Le fait de ceux qui ont appelé tour tour tous les électeurs dans la sacristie pour leur im poser un vote Enfin, pour mieux préciser, le fait de notre doyen, qui. comme moyen de contrôler le zèle de ses subordonnés, envoie son domestique remettre des bulletins tous les électeurs des communes environnantes. N'est -ce pas là une intervention scandaleuse dansl arène politique, n'est-ce pas une pression lyrannique sur la conscience timorée et crédule des électeurs Tous les hommes éclairés apprécieront. ABONNEMENTS Y très (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS Annonces, la ligne 1 o centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adresse l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Vpres. 8 Octobre. ALORS ET AUJOURD'HUI. IV. (auitc). Sirvan s'arrêta. Sa voix forte d'abord s'était graduelle ment affaiblie; son émotion, qu'il avait dominée dans les premiers instants, semblait son tour plus puissante que sa volonté; on eut dit qu'il éprouvait le besoin de parler encore, mais qu'il ne le pouvait plus. M"' de Miremonl lui tendit la main, en se détournant pour cacher l'attendrissement involontaire et incompré hensible qu'elle éprouvait. l'osez-la sur mon bras, Madame, lui dit Sirvan en étouffant un sanglot. Et le pauvre homme montra ses mains défigurées par l'usage qu il était obligé d'en faire perpétuellement pour se Iransporler/t'un lieu un autre. La vicumtesse prit une de ses mains et la pressa affec tueusement. Je rendrai compte au marquis de Brantigny de notre entrevue, et je vous ferai connaître ses intentions, Sirvan, dil-eltc. Maintenant, je vous demanderai une faveur pour moi. Quelque chose pour vous, mademoiselle Yolande s'écria Sirvan. Ah pardon reprit-il, c'est MŒ° la vicom tesse de Miremont que j'aurais dû dire... mais enfin parlez, de grâce 1 que pouvez-vous vouloir de moi pour vous? ■wi ai n n o M"* Yolande vous demande, si vous quittez ce château, que vous lui permettiez de vous faire bâtir une maison l'extrémité de son parc. J'en possède une Courcenay, Madame... murmura Sirvan c'est là que je compte ine retirer. Cette réponse n'est pas aimable; l'offre que je vous ai faite ne doit pas vous offenser, vous êtes rude pour moi, Sirvan... Rude pour vous, madame cst-il possible que vous vous mépreniez ce point sur mes intentions hélas il n'en saurait être autrement continua Sirvan. Les plus nobles créatures de Dieu peuvent-elles comprendre les p!usobscurcs?la femme richement douée peut-elle arriver jusqu'à la pensée profondément enfouie de l'homme dés hérité par le sort vous me trouvez rude rude pour vous qui avez été si douce ma misérable enfance qui la pre mière, qui la seule après ma mère ne vous êtes pas dé tournée avec horreur de ma repoussante enveloppe qui avez consolé mon âme révoltée contre la destinée, secoué mon intelligence engourdie par le malheur. Non, non, Madame, je n'ai pas eu de rudesse; mais j'ai du montrer de la force, et je m'y suis mal pris peut-être. Je refuse vos offres avec douleur, voilà la vérité; ne m'en gardez pas de rancune, je vous en conjure. Je vous dirai mon tour, Sirvan, que vous vous méprenez sur mes intentions. J'ai pensé qu'il vous serait agréable de vivre près d'une personne pour laquelle vous avez de l'affection; d'avoir votre portée un suutien pour votre femme et une amie pour vos enfants, de pouvoir de temps en temps communiquer avec des intelligences qui sauraient vous apprécier; mais je n'ai pas voulu vous faire une obligation de toutes ces petites douceurs. Je respecte même les motifs qui vous portent les refuser, je tes crois dignes de vous, et je nie console en pensant qu'il ne prou vent rien contre votre vieil attachement pour moi. Som mes-nous d'accord maintenant Ne me parlez pas comme cela, Madame je vous en supplie au nom de ce que vous avez le plus aimé sur la terre votre abandon m'a fait bien du mal... eh bien votre retour et votre bonté me sont plus cruels encore netirez-vous continua-t-il d'une voix prcsqu'iuiulelli- gible tantx'lle était oppressée; je vois mes misères hideuses depuis que vous êtes là. M™6 de Miremont se leva vivement et se recula de quelques pas. Il ne faut donc plus que je vienne vous voir de- inanda-t-clle. Ne m'obligez pas vous en prier, je n'en aurais peut-être pas la force. Vos enfants n'ont-ils' besoin de rien Sirvan fut un signe de tête négatif. Donnez-moi votre fils ajné, je .le ferai élever sous mes yeux par une jeune amie qui est chez moi. Il ignore qu il est malheureux... voulez-vous donc te lui apprendre Si vous étiez dans le cas d'avoir recours quel- .y

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Le Progrès (1841-1914) | 1851 | | pagina 1