EXTÉKIEIJR.
Faits divers.
FRANCE. Pavin, 11 Octobre. Il parait qu'un
nouveau conseil des ministres a été convoque pour
aujourd'hui. Une dépêche télégraphique a clé expédiée
Marseille où se trouve en ce moment M. Cbasscloup-
Laubal pour hâter son retour Paris.
Nous avons dit que le cabinet venait d'émettre l'avis
qu'il y aurait lieu de modifier la loi du 51 mai; mais
depuis, une scission a éclaté entre 1rs membres du mi
nistère sur la nature des îuod.'.icalicns qu'il vient d'ap
porter celle loi.
troubles de comrextrt. On lit dans la Patrie
Rien n'est encore définitivement terminé. Nous écri
vions hier que le 8 au soir des coups de feu s'enten
daient entre Commentry et Montluçon. C'est de minuit
une heure, que l'engagement, car l'idée que nous
émettions d'armes déchargées par bravade était malheu
reusement une prévision laussc, que 1 engagement,
disons-nous, a eu lieu. Il a clé sanglant et le sang versé
doit, comme toujours, retomber sur la démagogie.
Deux fois, les vingt hommes de gendarmerie qui lut
taient avec un héroïsme désespéré contre la bande des
amis de M. Sartin, s'élaient vu enlever leurs prisonniers,
et deux fois ils les avaient repris, avec cette persistance
et ce dévouement impassible qui font de nos gendarmes
les mains de bronze de la .loi. Comme il n'y a pas de
maison de force Commentry, ils avaient dù enfermer
dans une salle de la mairie les quinze ou seize amis de la
Constitution tombés entre leurs mains; assaillis coups
de pierre, mais toujours calmes en face du flot grondant
de l'émeute, ils crurent la dissiper en tirant en l'air.
L'attaque n'en devint que plus furieuse. Alors les cara
bines rechargées s'abaissèrent, et trois individus furent
blessés, un entre autre assez grièvement. Une charge
fond acheva de dissiper ta meute assiégeante.
Les prisonniers ont pu être transférés Montluoon où
ils ont été ccroués, le 9, cinq heures Ils sont au nom
bre de seize, dont une femme.
Le procureur-général et plusieurs membres de la cour
d'appel de Kiom sont arrivés Montluçon, le 10, au
point du jour. A huit heures, ils en sont repartis pour
C'ouimenlry, accompagnés du juge d'instruction et de
soldats. Ils ont dû y trouver le préfet, le général coin-
mundant la division et le procureur de la république.1
L'enquête se poursuit.
La démission du ministère parait aujourd'hui un fait
hors de doute.
Toutefois, dit la Patrie, aucune, résolution sur la
conduite tenir ne sera «prise cet égard avant mardi
prochain. C'est cc jour-là que le président, qui n'a pas
encore manifesté son sentiment, fera connaître sa dé
cision.
L'affaire Kossuth est plus grave qu'on ne pense. Si
nous sommes bien informés, et nous croyons être bien
informés, M. Biroche, ministre des affaires étrangères,
a voulu fêter le retour de l'ambassadeur d'Angleterre par
un dîner diplomatique auquel ont été invités les ambas
sadeurs, ministres plénipotentiaires ou chargés d'affaires
présents Paris. Cc dîner, qui a commencé sur le pied
d'une froide réserve politique, a fini comme une séance
du Congrès où les destinées du m iiidc auraient été agi
tées. sauf l'ouverture du protocole et les ultimatum qui
n'étaient pas de la partie. Les représentants des puissan
ces du Nord, plus particulièrement, ont montré l'en
droit de l'Angleterre et de la Sublime-Porte une irritation
qui, pour être tempérée par la courtoisie des expressions
et la pofflcssc de la forme, n'en allait pas moins au fond
des choses et semblait poser les bases d'une coalition
formidable contre l'Angleterre.
Comme il est impossible que les paroles qui oqt été
prononcées n'éclatent pas bientôt en notes diplomatiques,
nous ne croyons pas qu'il y ait de l'indiscrétion servir
d'écho quelques-uns des on-dil de la salle manger de
M. Laroche qui, du reste, dans celle circonstance, est
En y joignant beaucoup de respect, je ne le trou
verais pas répréhensible.
Au surplus, mon cher père, soyez tranquille, se hâta
de reprendre Raoul; j'ai ma manière de voir sur le chapitre
des femmes, et je me flatte que vous n'en serez pas mé
content.
Cependantjusqu'à présent, vos manières de voir
n'ont pas eu ma complète approbation, répondit le mar
quis avec sérénité; mais nous tâcherons de -vivre en bonne
intelligence, Raoul, ne fût-ce que pour ne pas donner aux
libéraux du pays la satisfaction de croire que les gentils
hommes ne s'entendent pas entre eux.
A propos de nos libéraux, comment se portent ceux
de notre voisinage M. M,dard, par exemple
M. Malard a triplé sa fortune depuis votre départ, et
il cherche maintenant ce qu'il appelle un ci-devant pour
sa fille unique.
Il en trouvera dix. Et M. Corneillan
M. Corneillan porte un chapeau la Bolivar et ne
me salue plus quand je le rencontre. Comme il a fait de
mauvaises spéculations, j'ai lieu de croire qu'il conspire,
dans l'espoir qu'un bouleversement rétablira ses affaires.
En cet instant, la porte du salon s'ouvrit deux bat
tants sous la main d'un valet de pied en livrée, et l'on vit
dans la pièce voisine M" de Miremont qui s'avançait,
appuyée sur le bras de Valérie.
resté dans le rôle neutre et digne qui convient un
amphytrion.
Je ne peux pas dire, j'y étais, mais voici textuellement
ce que j'ai entendu raconter; je ne dirai pas non plus
de qui je tiens mes informations, mais si je fnc trompe,
on me rectifiera. La pressé serait condamnée un mu
tisme absolu, elle se verrait amenée tenir sous le bois
seau d'utiles révélations et de sages avis, si elle ne prenait
pour point de départ la certitude mathématique, et si
elle entendait appliquer tous les faits qui lui sont
communiqués les moyens de vérification que Saint-
Thomas exigeait même en matière de miracles.
Nous ne craignons pas de dire par conséquent, en
n'acceptant qu'une responsabilité secondaire et qui en
tend rester derrière le rideau, que les représentants des
cabinets de Vienne, d" Berlin et de S'-Pétcrsbourg ont
été unanimes témoigner leur mécontentement de la
politique générale de lord Palmerslon et particulièrement
au sujet de la réception que Soulhampton et Londres
préparent Kossuth. Quant la Turquie, elle doit s'at
tendre des méfiances et des représailles qui mettent
en question tous les traités conclus par elle avec l'Au
triche et avec la Russie clic est censée avoir manqué
ses engagements les plus sacrés envers les puissances
allemandes et on la rendra responsable de l'agitation
que peut causer en Hongrie et ailleurs la mise en liberté
de kossuth. Le manifeste que celui-ci a publié Mar
seille prouve qu'il ne s'en tiendra pas là Londres de
viendra évidemment pour lui un piédestal du haut duquel
il se montrera, de concert avec Mazzini et Lcdru-Rollin,
pour agiter et de nouveau révolutionner l'Europe.
Vainement lord Normanby a-t-il répondu que le gou
vernement de la Grande-Bretagne n'était pas le maître de
réprimer certaines manifestations de l'opinion publique,
que d'ailleurs il n'avait point provoqué les réunions mu
nicipales dans lesquelles il avait été résolu de faire fête
l'exilé Hongrois, mais que l'autorité ferait tout cc que la
loi lui permet de faire en cette circonstance, dans un pays
libre,c'esl-à-dir»qu'elle veillerait au maintien de l'ordre.
L'immense majorité des membres présents n'a point
paru satisfaite de cette manière d'entendre l'ordre qui
consiste fomenter les mauvaises passions, les inquié
tudes et le désordre chez les peuples voisins. L'Angleterre,
aurait dit avec vivacité, un personnage qui est fort anti
pathique lord Palmerslon, depuis l'affaire des détroits,
l'Angleterre est l'ennemi public de l'Europe et il faudra
que l'Europe avise, si l'Europe ne veut pas être brûlée par
les brandons incendiaires qui lui arrivent de cc côté.
L'asile donné aux révolutionnaires de tous les pays serait
peut-être excusable si, l'exemple de la France, l'Angle
terre défendait ceux qu'elle accueille les bravades, les
menaces publiques, les couspirations ouvertes contre les
gouvernements du continent. Lord Palmerslon permet
trait-il que, sous la protection des cabinets étrangers,
Paris, Vipnne, Berlin, Saint-Pétersbourg devinssent des
foyers menaçants pour le trône de la reine d'Angleterre?
Non, il ne le permettrait pas. Les grandes puissances ont
droit une réciprocité d'égards et do prétentions.
Nous n'ajouterons qu'un détail ce récit incomplet de
ce qui s'est passé dans les salons du ministre des affaires
étrangères, c'est que le soir même divers courriers ont été
expédiés et qu'à l'heure qu'il estais courent franc élrier
sur les routes d'Allemagne.
ANGLETERRE. Loviires, 11 Octobre.La
reine Victoria a poursuivi son voyage de retour; partout,
sur son passage, elle a été l'objet d'une réception en
thousiaste. Après avoir quitté Worsley-Hall, la résidence
d'Ellesmore, sa majesté s'est arrêtée un instant Salford
où elle a reçu une adresse de la corporation et elle
s'est ensuite, dirigée vers Manchester. A midi le cortège
royal est arrivé aux limites de celle ville où se trou
vaient le maire qui a été présenté la reine par lord
Grcy. Inutile de dire que la réception fut aussi chaleu
reuse et enthousiaste qu'à Livcrpool et sur tout le trajet
parcouru par sa majesté. La bourse avait élé préparée et
arrangée pour la réception de la reine et c'est là qu'elle
se rendit tout d'abord. Au nombre des personnes qui
En apercevant la vicomtesse, Raoul se précipita sa
rencontre avec la vivacité d'un écolier de troisième, et
sans attendre qu'elle lui offrit la main qu'elle avait de
libre, il la saisit.
Monsieur de Brantigny, je suis charmée de vous
revoir, dit la vicomtesse du ton le plus affectueux: Valérie,
c'est un vieil ami que je vous présente, continua-t-elle
en se tournant gracieusement .vers M"* d'Avaujour, dont
elle n'avait pas quitté le bras.
Raoul salua légèrement l'amie de Mme de Miremont, qui
s'inclina en rougissant c'était la première fois, tant sa
vie avait été jusqu'alors retirée, qu'on lui présentait
quelqu'un.
Votreaccueilinesemblebien cérémonieux, Madame,
dit Raoul m appeler monsieur de Brantigny mais c'est
une-disgrâce.
Vous trouvez mon accueil cérémonieux, monsieur
Raoul, répondit la vicomtesse avec un doux et rayonnant
sourire. C'est votre faute pourquoi vous êtes-vous avisé
de prolonger votre absence jusqu'à ce que vous ne soyez
plus un enfant
Je n'étais déjà plus un enfant quand je suis parti,
interrompit Raoul avec une impétuosité qui ne manquait
ni degrâce, ni de sentiment; c'est mal vous, Madame, de
l'avoir oublié; je ne m'y attendais pas.
Vous avez fait de bien longs voyages, vu de bien
accompagnaient sa majesté, on remarquait le duc de Wel
lington, lord et lady Ellesmore, le duc de Norfolk, le
marquis de Westminster. M. Armslrong, représentant, a
lu la reine une adresse où l'on remarquait les passages
suivants
Pendant que nous avons le bonheur de reconnaître
la grande influence morale que l'exemple de votre majesté
exerce sur son peuple dans toutes les relations sociales de
la vie, c'est encore pour nous un devoir bien agréable
que de reconnaître le succès qui, avec l'aide de la Divine
Providence, a couronné la politique publique qui, sous
l'approbation et la sanction de votre majesté, a été pour
suivie avec fermeté pendant toute la durée de son règne.
L'effet de cette politique baséesur l'admission entière
et éclairée d'une liberté sagement réglée, s'est manifesté
au dernier point dans la condition généralement prospère
du royaume cLdans l'augmentation du bonheur des sujets
de S. M. Nous croyons que notre pays jouit en cc moment
de plus d'éléments de bien-être social, de prospérité et
de puissance nationale, qu'à aucune époque de son his
toire, démontrant ainsi que les institutions libres sous
lesquelles nous vivons et la liberté de commerce qui a été
récemment consolidée dans les États de V. M. sous ses
sages et bienveillants auspices, sont les plus sûrs moyens
d'amener et les fondations les plus solides pour asseoir
le bonheur, la paix et la prospérité des nations. La
reine a répondu
M. le maire et messieurs,
J'ai eu beaucoup de plaisir recevoir l'adresse que
vous venez de me présenter et je vous remercie de la
loyauté et de rattachement qu'elle exprime.
Je me réjouis d'avoir pu visiter ce bourg, la capitale
d'une des plus importantes branches d'industrie de mes
Étatset j'ai eu la plus grande satisfaction du compte
favorable que vous pouvez me donner de la eondition de
mes sujets. Je suis profondément reconnaissante envers
la Providence pour cette prospérité et prie avec ardeur
pour la continuation des bienfaits qu'elle amène avec elle.
Uneadressea été également présentée au prince Albert
et la reine est retournée Worsley-Hall.
ALLEMAGNE. Fît wcfoïlt, 10 Octobre. Les
journaux allemands de celle ville publient une dépêche
télégraphique en date de Londres, 8 octobre, qui affirme,
d'après le journal le Standurd, que M. Kollcr, chargé
d'affaires d'Autriche, a demandé ses passeports au cas où
M. Kossuth obtiendrait la permission de débarquer en
Angleterre. Cette nouvelle est évidemment erronée. M.
Koller n'est plus chargé d'affaires d'Autriche près la cour
de S'-Jamcs; il se tiouve Vi une. l'Autriche est repré
sentée londres par un envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire M. le comte de Buol-Schauenstein.
La santé de l'archevêque de Toulouse, Mgr. d'As-
tros, donne depuis quelq ues joui sde sérieuses inqui
études. S. Lin.qui habite fa ma isoii des missionnaires
de S'-iVl ichtl, a ressenti le ibdece mois les premières
atteintes d'une maladie dont le caractère offre u.i
très-grand danger. Le cardinal-archevêque a'reçu le
h de ce mois les derniers sacrements de l'église qui
lui ont été administrés par M. l'abbé Roger, i" vi
caire général. Des prières ont été ordouuées dans
toutes les paroisses du diocèse.
Uixmude. Marché aux grains du 15 Octobre 1851.
SOUTE
NOMBRE
PIIIX
DK cu.trxs.
d'hectolitres
FAR HECTOLITRE
FR. C
FR C.
146
16 25
17 00
Seigle
17
12 25
13 25
Orge d'hiver
152
8 62
10 55
Avoine
154
5 99
7 55
Fèves
10
15 00
14 00
Sarrasin
6
7 00
8 00
belles choses? dit la vicomtesse avec un léger embarras;
aussi que de récits vous aurez nous faire
Pas tant, que vous croyez, Madame; tous les pays se
ressemblent plus ou moins.
Cependant I Italie a des richesses artistiques qu'on
ne trouve pas ailleurs...
Mais qu'on se fatigue bien vite d'admirer, inter
rompit Raoul. A la troisième galerie qu'on visite, on
commence ne plus savoir distinguer une école de l'autre,
et un bas-relief d'une statue je préfère l'Angleterre; on
y voit des hommes.
Pendant cette conversation, M"" de Miremont et Valérie
s étaient assises sur un divan, et Raoul avait, sans v être
invité par une parole ou par un geste, pris place côté de
la vicomtesse; M. de Brantigny était un peu moins cornent.
Quelques instants après le dîner, on vint annoncer
au marquis que quelqu'un demandait l'entretenir en
particulier il sortit et fit dire, peu de temps après, qu'il
priait qu'on voulût bien se mettre table sans lui. Vers
la fin du repas, il rejoignit ses hôtes, auxquels il fit quel
ques excuses sur la prolongation de son absence.- M4"?.de
Miremont crut s apercevoir que sa voix était'tremblante
et émue; elle l'examina avec attention et.elle fut frappée
de 1 altération de sa physionomie. En moins d'une jieure,
M. de Breutigny avait yictlff.de dix aus.- iJ.
(La suite prochain A'».)