JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N°1.09g. irAnggrr.
Dimanche, 19 Octobre 1851
Élections communales
PAR LA SOCIÉTÉ DR L'UNION LIBÉRALE.
MADAME DE MIREMONT.
LNTEHIEIK.
L'OPINION PUBLIQUE -
©yyi£ LIONS APPRIVOISÉS.
ABONNEMENTS': Y près (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces, 4 francs. Le Progrès paraît le .Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne 13 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. I être adressé I éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
«lu Si Octobre 1S5 ft
CANDIDATS PROPOSÉS
Mtl, Alphonse Vanden Pcercboom, membre
sortant.
Théodore Vandcn Bogacrde, -Idem.
Martin Legraverand, idem.
Martin Smaclen, idem.
F.donard Cardinacl, idem.
Ernest Mcrghcly nck, idem.
Charle» Beniwc, négociaut.
Messieurs les électeurs qui voudraient donner
leur suffrage aux candidats ci-dessus indiquéssont priés
de vouloir transcrire les noms tels qu'ils se trouvent
imprimés ci-dessus et se niéfier des billets donnés pur
les agents du parti clérical qui», ordinairementdans le
but de tromper MM. les électeursdistribuent des bulle
tins portant des no rus sans désignution suffisante ou
présentant un autre vicepouvant donner ouverture ci
l'annulation dubulletin ou d'un ou de plusieurs suffrages.
SOCIÉTÉ DE L'UNION LIBÉRALE
i)K L'AKKONDISSEMKNT D'ÏPKfcS.
Lu comité a l'honneur de prévenir V1M. les mem
bres de la société, qu'une assemblée générale est
convoquée au lundi, io Octobre i8.î i, sept heures
de relevée, l'estaminet du Sultan, Grand'Place.
POUR LE COMITÉ
le président,
Pur ordonnance U.-E. €AKTO\.
le secrétaire,
Enw. tinu.HLLVAlk.
MM. les sociétaires sont en outre prévenus que
l'annonce de la réunion par le journal tiendra lieu de
billet de convocation. Ils sont donc priés de porter cet
avis la eonnnaissauce de leurs amis, membres de la
société, qui pourraient ignorer l'heure et le lieu de la
réunion.
^suite).
VIII.
Pendant le dessert, M. de Brantigny s'efforça de re-
prcndie un peu de calme, mais toutes ses tenlavivcs pour
dissimuler le trouble qui l'agitait n'eurent d'autre résultat
que de le rendre plus évident. A chaque iustanl il tombait
dans une distraction dont la profondeur paraissait dou
loureuse puis, quand i! se croyait observé, il.en sortait
brusquement par des éclats de gaîté toul-à-fuil en contra
diction avec sa gravité habituelle.
Quand la compagnie quitta la salle manger pour re
tourner au salon, la vicomtesse, qui donnait le bras M.
de Brauligny, se pencha son oreille et lui dit affectueu
sement
Que vous est-il arrivé de fâcheux mon çher mar
quis Je ue vous ai jamais vu en proie uue aussi grande
anxiété.
On est venu me raconter une ridicule histoire, ré
partit M. de Brantigny d une voix sombre... ne me ques
tionnez pas, je l'oublierez peut-être plus vite.
Je retourne demain chez moi, poursuit madame de
Miremont que devrai-jc faire dire Sirvan
Au nom de Sirvan, le marquis tressaillit comme si
quelque objet tcrriiiant avait frappé sa vue; puis, après
quelques secondes d'hésitationil répondit
Y très, 18 Octobre.
et le
Le P ropngalettr nous paraît tout drôle, ne
sachant comment jusl ifier ses candidats, il pré
tend que l'opinion publique a été au préalable
sondée fond, interrogéeconfesseeet que ses
choix ont été salués d'une approbation univer
selle dans les sociétés, dans les réunions parti
culières, dans les estaminets, dans les familles
Étrange illusion, moins que la feuille cléricale
n'entende prendre comme pointde comparaison
de toutes les sociétés et de tons les estaminets.
le club des Lions apprivoisés: partout ailleurs, en
effet, nous avons entendu la bourgeoisie se
prononcer ouvertement pour le maintien des
conseillers sortants, ainsi que pour M. tfecuwe.
le nouveau candidat de l'Association libérale;
tandisque les candidatures de MM. Sarlel et
Vanden Driessche sont généralement accueillies
avec défaveur ou par le sarcasme.
M. Sartel est, aux yeux de tout le monde, un
transfuge politique, qui. ayant obtenu de M.
Malou une place de juge, au préjudice de con
currents plus anciens tpie lui, cherche acquit
ter une dette de reconnaissance au dépens de
ses convictions etdesa considération personnelle;
un échec certain l'attend; M Sarlel lésait mieux
que nous, mais n importe, il a reçu t ordre et il
doit se sacrifier.
Quanta M Vanden Driessche, nous eu dirons
moins; tout le monde le connaît; M Vanden
Driessche n'a pour toute opinion pour tout
principe qu'un désir immodéré d'être con
seiller communal d abord, échevin eusuite et
peut-être plus encore. Tour tourcongréganiste
et membre de l'Association libérale, M. Vanden
Driessche n'a cherché dans l'une et l'autre
opinion, qu'un marche-pied pour parvenir;
une première fois, il a échoué et nous ciovons
ne pas trop présumer de la moralité des élec
teurs Ypiois, en osant dire que ce rénégal
recevra un nouveau châtiment pour ses pali
nodies politiques.
Vous lui direz que j'accepte avec reconnaissance le
don qu'il veut bien me faire, et que je remplirai couscicn-
cicuscinent l'obligation qu'il m'impose: Courccnay sera
convenablement réparé, et je l'habiterai une partie de
l'année; vous ajouterez encore que j'irai bientôt lui porter
en personne mes rcinerciments.
Ah vous me rendez bien heureuse s'écria M"" de
Miremont. lîh bien conlinua-t-elle, quand vous le visi
terez n'oubliez pas de lui demander voir ses enfants;
ils sont charmants cbaeuu dans leur genre. Yolande, car
vous saurez que sa lille porte mon nom, est uue ravis
sante petite créature, et César et Roger sout les deux
plus...
Comment, interrompit vivement M. de Bianligny,
ses fils s'appellent César et Roger...
Que trouvez-vous donc de si extraordinaire cela
Sirvan a lu l'histoire romaine et les poèmes de l'Ariostc.
Au fait vous avez raison, reprit M. de Brauligny,
en montrant tout-à-coup une indifférence qu'il n'éprou
vait pas l'instaut auparavant. Raoul, ajoula-t-il en se
tournant vers son fils qui causait avec Valérie quelque
distance, j'ai quelques lettres indispensables écrire,
chargcz-vuus de faire, en mou absence, les honneurs du
salun ces dames.
Nous laisserons le jeune comte de Brantigny s'acquitter
sa manière de la douce lâche que sou père vient de lui
donner, et nous nous transporterons un, quart de lieue
Le Propagateur est complètement battu
propos des manœuvres électorales qu'il voulait
attribuer tel ou tel fonctionnaire de l'arron
dissement. Aujourd hui. comme le premier jour,
il n a que des allégations vagues qVil ne peut
étayer d'aucune espèce de preuve il rie peut
citer aucun nom, aucun fait; eh bien, nous
maintenons, comme le premier jour, que ces
allégations sont des calomnies auxquelles nos
adversaires n'ont recours que pour couvrir leurs
propres turpitudes; sur tous les points ils sont
accablés de preuves; et c'est parce qu'ils ont une
poutre dans l'œil, qu ils voudraient trouver une
paille dans celui d autrui. Il leur sied vraiment
de parler de contrainte, de menaces et de ma
nœuvres électorales eux qui lorsqu'ils étaient
au pouvoir, recouraient en toute occurrence
des menaces de destitution, appelaient leur
aide 1 espionage et la délation. Cfoyenl-ils par
hasard que 1 ou ne se rappelle plus, qu'en 1847
cinq fonctionnaires ont été dénoncés et appelés
Brugeà' pour rendre compte des propos in
times qu ils avaient tenus dans des réunions
privées. Par qui et comment ces propos étaient-
ils connus fii tiges M. De Meulenaere ne les
avait certes pas entendus. Nous connaissons les
espions et les délateurs et nous avons lieu d être
étonné que ce sont précisément eux qui crient
l'intrigue et l'oppression.
En vain nos adversaires voudraient nous
imputer une intervention dans les dernières
élections, ils suoeombeat sous les preuves de
leurs propres turpitudes; pas une de leurs pa
roles ne peuljustifier, ni même atténuer les faits
que nous leur avons attribués. Aussi une répro
bation générale a accueilli feur refus de dire la
messe du S'-Esprit et la menace qu ils ont faite
dans les confessionnaux quelques jeunes en
fants fréquentant le Collège communal, de ne
pas leur laisser faire leur première communion.
Aujourd'hui de nouveaux faits arrivent a notre
connaissance dans quelques communes le
clergé s'occupe déjà répandre le trouble et la
désunion a propos des élections communales
non content d'exercer domicile une conlrainle
de 1'habitatiou du marquis chez M. Malnrd, son voisin de
campagne, l'un des plus riches propriétaires de la contrée.
M. Mnlard, la suite de spéculations heureuses dans le
genre de celles de la bande noirea réalisé, depuis le
départ de Raoul, une somme ronde de deux millions,
avec laquelle il a acheté des immeubles qui en valent le
double.
Son premier soin a été de se faire construire au milieu
de ses nouveaux domaines, une vaste et solide maison
laquelle on peut la rigueur donner le nom de château,
puisqu'elle se compose d 'un corps de logis flanqué de deux
ailes en double saillie, le tout recouvert d'un toit eu
ardoise, dont l'élévation et la pente rapide ne sont pas
dénuées d'une certaine élégance.
C'est là que demeure M. .Malard avec Clémence sa fille
unique. M. Malard est veuf depuis dix-huit mois.
Clémence a viugt aus elle est douée d uue fausse
beauté, de faux talents, d'un faux esprit, d'une fausse
élégance: il n'y a de vrai en elle qu'une ambition effrénée.
HuiL heures viennent de sonner l'horloge de Bran
tigny. Le ciel est d'une admirable pureté, l'atmosphère
a encore toute la duuecur des plus belles nuits de la
canicule.
M. Malard se promène au bas du perron sur lequel sa
fille est assise, et de temps en temps Clémence cl lui
échangent quelques paroles.
Qui donc attendez-vous ce soir, mon père de-