très disposent d'un certain nombre d électeurs
qui ne raisonnent pas et qui forment le gros de
la bande cléricale.
Pour' nos adversaires, loirs les prélexles sont
bons lorsqu'ils conduisent au but. Or, nos lec
teurs savent qu'il faut an nlitb des Lions quel
ques sièges au Conseil communal, et pour cela
il faut éliminer M. Martin Smaelen sous pré
texte qu'il est d'un âge très-avancé. Chacun sait
pourtant que cet honorable Conseiller a con
servé l'usage de toutes ses facultés, la rectitude
de son jugement et l'énergie de son caractère.
11 sied bien au parti qui vient dé faire élire un
sénateur infirme et rachitique de prendre pré
texte de l âge seul, pour justifier l'élimination
d'un brave vieillard.
Nos abonné» recevront, en supplément, avec le
n° du Progrès (te ce jour, le discours prononcé par
M. le représentant Vanden Peereboom, l'assem
blée générale du i5 Octobre, de laSociété de l'Union
libérale de notre arrondissement.
Le clergé catholique élève partout les mêmes
prétentions, partout il brigue les richesses et la
domination. Dans les moments de crise, il s'ef
face. les traverse sans risque et une fuis le calme
rétabli, recommence sa lutte contre la société
civile. C'est ainsi qu'après avoir bouléversé pen
dant dix-sept ans, la malheureuse Espagne, ce
pauvre pavs se voit réduit accepter une paix
honteuse au prix du sacrifice de ses libertés, de
son indépendance et de sa prospérité publique.
Nous voyons, en effet, par l'allocution papale
du 5 Septembre dernier
l"Oue l'inquisition et la censure ecclésiastique
sont remis en vigueur;
2° Que les évêques sont maîtées absolus de
l'enseignement public et privé;
3° Que les couvents et le clergé séculier se
ront richement dotés pour le présent et plus
richement encore dans l'avenir.
V oilà un échantillon des prétentions du clergé
catholique. Voilà où i! veut nous conduire, en
Belgique comme en Espagne. Nous l'avons dit
souvent, mais lorsque nous parlions de l'inqui
sition, de la censure et des couvents, nos adver
saires traitaient tout cela de fantômes de
vieilleries inventées pour égarer l'opinion au-
jourdhuidu moins ils ne pourront plus tromper
personne, leurs prétentions sont nu et chacun
doit être convaincu qu'elles nous conduisent
tout droit au retour de l'ancien régime
Qui est venu semer le trouble et
la «liscorile?
La Commune a mauvaise grâce d'oser pré
tendre que nos candidats sont les représentants
d'une côleriequi a seméle trouble et la division.
Tous nos candidats appartiennent en effet
d'anciennes familles bourgeoises d'Ypres, tan
dis qu'au club des Lions nous voyons briller
au premier rang les Van Doorne, DlnlleVan
den Driesscheetc., etc., tous étrangers qui
sont venus faire fortune en ville et qui, en
ittour du bon accueil et de la cordiale hospi-
Et les chevaux marchaient encore qu'elle était déjà
dans le sentier.
Elle monta rapidement sans regarder devant elle.
Arrivée l'endroit où elle avait vu les enfants, elle ne
trouva plus que les objets dont ils étaient chargés, dis
persés ça et là sur les bords du sentier. Evidemment ses
petits protégés avaient pris la fuite.
Comme elle avait toujours marché en se livrant ses
investigations, elie se trouva sans s'en douter dans l'in
térieur des ruines, et elle reconnut près des murs de
l'ancienne chapelle la pierre sur laquelle elle s'était assise
lors de sa dernière entrevue avec Sirvan.
L'aspect de ce lieu causa M'"" de Miremout une émo
tion douce et triste laquelle elle s'abandonna avec un
charme profondément senti. Sans s'en apercevoir, elle
s'était assise sur une pierre, et elle écoutait comme si les
murailles croulantes du vieil édifice allaient laisser échap
per quelque mystérieuse révélation qu'elle seule pourrait
comprendre. Cette illusion était un pressentiment, car
tout-à-coup une voiv s'éleva de l'intérieur des ruines de
la chapelle, et Mm"de Miremont apprit avec un indicible
mélaijgr de tristesse et de joie que Sirvan était quelques
pas d'elle. Elle se mit debout pour s'éloigner, mais elle
resta immobile sa place.
lalité qu'ils oui reçus sont venus y répandre la
désunion el lu discorde.
Voilà comment la feuille cléricale sait inter
vertir les rôles.
Monsieur l'éditeur du PROGRÈS,
Un des abbés-rédacteurs d'une sainte et devote
feuille, qui a nom Propagateurvient d éditer,
sous la lot'ine épistolaiYe, une longue tartine qui
n'est qu'une vaste bouffonnerie laite, sans doute,
pour montrer le cas que ces messieurs tout du
public. Cette bouffonnerie, ils appellent cela un
manifeste de l'opinion publique!
Comme je me pique moi de connaître un peu
aussi l'opinion publique et aussi bien, je crois, que
les hommes qui ne sortent de leur sacristie que
pour donner le mol d'ordre et non pour écouter
les voeux de la majorité, je relaterai, en peu de
mots, si vous le permettez, Monsieur, non pas ce
qui se dit et se trame sourdement dans les congré
gations, mais ce que j'ai presque uiianiinemeii t ouï
dire dans les entretiens particuliers, auxquels, en
ma qualité de curieux irioffensif, je me suis fait
un devoir d'assister, eu parcourant les principaux
estaminets et sociétés de celte ville, c'est -à-dire le*
liens où se manifeste autrement, je l'espère, I opi
nion du grand nombre, que dans les huis-clos de
nos chefs spirituels et de leurs rares et beats
acolytes.
Mais avant, il faut que le lecteur sache que j'ai
garde de suivre l'exemple du soi-disant correspon
dant du Propagateurlequel dit, avec toute la naï
veté d'un abbé, que, spectateur passif de nos luttes
politiques, il vient, lotit simplement émettre quel
ques remarques qui ne sont que l'expression tran
che d'un concitoyen désireux d'amener les diverses
opinions h la conciliation; eu d'autres termes, que
sa longue tartine n'est que l'expression d'un voeu
personnel. Dieu merci! les vœux de la généralité de
nos concitoyens sont assez follement et assez una
nimement prononcés, pour qu'il ne faille pas
avoii recours aux jérémiades ou aux pantalonnades
de cet individu. Ce n'est donc pas prêcher qu'il me
laudra faire je laisse cette spécialité aux rédacteurs
du Propagateur. Ce quoi je vais me borner, c'est
au rôle de narrateur, mais de narrateur aussi bret,
et aussi peu ennuyeux que possible.
Voici d'abord un fait des plus significatifs. Partout
où j'ai été et j'ai bien parcouru vingt lieux pu
blics je n'ai pas entendu une seule personne
prôner les deux nouveaux candidats du clergé. Ce
n'est pas que par ci par là, je rencontrai quelques
affiliés de la congrégation, ou quelques-uns dé ces
alliés d'un jour, léuégats politiques et ambitieux
éeonduits mais en présence de ce qu'ils voyaient el
de ce qu'ils entendaient, ils se tenaient cois, si hou
leux et si confus qu'on ne s'apercevait de leur pré
sence qu'à leur air embarrassé. Un parti peut-il être
plus bas tombé, quand ses plus chauds partisans
n'ont pas même le courage de le défendre en public,
et assistent de gaité de toeur avec un morne silence
aux justes invectives et aux légitimes accusations
qu'à brùle-pourpoint on lance aux idées, dont au
su de tout le monde, ils se sont constitués lesardeut»
défenseurs
Un autre lait signaler et qui est encore plus
remarquable mes yeux, c'est que, bien que eu
continuant rester en garde contre l'ennemi natu
rel de tout progrès, jamais, la veille d'aucune
élection, on n'a vu la question du libéralisme si
bien débattue sur le terrain des intérêts matériels.
C'est que nos bourgeois, après une administration
X.
0 misère de In volonté do l'homme faiblesse et
honte de son cœur! s'écriait Sirvan d'une voix déchirante:
j'ai élevé mes enfants dans la pensée qu'ils devaient vivre
et mourir ici, et aujourd'hui je les en ni presque chassés
en leur disant qu'il leur était interdit d'y jamais revenir
Ils m'ont demandé In inison de ce changement dans mes
volontés, et j'ai dû inc. taire et courber la tète comme un
criminel qui n'a pas même le courage de sa mauvaise
action. Malheur au maître qui s'est fait esclave! honte
éternelle au père de famille qui a dépossédé sa race, et
qui, vivant encore, laisse cependant ses enfants orphelins,
puisqu'il ne sait plus les protéger Demain, reprit
Sirvan avec un redoublement de douloureuse amertume,
demain, le châtelain de Coureenay ne sera plus qu'un
pauvre paysan, tout nu plus digne de la pitié de ses scin-
b'ablcs demain, ceux que j'ai froissés par mon orgueil
leux isolement se détourneront de moi avec mépris
demain, le voile que j'avais jeté sur ma vie sera déchiré,
car mes jours s'éeouleroQt au milieu des hommes pour
lesquels je suis un objet de dégoût et de moquerie Honte
et malédiction sur moi murmura plus faiblement Sirvan,
que le désespoir paraissait suffoquer honte! honte1,
répéta-l-il d'une voix presque éteinte.
libérale succédant une régence catholique, ont pu
juger de la différence qui existait entre une gestion
cléricale, et une gestion arnie des progiès et des
lumières. Je ne vous entretiendrai pas de ce qui est
dit cet égard. Monsieur, parce que le manifeste
promis par notre érhevin et représentant repro
duira avec plus d'exactitude et de netteté l'énumé-
ration des bienfaits et des services encore vivaces
dans bien des mémoires, el que les plus ingrats se
garderaient bien de nier.
Satez-voMcomment est accueillie la prétendue
modération des journaux cléricaux qui seconteri-
Lent de l'élimination de deux membres libéraux,
couardise et escobai deriei dit-on ils savent très-
bien que les membres dont ils acceptent ou ont l'air
de proposer la réélection sont dévoués de corps et
d'aine aux principes libéraux, moinsqu'ils ne leur
fassent l'injure de les considérer comtnedes girouet
tes, dont le parti clérical sait si bien tirer parti.
Triste aveuglement d'un parti aux abois! Ils se figu
rentqu'en fesaut siéger deux des leurs dans uri
conseil où ils auront lutter contre i3, leurs affai
res en iront mieux! Malheureux naufragés, ils
essaient de lutter une dernière fois, étendant vaine
ment une main défaillante vers une faible planche
qu'ils voient flotter auprès d'eux; et trop désespé
rés ils- ne savent pas qu'ils seront néanmoins en
gloutis, s ils parviennent s'y accrocher!
Je ne m'étonne pas, disait un autre, qu'on s'at
tache particulièrement évincer celui qui est le
plus indépendant de caractère, de position et de for
tune. Pouvant intégralement consacrer son temps
la chose publique, c'est lui qui est quelquefois
chargé soit du rapport ou de l'instruction, soit de
l'exécution de ce qui a fait l'objet des délibérations
et du vote du conseil. Or, il est d'autant plus sus
pect, qu'il met achever la tâche concertée avec ses
collègues une intelligence et une énergie qui font le
désespoir de ceux qui n'y trouvent pas leur compte.
De là, ce parti pris d'en faire le point de mire de
toutes les injures et de toutes les colères du parti;
de là, ces outrages de porte-faix, ces insinuations
calomnieuses, ces manœuvres déloyales stupide
ment dirigées par quelques ambitieux inférieurs eu
talents comme eu caractère, contre ceux dont ils
aspirent prendre la place; ne pouvant, triompher
au tribunal de la raison publique, ils font un appel
aux passions, l'astuce et aux mensonges.
Il leur sied encore, disait-on, d'évoquer les
souvenirs de i83o el de faire ur) crime au président
de notre associai ion libérale de n'avoir pas cette
époque pris chaudement le parti des hommes de la
révolution. Mais cet homme honorable et intelli
gent était loin d'être contraire aux idées de cette
révolution, preuve sa conduite d'aujourd'hui.
Mais, comme beaucoup d'autres vrais patriotes de
celle époque, il croyait, dans sou opinion, qu'en
faisant chorus avec les agitateurs d'alors, i! aurait
été avec les siens les Kalous de ces Bertrairis d'un
nouveau genre, comme ne l'a qu,e trop confirmé
l'administration des dix-sept années qu'on s.iii. Et
puis, quand avec le i -± Août, il a vu arri ver au pou
voir les véritables rept ésentants des lorces vivaces
et intelligentes du pays, alors il s'est mis servir
l'opinion libérale, parce qu'à partir de cette date
célèbre, les idées de celte révolution ont été réelle
ment inaugurées au pouvoir, el le parti intelligent
du pays a cessé d'être dupe d'une caste qui l'avait
cru faite <i ses seuls bénéfices.
Pour nous, si celte conduite prouve quelque
chose, c'est que M. Carton est avant tout un homme
d'ordre, et que s'il veut le progrès, il y regarde a
deux fois avant d'avoir recours aux moyens révo-
II y eut un moment de silence, pendant lequel M"* de
Miremont, sans se rendre compte de ce qu'elle faisait, se
rapprocha de l'entrée de la chapelle en ruines. Vêtue de
blanc, glissant comme une ombre au milieu des ronces et
des débris, il n'eût pas fallu de grands efforts d'imagina
tion pour voir en elle un de ces êtres surnaturels dont les
enfants et les poètes peuplent les lieux solitaires pendant
les heures du repos des humains.
- Sirvan, Yolande n'est point ingrate, s'écria M™* de
Miremont.
Ces douces paroles, la vicomtesse avait cru seulement
les penser, et ce ne fut qu'en entendant retentir le dé
chirant cri d amour-qui leur répondit qu'elle s'aperçut de
sa généreuse imprudence. Inquiète, éperdue elle se
retrouva tout-à-coup la force de fuir, el aussi résolue
qu'elle avait été jnsqu alors iudé.cise, elle s élança vers
une des nombreuses issues du vieux manoir, el disparut
sous une voûte au moment où Sirvan, ivre de bonheur,
paraissait sur le seuil des ruines de la chapelle.
Il se traîna avec une incroyable célérité jusqu'à l'en
droit d'où il supposait que la voix qu'il avait entendue
s'était élevée, puis il se hissa sur un amas de décombres,
se mit sur son séant et prome.ua ses regards autour de lui.
Sa respiration était précipitée, les battements de son cœur