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pour jeler sur le papier mes impressions et donner le
compte-rendu de la séance, dont l'événement principal
mérite une menlion spéciale.
D'aboi d, je dirai ceux de mes amis politiques qui ne
sont pas membres inscrits de l'Association vous avez
beaucoup perdu de n'être pas complètement des nôtres
et de n'avoir pas assisté cette mémorable séance. Cette
remarque n'est pas applicable mes co-sociétaires car
jamais, en aucune réunion, nous n'avons eu chambrée
aussi complète; je n'exagère rien en avançant que plus de
200 libéraux se pressaient dans le vaste salon de VAigle
d'orla plupart des confrères y ayant amené leurs anus:
ce qui, soit dit en passant, prouve, une fois de plus,
combien tout se fait chez nous au grand jour ^contraire
ment aux mystérieuses menées des Lions apprivoisés),
et qu'entre une séance de notre Association et une réunion
complètement publique, il n'y a d'autre différence que
celle que doit amener une mesure précédemment prise.
Dans le but d'écarter les semeurs de trouble ou les im
portuns d la faç m de ce fameux avocat, pourfendeur du
libéral, qui, lors de la formation de notre Association,
nous (il, par ses turlupinades avocassièrcs, perdre inu
tilement un temps précieux et empêcha la discussion des
objets l'ordre du jour.
Oui, nous eussions voulu que toute la ville eût pu se
trouver dans le salon de l'Aigle, et, en particulier, nos
adversaires politiques. Nous l'eussions voulu, non pas
pour jouir de notre triomphe et de leur humiliante décep
tion, mais dans l'intérêt de la vérité, dans l'intérêt de la ron-
ct rJe et de l'union au sein de notre ville, dans l'intérêt du
bien-être de la c té tout entière. Car, après ce que nous
avons entendu, bien des hommes, induits en erreur par
des déclamations mensongères et calomnieuses, de. la
part de quelques intriguants perdus par l'ambition et la
profonde méconnaissance d'eux-mêmes; bien de nos
adversaires, la vue de la vérité luisant tout-à-coup sur
leur b in sens égaré par les manœuvres de parti, étonnés
et surpris, entrai nés par la force de l'évidence, nous
auraient spontanément tendu uue main amie, et peut-
élrc auraient-ils, sinon publiquement, du moins nu fond
de leur cœur, éclaté en repi oches,contre leurs exploiteurs,
contre ces incorrigibles meneurs, qui, hélas! malgré les
dures leçons de l'expérience, persistent néanmoins
fonder leurs misérables espérances sur le terrain mou
vant de l'astuce et de la fourberie.
Or, disons donc que M. Alph. Vandcn Pecreboont, cet
honorable citoyen, a saisi, dans les arguments mêmes dont
nos adversaires politiques croyaient accabler notre admi
nistration, l'occasion d'énumérer de nouveau, mais dans
des détails plus nombreux et plus instructifs, tout ce dont
la ville est redevable cette même administration. Le
discours qu'il a prononcé, cet effet, a été le coup de
grâce de la cléricaille. J'en suis tellement persuadé que je
n'attends pas le résultai des élections pour remettre
demain l'envoi de ces lignes au bureau de votre journal.
Quand le Progrès reproduira ma lettre, la preuve de ce
que j'avance ici se trouvera dans ses colonnes.
M. Alph. Vandcn Peerebooin a examiné un un, tous
les arguments de nos ennemis politiques, propos de faits
ici matériellement faux, là tronqués, ailleurs travestis, le
MADAME DE MIREMONT.
^SCITB).
XI.
On se souvient que M. Malard et son acolyte Corneillan
étaient arrivés Brantigny au moment oû la vicomtesse
et Valérie en partaient ils avaient été immédiatement
introduits eu présence du marquis.
Quand Raoul rentra de sa longue promenade cheval,
les deux visiteurs avaient quilté le château. M. de Bran
tigny fit dire son fils qu'il désirait avoir immédiatement
un entretien sérieux avec lui, et qu'il le prthil de se
rendre dans un appartement uû il l'attendait avec impa
tience.
Vous u'ètcs pas exact, Raoul, dit-il au jeune comte;
mais je vous pardonne eu sonsidéralion des motifs qui
vous ont attardé. Au surplus, conlinua-t-il, j'ai ordouué
qu'on ne servit le dîner que dans une heure j'ai causer
longuement avec vous.
Raoul prit un fauteuil et s'installa en face de son père
enoore debout. La perspective d'une conversation grave
lui était peu agréable, mais il eut le bon goût de dissi
muler soir ennui sous une apparence de fatigue.
M. de Brantigny fit deux ou trois tours dans la cham
bre, puis il prit aussi un fauteuil, le poussa côté de celui
de sun fils, et saisissant la main de Raoul il lui dit avec
uue affectueuse tristesse
J'espère, mon ami, que vous avez le désir de m'étre
agréable en toutes choses
Rien n'est plus certain, mon père, répondit gaiment
Raoul qui ue songeait qu'à abréger une discussion dont
le début quelque peu solennel ne lui plaisait que médio
crement.
Je suis arrivé un âge où l'on n'aime point ajour
ner ses espérances, reprit le marquis. Raoul, j'ai soixante-
dix ans sonnés.
- Ma foi on ne le dirait pas.
Mais l'acte de mon baptême le dit, et mes infirmités
me-le lépètent chaque jour: c'est pour cela, mon fils,
que j'ai voulu vous tevoir avant le terme autrefois fixé
pour votre retour.
Je parie, mon père, que vous allez me parler
mariage, repartit vivement Raoul.
Votre pénétration me charme, car elle me prouve
tout récemmrrt récapitulé. Pour donner une idée de
l'impression qu'éprouva l'assemblée l'audition des paro
les véridiques, chaleureuses et convaincantes qui cou
laient de la buuchc de notre écbcvin pour la défense de
la plus juste des causes, je dirai, qu'en avançant que pas
un de ces arguments n'est resté debout, je suis encore
au-dessous de la vérité. S'appuyant sur des faits d'une
vérité incontestable, invoquant son aide le témoignage
incorruptible des chiffres et des pièces authentiques, qu'il
est loisible tout le inonde d'aller vérifier l'hôtel-dc-
vilie, il les a pulvérisés, mis néant d'une façon si éner
gique et si heureuse, qu'il est parvenu prouver, avec un
talent de parole vraiment remarquable, que nous ne lui
connaissions pas eneorc, et avec cet accent de vérité qui
ne peut sortir que d'une à*ne sensible et fortement con
vaincue, il est parvenu prouver, disons-nous, que ce
que l'opposition impute crime notre régence est pré
cisément ce qui peut le mieux servir sa glorification et
que les maladroits n'avaient exhumé pour tous griefs que
des faits, qui, au définitive, constituent des services réels,
et les plus propres faire mériter tous nos conseillers
l'honneur d'une réélection.
Faire l'énumération de ces services, suivre pas pas
M. Alph. Vanden Pcereboom dans cette discussion où nos
opposants ont été aplatis, écrasés comme de misérables
vermisseaux, n'est pas possible dans l'espace exigue d'une
correspondance. Arrêter l'attention du lecteur sur les
passages les plus émouvants du discours et qui ont pro
duit sur l'auditoire une émotion vraiment électrique, est
une difficulté devant laquelle je recule. Il faut pour ces
sortes de descriptions, un talent que je n'ai pas. Une
scène qui mériterait, entr'autres, d'être décrite par une
plume autrement exercée que la mienne, c'est l'émotion
qu'éprouva l'assemblée, au moment où M. Vanden Pec-
reboom, arrivé dans l'analyse du manifeste clérical, la
stupide accusation de fanatisme politique appliquée
notre régence, éclata dans une chaleureuse et légitime
indignation, et, dans une improvisation admirable et
magnifique, mit en parallèle et la conduite de notre con
seil n'ayant jamais tracassé ses employés qui confiaient
leurs enfants l'éducation cléricale, ne fesant, dans
l'octroi des places, aucune différence entre ceux sortant
de tel collège ou île tel autre; et la conduite du clergé
qui vient obstinément refuser dans un but politique de
pauvres et d'innocents enfants le pain spirituel, qu'avec
un empressement qui ne connaît pas d'entraves, ils
portent aux sauvages, aux assassins et aux paricidcs.
Décidément, M. Alph. Vanden Peerebooin s'est révélé
nous comme orateur, et comme orateur de mérite. Nous
ne doutons pas qu'avec le temps et ce temps n'est pas
loin de nousil se fera remarquer comme tel dans sa
carrière parlementaire, sur un plus grand théâtre.
Nous pouvons dire avec un légitime orgueil que notre
arrondissement est représenté la chambre par un hom
me la hauteur de sa position. Le nouveau talent que
nous ne lui avions pas soupçonné, M. Vanden Peerebooin
le doit sa nature généreuse. M. Vaiiden Peerebooin ne
voit pas seulement par les yeux de l'intelligence, mais il
sent et voit par le cœur. Ce qui fera de notre représen
tant un homme qui ressortira du vulgaire, c'est qu'il a,
que vous êtes dans les mêmes idées que moi.
Avec cette différence que vous avez nu désir et que
moi j'ai une crainte je me trouve trop jeune pour me
marier, et..
C'est un fait que je ne vous conteste pas, Raoul,
interrompit M. de Brantigny; mais les considérations qui
me font souhaiter votre prompt établissement sont d'une
grande importance je veux avant de fermer les yeux,
être sûr que mon nom ne s'éteindra pas.
Ma foi, mon frère aîné que je n'ai pas connu, aurait
bien uû vivre pour le perpétuer, dit Raoul étourdimcnl.
Et vous, mou fils, vous auriez bien dû m'épargiier
cette allusion un des plus douloureux événements de ma
vie.
M. Je Brantigny prononça ces mots avec un calme qui
approchait de l'indifférence mais un observateur attentif
eût facilement remarqué que la réflexion de Raoul l'avait
profondément impressionné.
Voyons, mon père, il y a peut-ctre un moyen de
nous mettre d accord quelle est la femme que vous me
destinez
Je n'ai pas voulu faire un choix avant de connaître
vosdispositions, répondit M. du Brantigny avec un visible
embarras. Dites-moi que vous cles prêt secoi der mes
vues, le reste ira de soi-mcine; avec votre nom, votre
fortune, et, sans vouloir vous flatter, vos avantages per
sonnels, vous pouvez épouser qui vous voudrez.
Même M1™ de Miremont demanda Raoul.
Vous voulez plaisanter assurément, ce qui ne me
semble pas fort opportun; M"" de Mireinont a douze ans
de plus que vous.
C'est que j'en suis passionnément amoureux, reprit
Raoul en se renversant dans son fauteuil et si je ne
l'epouse pas, je suis décidé lui faire la cour.
Raoul, comprenez-vous bien ce que doit être l'amour
que l'on peut éprouver pour cette noble femme.
Elle me plait mieux que toutes celles que j'ai ren
contrées jusqu'à ce jour je n'ai pas besoin d'en savoir
davantage.
Comme il se levait pourse retirer avec un empressement
assez mal dissimulé, M. de Brantigny lui dit
A propos, mon fils, dans quelques jours vous serez
maître absolu dans celte habitation je suis décidé vous
abandonner définiti vement toute ma fortune immobilière.
avant tout de l'âme et que l'âme est le foyer brûlant et
intarissable de la vie et de l'intelligence.
J'ai bien l'honneur, etc. X. Y. Z.
P.S. J'allais oublier une particularité qui mérite
bien, je crois, d'être mentionnée. Dans la première
partie de son discours, notre éch^vin a, plus d'une fois,
provoqué Ihilarité Je l'assemblée en montrant tout ce
qu'il y avait de ridicule dans les pénibles efforts que ten
tent nos ennemis pour faire de M. Ernest Merghelynck
le bouc d'Israël, propos d'une liste innombrable de
prétendus griefs, véritables bulles de savon, pour l'éva-
poration desquels il n'a fallu qu'un souffle celui de lu
vérité et de l'ironie.
m
le nommé fviotiard La housse, soldat au 1"
régiment de Chasseurs cheval, détaché l'É
cole déquilalionde celte ville, étant en permis
sion Wervicq. y a sauvé d'une mort certaine un
enfant de huit ans qui était tombé dans la Lys,
près du pont. Edouard Lahotisse ne consultant
que son courage, s'est précipité, tout habillé,
dans cette rivière, dont le courant est forl rapide
en cet endroit et a pu parvenir, après des efforts
inouis, retirer l'enfant de l'eau.
Nous espérons bien qu'Edouard Lahotisse ne
sera pas oublié dans la répartition des récompen
ses pour les actes de courage ef de dévouement.
Un second enfant qui était tombé l'eau en
même temps et au même endroit a été également
sauvé par un habitant de Wervicq, dont nous
regrettons de ne pas connaître le nom.
Dans notre dernier n®, nous avons seulement
donné le nom des trois fabricants de dentelles
de noire ville qui ont obtenu une récompense
I exposition de Londres; aujourd'hui nous
complétons la liste de tous les exposants appar
tenant I arrondissement, qui ont obtenu une
distinction.
5* Section. Substances alimentaires.
MENTIONS HONORABLES
M. De Gryze, Poperinghe Houblon. Mm" veuve De
Quidt, Poperinglte: idem. M. Van Mcrris,Poperinghe:
idem.
Section. Substances végétales et animai.es
pouk manufactures.
M. De Geaevc-Delfortrie, Gheluwc Lin.
i y* Section. Dentelles, BHoOEU i us, tapis, etc.
M. Duhiiyon-Bi'unl'aut, Bruxelles etYprcs: Dentelles.
M. Hammclrulh, Ypres idem. M. Socnen, Y près
idem.
Quantité de personnes de Nauiur n'ont quitté
qu'avanl-liier le deuil de la Reine, qu'elles portaient
rigoureusement depuis un an.
Et où comptez-vous aller demeurer? demanda
Raoul avec un sang-froid fort honorable pour la modé
ration de ses désirs.
a Courcenay, que j'ai le projet de restaurer de
manière le rendre habitable.
Vous y serez horriblement mal; cependant j'irai
vous y voir de temps en temps.
Un domestique qui vint annoncer que le dîner était
servi mit un terme naturel cette conversation. Le mar
quis offrit sou bras Raoul, cl ils passèrent tous les deux
dans la salle manger.
Si vous n'êtes pas fatigué de votre promenade de ce
matin, dit le marquis vers la fin du repas; je vous enga
gerai aller voir notre voisin, M. Malard sa visite de ce
matin était plus pour vous que pour moi.
Raoul souscrivit avec empressement cette invitation:
d'une part, il aimait le mouvement comme tous les êtres
légers; de l'autre, il ne demandait pas mieux que d'éviter
une seconde conversation comme celle qu'il venait de subir.
En sortant de table il se fil donc amener un cheval, et il
s'achemina vers l'habilatiou de M. Malard, qu'il ne con
naissait pas encorecar elle avait été bâtie pendant son
absence.
XJI.
Comme nos lecteurs, sans en excepter un seul, sont
des gens d'infiniment d'esprit et d'une prompte et sûre
pénétration nous pensons qu'il est parfaitement inutile
de leur expliquer comment il se fit que Raoul n'avait pas
galopé pendant cinq minutes, qu'il ne se souvenait déjà
plus de sa conversation avec son père. Nous pensons aussi
qu'il est superflu d'ajouter que son amour pour madame
de Miremont ne l'absorbait pas au point d'être un labeur
pour son esprit et une souffrance pour son cœur.
Cette explication donnée aussi succinctement que nous
l'avons pu, nous rejoindrons Raoul chez M. Malard, au
moment où il mettait pied terre devant l'entrée prin
cipale de la maison.
Il avait peine jeté la bride de son cheval au domes
tique qui le suivait, qu'il aperçut M. Mainrd sortant de
son vestibule comme s'il venait sa rencontre.
Quelle aimable surprise, Monsieur le comte s'écria
le père de Clémence en descendant avec empressement les
quelques marches de son perron. Je n'osais pas me flatter
que, si récemment de retour dans notre pays, vous aurie