FATÉKIEIK. VRâXCr. Pakis, 25 Octobre. Les représen tants affluaient aujourd'hui la salle des conférences, ils étaient fort nombreux et s entretenaient des probabilités ministérielles. Les uns disaient que M. Cartier resterait la préfecture de poliçe et beaucoup d autres personnes ordinairement o>en informées assuraient le contraire. On lit dans le Constitutionnel Ainsi que nous le disions hier, le désordre a cessé dans le département du Cher. Nos correspondances de Sancerre en date du 16 nous confirment que, mardi dernier, quatre communes des environs de Précy avaient, en effet, pris de nouveau les armes pour se porter sur Sancerre. A cette nouvelle^ les gardes nationales de Sancerre, Tlmuvenay Menetreol et Saint-Satur spontanément réunies en nombre tel que les fusils ont manqué aux volontaires, se sont élaneées sur la route qui devait ser vir de passage la colonne insurgée. Elles ont fait ainsi deux lieues; ce moment est arrivé l'avis que les ban- desavaientété dispersées. Au retour les gardes nationaux ont trouvé la population tout entière pleine d'élan et maudissant les hommes de désordre et ceux qui les pous sent au mal. Le val de la Loire où sont situées les quatre communes soulevées, a été le théâtre d'une véritable jaquerie. Vio lences de toute nature, vols main armée, de vivres, vin, armes, etc., menace de mort, séquestration de l'ho norable maire de Bclîes, M. Bonnet,qui n'a dù qu'à son courage de ne pas être fusillé bout portant pas quinze assassins tout ce que pouvaient faire prévoir les propo sitions qu'on entendait depuis quelque temps de la part des meneurs, a été mis exécution pur leurs tristes dupes, auxquelles d n'a manqué qu'une chose pour que la fétc fut complète, chose, il est vrai, qui manque toujours la présence des chefs. Et maintenant les prisons se remplissent. Deux convois de prisonniers ont été amenés mardi, de' Nérondes Bourges, par le chemin de fer, le premier arrivé vers trois heures, se composait de dix-sept indi vidus; le second,- de dix seulement, est arrivé deux heures après. Ils vont être suivis par d'autres, arrêtés la suite de la seconde prise d'armes. Sans doute, la justice saura faire la part chacun. Mais que de familles dans la désolation Que de femmes, que d'enfants réduits la misère! El ce n'est rien encore. Qu'cût-ce été si cette tentative avait été suivie ne fût-ce que d'un moment de succès En ce moment, les départements du Cher et de la Nièvre, sont silonnés par des mouvements de troupes. La moitié de l'escadron de hussards, arrivé lundi Bourges, est partie mardi pour Nérondes; la moitié du bataillon du 41* a été également dirigée sur les localités agitées. L'administration municipale fait disposer en ce mo ment l'ancienne église des Cannes et une partie des déjà l'honnêteté... M. Malard n'acheva pas sa phrase, car Raoul l'inter rompit en lui exprimant avec cordialité qu'il éprouvait un véritable plaisir le revoir. Vous avez là une charmante habitation, lui dit-il ensuite en promenant autour de lui des regards satisfaits. C'est ma création M. le comte, et je suischariné qu'elle vous plaise. Je me repose ici de quarante ans de travail opiniâtre; mu fille sera riche, je n'ai plus d'ambition. Est-ce que vous avez du monde chez vous? de manda Raoul, qui venait de remarquer que M. Malard avait une cravate blanche, un gilet chamois et un splcn- dide habit bleu barbeau boulons d'or. Nous sommes seuls, Monsieur Raoul, et même je ne sais pas si Clémence n'est pas sortie avec sa gouvernante pour aller taire une visite dans le voisinage. Pendant que ces phrases s'échangeaient, les deux inter locuteurs avaient remonté le perron, traversé le vestibule, et M. Malard introduisait Raoul dans son salon. Raoul examinait les détails de l'ameublement avec une bienveillante curiosité, lorsqu'il entendit M. Malard pousser une exclamation de surprise. Il se retourna pour eu connaître la cause, et il vit Clémence qui entrait dans le salon. C'est M. le comte de Brantigny, ma fille j'avais oublié de te dire qu'il était de retour. Clémence fit une révérence prétentieuse et elle se dirigea vers une causeuse sur laquelle elle s'établit dans une pose étudiée. Vcus devez la trouver bien grandie. Monsieur le comte, dit M. Malard en contemplant Clémence avec admiration la clarté de deux lampes astrales que Joseph apportait en ce moment. C'était encore une enfant quand vous êtes parti, continua-t-il avec une intention marquée. Raoul répondit cette interpellation par un compliment assez bien tourné, puis il prit uu fauteuil, le poussa près de la causeuse, et demanda gracieusement Clémence si elle avait quelquefois peusé lui pendant ces voyages. Je n'oublie jamais les absents, Monsieur, répondit Clémence en rougissant. Je suis téinoiu qu'elle dit la vérité, reprit vivement son père; seulement je trouve qu'elle la généralise trop en ce moment, ajoula-t-il avec finesse. Ma fille, M. Raoul est un ami d'enfance; tu peux avouer que tu m'as très- souvent parlé de lui. bâtiments du grand séminaire de Bourges pour servir de Casernement aux hussards et aux soldats de la ligne. Le gouvernement fait publier ce matin dans le Moni- lenr la note suivante, qui confirme ce que nous avou-, nous-mêmes annoncé hier au soir Le gouvernement, a été informé que des troubles graves avaient éclaté le 12 octobre dans l'arrondissement de Sancerre (Cher). Les magistrats de Sancerre ayant arrêté et fait conduire dans la prison de celte ville trois habitants de Préey, parmi lesquels figurait le maire révoqué de la coinmuue, M. Desmoineaux, les hommes de desordre de Précy et des communes voisines formèrent le projet de les délivrer. Dans la matinée du 12, des bandes armées de fusils et de faulx et représentants une force d'inviron 500 individus se dirigeaient sur Sancerre. A deux heures elles arrivaient Menétréolquelques kilomètres de celte ville. Là elles firent halle, Cl ayant appris que Sancerre était défendu par la garde nationale qu'appuyaient plu sieurs brigades de gendarmerie, elles commencèrent rétrograder. M. le préfet du Cher, la première nouvelle, de l'in surrection, s'était rendu eu personne Sancerre. M. le préfet de Nièvre, averti temps, avait fait diriger un escadron de chasseurs sur Précy. Le général commandant le département du Cher, le procureur-général de Bourges et le secrétaire-général s'étaient portés sur Sancerre avec 150 artilleurs. Les insurgés, déconcertés par cette com binaison rapide de mouvements, se dispersèrent dans les bois. Vingt-six individus ont été arrêtés, dont plusieurs les armes la main. Ils vont être conduits a Bourges. La cour d'appel a évoqué l'instruction. Les fonctionnaires publies de tout ordre, les troupes et la gendarmerie ont fait leur devoir. Les désordres ont été réprimés et l'autorité veille. Bien que les forces dont elle dispose dans le département suffi sent cette tâche, un bataillon de ligne a été dirigé sur Bourges. Ce n'est pas assez pour le gouvernement de comprimer les mauvaises passions, il veut rassurer les bons citoyens en étendant sur eux une protection toujours prompte et sure. Il ne faut pas se dissimuler, d'ailleurs, que cette pensée de coup d'État est descendue jusque dans les masses. Hier, presque toule la garnison de Paris était en mouve ment, et des régiments casernés l'intérieur, avaient reçu la veille l'ordre de se porter, le lendemain matin Vincennes, avec armes et bagages; niais arrivés au pied de la forteresse ils ont reçu contre ordre pour rentrer Paris. La population a vu, dans ce double l'ait, un indice de coup d'État. On parlait du danger que coura.l la sécurité personnelle de MM. Bedeau, Cbangarnier, Cuvai gnuc et Lainorioière cl plusieurs membres de la majorité, et l'on disait qu'il était question de proposer l'organisa tion immédiate par la questure, d'une garde spéciale et permanente pour l'assemblée. On affirmait enfin que M. Carlier avait commencé son déménagement, et c'est là ce qui produisait le plus d'effet dans la population. Je préfère-que Mademoiselle ne l'avoue pasdit Raoul d'un ton affectueux et galant. Et pourquoi cela demanda M. Malard dont la pé nétration n'allait pas jusqu'à comprendre ce qui n'était que délicatement tin. Puis, comme il vit que la physionomie de sa fille expri mait la satisfaction, il se hâta de répondre vivement Je saisis je saisis très-aimable, très-joli, Monsieur Raoul. Ah vous avez beaucoup gagné pendant vos voyages, ma parole d honneur Et prenant la main du jeune coipte il la secoua avec une vigueur pleine du bonhomie, car il était toujours bonhomme lorsque les choses allaient au gré de ses désirs et qu'il attribuait un succès son habileté. Je vois, Mademoiselle, dit Raoul en se tournant vei's un piano ouvert, que vous n'avez pus négligé vos heureuses dispositions pour la musique. Cela dépend comme vous 1 entendez, Monsieur, ré pondit Clémence en minaudant je n'ai pas fait de grands progrès pour l'exécution, mais je compose... Des romances délicieuses dont elle fait aussi les parolesajouta M. Malard en se penchant l'oreille de Raoul, comme s'il craignait de blesser la modestie de sa fille. Ah M11* Clémence, vous devriez bien me faire en tendre une de vos compositions, reprit son tour Raoul. Faites-moi grâce pour aujourd'hui, dit Clémence je suis mal disposée; je ne nie sens pas en voixLa première fois que vous reviendrez, Monsieur Raoul, je chanterai tout ee que vous voudrez. Je tâcherai de prendre patience l'aide de cette bonne promesse, mademoiselle, interrompit, Raoul. Puis il parla musique avec une lucililé et un aplomb qui lui auraient donné l'air d'un connaisseur, alors même qu'il eût été en présence de personnes plus avisées que M. Malard et sa fille. A neul heures, la gouvernante de celle dernière, pauvre créature que Clémence écrasait de son sot orgueil,entra dans le salou avec celte limidiiécruintive qui révèle tant de souffrances, et peu d instants après elle ressortit, précédée par son elève qui avait trouvé le se cret de lui adresser une foule de choses désagréables en quelques minutes. C'est ainsi que nous passons to.ites nos soirées, monsieur le comte, dit Malard eu se frottant les inams. Ma vie est celle d'un patriarche pas de soucis, pas La commission de permanence n'a tenu si'anc que pendant une heure environ, parce que les ministres engagés paraître da is son sein n'y ont pas paru; elle s'est ajournée demain, après avoir décidé qu'un nouvel appel serait fait M. Faucher et ses collègues qui en consentant expédier les affaires jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet, s >nt encore ministres. La séance s'est passée en causeries sur la lui du 31 mai. dont le rappel trouvait quelques partisans, au milieu de nom breux adversaires. Quant la formation du Cabinet, personne n'avait d'indications précises sur les noms dont la liste nouvelie pourra être composée. La coihmission de permanence a tenu aujourd'hui une séance de vingt minutes, sous la présidence de M. Bedeau. Etaient présents pour le bureau MM. Yvan,Baze,Chapot, Bérard, Poupin, Moulin. Lecture a été donnée de quelques rapports sur l'effet produit dans les départements par la nouvelle voie poli tique dans laquelle parait vouloir entrer M. L. Bonaparte. Après cette lecture, qui a été suivie de conversations plus ou moins intéressantes, la commission s'est ajournée àjeudi. Quelques nouvelles circulaient, dans la salle des con férences. Un nouveau journal démocratique, dont M. Marc-Dufraisse sera le rédacteur en chef, MM. Proiidboa et Ch. Lesscps, les principaux collaborateurs, paraîtra la rentrée de l'assemblée, sous le titre, le Réveil dupeuple. Le bruit était généralement répandu hier au so'r, dit le Journal des Débatsque les négociations entamées avec M. Billault, pour la formation d'un nouveau cabinet, avaient échoué. Cependant les journaux du soir ne sont pas unanimes ce sujet. On lit dans le Messager de l'Assemblée Il parait que M. Billadît a déclaré an président de la république qu'il était prêt accepter la mission difficile de former un eabinot, mais la condition que M. Louis Bonaparte renoncerait publiquement toute prétention la candidature en 1852. At TBïJl lIi:. Vit:une 19 Octobre. Dans une grande réunion du conseil des ministres et du con seil de l'empire, tenue il y a quelques jours et présidée par I empereur, le plan de la transformation du conseil de l'empire, et un sénat de l'empire, a été approuvé, qu on peut s'attendre cette modification comme une cliosc certaine. Une commission vient d'ëire formée pour s'occuper de la future organisation politique de l'empire. Cette com mission se. compose des ministres Bach, Ivraus et de Baumgartiicr et de .trois conseillers de l'empire. d ambition, une grande fortune honorablement acquise quaud j curai trouvé un bon parti pour ma fille, il ne nie restera plus rien désirer. C est une satisfaction qu'il dépend de vous d'acquérir quand vous voudrez, répondit Raoul avec une affectueuse politesse. Les concurrents la main de M"* Clénieutina doivent être nombreux ils le sont eu effet, interrompit M. Malard; mais ma fille est très-difficile. Cela n'a pas d'inconvénients, puisqu'elle a le droit de l'être. Elle veut de la naissance. Elle en trouvera. Et moi je veux de la fortune. La vôtre justifie cette prétention. La connaissez-vous Lien Mou père m'a dit hier que vous aviez réalisé deux millions en quittant les affaires. Avec ces deux millions j'ai acheté des immeubles qui en valent le double abjourd hui, et dont la valeur augmentera encore. Entre monsieur votre père et moi nous avons une belle étendue de terrain, car vous savez que nous nous joignons du côté du couchant depuis que j ai acheté la forêt de Péray que je destine faire la dot de ma fille. Raoul lie répondit rien cette provocation si directe, et M. M .dard, se méprenant sur les motifs de son sileuee, reprit J espère, monsieur le comte, que vous accepterez une permission de chasse dans mes bois j'ai donné des ordres dans ce sens mes gens. Raoul remercia M. Malard en termes polis et gracieux; cependant il était facile de voir qu'une préoccupation sé rieuse venait de naître dans son esprit, car pendant qu'il parlait, son regard était errant comme s'il suivait une jieiisée autre que celle qu'il exprimait. Diable! se dit cil lui-même M. Malard, lorsque Raoul eut pris congé de lui est-ce que j'aurais trop montré le bout île I oreille dés la première fois? il me semblait cependant que j avais amené les choses de loin. Heureusement, lejirit-il d'un air pius satisfait, que je l'eus le [icic dans ma dépendance. Je vais écrire Cor- np.llan du venir me parler demain et nous battrons le fer pendant qu'il eR chaud. (ta suite au -prochain .V*.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1851 | | pagina 3