les rôles de père-noble nient jamais été mieux
remplis que par M Pollier costumes, accen
tuation, {jestos. regards, tout est étudié. calcule
dans ses moindres détails M"e L<* Blanc n est
non pins pas une actrice ordinaire elle sait
rendre les situations diverses avec une fidélité
surprenante; de plus elle y met parfois de l'âme
et du sentiment, et ce je ne sais quoi qui émeut
etquifail vibrer tous les fibres de l'organisation
et du cœur.
Nous avons revu avec plaisir l'excellent co
mique M. Aymard. Mme Aymard qui est si bien
dans tous ses rôles, le gracieux et élégant M.
Alardin. ainsi que M. Berlin et M"e Legaigneur
qui ne manquent égabmient pas de mérite.
Espérons que nous aurons bientôt I occasion de
pouvoir applaudir les trois premiers dans des
rôles plus saillants, et plus propres les mettre
en évidence et faire ressortir leurs moyens et
leurs talents que nous avons plus d'une fois
admiré.
La Petite Fndetle nous a fait faire la connais
sance d'un nouvel acteur, M. Fay- M- Fay a
très-bien interprété ce caractère noble, géné
reux, dévotiéjusqu'nu sacrifice, enthousiaste du
bien, celte grandeur d'âme, celte élévation du
sentiment, sans déclamation, sans fard, dans
toute sa simplicité naturelle et tel que le pin
ceau de George Sand sait seul nous représenter.
Et propos de l'œuvre du plus sentimenta-
lisle romancier de France, nous ne saurions
assez recommander M. Ponnet, de join
dre ail choix heureux qu'il sait faire de ses
acteurs, celui des sujets représenter. Des
hommes austères ont souvent accusé le théâtre
d'êtie une école de perdition. A notre avis,
si on n'y donnait accès qu'à la licence, ils
n'auraient pas tont-à-fait tort. Mais que la scène
vienne faire la guerre aux vices honteux en
déversant l'arme du ridicule, ou en montrant
le côté hideux et répulsif; quelle mette dans
tout son jour, qu'elle expose tous les regards
entourés de l'auréole et du prestige dramati
ques, et le désintéressement, et le courage qui
fait triompher des basses passions, et l'enthou
siasme du grand et du beau, en un mot toutes
les vertus qui élèvent et anoblissent l ame, alors
qui hésiterait de proclamer le théâtre une école
de haute moralité
Alors une mère y amènerait sa fille en toute
sécurité. Tout le monde y gagnerait en s'y
rendant Le plaisir deviendrait le véhicule de
l'instruction pour les uns et la moralisaliou
pour les autres, et ce ne seraient pas les recettes
qui y perdraient.
Il y a certaines pièces qui ont le mérite d'at
tirer la foule surtout dans nos bonnes villes
flamandes, où l'on tient plus aux pièces effet
dramatique qu'à l'esprit et aux bons mots qui,
quelques gazés qu'ils soient, choquent, nous
devons le dire, pour I honneur de nos popu
lations. plus d'une oreille chaste. Si la salle n'a
pas été plus remplie avant-hier, nous croyons
que c'est un peu la faute du programme qui
ne promettait pas grande chose Espérons tou
tefois que ce demi-succès n'attiédera pas le zèle
de l'habile et courageux directeur, et que loin
de la moitié de votre fortune. Au surplus, tout peut
s'arranger selon vos désirs, et c'est comme cela que j'ai
entendu que l'affaire sera conduite.
Je vous crois fort habile cependant, comment
espérer qu'une fois instruit de sa position, cet homme
consentira y renoncer?
Ce cùi-de-jallc n'est pas un homme; nous no'us en
servironsseulementcoiuined'un épouvantait pour obtenir
du marquis de Branligny tout ce que nous en voulons.
Est-ce que vous voulez aussi quelque chose de
manda avec inquiétude Malard, que ce nousavait effrayé.
J'ai parlé nu pluriel pour vous prouver quel
poinljeiii'intércsseausuccèsde votre entreprise, répondit
négligemment Corncillan; car, du reste, vous comprenez
que je ne voudrais rien accepter de ce vieil aristocrate;
on m'accuserait tout de suite de m'êlre vendu aux ultras
et en ne me va pas, papa Malard.
Et Corncillan termina sa phrase par un clignement
d'yeux et un pincement de lèvres qu'on pourrait peut-
être traduire par ces mots attrape ça en passant.
Il faut cependant nous entendre, adopter lin plan,
dit Malard avec impatience.
Eh bien demain j'irai trouver Sirvan.,. j'irai seul
»le se décourager, il se metlra en mesure de nous
donner quelque peu plus la prochaine repré
sentation. Ce n'est pas dire pour cela que le
public ait eu se plaindre de la représentation
de Jeudi: le tout a, au contraire, répondu
l'attente des nombreux connaisseurs; mais M.
Ponnet nous a tant et si bien régalés dans le
temps qu'il nous a rendus difficiles.
Que M. Ponnet fasse circuler ses listes d'abon
nement, les cla'sses aisées qui ne sont que trop
sevrées ici de distractions scèniques et artisti
ques s'empresseront d'y apposer leurs signatu
res. Plus ils signeront, plus le directeur sera
moralement engagé, sinon intéressé, monter
notre scène sur un pied convenable et élevé.
L'abondance des matières nous a empêchés
dernièrement de mentionner comment celte
année nos concitoyens ont fêté la patronne
des musiciens.
Dans deux saluts successifs, l'un S1 Martin,
l'autre S' Jacques, tout ce que notre ville
renferme d'artistes a voulu contribuera rehaus
ser l'éclat de la fêle Ce qui a fait particulière
ment plaisir au nombreux public entassé dans
cette dernière église, c'est la manière dont la
Société des Chœurs a interprêté I œuvre musi
cale d'un de nos compatriotes, M Du Rutte, et
la conviction qui en est résultée pour tous, que
pour avoir disparue un moment de la scène, la
Société des Chœurs, heureusement ressuscitée
pour nos dilellanli Yprois, n'a rien perdu de
son ancien mérite et de cette pureté d ensemble
que la capitale même a jadis admirée.
Le soir tous les sociétaires se sont réunis
un brillant banquet où la plus franche cordia
lité n'a cessé de régner.
Pendant ce temps, uneaulreréunion célébrait
aussi sa fête un banquet où la joie et la par
faite union fesaient tous les frais. C'étaient nos
courageux et infatigables musiciens de la Garde
civique présidés par leurs chefs, dont le zèle et
les encouragements ont suffi pour produire une
institution vraiment modèle, eu égard aux fai
bles ressources dont on peut disposer dans une
petite ville, qui compte déjà une musique bour
geoise dans ses murs.
Un confrère, au milieu de l'entrain général,
s'est mis chanter des couplets composés quel
ques heures seulement d'avance' par un ami
complaisant
i.
Pour bien célébrer notre fête,
Joyeux disciples d'Apollon,
Que nul soucis ne nous inquiète,
Réjouissons-nous tout de bon,
Chassons toute pensée ainêrc
Et n'ayons tous d'autre refrain
Aujourd'hui, gai ment se distraire,
Travailler et penser demain.
il.
Que Bacchus seul soit notre idole
A lui nos vœux et notre eneen'
N'ayons que joie, humeur frivole,
Dansons, rions incontinent;
El, laissant là l'humeur guerrière,
Chantons tous ce refrain gaîmcnl
Aujourd'hui, chagrins en arrière
Plaisir joyeux, rire en avant
pour qu'il ne eroie pas 5 un coup monté, et je mettrai
sous ses yeux, sans la lui abandonner, la pièce qui constate
la légitimité de sa naissance. Sa tête va s'exalter, nous
devonsnousyattendre; il voudra sur-le-champ faire valoir
ses titres, occuper son rangdsns la société, continua Cor-
neillan avec un sourire ironique, alors je lui insinuerai
adroitement qu'il serait, beaucoup plus sage lui de se
faire donner une bonne somme par le marquis, et de
rester ce qu'il est. Il suivra ce conseil, j'en suis certain,
et aussitôt il ne sera plus entre nos mains qu'un instru
ment dont nous jouerons plus ou moins pour faire mar
cher au pas le vieux Brautigny... comprenez-vous main
tenant, papa Malard
A peu près... mais pourquoi voulez-vous aller seul
trouver Sirvan
Je vous l'ai déjà dit pour qu'il ne croie pas un
eoup monté.
Mais il faudra que je vous confie cette pièce impor-
rante que vous m'avez vendue si cher; ceci soit dit sans
reproche, mon cher Corncillan.
Quel inconvénient y voyez-vous
Faut-il être sincère
Quand vous ne le seriez pas, qu'importe? je vous ai
m.
Amis, écartons l'ordinaire,
Soyons excellents médecins,
Et nous passant d'apothicaire,
Usons des seuls remèdes sains.
Chantons en chœur plus de misère,
Les verres pleins et très-suuvcnt
Uitzet et tisane en arrière,
Bon vin, jus de vigne en avant BIS'
IV.
Yprois, serrons nos rangs civique',
A l'union portons nos voeux.
En ce moment ce qui me pique
C'est de n être pas plus nombreux.
Buvons pour que le nombre augmente,
Car quand 1a coupe se tarit,
Au lieu de quinze on en voit trente,
Plus on est de fous, plus on rit. B,s'
Prourammk des morceaux de musique qui seront
exécutés par Vharmonie du 12* régimentLundi
ir Décembre i85i, 7 heures du soir, la
Société de la Concorde.
PARTIE.
i° Ouverture de Ludovic. (Hérold.)
2* Grand air du Caïd, pour petite clarinette obligée.
(A. Thomas.)
3" Grande fantaisie des Monténégrins, arrangée par
Vandor Bies't, musicien de 1e classe au susdit régiment.
(Limnandcr.)
2e PARTIE.
f°Ouverture d'Obéron. (C.-M. Weber.)
2" Pot-Pourri du Brasseur de Preslon, arrangé par
Van Calck. (Adam.)
5* Galop, par L. Sacré.
On lit dans le Messager de Gand
Les détails que nous avons donnés hier, sur l'auteur
de l'assassinat commis Ledeberg,*sc confirment. Il a été
arrêté dimanche soir, vers neuf heures et demie, par les
commissaires-adjoints Willems et Nys, au moment où il
rentrait dans la maison de logement le Voyageurprès
du Pont-Neuf.
Après son arrestation, Fryns, conduit la permanence,
y a été confronté la nuit même avec M. Ch. Van Bogiicrt,
tailleur de diamants, demeurant rue l'Eglantinc, qui le
coupable avait présenté en vente, dès le lendemain du
crime, quelques-uns des bijoux volés au préjudice des
époux Stevens. Le sieur Van Bogaertquoiqu'il n'eût pas
encore reçu la liste des objets volés, avait refusé cepen
dant de les acheter, et avait offert au détenteur de les
retenir jusqu'au lendemain, mais Fryns s'y refusa, en
disant qu'il était obligé de les vendre sans retard, parce
qu'on se trouvait chez lui sans pain. C'est par suite de
cette démarche de l'accusé, et du signalement remis
l'autorité judiciaire par M. Van Bogaert, que Fryns a été
arrêté.
Reconnu par M. Van Bogaert, le coupable se renferma
d'abord dans un système de dénégation complète; puis il
finit, dans les interrogatoires qui suivirent, par faire
l'aveu de son crime, et raconta toutes les circonstances
qui l'ont précédé et suivi.
Fryns a été soldat au 12", mais déclaré trop faible de
conslitulion pour le service, il a obtenu son congé do
réforme, et est revenu Gand, où il est né. Dépourvu
de tous moyens de subsistance, il s'est présenté au bureau
de bienfaisance, et y obtenu du secours. M. De Racve,.
l'a pris ensuite son service, comme balayeur de rues,
mais Fryns ne garda pas longtemps ce poste. Dimanche
dernier, quoique le crime fût déjà commis, il se présenta
dans la matinée au bureau de bienfaisance, pour deman
der un nouvean secours. Là, on lui demanda pourquoi il
déjà deviné: vous me croyez capable, si cette pièce reve
nait entre mes mains, de vous la vendre une seconde fivs.
Eli bien c'est vrai, Corneillan j'ai eu eetle mau
vaise pensée.
Elle devait vous venir tout naturellement; vous avez
éléduns le commerce autrefois... je ne vous en veux donc
pas et je puis vous rassurer...
C'est inutile, interrompit Malard en balbutiant.
Cette pièce, continua Corneillan, pourrait 111e servir
vous exploiter sans sortir de vos mains, ainsi je n'ai
aucun intérêt ce qu'elle revienne dans les miennes.
Expliquez-vous
Elle n'a de valeur qu'autant que mon témoignage
voudra lui en donner vous n'avez pas réfléchi xccla,
papa Malard.
Je n'ai pas cru qu'avec un homme aussi loyal que
vous il faillit prendre tant de précautions.
C'est possible; mais pour l'instant vous mourez de
peur, et, ma parole, vons avez tort, car je n'ai pas la
moindre envie de vous trahir, et je désire de tout mon
cœur que mademoiselle Clémence épouse le jeune Bran-
tigoy, parce que ça vexera le vieux.
(La suite au prochain S".)