Faits divers.
M. Baze et M. de Panat, les deux autres questeurs de
l'Assemblée, ont été également arrêtés et conduits Vin-
cennes. On disait ce matin, dans les groupes, que M.
Dupin, président de l'assemblée, avait demandé être
gardé vue l'hôtel de la présidence, et qu'on avait pris
la précaution de placer quelques sentinelles aux diffé
rentes issues de son palais.
D'autres arrestations ont encore eu lieu; on cite MM.
Nadaud et Bancel, représentants du peuple, au nombre
des prisonniers qui ont été conduits h Viiicennes. Nous
n'avons pas entendu dire que jusqu'à présent aucun
écrivain de la presse ait été inquiété dans sa liberté. Cela
viendra certainement. On s'est contenté d'envoyer des
détachements de la garde républicaine dans toutes les
imprimeries où s'impriment les journaux, l'exception
de celles du Constitutionnelde la Presse et du Journal
des Débats. Cette dernière feuille s'est engagée se taire,
sinon approuver les coupables tentatives qui viennenlde
se faire. M. de Girardin est dans le complot jusqu'au cou;
depuis dix jours il ne prenait plus aucune part a la ré
daction de son journal, et il ne quittait pas l'Elysée.
Quant au Constitutionneltous ses rédacteurs sont réunis
dans leurs bureaux, et ils célèbrent, disent-ils, l'anniver
saire de la bataille d'Austerlitz. C'est, en effet, aujour
d'hui, un glorieux anniversaire pour la France. M. Bona
parte aura fini sa carrière en déshonorant par le coup
d'étal qu'il vient de tenter, la date la plus mémorable de
l'histoire de son oncle.
Lorsque M. de Thorigny, ministre de l'intérieur, a
connu les projets de coups d'état, il a reculé devant une
telle responsabilité et donné sa démission. On a accepté
cette démission mais on a provisoirement retenu l'ex-
ministre dans son hôtel. C'est M. de Morny, un homme
criblé de dettes, qui le remplace et qui a contresigné le
décret par lequel M. Bonaparte dissout l'assemblée natio
nal, abroge la loi du 31 mai et rétablit le suffrage uni
versel, convoque le peuple français dans ses comices
partir du 14 décembre jusqu'au 21 courant, dissout le
conseil d'Étal, met Paris et toute la première division
militaire en état de siège.
M. de Morny a rêvé sans doute qu'il rétablirait sa
fortune dans un bouleversement, c'est là ce qui l'a poussé
-à se faire le complice de M. Bonaparte.
La haute-cour de justice, ainsi que nous l'avons dit
hier, s'est réunie, aux termes de l'article 68 de la Con
stitution, pour convoquer les hauts jurés qui auront
juger M. Bonaparte et ses complices. Ils venaient de
rendre leur arrêt et de l'inscrire sur les registres de la
cour de cassation, lorsqu'un commissaire de police, for
çant l'entrée de la chambre du conseil, les a sommés de
se disperser. Les honorables magistrats ont résisté celle
sommation, et pour vaincre leur résistance,.il a fallu
employer la force, c'est-à-dire les sergents de ville. La
police a donc porté la main sur la migistrature elle-
même elle l'a souillée de son contact au nom de M.
Bonaparte. Qu'est-ce donc que M. Bonaparte pourra
encore respecter si la robe des magistrats n'est plus
sacrée pour lui.
5 heures. Nous venons de rencontrer un régiment
qui venait du centre de la ville, où se trouvent, dit-on,
des fortes barricades. Nous avons demandé un sergent
du 19° de ligne où en étaient les choses. Il nous a ré
pondu Nous avons rencontré des barricades, mais les
hommes qui les font fuyaient notre approche.
La circulation est interrompue sur le boulevard; la plus
grande tranquillité règne sui' la rive gauche, mais sur la
rive droite les magasins sont fermés.
Le plan des insurgés parait être de fatiguer les soldats.
ANGLETERRE. Loarres, 30 Novembre.
Sir Ralph Albercombry, envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire de la reine d'Angleterre près la cour de
Sardaigne, vient d'être envoyé en la même qualité en
Hollande.
La souscription dix centimes penny suscription)
ouverte pour fournir aux ouvriers l'occasion de donner
feu sir Robert Peel un témoignage de reconnaissance et
d'admiration, a produit 1700 liv. environ (42,bOO fr.) On
va prochainement prendre une résolution sur la destina
tion qui sera donnée ces fonds.
On nous mande d'Eecloo, qu'hier, vers midi, au
moment où un chariot chargé de foin, sortait de l'auberge
le Lion, le domestique se mit côté de la grand'porle
pour s'abriter; mais comme le chariot fortement chargé,
avait peine passer, on fouetta les chevaux et le chariot
heurtant violemment le dessus de la porte, le renversa et
ensevelit le malheureux domestique sous les débris du
pignon et d'une partie de la muraille. La mort a été
instantanée.
Sa tète, horriblement mutilée, n'avait plus qu'un pouce
d'épaisseur. Messager de Gand.y
On écrit de Magdebourg, 29 novembre
Plus de 70 barbiers, délégués de tous ceux de la
province de Saxe, se sont réunis ici avant-hier pour arrêter
une adresse qu'il vont présenter aùx Chambres. Par cette
pétition, ils réclament le droit qu'ont possédé jusqu'ici
les barbiers la campagne, d'exercer, par suite de la
suppression des chirurgiens de seconde classe, les petites
opérations delà basse chirurgie comme aide* en chirurgie.
La Gazette de Moscou rapporte le fait suivant
u Pierre Beloonssoff, fils d'un pauvre bourgeois de
Klinn, n'ayant pu recevoir de ses parents une éducation
qui l'aurait mis en état de pourvoir sa subsistance, a su
remplacer le manque d'instruction par ses dispositions
naturelles, et vaincre toutes les difficultés réservées celui
qui est forcé de faire lui-même son éducation.
Bcloonssolf, n'ayant rien appris, est parvenu, en
pein'ure, faire de jolis portraits d'une ressemblance
extraordinaire; il accorde des pianos en perfection, réparc
des orgues, des montres et horloges, en tous genres,
comme le meilleur horloger ou le facteur le plus habile;
il fait des accordéons de différons modèles, et qui plus est,
il a inventé un instrument d'un tout nouveau genre, ne
ressemblant rien de connu. Cet instrument, ayant la
forme d'une lyre, est muni de 70 cordes métalliques dis
posées en deux lignes, l'une pour les tons, l'autre poul
ies demi-tons; cet instrument sans nom, sur lequel Beloons
soff joue tout ce qu'il entend, est assez sonore et d'une
qualité de son agréable.
On écrit de Craon (Mayence), 22 novembre
Un fâcheux événement est arrivé, il y a peu de jours,
dans une ferme des environs
Le nommé Joeré était sorti avec sa femme pour aller
travailler dans les champs, laissant la garde d'une jeune
fille, âgée de huit ans, un enfant au berceau. Celle-ci
s'étant absentée un moment, un loup pénétra dans la
maison, dont la porte était ouverte, se précipita sur le
berceau, qu'il renversa, saisit le petit enfant et se sauva
avec sa proie dans la campagne.
Aux cris de la pauvre petite créature, quelques paysans
armés, les uns de fusils, les autres de fourches, se mirent
la poursuite du terrible animal, qui ne tarda pas être
cerné de toutes parts. Le loup lâcha sa proie, mais déjà le
jeune enfant ne donnait malheureusement plus aucun
signe de vie. Son corps était horriblement déchiré.
La commission pour le projet de loi sur la responsa
bilité a délibéré aujourd'hui sur la manière dont elle
définirait les mots provocation la violation de l'art.
45 de la Constitution.
MM. Pradié, Berryer, Combarel de Leyval, Pascal
Duprat, ont, ce sujet, proposé diverses rédactions qui
toutes ont été repoussées H s'est engagé sur ces divers
amendements un débat très-vif auquel o it pris part avec
les auteurs de ces rédactions, plusieurs membres,
entr'aulres MM. Michel (de Bourges), Arago, etc. Après
2 heures de discussion la commission a adopté par 7
voix contre 6 un amendement de M. Monet ainsi conçu:
Il y aura crime de haute trahison si le président de la
république use de son autorité, pour provoquer la
violation de l'art. 45 de la Constitution.
On écrit de Nieuport, en date du 27 novembre:
Vendredi dernier, pendant la nuit, la tempête s'est
déchainée sur notée côte la marée s'est tellement élevée,
que la mer a envahi la ville par les aqueducs et par les
portes qui communiquent avec le bassin du port. Le
vent du nord soufflait avec une grande violence; le
tonnerre grondait et l'éclair sillonnait la nue.
La -mer a monté avec tant de précipitation que les
habitants n'ont pas eu le temps de boucher les issues de
leurs maisons par où l'eau pouvait pénétrer; il est résul
té de là que beaucoup de caves et de puits ont été remplis
et que l'on a souffert des dégâts. Sans l'assistance du
factionnaire qui était de garde la porte d'Ostcnde, les
personnes, qui tiennent un petit cabaret nommé Het
Kclderken Gods, auraient été infailliblement noyées dans
le caveau où elles demeurent.
Des dommages ont été occasionnés aux travaux du
port: plusieurs navires qui étaient amarrés dans le bassin
sont avariés, un bàteau pécheur a coulé et tous les canots
de pèche étaient démarrés et flottaient entraînés par les
flots.
La démission de M. le général Perrot a beaucoup ému
la garde nationale; plusieurs officiers sont allés déjà lui
manifester leurs regrets. On n'est pas éloigné de croire
que la démission du général .a été provoquée, et qu'elle
était même désirée par te pouvoir, qui ne le trouvait pas
assez aveuglement dévoué ses intérêts.
On se plaint beaucoup, dans la population parisienne,
des changements fréquents dans le personnel du cabinet,
de ces bruits de modifications qui renaissent chaque
instant, cl qui contribuent rendre plus mauvaise encore
la situation des affaires.
Ostexoe. L'ouragan qui a régné la nuit du 21 au 22
sur la côte a été des plus violents; il a fait monter la marée
1 m. 64 c. au-dessus des eaux vives. C'est seulement
un inètre de moins que la grande marée du 10 décembre
1845quatre centimètres de plus que la marée du f4 jan
vier 1808, et quinze de moins que celle du 5 février 1825.
Ces différentes marées ont acquis une triste célébrité
dans nos fastes maritimes par les sinistres produits par
ces ouragans qui les ont provoquées. Voici la hauteur de
ces marées: 14 janvier 1808, 1 m. 60 c.; 5 février 1825,
I m 79 c.; 10 décembre 1845, 1 m. 63 c'.-. 21 novembre
1851, 1 m. 64 c.
On lit dans le Publicateur de la Vendée
Il y a huit jours, un habitant d'une commune du
canton de Legé dans les environs de Napoléon-Vendée,
avait vendu, livrer de suite, me quantité assez considé-
rablede vins blancs, de la Loire-Inférieure, un négociant
de notre localité, il possédait bien les moyens de transport,
mais ils étaient insuffisants. Son voisin;'le sieur C., d'une
crédulité débonnaire, avait un excellent cheval de collier,
qui eût parfaitement complété l'attelage; mais C. n'était
pas obligeantbien que crédule et dévot.
Pour emprunter l'animall'homme au vin écrivit
C. la singulière lettre que voici
3, C., -
Le diable veut bien te prévenir qu'il a eu besoin de
ton cheval cl qu'il l'a pris si tu es discret, il te seras
remis; si tu parles, il est perdu et toi aussi. Je te salue.
Le diable, avec paraphe.
v Celte lettre fut adroitement attachée au moyeu d'un
petit ruban noirau râtelier du cheval qui avait subitement
disparu.
On imagine facilement le désespoir et surtout la peur
du pauvre homme il est dans des transes continuelles
perdre son cheval et être en correspondance directe, et
franco avec le Diable.
Vainement ses amis lui demandent la cause de son
noir chagrin; il détourne la tête, se couvre le visage et
garde un mutisme donj rien ne peut le faire sortir.
Six jours s'étaient écoulés depuis la réception de la
lettresatanique... 0 surprise mêlée d'effroi C. entend
dans son écurie un cheval broyant du meilleur appétit la
luzerne délaissée. Il n'ose entrer, craignant que l'infernal
palefrenier, en pansant la monture, n'ait aussi la fantaisie
n'étriller le maître. Il hésite, vient, revient, fait un pas,
puis deux, approche enfin avec précaution, s'arme d'un
aiguillon, d'aussi loin que possible pousse la porte et
aperçoit... quoi... son cheval seul, oui seul, un peu efflan
qué, il est vrai.
Il entre, non sans grande crainte cependant, s'assure
si les cornes, la queue, tout l'attirail de l'esprit malin ne
sont pas récelcs dans quelque coin. Rien de suspect n'ap
paraît qu'une deuxième missive attachée au râtelier, tou
jours avec un ruban noir, missive dans laquelle il lit en
tremblant
C.,
Ton cheval l'est rendu parce tu as cru et as été
discret. Je te salue et t'accorde ma protection.
Le diable, avec paraphe.
Le choléra est Mostaganem. II y sévit avec assez de
violence. Nous nous étions abstenus, dit VAkhbur du 13
courant, de publier cette triste nouvelle qui nous était
parvenue; mais des renseignements officiels ne permettent
pas d'en douter.
Liège. r Le marché aux grains tenu hier en cette ville,
a amené une très-forte hausse dans le prix des grains.
Le froment a été côté fr. 19-50 l'hectolitre au lieu de
fr. 18-02, et le seigle fr. 14-56 l'hectolitre au lieu de fr.
13-22.
Lesdiversesqualitésde pain ont sul)i une augmentation
de 4 centimes.
On attribue cette hausse sensible aux approvisionne
ments considérables que l'Allemagne vient faire dans
notre pays.
État-civil dTpbf.s, du 30 Novembre au 6 Décem
bre inclus.
Naissances sexe masculin, 4 idem féminin, 2
total, 6.
Maiuages Artois, Louis-Joseph, âgé de 30 ans, jour
nalier, et Hof, Isabellc-Françoise-Cécile, âgée de 37 ans,
dentellière.
Décès Btiseync, Pierre-Jean, âgé de 20 ans, voltigeur
au 9" régiment d'infanterie, décédé Anvers, le 29 Sep
tembre 1851. BilliauMarie-Tlicrèse, âgée de 62 ans,
ex-domestique, célibataire, rue de Kauwekind.
Marché d'Ypres, du 6 Décembre 1851.
Les prix du froment ont monté d'environ fr. 1-60 au
marché de ce jour. 224 hectolitres se sont vendus de
fr. 20-40 21-40 en moyennne fr. 20-80 l'hectolitre.
Les prix du seigle ont monté de 80 centimes l'hecto
litre. 25 hectolitres se sontvcaidus defr. 12-80à fr. 14-20;
en moyenne fr. 13-50 l'hectolitre.
Une hausse de 31 centimes l'hectolitre s'est produite
sur les prix de l'avoine. 12 hectolitres se sont vendus de
8 fr. 8-62 en moyenne fr. 8-31 l'hectolitre.
Les prix des fèves sont montés de 80 centimes l'hce-
tolitre. 24 hectolitres se sont vendus en moyenne fr»
15-40 l'hectolitre.
Il y a eu 25 centimes de hausse sur les prix des pom
mes de terre. 2,300 kilogrammes ont été veudus raison
de 8 fr» les 100 kilogrammes.