JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT..
I¥° 1,107. 11e Année.
Jeudi, 11 Décembre 1851.
Vires acquint eundo.
INTÉRIEUR.
MADAME DE MIREMONT.
EXTÉRIEUR.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces,4 francs.
INSERTIONS: Annonces, !a ligne io centimes.»Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypbes, IO Décembre.
Un grand nombre de réfugiés français on!
quitté Londres, la nouvelle du coup d'étal
Bonapartiste, mais jusqu'ici on n'a pu suivre
leurs traces. Le Moniteur parisien annonce que
Louis Blanc a été arrêté au moment où il se
dirigeait, en quittant le bateau vapeur, vers
le chemin de fer.
Le prince Louis-Napoléon Bonaparte paraît
avoir réussi comprimer l'insurrection Paris
quelques troubles ont surgi dans les départe
ments mais on est d'accord qu'ils n'auront
aucune portée. {Voir plies loin.)
Les miliciens de 1851 sont rappelés sous les
drapeaux, partir du 25 de ce mois.
Le Messager exprime ici une pensée qui a
toujours été la nôtre
C'est la prépondérance imposante du libé
ralisme, du juste milieu entre les rêveurs en
arrière qui fait l'ancre du vaisseau social Plus
le libéralisme s'étendra par l'extinction des deux
autres partis, plus notre situation exceptionnel
lement productive, libre et tranquille au milieu
de toute l'Europe, se consolidera et augmentera
l'envie des attires peuples.
La ligne politique de tout esprit sensé, de
tout bon citoyen est donc tracée. Libéralisme
progressif et praticable égale dislance de
i'auachrouisme et de l'utopie.
Journal de Bruges.)
Le Roi, entièrement remis de l'indisposition
qui l'avait retenu pendant quinze jours dans ses
appartements, est arrivé hier midi de Laeken
au palais de Bruxelles.
c a>o-n-
C'est le mardi, 16 du courant, le 61e anni
versaire de la naissance du Boi. Cet anniversaire
sera célébré avec le cérémonial d'usage. A midi,
il y aura Te Deum Sainte-Gudule.
Les événements les plus graves n'apprennent
rien un parti, qui a toute la morgue et toute
l'ignorance de l'aristocratie, sans avoir lexcuse
du passé. Croit ait-on que les bouderies du sénat
continuent Croirait-on qu'à l'heure qu'il est,
le bureau du sénat n'a pas encore transmis la
chambre des représentants la loi sur 1 impôt des
successions
Ce n'est donc pas assez d'avoir placé la Bel
gique et son gouvernement dans la position la
plus fâcheuse d'avoir relardé les traités avec
les compagnies concessionnaires des travaux
publics projetés, d'avoir rendu impossible la
conclusion de l'emprunt, d'avoir exposé le gou
vernement se trouver sans argent pour les
besoins de l'état, sans travail pour les masses
inoccupées, au flagrant d'une crise aussi terrible
et peut-être plus prolongée que celle de 1B48.
Mon, tant de dangers accumulés sur le pays
par leur aveuglement, ne suffisent pasaux incor
rigibles du sénat. Ils ne savent pas même s'exé
cuter de bonne grâce. {Messager.)
Louis Bonaparte vient de publier une nou
velle proclamation au peuple Français; c'est le
plus grand ou plutôt le seul événement du jour.
Celle proclamation est d'une impudeur sans
exemple. L'homme dont l'ambition a provoqué
l'épouvantable lutte de ces derniers jours, se
pose en sauveur de fa société et s'écrie que la
première partie de sa lâche est accomplie, que
sera donc la seconde
Tant que la Nation n'aura pas parlé, dit-il
encore, je ne reculerai devant aucun sacrifice
pour déjouer les tentatives des factieux.
En vérité cela soulève le cœur quand l'on
songe ce que sont les sacrifices de Louis-
Napoléon et les factieux qu il combat.
Une légion de la garde nationale a été dis
soute, la cinquième, pour avoir livré ses armes
aux combattants.
Un grand nombre de personnages importants
continuent se présenter au Balais de l Elysée
pour y faire acte d'adhésion la révolution du
2 décembre. Nous apprenons que plusieurs
corps constitués ont suivi-cet exemple.
Cette nouvelle qui nous est donnée par la
correspondance, générale n'a rien qui doive
surprendre. {Gazette de Mons.)
(suite).
XXIV.
Il est facile de comprendre l'inquiétude dans laquelle
devait être plongé Malard, depuis qu'il avait pénétré les
véritables motifs qui faisaient agir Corneillan. Évidem
ment t-c dernier se souciait fort peu de mener bonne
fin le mariage de Raoul et de Clémence, et il était permis
de supposer qu'il se servirait du titre menaçant qu'il avait
entre les mains, ou pour le vendre encore, et cette fois
au marquis de Braulignyou pour humilier celui-ci en
l'obligeant reconnaître Sirvan comme chef de sa maison
après lui, en qualité d'héritier de son fils aîné. Dans un
cas comme dans l'autre, les intérêts de mademoiselle
Malard étaient sacrifiés. Cette situation examinée sous
ses différents nspccts, Malard resta convaincu qu'il n'avait
plus qu'un moyen de reprendre ses avantages, c'était de
frapper lui seul un grand coup, et voici ce qu'il imagina
durant l'insomnie que ses anxiétés lui causèrent.
Le lendemain, pendant que Corneillan irait trouver le
pauvre Sirvan dans sa chaumière, lui, Malard, quitterait
furtivement, de son côté, le cabaret de la mère Mi lord
pour se rendre auprès du marquis de Brantigny, qu'il
rencontrerait sans doute aux ruines, occupé mettre en
train ses travaux de restauration, ou qu'il irait rejoindre
Aigucbelle, chez la vicomtesse de Miremont. Une fois
L'on écrit de Berlin en date du 5, que le
cabinet prussien continue manifester un cal
me étudié en présence de la tournure que les
événements ont pris Paris, par suite du
mouvement des barricades.
La Gazette Officielle, après avoir annoncé
qu'un conseil des ministres a eu lieu, ajoute
expressément que ce conseil n'a pas été déter
miné par les nouvelles les plus récentes de
Paris. Cependant, on espère toujours que les
projets de Louis-Napoléon réussiront, et on
fait des vœux cet égard. La Gazette Officielle
de Prusse devait publier un article en faveur
du Président, qui n'a pas été inséré, unique
ment parce que la nouvelle du mouvement
des barricades est arrivée hier, et que l'on a
voulu en attendre l'issue.
La bourse, au contraire, a perdu la tête, et
le gouvernement ne tulle qu'avec peine contre
ce sentiment de découragement en publiant
immédiatement les dépèebes télégraphiques
qu'il reçoit. Elles sont communiquées au prési
dent de la chambre de commerce conseiller
Karl, qui les fait afficher la bourse, afin de
délruire l'effet des nouvelles exagérées.
f' i «BBSBgSBa—w-» -.y
VEconomist, en traitant de la fabrication du
sucre de betterave, fait le plus grand éloge des
procédés employés en Belgique. Il cite l'établis
sement de Messieurs Claes, Lembecq, comme
un modèle du genre, et ajoute que lord Howard
de Walden a appliqué, dans ses usines de la
Jamaïque, une partie des appareils employés
chez nous pour la fabrication du sucre.
On lit dans le Messager de Gand
La légation belge a fait d'inutiles efforts
pour obtenir l'introduction des journaux belges
en France, la prohibition sera maintenue
quelque temps encore.
FRANCE. Paris, 6 Décembre. On lit dans le
Constitutionnel
Est-il possible qu'il y ait un seul homme de bon sens,
pour lequel la situation présente ne soit pas claire, nette,
parfaitement intelligible Nous ne le croyons pas.
en présence du vieux gentilhomme, il lui signifierait net
tement son ultimatum, lequel consistait proclamer sur
les toits, le jour même, les droits de Sirvan, si le marquis
ne s'engageait la minute, et d'honneur, marier son
fils Raoul avec mademoiselle Clémence. Cette promesse
obtenue, Malard serait parfaitement tranquille, car il
savait M. de Brantigny incapable d'y manquer, quelque
chose qui arrivât pour lui faciliter les moyens de l'éluder.
Donc, aussitôt que Corneillan avait été parti, Malard
s'était levé quatre quatre, avait attelé lui-même son
cheval sa carriole, puis il avait pris grand train la route
qui menait aux ruines de Courcenay, en tournant la
montagne, en haut de laquelle elles étaient situées. Nous
avons dit qu'il espérait trouver le marquis la tète de
ses ouvriers, et il ne voulait pas laisser échapper celte
chance de le rencontrer plus tôt.
Ses allées et venues le conduisirent jusqu'à un sentier
de traverse qui conduisait des ruines au village; c'était le
même que madame de Miremont avait gravi le soir que
l'amour de Sirvan s'était lout-à-fuit révélé elle.
.Ordinairement, Malard admirait la belle nature, parce
qu'il y voyait tout d'abord des gerbes de blédes bottes
de foin, des cordes de bois, 'et des cours d'eau propres
faire fonctionner des machines; niais ce jour-là, il ne vit
rien, ou plutôt il ne vit qu'une chose, qu'un objet, c'ost-
à-dire, c'était le marquis de Brantigny yçvénant dç'-son
excursion dans le village, et gravissant lentement la pente
rapide du sentier, pour rentrer dans l'enceinte du vieux
château.
Comme j'ai bien calculé mon affaire se dit en lui-
même Malard en se frottant les mains avec une sorte de
volupté. Il ne pourra pas m'échappcr.
Et il fit quelques pas la rencontre du marquis, au
quel il tendit la main pour l'aider escalader deux ou trois
petites saillies de rocher qui terminaient le sentier de ce
côté.
Grand merci, monsieur Malard s'écria le vieux
gentilhomme, en s'arrêtant pour reprendre haleine. Mais
quel bon vent vous amène dans ce lieu sauvage ce n'est
rien de fâcheux, j'espère
Ce n'est pas une chose fâcheuse qui m'amène, mon
sieur le marquis; mais c'est une affaire grave. Pouvcz-
vous m'accortler un moment d'entretien?
A vos ordres vos ordres et avec d'autant plus
de plaisir que je suis enchanté de trouver un prétexte
pour m'asseoir.
Je suis décidément volé, pensa Malard en se hâ
tant néanmoins de se placer côté du marquis.
Eh bien voyons celte affaire grave, dit celui-ci.
Vous ne la devinez pas
Mais non.
Il s'agit de ce pauvre meurt de faim qui habite là
bas...
Et Mjilard désjgna de la main le village.