JOURNAL D'YPRES ET OE L'ARRONDISSEMENT.
jV 1,110. 11e Année.
Dimanche, 21 Décembre 1851,
Vires acouirit eundo.
INTÉRIEUR.
MADAME DE MIREMONT.
ABONNEMENTS: Y près (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce'qui concerne le journal doit
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies»
Ypres, 30 Décembre.
Fendant bien longtemps, le parti catholique
est resté majorité en Belgique, en prophétisant
que s'il était chassé du pouvoir, une nouvelle ré
volution éclaterait,que la persécution et la pros
cription seraient décrétées comme mesures de
salut public, que les églises seraient fermées et
que des malheurs sans fin viendraient fondre
sur le pays. De tontes ces sinistres prédictions,
en a-t-il une qui se soit réalisée Aucune
mais le tour était fait, ces calomniesces mé
chantes intentions qu'on prêtait des adver
saires, avaient maintenu le pouvoir clérical un
pou plus longtemps et cela suffisait.
Ce il est pas cependant que l'opinion cléri
cale n'ait poussé la roue pour tâcher d'agiter
la Belgique. Personne encore n'a oublié sa
croisade contre la loi sur l'enseignement moyen
qui. l'entendre, devait donner le monopole
au gouvernement On sait aujourd'hui com
bien ces assertions étaient exagérées. Les insti
tutions du clergé continuent exister et. si
l'on peut en croire ses journaux, elles sont
plus florissantes que jamais
Aujourd hui que la Belgique a vécu heu
reuse et tranquille, sous un gouvernement
issu du parti libéral et appliquant ses princi
pes, on aurait pu croire que toute celle fan
tasmagorie l'encontre des libéraux et de leurs
tendances, était usée et sans effet. Mais les
journaux catholiques plus que jamais prêtent,
au parti libéral, les idées les plus anarchiques,
les plus fausses pour le plaisir de les combat
tre. On dépeint le libéral sous les couleurs les
plus affreuses, pour obtenir la faéile victoire
de le pulvériser, quitte convenir, si cette
tactique jésuitique n'a pas tout le succès qu'on
en attend, qu'on s'est adressé des libéraux
tels qu on se les est forgés, sans trop s'inquié
ter de la réalité et de savoir si ceux qui dé
plaisent, ressemblent aux soi-disant ennemis du
trône et de l'autel.
Si des révolutions éclatent, si l'anarchie me
nace de mettre feu et sang une partie du
continent Européen, les feuilles du clergé attri
buent ces événements ce que l'instruction n'a
pas pour base la religion, ce qui veut dire que
tout enseignement donné par d'autres que le
prêtre, est essentiellement anarchique. Cepen
dant il est une réflexion qui devrait les empê
cher de faire trop de bruit de l'infaillibilité de
leur enseignement basé sur la religion, c'est que
la génération qui a fait la révolution française
de 1789, sortait des institutions des prêtres et
leur devait son éducation. Voltaire, cet homme
dont les écrivains religieux ne semblent pou
voir dire trop de mal était un élève des Jésuites.
Il n'est donc pas certain que l'instruction
piofane donnée par le piètre on sous sa sur
veillance, soit la panacée infaillible contre les
bouleversements sociaux, d'autant plus que le
clergé catholique surtout a mis assez souvent
la main la pâte, dans les pays qui en ont été
affligés. Il est un fait positif, c'est que là où le
prêtre sait se tenir dans les limites de ses attri
butions, il est honoré et respecté, mais bien
souvent il abuse de l'ascendant qu'il doit ses
fonctions, pour obtenir un pouvoir ou des
avantages qui sont en contradiction avec la
mission religieuse qu'il a remplir.
Aujourd'hui les événements d un pays voisin
et le malaise général de la société sont exploités
dans le but de faire «tousser les institutions
d'enseignement du clergé, c'est la seule mora
lité que le parti clérical veut en tirer, lui ado
râleur des faits accomplis et qui se vante de
pouvoir vivre sous tous les régimes, la condi-
tion sous-entendue qu'on lui abandonne la plus
j forte part de l'influence et qu'il soit prépondé
rant. Prenez notre ours, c'est-à-dire l'enseigne
ment clérical, disent les feuilles catholiques
cela sauvera la société, comme si depuis trois
siècles, le vieux parti absolutiste et clérical a
jamais sauvé quelque chose. Seulement il a
réussi, par son entêtement et son inintelligence,
rendre les cataclysmes plus iuévitables et
plus doulonreux.
Le Moniteur nous a annoncé hier la promo
tion de M. le lieutenanl-colonel Bamaeckers,
commandant le 12e de ligne. Par arrêté royal
du 18 Décembre 1851. il a été nommé colonel.
Cette nouvelle a fait beaucoup de plaisir, car
M. Ramaeckers est aimé, non-seulement de ses
subordonnés, mais encore des habitants de
notre ville qui ont pu apprécier l'aménité de
son caractère. Hier soir une sérénade lui a été
donnée par la musique du 12e, en l'honneur
de sa promotion qui a été accueillie avec une
joie non affectée, car on y voyait la juste ré
compense due un chef de corps, dont la car
rière militaire date de longtemps.
Par un arrêté royal de la mèmedate, M. le co
lonel Ablay (O.-A.-C Commandant les Cuides,
et frère aîné du colonel Ablay, commandant le
Cours déquitalion militaire de cette ville, est
nommé général-major dans la section d'activité.
Vendredi dernier. M, l'architecte Deman, de
Bruxelles est venu en ville, pour inspecter la
partie du bâtiment du Collège communal, qui
sera disposée pour y donner les cours de l École
moyenne.
PROGRAMME des morceaux de musique qui seront
exécutés par Lharmonie du i,a« régiment, Lundi
ai Décembre7 heures du soir, ta Société de
la Concorde.
i° partie.
t° Ouverture de la Fête des chasseurs, (Rilmeyer).
2„ Pot-pourri de la Fée aux Roses, arrangé par M.
Clément, (Halevy).
5» Fantaisie et thème variée pour cornet pistons,
nouvellement composés par M. Clément, (2e exécution).
2" partie.
1° Air de Robert-lc-Dinhle, (Meyerbcerj.
2° Grande fantaisie de Jérusalem arrangée par A.
Warg, (Verdy).
3° Galop par L. Sacré.
La chambre de commerce de Gand s'est
réunie pour entendre M. l'ingénieur Tarte dé
velopper son système de pont suspendu sur
I Escaut, destiné relier Anvers et la nouvelle
ville maritime qu'on se propose de construire
la Tête de Fland re.
îmjite).
XXVII.
Depuis la veille au soir,- Raoul n'avait cessé de penser
tout ce que sou père-lui avait dit, et sou esprit s'était
ingénié de toutes les façons soulever les voiles qui cou
vraient encore la circonstance extraordinaire qui lui ayait
été en partie révélée.
La présence de Sirvari, dont il avait été averti, comme
on sait, par le marquis, ne lui apprit donc rien de nou
veau; maiselle ne laissa pas que de lui causer une émotion
qu'il n'avait jamais sentie en approchant ce pauvre mal
heureux, objet de pitié et presque de dégoût pour tout le
monde.
Le jeune comte l'aborda involontairement avec un res
pect affectueux qu'il ne s'expliquait pas lui-même, inais
dont il subissait l'influence sans trdpd'élonneineiit.
Sirvan était assis sur le seuil de la chapelle, dont la
porte était ouverte de manière laisser pénétrer la vue
dans l'intérieur du monument.
Eh bien Sirvan, dit le jeune comte, c'est donc vous
qui êtes assez bon pour consentir me rendre le très-
grand service de in'cela ii cr tout l'ait sur les changements
Survenus dans ma position d 'avance je vous en remercie.
Parlcz-voussincèreinent, monsieur Raoul? demanda
Siryan un peu surpris.
Oui, quand je vous assure que je vous saurai gré de
111e dire la vérité quelle qu'elle soit.
J'aime celle franchise, monsieur le comte.
Vous m'appelez monsieur le comte, Sirvan inter
rompit ltaoul il paraît cependant que ce titre ne m'ap
partient plus.
C'est une erreur, puisque celui qui aurait le droit
de le prendre ne le réclame pas, et...
Vous allez me dire, j'espère, qui j'ai cette obliga
tion, interrompit de nouveau Raoul
Celui qui vous l'avez n'exige pas de reconnaissance:
il remplit un devoir, et voilà tout.
Pourquoi donc avez-vous désiré me voir demanda
le jeune comte avec une expression moins bienveillante.
Mon père m'avait cependant promis que vous me diriez
tout ce que je ne sais pas encore.
Je le ferai peut-être; mais je n'ai pris aucun ènga-
gement cet égard il est même convenu entre monsieur
votre père et moi que je resterai jamais juge de l'op
portunité de cette confidence.
Que faut-il faire pour l'obtenir
Je n'ai pas le droit de vous imposer des conditions,
et je ne trouverais pas que ce fût délicat.
Le roi, voulant témoigner M. LéopolJ
Wiener sa haute satisfaction pour la grande
médaille commémoralive de la mort de la reine,
et portant au revers les portraits de ses trois
augustes enfants, vient d envoyer cet artiste
distingué une superbe bogue en brillants, or
née du chiffre royal.
Les électeurs de la ville de Courtrui sont con
voqués pour mardi prochain, 23 décembre, aux
Ainsi, je ne saurai rien...
Je n'ai pas dit cela, monsieur Raoul. Écoutez-moi
bien, et vous comprendrez sans doute que ma réserve
111 est inspirée par votre intérêt... uniquement par votre
intérêt, répéta Sirvan en appuyant sur ces derniers mots.
Celui que vous regardez probablement comme un rival,
comme un ennemi peut-être, a ses faiblesses comme nous
les avons tous. Triste fruit d'une mésalliance, il a pris,
par respect pour votre illustre famille, la résoluliou de
laisser en souffrance ses droits, et de ne les.jamais l'aire
valoir s'il peut espérer que votre maison sera un jour
dignement représentée par vous.
Comment, je ne connaîtrai pas celui qui s'est arrogé
le droit de décider si je serai digne ou non de succéder
un jour mon père mais c'est horrible lâche s'écria
Raoul. Tous les inconnus qui m'approcheront seront pour
moi d'ignobles espions d'infâmes délateurs je ne serai
plus libre de mes actions, de mes pensées 1 une éternelle
menace planera sur 111a léte mon père, qui blâme tout
ee que je fais, tout ce que je dis, se servira de ce tyran
invisible pour me gouverner sa guise. Je n'accepterai
pas cette situation je ne crois pas cette prétendue
branche aînée qui se fait menaçante en restant obscure.
C'est une fable inventée dans l'unique but de tuer l'in
dépendance de mon esprit je suis l'enfant de mon siècle