Chronique politique.
nouvelles diverses.
Une correspondance bruxelloise adressée an
Journal d'Anvers contient, en posl-scriplum,
la confirmation de celle fâcheuse nouvelle.
Cette nouvelle accréditée par trois journaux
de l'opinion catholique, n'est heureusement
appuyée sur aucune autorité. Aussi ne com
prendrait-on pas l'empressement que ces ver
tueux orgaues de la théocratie mettent effrayer
le commerce si prompt s'émouvoir, si l'on ne
savait que ce parti, qui s'intitule national par
excellence, a depuis longtemps le plus vif désir
de susciter des embarras au pays.
Du 19 liai au 21 inclus.
Le Corps-Législatif de France n'a volé avant-hier
que des projets d'un ordre secondaire, et un projet
qui alloue une pension de 12,000 fr. aux héritiers de
Philippe de Girard, inventeur un peu incomplet de
la filature du lin la mécanique.
Les arrestations politiques ont continué Paris
tous ces jours passés.
La dépèche télégraphique annonçant l'ultimatum
du prince Menschikoff, doit avoir de la gravité. Le
gouvernement français en a fait l'objet d'une note
publiée par le Moniteur, et qui semble destinée
préparer les esprits aux nouvelles qu'apporteront
demain ou peut-être aujourd'hui Paris, les corres
pondances ordinaires.
Le gouvernement anglais s'est mis résolument
l'œuvre pour exécuter la conversion des consolidés
anglais. Les porteurs actuels recevront des obliga
tions de l'Echiquier portant intérêt 1 3/4 p. c. jus
qu'au 1" septembre 1864; et depuis celte époque
jusqu'au 1" septembre 1894 a 1/» p. c. En 1894,
elles pourront être remboursées au pair. Les jouis
sances de ces obligations seront fixées au 1" mars et
au septembre de celte année.
Le chancelier entreprend en outre, par le même
moyen, de consolider une partie de la dette flottante.
Les bills de l'Echiquier en circulation s'élèvent
un peu plus de 17 millions de livres sterling (425
millions de francs) dont la moitié peu près, por
tant la date de juin i852, porte intérêt les uns
1 1/2, les autres 1 1/4 0/0. L'autre moitié date de
mars i853, produisant un intérêt de 1 1/2 0/0. Les
hills de juin 2 1/2 arrivent échéance au mois de
juin prochain, et le gouvernement proposera pro
bablement de les renouveler au taux de 1 1/2 0/0, de
manière ce que le taux d'intérêt soit uniforme
pour toute la dette flottante. Mais afin d'en réduire
le chiffre, on propose aux porteurs de bills de
l'Echiquier de leur donner immédiatement en
échange, au pair, des obligations de l'Echiquier
portant un intérêt fixe de a 3/4 0/0 garanti pendant
onze ans, et de 31/2 0/0 pendant une seconde période
de 3o ans. Comme cette combinaison paraît très-
avantageuse, et qu'on craint que la plupart des por
teurs de bills ne l'adoptent immédiatement, ce qui
augmenterait notablement l'intérêt annuel de la
dette consolidée, le gouvernement n'a accordé que
jusqu'au 25 de ce mois pour souscrire cet arran
gement.
Une dépêche électrique de Baltimore annonce
enfin l'arrivée de Santa-Anna. Le général est entré
Vous pouvez, du regard, passer la frontière et retourner
en Portugal. Mais, tout ce pays, c'est l'Espagne. Aujour
d'hui, la ligne qui séparait les deux états n'existe plus; ils
forment un seul royaume, soumis au même sceptre.
Maintenant, vous êtes Espagnole, dona Luisa.
Elle garda un triste silence. Il y avait dans l'accent de
Philippe 11 une joie h3utainc et triomphante qui la
glaçait; cette protection, ces égards dont il l'entourait,
lui causaient un invisible effroi. Pourtant clic n'avait
point compris entièrement les sentiments du vieux mo
narque; elle n'avait point vu la passion ardente, impla
cable, qu'elle lui inspirait. Ce visage austère, ridé par les
soucis du pouvoir plus encore que par les années,
n'exprimait qu'une sévérité altière, cl l'amour qui bouil
lonnait au cœur ne se reflétait pas dans ces yeux fixes et
fauves, toujours arrêtes sur la jeune princesse.
Dona Luis* s'appuyait l'angle de la balustrade qui
regardait l'Alcazar, dont les tours inégales s'élevaient
l'autre extrémité de la ville. La campanillc était au même
niveau que le faîte crénelé du vieil édifice; on distinguait
le plan des fortifications intérieures, la cour, où manœu
vraient en ce moment quelques soldats, et un étroit
jardin couvert par d'immenses murailles. Tandis que
dona Luisa suivait d'un regard distrait ces évolutions
militaires, le roi lui dit
Le capitaine Rodrigucz a perdu une main dans sa
dernière expédition; il ne peut plus servir dans l'armée
pour récompense de ses loyaux services, je lui ai donné
le commandement de cette forteresse.
A ces mots, Isabelle et la princesse échangèrent un
dans la capitale du Mexique, le 17 avril. Sa marche
depuis Vera-Cruz a été triomphale. Les populations
s'étaient portées au-devant du dictateur avec un in
dicible enthousiasme. Toutes les villes qu'il a tra
versées étaient pavoisées des couleurs fédérales. Il
a été accueilli Mexico au bruit des cloches et du
canon. On ne sait encore quels ont été les premiers
actes de Santa-Anna. Le Siylio fait remarquer que
quinze Etats et trois territoires sont favorables la
fédération, tandis que sept autres Etats sont disposés
Il accepter quelque autre forme de gouvernement.
Avant-hier, le C.orps-Législatif de France a com
mencé la discussion du budget. Dès le début, deux
orateurs, MM. de Flavigny et le duc d'Uzès, ont lait
entendre des critiques sévères sur la situation finan
cière.
Le sentiment de réprobation qui avait accueilli
le projet de loi relatif la maréchale Ney, a paru si
décisif Louis-Napoléon, qu'il s'est décidé le faire
retirer.
La Patrie et le Constitutionnel disent que la ques
tion des Lieux-Saints est définitivement réglée,
la satisfaction de la France; mais ils ne dissimulent
pas la crainte des complications qui peuvent surgir
de l'ultimatum du prince Menschikoff. Nous ne
croyons cependant la Russie disposée pousser les
choses l'extrême.
Les élections ont commencé le 17 en Hollande,
et nous connaissons déjà quelques noms sortis du
scrutin. A La Haye, par.exemple, MM. Borée et
Van Zoylen, candidats libéraux, ont été élus en
même temps que M. Baud, candidat absolutiste. (Ce
dernier mot qualifie les candidats du parti ultra-
protestant opposés l'établissement de la hiérar
chie catholique.)
A Harlem, M. Van Voorst, candidat libéral a été
élu; MM. Ryk, Van Bosse, Hoynck Van Papen-
drecht, aussi candidats libéraux, ont été élus Rot
terdam, où M. Baud a obtenu une seconde uoiniua-
tion.
A DelftMM. Wintgens et Hoekwater; Leyde,
MM. Gevers Van Endegeest, et Taets Van Aineron-
geu,à Dordreeht, MM. Sander et Vanderpoel, ap
partenant tous au parti absolutiste, ont été élus.
MM. Wintgens, Gevers et Taets Van Amerongen
faisaient partie de la Chambre dissoute; les trois
autres sont des hommes nouveaux.
A AmsterdamMM. Godefroid et Van Franck,
portés par tous les partis, ont seuls été élus au pre
mier tour de scrutin. Il reste trois membres élire.
Quelques autres élections sont connues. Nous y
reviendrons. Ajoutons seulement ce qui précède,
que le chef de l'ancien cabinet, M. Thorebeke, été
réélu Maestrichl, par 808 voix sur 1,028 votants.
M. Van Wintershoven a été élu en même temps que
lui, par 748 voix.
Eu général, on annonce que le parti ultra-pro
testant et absolutiste l'emporte, et que les candidats
constitutionnels et protestants libéraux sont battus
partout. Les prédicants ont mis profit la fête de
la Pentecôte et excité dans leurs prêches les passions
religieuses des masses.
Nous avons annoncé ces jours passés la mort de
la mère du Sultan. Les journaux anglais fout d'a
près leurs correspondances, un grand éloge de la
défunte. La sultane Validé, dit le Standard, jouis,
sait d'une réputation de grande sagesse. Elle in ter-
regard toutes deux avaient compris qu'il serait possible
d'apprendre du roi lui-méine des choses que personne
ne pouvait leur dire. La duchesse d'Avero, que le respect
et la crainte avaient jusque-là rendue muette, dit, toute
tremblante
Sire, le nom du capitaine Rodrigucz me rappelle
quej'aiélé sa prisonnière avant que votre majesté daignât
me prendre sous sa garde et protection. J'avais craint
alors de partager le sort des autres captifs qu'il amenait
eu Espagne.
Le capitaine Rodrigucz avait reçu mes ordres, ré
pondit le roi avec une bienveillance qui ne lui était pas
ordinaire. Il se serait gardé de traiter une fille de votre
rang selon les lois de la guerre.
Et ces cavaliers qui sont arrivés ici comme moi, sous
la conduite du capitaine Rodrigucz, quel est leur sort?
reprit-elle, encouragée. Votre majesté a-t-elle daigné
permettre qu'on leur rendît la liberté moyennant uDe
rançon
Les prisonniers faits l'Atalaya ils étaient quel
ques-uns, tous gens d'assez petite condition, n'est-ce pas?
Sire, ils se sont battus en bons gentilshommes.
L'un s'appelait don Juan de Matha; les autres, je ne sais
pas leur nom. Le capitaine Rodriguez avait promis de
supplier votre majesté en leur faveur, afin d'être autorisé
les renvoyer en Portugal, après qu'ils lui auraient
compté quelques mille pistoles.
Ouije me souviens présent, dit le roi avec dis
traction don Sanclio d'Avila m'a touché un mot de ceci
en me présentant le capitaine Rodriguez. Ces gcns-là
venait dans les affaires d'Etat, et sdn fils, dans les
questions diflici/es, suivait iiivariableifiênl son avis.
Ses acteaxàle bienfaisance «ont, innombrables elle:
a bâti eT^oté des écoles,'difs hôpitaux, des khans
pour les voyageurs indjgetrt*. et les pativres la con
sidéraient comme leur' patronne. Elle devait avoir
environ 5î ans.1'» -;.V- <gg|f|j
D'après la correspondante du Journal des Débats,
le parti rétrograde; pçtcl "eu elle sori plus poissant
appui. Elle laisse à'.soff fils,line fortune colossale.
Le Corps- Législatif de {Tance a voté avunl-hie
le budget des dépensés jfoun les divers miuistèr es. Il
discutera aujourd'hui le budget des recettes. C'est
sur ce budget que doit parler M. de Montalembert.
Décidément la votive.du maréchal Ney n'aura pas
la récompense nationale 'que Louis-Nu poléon vou
lait lui octroyer. Elle-même demande que le projet
soit retiré. Pourquoi Parce qu'elle ne veut pas
livrer la mémoire de son mari aux discussions de
parti. Mais pourquoi craimhe ces discussions, si la
mémoire de Ney en devait sortir victorieuse?
Cette affaire aboutit un résultat vraiment re
marquable. C'est en quelque sorte, la confirmation
de l'arrêt rendu par la Cour dés pairs, que le bona
partisme et le libéralisme de ja. restauration qui
s'était greffé sur lui, ont incriminé tant de fois. Qui
l'eût dit,qu'eu i85.3, après 37 ans, cet arrêt recevrait
une telle confirmation, et que cela se ferait sous le
régime impérial
C'est bien le cas de répéter que la Providence a
ses voies secrètes, par où arrive pour tous et pour
chacun, le jour de la justice. Certes on peut regret
ter que la sentence de la Cour des pairs ait été exé
cutée. Mais cet arrêt ne fut pas rendu sans motif
Le Siècle, après avoir reproduit l'article du Moni
teur relatif aux maisons que le gouvernement va
faire construire pour les classes ouvrières, dit ceci
Nous ne dirons pas: Voilà du socialisme,
parce que c'est un mot qui sonne mal aujourd'hui,
mais on ne peut cependant dissimuler que cela y
ressemble un peu. L'Etat, dit M. Cabet dan» son
Icarie, fera bâtir des habitations communes, n
h'Assemblée nationale,qui ne semble pas accepter
le même article avec enthousiasme, le fait précéder
des réflexions qui suivent
Il ne nous est pas possible d'apprécier cette note
comme il le conviendrait; nous dirons seulement
qu'elle est fort grave; elle l'est d'abord par l'acte
qu'elle constate, elle l'est beaucoup plus encore par
les tendances qu'elle manifeste.
On écrit de Constantinople, le a8 avril, au Mor-
ning-Herald du i3 mai, cité par le Standard
Je suis en mesure de vous informer que la ques
tion des lieux saints est la veille de recevoir une
solution favorable toutes les parties. Trois con
ventions seront signées: l'une entre la France et la
Porte une deuxième entre la France et la Russie, et
la troisième entre la Russie et la Porte.
Par ce simple arrangement, tout antagonisme
possible au sujet de cette question délicate est ané
anti. La base de la convention est le slatuijuo actuel,
et une légère modification des concessions faites la
France.
étaient gardés dans la forteresse. Les uns sont morts de
leurs blessures; on ne m'a pas reparlé des autres.
Isabelle jeta une plainte étouffée; ni la présence du roi,
ni la crainte de découvrir le secret de son cœur, ne
purent contraindre son désespoir; elle cacha son visage
dans ses mains et fondit en larmes. Dona Luisa, pâle,
attérée, mais plus maîtresse d'elle-même, serra silen
cieusement dans ses bras la triste jeune fille, en disant
Pardon, sire, pardon Vos paroles l'ont cruellement
frappée-!...
Que signifie ceci dit-il froidement. Qu'importe
la duchesse d'Avero le sort de ces hommes? L'un d'eux
était-il son fiancé
Sire, je ne sais; elle ne m'a rien dit; mais je com
prends tout ses larmes.
Ah dit-il étonne; le capitaine Rodrigucz a donc
fait capture de quelque grand de Portugal
Non, sire. Isabelle vous a dit le nom de eclui... Il
s'appelle don Juan de Matha...
Une mésaillance interrompit-il sévèrement. La
duchesse d'Avero ne s'est donc pas souvenue que, pour
soq mariage, elle a maintenant besoin de mon agrément?
Sire, dit dona Luisa, suppliante; je réponds do son
obéissance aux ordres de votre majesté. Vous voyez sa
douleur; prenez pitié d'elle qu'elle sache du moins le
sort de celui que saus doute elle ne reverra jamais fSire,
s'il n'est pas mort, ordonnez qu'il soit libre ainsi que ses
compagnons d'infortuue c'est une grâce que je vous
demande genoux.
(£u suite d un prochain n'.)