JOURNAL D'YPIIES ET DE L'AUROiYDlSSEMEiYT.
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Jfeudl, 2 Juin 1853.
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Ypkks, t" Juin.
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Pendant que louteia Belgique s'apprête célé-
rer un événement heureux qui doit consolider
otrenationalité, le ptyrli clérical annonce, par
l'organe de MJulé*Malon, qu'il ne sera tranquille
et satisfait que lorsque toutes les mesures votées
depuis 1(143seront supprimées, modifiées,
faussées. La (mode noire, jalouse de voir notre
pays jouir du calmemalgré la grande somme
de libertés dont il est doté, veut faire de l'agi
tation et provoquer le mécontentement. Comme
tous les réactionnaires, en refusant d'admettre,
:e bonne foi, les améliorations exigées par
l'esprit du temps, ils fomentent les troubles po
litiques qui, en un moment donné, produisent
une révolution.
Il n'y a pas fort longtemps, que MM. les con
servateurs faisaient publier des homélies sur le
danger qu'offrait l'inslabiTitéodes institutions
politiques, et aujourd'hui ils veulent démolir
tout ce qui a été fait depuis 1114(1 et, chose
curieuse, avec leur concours sincère ce qu'ils
disaient. Les lois électorales que le parti catho
lique a votées avec empressement et qui lui
sont plus favorables qu'au libéralisme, doivent
cire réformées. Les dispositions légales sur les
fondations charitables doivent être changées de
façon ce que le clergé soit le dispensateur
unique et sans contrôle du patrimoine de l'in
digence. Enfin le monopole de l'instruction doit
lui être assuré, mais en ayant soin de l'affubler
du manteau de la liberté de l'enseignement.
Telles sont les exigences de la bande noire,
qui veut mettre notre pays en coupe réglée,
le ruiner et l'asservir. Mais qu'elle se mette
l'oeuvre et nous verrons si une opposition for
midable ne viendra pas poser un obstacle
invincible ces sinistres projets.
Le libéralisme attend avec calme, mais avec
résolution, les attaques du cléricalisme qui se
prépare au combat avec trop de fanfaronnade,
pour des gens qui n'aiment pas lutter au
grand jour. Notre opinion ne doit pas agir
maintenant, elle n'a qu'à surveiller les menées
ultramonlaines, les dévoiler, et se préparer
repousser, avec énergie, les atteintes qu'on
pourrait porter ouvertement ou clandestinement
L'INFANTE.
VI.
(suite.)
Isabelle s'avança, tremblante, et raconta brièvement
les faits qu'elle avait appris et ceux dont elle avait été
témoin dans l'Atalaya; sa douleur, l'clfroi de sa situation
donnaient ses paroles une éloquence vive et vraie. Le
roi l'éeouta avec le même visage impassible, tandis que
doua Luisa, dont ce récit ravivait la fois l'espérance et
les craintes mortelles, étouffait ses larmes et priait en
son cœur. Dieu seul a su quelle conviction entra en ce
moment dans l'esprit de Philippe II; peut-être s'arran-
gea-t-il avec sa conscience en restant dans ie doute.
Quoi qu'il en soit, sa volonté était arrêtée, inébranlable
rien ne devait la fléchir; car elle avait pour motif les
plus violentes passions de son coeur, l'ambition et la
jalousie. Lorsque Isabelle eut achevé son récit, il lui dit
sévèrement
Voilà, certes, un tissu de fourberies et de menson
ges fort habilement arrangé; nous ne vous en ferons point
complice, et nous voulons croire que vous avez été
trompée, madame la duchesse. Ce misérable subira son
châtiment, et nous ne pousserons pas plus loin les effets
de notre justice, de crainte d'avoir punir des personnes
qui nous sont chères...
ces libertés, qui nous ont aidé traverser
heureusement une époque révolutionnaire. Le
libéralisme a pu maiuleoir notre pays dans un
calme parfait, pendant que les Empires qui
nous entouraient, croulaient. Ce sera uo éternel
honneur pour lui, surtout en présence de la
tactique actuelle de la bande noire, qui ne rêve
que bouleversement et démolition.
INTÉRIEUR.
Samedi le Sénat a commencé la discussion du
projet de loi relatif l'expropriation forcée. Il
en a renvoyé la suite mardi.
Il reprendra lundi la discussion des projets
son ordre du jour.
Nous avons omis de dire que dans la séance
de vendredi, le Sénat avait adopté définitive
ment le projet de Code forestier, la majorité
de 31 voix contre 5.
f,
La Chambre des représentants a tenu une
courte séance dans laquelle elle a adopté le pro
jet qui proroge la loi sur les droits différentiels
et celui qui alloue un crédit de fr. 16,921-34
au déparlement de la guerre. A l'ouverture de
la séance elle s'était occupée d'un feuilleton de
pétitions.
La Chambre des représentants a prolongé ses
travaux au-delà des prévisions qu'il était permis
d'émettre il y a une dizaine de jours. Le mariage
du prince rpyal, au sujet duquel des commu
nications lui seront faites Lundi ou mardi, y est
pour quelque chose.
On annonce de plus maintenant, qu'avant la
clôture de la session, la Chambre sera mise
même de voter un projet de loi ayant pour but
l'établissement d'un service de navigation
vapeur entre Anvers et New-York.
Lundi la Chambre des représentants et le
Sénat ont reçu communication officielle du
mariage du duc de Brabanl.
Cette communication a été accueillie aux ap
plaudissements des deux Chambres, qui ont
décidé qu'elles iraient en corps présenter leurs
félicitations au Roi.
Après celte communication, le ministre des
affaires étrangères a présenté la Chambre des
Sire, interrompit dona Luisa, point de grâce pour
moi Mais suspendez ce terrible arrêt Si quelque jour
vous aviez uu remords... Ce sang serait versé... Dieu ne
pardonnerait pas Ilélas que peut maintenant votre
prisonnier? Laissez-lui la vie, la vie que nul regret ne
peut racheter... Voiis m'accorderiez celle du plus grand
criminel, si je vous la demandais genoux...
Ceci est un crime d'état, de lèse-majesté; nous ne
pouvons le pardonner, dit le roi, avec une inexorable
décision.
Sire, dit dona Luisa, en se relevant avec l'énergie
d'une douleur sans espoir, prenez garde, il faudra me
condamner aussi, car toute ma vie je rendrai témoignage
contre vous... je dénoncerai devant toute la chrétienté le
crime que vous aurez commis. Don Sébastien a été re
connu... On l'a vu... D'autres voix s'uniront la mienne
pour proclamer la vérité... En vain vous le traînerez un
infâme gibet, et vous y attacherez la sentence qui le
déclarera un traître et un imposteur; quand il sera mort,
les peuples diront que c'était le roi don Sébastien, et que
vous l'avez assassiné
Elle s'arrêta brisée, étouffée par les sanglots. Philippe
II se taisait. Ces paroles audacieuses le frappaient la
fois de colère et d'inquiétude. Il savait quel parti ses
ennemis pouvaient tirer d'une telle accusation; il crai
gnait les doutes de la multitude, et peut-être la vengeance
représentants, un projet de loi destiné ratifier
une convention conclue avec la maisou Notte-
boom d'Anvers, pour l'établissement d'unservice
de navigation vapeur entre Anvers et New-
York.
La Chambre a ensuite discuté un projet in
terprétatif de l'art. 112 de la loi sur la milice,
mais elle ne s'est plus trouvée en nombre au
moment du vote.
Le Sénat a discuté la loi des péages, le budget
de la dette publique et commencé la discussion
du projet de loi relatif la garde civique.
Lundi dernier, le Roi est revenu en ville 11
heures et demie.
A midi, S. M. a reçu en audience solennelle,
M. le comte de Chreptowitcb, envoyé extraor
dinaire et ministre plénipotentiaire de Russie
près notre cour.
M. le comte de Chreptowilch était arrivé la
veille et était descendu l'hôtel de Belle-Vue.
Des voitures de la cour, en grand gala, dans
l'une desquelles se trouvait M. le général
Cruquembourg, sont allées l'y prendre et l'ont
conduit l'audience de S. M., qui il a remis
ses lettres de créance.
M. H. de Brouckere, ministre des affaires
étrangères, et tous les officiers de la maison du
Roi, assistaient cette audience.
M. le comte de Chreptowitch a été reconduit
l'hôtel de Belle-Vue avec le même cérémonial.
Le Roi est retourné Laeken aussitôt après.
Avant l'audience solennelle, S. M. avait reçu
lord Howard de Walden, ministre d'Angleterre,
en audience particulière.
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Mariage du duc de Brabant.
COMMUNICATION OFFICIELLE.
Dans la séance d'hier M. le ministre des affai
res étrangères a fait au Sénat et la Chambre
des représentants, l'importante communication
que voici
Messieurs,
Le Roi nous a chargés de vous annoncer un fait
important pour l'avenir de notre patrie, le prochain
mariage de S. A. R. Mgr le duc de Rrabant avec S. A.
I. cl R. Madame l'archiduchesse Marie-Henriette-
Anne d'Autriche.
de quelque fanatique; il craignait surtout les derniers
momens de celui qu'il avait condamné. Il fallait que sa
(in fut publique, et peut-être quelqu'une de ses dernières
paroles retentirait-clle parmi la foule. Philippe II se
rappelait quels ennemis lui avait suscites la mort du
comte d'Egniont; un sentiment de prudence l'arrêta; il
calcula rapidement qu'un autre moyen pouvait le délivrer
de don Sébastien.
Dona Luisa comprit l'hésitation du roi, elle crut qu'un
mouvement de justice et de miséricorde s'élevait en lui
et elle tomba derechef ses genoux, n'ayant plus la force
de le supplier que par ses larmes. Il se pencha comme
pour la relever, et retint dans sa main pâle et décharnée
les deux mains qu'elle étendait vers lui.
Madame, dit-il, c'est votre obstination soutenir la
fourberie de cet homme qui l'envoie la mort. Si vous
ne persistiez pas dans une erreur si étrange, s'il confes
sait hautement son crime, s'il déclarait qu'il a pris faus
sement le titre et le nom de don Sébastien de Portugal,
nous pourrions lui faire grâce de la vie.
Quoi, sire, s'écria dona Luisa épouvantée, il devrait
se renier lui-même, et moi je soutiendrais par mon
témoignage cet affreux mensonge qui le rayerait sans
retour de son rang ici-bas?... Jamais, jamais! 11 ne
voudra pas sauver sa vie ce prix
Que Dieu sauve alors son Ame dit le roi avec une