JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Vires acquiriteundo. ]VIarJage «le l'Héritier présomptif de la Couronne. 1.283. - i^<S><CsKsK ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclimes, la ligne: 30 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Vpiies, 34 Août. Ail point de vue de l'indépendance de la Bel gique et de la stabilité de nos institutions, un acte d'une haute portée vient de s'accomplir. Le Prince royal, destiné régner un jour en Bel gique, vient de s'unir une maison antique, dont plusieurs souverains ont autrefois présidé aux destinées de notre patrie. Une Archidu chesse sera un jour notre Reine, et ce n'est pas un médiocre sujet de satisfaction pour la Bel gique, que de voir assise sur les degrés du trône, une princesse de la noble maison de Habsbourg. Cette union du Prince royal doit flatter la nation Belge qui, en peu de temps, a su con quérir parmi les hautes puissances, des sym pathies, conséquence directe de sa conduite sage et de son affection pour son Roi et ses institutions. Cet événement heureux, qui doit être un motif de contentement pour toutes les classes de la nation, a été cependant exploité dans un intérêt de parti par certains journaux et certaine opinion Mous n'a vous pas besoin de nous appuyer longuement sur le lôle que joue le parti clérical en Belgique, il est assez connu. Tout ce qui arrive d heureux, est un crève-cœur pour les adhérents du cléricalisme Tout ce qui peut survenir de malheureux ou de fatal la nation Belge, est accueilli par eux avec sympathie. C'est ainsi que l'union du Prince royal avec une princesse de la maison d'Autriche a été acclamé par certaines personnesnon pas comme une garantie de plus pour l'indépendance de notre pays et le maintien de nos institutions libérales, mais comme un point d'appui pour leurs ten tatives de revenir aux errements de l'ancien régime. Enfin, dans celle alliance, qui pour l'opinion libérale a élé un acte unanimement approuvé sans arrière-pensée, le parti clérical y a vu une force pour arriver l'exécution de ses projets rêves, et dans cette archiduchesse autrichienne, il a vu un gage de succès pour ses entreprises futures contre les institutions libérales du pays. LA FAMILLEJIOLL ANDAISE. (suite.) M. Van Amberg attendait en silence; les bras croisés sur sa poitrine, les yeux fixés sur sa femme, il restait comme une statue, n'aidant, ni d'un geste ni d'une parole, la pauvre créature qui tremblait devant lui. Aununciala leva sur lui ses yeux baignés de pleurs. Avant de parler, elle le regarda longtemps; il lui semblait que ses larmes appelleraient des larmes dans ce regard arrêté sur elle; il lui semblait qu'ainsi, seule avec lui, l'aspect de tant de souifranccs, M. Van Amberg se sou viendrait qu'il l'avait aimée. Elle regarda donc longtemps, mettant toute sa vie dans l'expression de ses yeux; mais pas un muscle du visage de M. Van Amberg ne bougea il attendait. J'ai besoin de votre indulgence, murmura Annun- ciata; il me faut faire un effort affreux pour vous parler... ordinairement je ne fais que répondre, je ne parle pas la première, j'ai peur. Je redoute votre colère, ayez quelque compassion pour une femme qui hésite, qui tremble, qui voudrait se taire, et qui doit parler. Christine l'avenir de Christine est entre vos mains. Cette malheureuse enfant m'a demandé d'essayer de fléchir votre rigueur... si j'avais refusé il n'y aurait pas eu sur la terre un être vivant qui pût demander grâce pour elle... Voilà pour quoi je viens vous parler d'elle, monsieur. Toutefois un acte d'une haute importance et quidoitpeusourireauxc<m«er»aJeizr«,aéléposé; la cérémonie du mariage civil s'est accomplie comme l'ordinaire, par le ministère du bourg mestre de Bruxelles, et suivant les prescriptions du Code civil. Ce n'est pis là uu symptôme de réaction mais cette cérémonie si simple du mariage civil, célébrée dans les circonstances actuelles a été bien autrement touchante et imposante que si d aulres fonctionnaires d'un ordre plus relevé, avaient élé appelés pour y figurer, soit par délégation, soit aux termes d'une loi spéciale, qu'on aurait pu remettre en vigueur. Mous estimons que les formalités auxquelles se sont soumises Leurs Altesses Royales, pour la con statation de leur union, au point de vue du droit civil seront, aux yeux de la nation, un motif de plus pour témoigner au Roi et sa Royale Famille, cette affection sincère et loyale que les Belges ont toujours vouée leurs souverains qui savaient sympathiser avec les mœurs, ac cepter les habitudes et s'identifier avec les idées de la nation. Le Propagateurdans son dernier n°, nous accuse de partialité, pareeque nous n'avons pas publié le compte-rendu de l'audience du tri bunal correctionnel de Courlrai, du 12 Août, et spécialement le plaidoyer de NI. l'avocat Holin, en faveur de l abbé Van Ackere et du sieur Hœffel, professeurs au collège de cette ville, condamnés par défaut pour avoir exercé des voies de fait sur un élève confié leurs soins paternels Moire intention était de ne plus parler de cette affaire, il doit être assez peu réjouissanten effet, pour le public honnête, de couuaitre que MM. les professeurs de Courlrai battent leurs élèves, combien leurs martinets ont de lanières, si les élèves sont fessés avant ou après leur dîner, si ou leur trousse le pantalon ou si ou met la culotte bassi les coups sont portés) sur les mollets, sur les jambes, au-dessus des' genoux ou enfin sur cette partie du corps que l'on désigne par la dix-septième lettre de l'al phabet, ce sont là des détails, dès actes qui blessent le sentiment public, autant que l'épi- derme des patients nous avions donc le désir d'épargner nos lecteurs le triste narré de ces sévices scandaleux, et nous pensions même que la presse cléricale nous saurait gré de notre silence, car elle doit tenir peu exposer, l'ad miration publique, les condamnés Van Ackere et Hœffel. Mais puisqu'il n'en est pas ainsi, puis que le parti clérical veut que publicité soit donnée l affaire-xartinet, nous lui en donne rons. Il y eut un instant de silence. Madame Van Amberg essuya, de ses mains tremblantes, les pleurs qui coulaient sur ses joues, et elle reprit avec courage Ceite enfant est bien plaindre, elle a hérité des défauts que vous blâmez en moi, de tous les mauvais côtés de ma nature, elle me ressemble fatalement. Ah croyez-moi, monsieur, j'ai hieu travaillé pour étouffer les germes de cette triste organisation; j'ai bien lutté, j'ai exhorté, puni, je n'ai épargné ni mes conseils ni mes prières tout a été inutile. Dieu voulait que je souffrisse cette douleur-là Ce que je n'ai pu faire dans un enfant de quelques années, je le puis encore moins vis-à-vis d'une jeune fille; sa nature ne saurait changer; elle est blâincr, mais aussi bien plaindre Monsieur, Christine aiinc de toutes ses forces, de toute son âine. On peut mourir d'un pareil amour, et... et... si l'on ne meurt pas, on souffre bien affreusement Monsieur, par pitié... laissez-lui épouser celui qu'elle aime Annunciata cacha sa figure dans ses deux mains; elle attendit avec angoisse que son mari parlât. M. Van Amberg répondit Votre fille n'est encore qu'un enfant; elle a hérité, comme vous le dites, d'une nature qui a besoin de frein. Je ne veux pas céder au premier caprice qui agite cette tête folle. Herbert n'a que vingt-deux ans, on ne sait rien de son caractère. Jl faut votre fille un protecteur, un guide éclairé; de plus, Herbert est sans nom, sans for- Cbacun sait que le tribunal correctionnel de Courlrai avait, dans son audience du 3 Août, condamné par défaut l'abbé Van Ackere et Joseph Hœffel, professeurs au Collège épiscopal de Courlrai; le premier 15, le second 8 jours de prison, et tous deux solidairement une amende et aux frais, pour avoir exercé des sévices et des violences sur un élève âgé de 12 ans. Les condamnés ont fait opposition ce juge ment et sont venusle 3 Aoûts'asseoir sur la sellette du tribunal correctionnel. 11 est résulté de la déposition des témoins, des déclarations du médecin et de l'aveu des cou pables, que l'élève Vanden bergbe a élé frappé par les prévenus avec un martinet neuf sur les jambes nues, au point qu'elles étaient bleues sur le devant et Jes côtés, depuis les genoux jusque près de la cheville, (déclaration du médecin). M™ Rolin, avocat du barreau de Gand, était chargépar les prévenus de présenter leur défeuse. Mous regrettons de n'avoir pas le dis cours sténographié de l'éloquent avocat, nous le reproduirions volontiers. Mre Rolinnous assure-l-on, a dit, au parti clérical et i'abbé Van Ackere surtout, de dures vérités Quand les sévices exercés par les prévenus ont été connus a dit l'avocat, une pénible émotion s'est emparée de tous; le cœur d'un père, d'une mère ne devaient-ils pas saigner en entendant raconter de pareils faits! Aussi me garderais-je bien, moi, père de famille, de prononcer une seule parole de juslifica- tionL'enseignement du clergé n'a pas mes prédilections, s'est écrié plus loin M" Rolin, tune, sans position... Jamais l'étudiant Herbert n'épou sera une femme qui s'appelle Mademoiselle Van Amberg. Monsieur monsieur reprit Annunciata les mains jointes et avec tant d'émotion qu'elle respirait peine, monsieur, ce qui guide le mieux une femme dans la vie, c'est d'être unie l'homme qu'elle aime C'est là sa meil leure sauvegarde, c'est là ce qui lui donne de la force contre tous les événements de l'avenir... Je vous en con jure, Karl s'écria Madame Van Amberg en tombant genoux, faites ma fille une vie facile Ne lui rendez pas le devoir pénible; ne lui demandez pas trop de courage Nous ne sommes que de faibles créatures... nous avons la fois besoin d'amour et de vertu Qu'elle ne soit pas dans l'horrible alternative de faire un choix Oh grâce, grâce pour elle Madame, s'écria M. Van Amberg, et cette fois un léger tremblement nerveux agitait toute sa personne, madame, votre témérité estgrande, de me tenir de pareils discours. Vous, vous oser parler ainsi Rentrez dans le silence, apprenez votre fille ne pas hésiter dans son choix entre le bien et le mal. Voilà ce qu'il vous faut faire, et non pleurer mes pieds avec d'inutiles paroles. Oui, c'est téméraire, monsieur, de vous parler ainsi. Où puis-je en prendre le courage, sinon dans ma dou leur Je souffre, je suis malade, ma vie n'est plus bonne qu'à être sacrifiée... que mon enfant la prenne, je par lerai pour elle. C'est une pauvre créature dont vous tenez

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Le Progrès (1841-1914) | 1853 | | pagina 1