JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARROiYDlSSEMEiYT. IV 1,399. 19e Année. Jeudi, 26 Janvier 1854 Vires acquint eundi. UNE HISTOIRE DE CE TEMPS-CI. ABONNEMENTS: Yphes (franco), par trimestre, 5 francs 30 c.—Provinces, 4 francs. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces, la ligne 3 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Marche au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Tpbes, 25 Janvier. La honteuse tentative de corruption prati quée sur le publiciste libéral M. A. Boeteman rédacteur du Burger-Welzyndevient de plus en plus patente, mesure que la lumière se fait et que les intermédiaires doivent confesser pu bliquement le rôle qu'ils ont joué ceci toute fois en arrangeant les faits leur point de vue. Après la déclaration de M. Boeteman nous avons eu les explications de M. Neut, l'ex-ré- dacleur de Y Organe des Flandres, propriétaire de la Patrie et du Standaerd. Ces explications confirment implicitement les révélations de M Boeteman. Ensuite nous trouvons dans les jour naux de Bruges, une lettre de M. Tanghe, secré taire-chanoine de l'évêché, qui confirme tous les faits allégués par le rédacteur du Bùrger- Welzyn, tout en donnant aux négociations entamées un caractère bénin el innocent, qu'on pourrait admettre si après avoir échoué on n'avait jugé utile d'éreint-er M. Boeteman, poul ie punir de n'avoir pas voulu se prêter aux ma nigances des tenlaleurs. Il est doue constant qu'avant l'élection du mois de décembre dernier, M. A. Boeteman a été mandé l'évêché par un domestique; qu'il a été proposé au rédacteur du Burger- Welzyn de soutenir la candidature de iM. Koels au lieu de celle de M. Coppieters. Le contraire n'est pas probable, quoiqu'on allègue que l'initiative soit venue de la part de M. Boeteman. II faut pour s'en convaincre, seulement remarquer, que l'é vêché avait un intérêt actuel, patent, la sup pression du journal libéral flamand, tandis que M. Boeteman n'avait nui intérêt se défaire de son journal immédiatement el qu'il avait des engagements avec le comité libéral qui n'ont pas dissimulés. A nos yeux, il n'existe nul doute que le traque nard arlistement arrangé pour attraper un écri vain libéral, ne se soit fermé sur les auteurs de celte odieuse intrigue. Il en sortira un enseigne ment qui doit désormais fermer la bouche ces défenseurs du clergé politique. Jusqu'ici on se bornait contester l'intervention du prêtre dans le domaine temporel; on la niait avec une mau vaise foi évidente, mais enfin la rouerie et les allures mystérieuses du clergé aidant, on par venait donner une couleur spécieuse ces (suite.) VII. Je trouvai, mon retour la Charité, cette digne sœur dans les bras de la femme inconnue. La bonne sœur ne me laissa point le temps de m'étonner oh vous êtes bon, dit-elle, vous avez deviné que vous rendiez une fille sa mère ma mère, ma bonne mère Puis elle se remit embrasser, embrasser encore la pauvre ma lade. Celle-ci ne répondait qu'en fondant en larmes. Cependant je compris que le hasard avait réuni, dans l'asile de la souffrance, deux cœurs qui s'étaient longtemps cherchés. Au moment où j'allais interroger la sœur Amélie, celle-ci, prévenant d'une manière visible mes questions, me dit vivement N'est-ce pas que vous me la rendrez, ma mère? n'est-ce pas que vous la sauverez Je n'avais pas cette confiance les privations, les désordres, je ne pouvais en douter, avaient flétri, arrêté sa source le principe de vie. L'émotion même qu'elle venait d'éprouver devait hâter une crise qui menaçait d'être funeste. Toutefois, je répondis la pauvre enfant, qu'en attendant l'arrêt du médecin en chef, qui ne devait venir que le lendemain, je pouvais donner quelque espé- dénégations. Mais les révélations faites par M. Boeteman, viennent de démontrer clairement, non-seulement l'immixtion ardente du prêtre dans nos luttes politiques, mais encore l'immo ralité des moyens employés. Des faits de ce genre étaient soupçonnés depuis longtemps par la conscience publique, mais il est assez difficile de saisir les intriguants la main dans le sactandis qu'aujourd'hui le piège tendu autrui, a servi dévoiler les hommes qui, sous prétexte de morale et de religion, ne reculent devant aucune odieuse machination. Dans la nuit du Dimanche au Lundi, est mort pour ainsi dire subitement, M. Gérard Vandermeersch, chevalier de l'Ordre de Léo- pold, ancien notaire, ancien conseiller com munal, l'âge de 83 ans. M. Vandermeersch avait été décoré, quand il a eu terminé son mandat de membre du conseil, en 1851. Pen dant un demi-siècle, H avait été, constamment el sans interruption, élu par ses concitoyens des fonctions communales, sous tous les régi mesdater de 1800. M. Vandermeersch, comme notairejouissait d'une grande consi dération et de l'estime de tous ses concitoyens. Retiré des affaires par suite de son grand âge, il s'est éteiat doucement, après avoir fourni une carrière bien remplie. Par arrêté royal en date du 20 Janvier 1854, sont nommés membres et suppléants des mem bres des conseils de milice, pour la levée de 1854, dans l'arrondissement d'Ypres Président, le sieur Vanderslichele de Maubus, (baron), membredu conseil provincial, Ypres Suppléant, le sieur Merghelynck, (Ernest), membre du conseil provincial, Ypres; Membre, le sieur Iweins-Fonleyne (Henri), membre de l'administration communale d'Ypres; Suppléant, le sieur Demade, (Jean-François), membre de l'administration communale de Co nfines. VILLE D'YPRES. Conseil commixal. Séance publique, tenue d'urgencele Lundi 23 Janvier 1854. Présents MM. le baron Vanderstichele de Maubus, bourgmestre, président; lweins-Fontey ne, échevin; rance, pourvu que le repos succédât aux agitations de la journée, et que des émotions nouvelles ne vinssent point porter plus de trouble dans une organisation visiblement affaiblie. Reposez-vous sur moi, dit l'angéliquc sœur, je veil lerai si bien ma bonne mère, que je ferai aussi des miracles. Pauvre enfant dit d'une voix presque éteinte cette mère malheureuse ou coupable, pauvre enfant Je me retirai pour parcourir les autres salles de mala des et donner quelques prescriptions. Soudain il se manifesta autour de moi une vive agita tion les hôpitaux ont aussi leur renommée, triste et malade celle-là, mais aussi prompte et souvent aussi terrible que celle du monde. On m'apprit qu'une scène de famille, émouvante et cruelle, se déroulait dans la salle n° 1 (celle où couchait la malade remise aux soins de la sœur Amélie, sa fille) j'y courus. VIII. Un homme était là devant ces deux femmesl'une éperdue et suppliante, c'était Amélie, l'autre anéantie de terreur et dans l'attitude de l'accusé devant son juge. Je m'approchais pour me faire expliquer cet inci dent que les gens de service auraient dû prévenir, lors que j'entendis cet homme s'écrier d'un ton rauque et .haineux Oui, c'est ici que je devais vous rencontrer, Théodore Vanden Bogaerde, Pierre Beke, Boedt- Lucieu, Martin Suiaelen, Edouard Cardinael, Auguste De Ghelcke, Eruest Merghelynck. Boedt, avocat, et Charles Becuwe, conseillers. Dans la dernière séance du conseil, un plan a été présenté pour une construction ériger, nouvelle place de la station, sur un des terrains vendus par la ville. Dans le cahier des charges, clauses et condi tions de Ja vente, des plans avaient été proposés pour modèles, et la hauteur de la façade était déterminée. L'assemblée est unanimement d'avis d'exiger l'exécution de tous les articles du cahier des chargeselden'approuver que les plansquise confor meraient strictement aux obligations que les adju dicataires out contractées, en faisant l'acquisition du terrain. Le conseil a été convoqué d'urgence pour s'occu per du placement des fournitures militaires et des moyens de tirer parti d'un capital qui non-seule- raeut resterait improductif, mais se consommerait par le non-usage. Une commission nommée par le conseil a'est mise eu rapport avec M.le directeur de la société anonyme des lits de fer, afin de prendre des renseignements sur le meilleur mode d'emploi des literies disponibles. M. Verrue croit qu'en de mandant M. le ministre de la guerre l'autorisation de taire le service du couchage militaire dans une ville de la Flandre occidentale, il pourrait être donné suite au projet d'utiliser nos fournitures; la surveillance et le blanchissage se feraient par les soins d'un agent de la compagnie, qui rendrait compte directement l'autorité communale. Huit neuf cents fournitures complètes pourraient être mises la disposition du gouvernement et être employées très-ulilemenl en ce moment. Ce serait au point de vue communal, amoindrir la perte qu'éprouve la ville, par suite de la démolition de 6es lorlifications et l'absenced'une garnison d'infanterie. Le conseil est d'avis d'écrire M. le ministre de la guerre pour le prier de permettre de desservir le service du couchage de la garnison d'une des places de la Flandre occidentale et ce aux condi tions faites la société anonyme. Le conseil, avant de se séparer, décide qu'il assis tera en corps aux obsèques de M. Gérard Van dermeersch, chevalier de l'Ordre de Léopold et ex-conseiller communal, lesquelles doivent avoir lieu le Mercredi, vingt-cinq Janvier. A dater du24 Janvier, midi, le roulage est rétabli sur toutes les roules pavées de l'État et de la province de la Flandre occidentale l'ex ception de la roule d'Ypres par Neuve-Église la froulière de France. Caroline. Vous aviez eu soin d'y envoyer avant vous, par votre incoiiduite, votre fille innocente; la Providence est juste, elle a voulu qu'après lui avoir donné le jour, une mère coupable retrouvât sa fille dans l'asile consacré la douleur et la mort. Madame, votre sort est rempli vous ne sauriez plus vivre, votre fille se souillerait votre contact. Mon père mon père Pardon pour elle, pitié pour moi, s'écriait la triste Amélie. Qui, pitié pour loi, dit ce terrible visiteur, pour toi, si douce, si chaste, si dévouée ton devoir. Mais malheur sur elle O mon bonheur perdu dit-il en frappant du pied la terre. O ma vieillesse troublée et déshonorée O mes chers enfants, mon Charles maintenant dans les cicux. Et toi, mon Amélie, qui l'y trouveras bientôt. Et le malheureux se mit fondre en larmes. Soudain il se redresse, jette un regard froid et terne sur le lit de la malade, qu'Amélie tenait embrassée, puis fait entendre dans cette salle épouvantée comme un cri de triomphe. Morte, dit-il, morte je suis vengé. Et se précipitant sur Amélie évanouie, qui embrassait un cadavre, il lui donne un baiser convulsif, et d'un bond court de cette scène d'épouvante pour aller retrouver le monde exté rieur où gct homme altéré de vengeanco avait sans doute rencontré quelque grande trahison.

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 1