BP 1.3»©. 1» Année. Dimanche, 5 Mars 1854.
J0UI11VAL D'YPRES ET DE I/AIUIOYDISSEMENT.
Vires aequmteundo.
l\\E SUIT EX BATEAU A VAPEUR.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4francs.
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Le PnocnÈs paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchie s
Tpres, 4 Mars.
VILLE D'YPRES. Conseil communal.
Séante publique du Jeudi2 Mars 1854.
Présents MM. le Baron Vanderstichele de
Maubusbourgmestre président Alphonse
Vanden Peereboom, Henri Iweins-Fonteyne
échevins Théodore Vanden Bogaerde Pierre
Beke, Charles Vande Brouke, Boedl, notaire,
Legraverand, Martin Smaelen Edouard Car-
dinael, Auguste De Ghelcke,Ernest Merghelynck,
Pierre-Léopold Boedl, Charles Becuwe con
seillers.
La séance est ouverte par la lecture du pro
cès-verbal de la réunion du Conseil, tenue le 30
Décembre 1853; la rédaction en est approuvée.
M. le président communique au conseil les
pièces suivantes une requête adressée au Roi
par un grand nombre d'habitants de la ville
d Ypres,'est renvoyée pour avis au Conseil. Elle
tend obtenir que le redressement projeté de
la route la sortie de la ville, par la porte de
Dixmude, soit modifiée et que le tracé rectifié
se dirige en droite ligne sur le bassia. Comme
le conseil s'est déjà occupé de cette question et
a pris la résolution d'essayer de faire droit aux
vœux des pétitionnaires, celte requête est prise
en considération et on y donnera telle suite que
de droit.
La chambre de commerce des arrondissements
d'Y près et de Dixmude envoie le compte de cette
institution pour l'exercice écoulé. Il présente en
recette la somme de fr. 1,858-39; en dépense,
celle de fr. 946-04, excédant fr. 912-35. Pris
pour notification.
Lecture est donnée d'une circulaire de l'In
stitut des beaux-arts de Bruxelles, invitant
l'administration communale souscrire pour
des exemplaires du portrait de S. A. B. le <juc
de tirabant. Comme déjà plusieurs portraits du
prince héréditaire ornent diverses salles de
l'hôtel-de-ville, il est jugé inutile d'acquiescer
cette invitation
M. le président fait connaître qu'une avance
a été faite en 1848, pour faciliter l'achat de
l'uniforme un certain nombre de gardes civi
ques. Sur une somme de deux mille francs, la
moitié a été reversée la caisse communale,
mais d'après une communication de M le major
ide la Garde civique, une quinzaine de gardes
refusent le remboursement des avances faites
et il paraît qu'il y aura de ce chef, une non-va-
leur. Toutefois comme il est possible que ces
avances aient été faites des personnes deve-
Inues insolvables, des explications seront de
mandées au chef de la garde.
Il est donné lecture du rapport sur la vérifi
cation de la caisse communale faite le 28 Fé
vrier dernier 11 résulte de ce rapport qu'à la
date précitée, l'encaisse en numéraire et en
billets, s'élevait fr. 18.474-18, aon-compris
la somme de 10 12,000 francsrecevoir
pour cession de froment,
Le rapport constate que les recettes prévues
au budget de 1853 seront atteintes dans leur
ensembie et qu'il sera possible de faire des éco-
1 nomies sur divers articles de dépenses, de sorte
que l exercice écoulé se clôturera très-favora-
i blement. Ce résultat est d'autant plus salisfai-
sant, que le retraitdela garnison ne permettait
pas de l'espérer et qu'il a été payé déjà par
Ianticipation, pour travaux la station et achat
de maisons, une somme de 20,457 fr., tandis
jque les recettes extraordinaires provenant de
la vente de bâtiments, de terrains et de la ca
serne de l'An-Dix, ne se sont élevées qu'à
fr. 9,373.
En résumé ta situation financière de la ville
s'améliore d'une manière sensible et il est per
mis d'espérer, dit le rapport, que l'on pourra
traverser, sans secousse, la crise née du déman
tèlement de la forteresse et du reirait de la gar
nison et faire face aux dépenses extraordinaires
nécessitées par la construction des diverses rou
tes et les importants travaux exécutés aux abords
de la statiou.
Uue contestation s'est élevée entre les com
munes de Furnes, Dixmude, Alveringhem. Loo
et Nieucappelle, l'occasion de la fixation du
jour de la foire au bétail dans ces diverses loca
lités et elle a été portée devant le conseil provin
cial, qui a décrété une parinslruclion. Une
réunion de délégués des communes intéressées
aura lieu sous la présidence de M. le commis
saire d'arrondissement de Furnes et sur la
demande faite par l'autorité provinciale un dé-
(soite).
II.
Le colonel Duferrier faisait partie de cette collection
d'officiers supérieurs et généraux dont la nullité vaniteuse
autant Qu'évidente, même pour les esprits les mieux pré
venus, donnerait douter du génie de celui qui les porta
cette haute fortune militaire, si l'on n'entrevoyait pas
que c'était un des secrets du grand homme de guerre de
ne vouloir la plupart du temps que des exécuteurs cou
rageux mais passifs de ses puissantes volontés, afin que
tous, au moindre de ses signes et sans s'interroger, mar
chassent comme un seul homme la victoire ou la
mort. Le colonel, durant celte période de quinze ans qui
*int l'écart tant de vieux débris sans ressource de
Fermée impériale, n'avait pas été contraint par l'infor-
'une, 'comme beaucoup de ses anciens camarades, de
mener presque une existence de chevalier d industrie.
Sans songer plus que les autres que ce magnifique éclair
de gloire, qu'on nomme l'empire, pouvait être éphémère
CoMme il le devint en effet, il avait eu le bonheur d'épou
ser uue femme riche; il en avait, il est vrai, militairement
mangé In dot dans'ses jours de jeunesse; mais depuis,
la réflexion, l'avarice même, succédant, comme c'est
l'ordinaire, la prodiguliléil avait conservé, aug
menté les nombreux héritages qui lui étaient survenus
par elle. Sa femme venait de mourir. De son mariage,
il ne lui restait qu'une charmante enfant de seize dix-
sept ans, que, par un mélange bizarre, inintelligent, et
partant très-commun chez les vieux soldats, d'amour
paternel et de commandement brutal, il désespérait de
ses exigences souvent ridicules, fausses en principes et
toujours prétextées par un intérêt de cœur. Une telle
façon d'aimer serait remplacée par la haine qu'à peine on
remarquerait une légère différence dans la forme et
quelquefois dans les effets. Une héritière jolie et riche
aurait suffi pour faire aspirer l'honneur d elre reçu chez
le colonel Duferrier un grand nombre de jeunes gens, si
d'ailleurs il n'avait eu, comme il le disait lui-même, un
1 grand penchant vers leur société. Il lui semblait que leur
présence l'empêchait de vieillir, et le côté faible pour le
séduire consistait, après l'histoire de ses campagnes et
états «le service, dans les flatteries qu'on lui adressait sur
ses manières et ses goûts de jeune homme. Effectivement,
tous les jeunes gens lui plaisaient, sinon pour sa fille, au
moins pour lui-même. Celui-ci, dont l'intellect était
hermétiquement bouché, mais dont la richesse était
égale la stupide fatuité, lui plaisait, parce que, disait-il,
on le jugeait trop sur les apparences, et qu au fond il valait
son pesant d'or; ce second, qui menait une existence
déréglée et souvent cynique, parce que, assurait-il, dans
légué de la ville d'Ypres sera désigné, pour y
défendre, le cas échéant, les intérêts de notre
cité. Le collège propose M. Merghelynck, con
seiller provincial et communal, qui croit que
cette mission pourrait très-bien être confiée
M. Beke, aussi membre du conseil provincial
mais en outre faisant fonctions d'échevin. La
délégation sera faite ultérieurement par le col
lège des bourgmestre et échevins.
Enfin, M le président communique l'assem
blée lavis de la commission nommée pour exa
miner, si la porte de Dixmude mérite, par sa
construction monumentale, d èlre conservée et
si elle peut l'être, sans offrir un aspect singulier,
par suite du nouvel alignement donné aux fos
sés de la ville. L opinion qui a prévalu, est celle
que la démolition serait préférable et alors le
département de la guerre serait disposéà placer
une grille avec aubétes, pour servir de clôture
la ville.
Le Conseil passe au second objet l'ordre du
jour, et par l'organe de M. Beke, rapporteur
de la commission des finances, entend la lecture
du rapport sur le compte de l'exercice 1852 de
la Salle syphilitique- Les conclusions favorables
sont admises par le Conseil, ainsi que celles for
mulée» par le même rapporteur, sur le budget
1834du même établissement.
Le rôle de la taxe provinciale et communale
sur les chiens est soumis l'approbation du
Conseil. 30 chiens de chasse et 384 chiens d'au
tres espèces sont portés sur ce rôle. La même
approbation est donnée au rôle de la taxe pro
vinciale sur les chevaux et bêles cornes. Ils
soul classés comme suit 225 chevaux de plus
de trois ans, 21 en-dessous de cet âge; 609
bêtes cornes de plus de deux ans 193 de
moins de deux ans, et 80 moutons.
Par suite d'une ouverture faite par M. le mi
nistre de la guerre la Chambre, la ville a tenté
d'utiliser ses fournitures militaires qui se dété
rioraient en magasin et a demandé de pouvoir
garnir les casernes d'Ostende, où il manque des
literies. L'autorisation a été accordée et 800
fournitures complètes ont été mises la dispo
sition de l'agent de la compagnie des lits de fer
Bruges, M. Jules Verrue. Uue convention a
été conclue avec lui, pour la surveillance et
son temps, lui, il en avait fait bien d'autres; ce troi
sième, dont l'esprit et les talents étaient toute la fortune,
parce qu'il lui semblait être un agréable fou dont il dai
gnait parfois s'amuser. Mais celui qui souriait entre tous
ce brave colonel, comme avenir et bonheur pour sa
fille, et quelque peu égoïsteincnt son insu, pour lui-
même, c'était, quoiqu'il ne se l'avouât pas encore haute
ment, un jeune homme d'un caractère aride, mais déjà
tourmenté de pensées de spéculation, et tout farci de
discours, qui sentait le clerc de notaire deux lieues de
distance. 11 concluait, de l'ensemble de cet individu, qu'il
était doté d'un sublime jugement, d'un immense mérite,
et qu'il ne pouvait manquer de faire une bonne maison.
Non content de le recevoir chez lui une fois au moins par
semaine, il allait rendre de fréquentes visites au clerc de
notaire, car c'en était un, et, sous prétexte de lui
causer de ses propres affaires, il le questionnait avec un
délicieux commérage de vieil officier retiré du service, et
ne sachant quoi occuper ses longues heures d'ennui,
sur les affaires de tout le monde. Le clerc, qui envisageait
de loin la dot de la jeune personne, n'avait garde de ne
pas tomber dans tous les faibles du colonel. Il lut aurait
volontiers fait un cabinet de lecture, une bibliothèque
la hauteur de son intelligence, des cartons minutes de
l'étude. M. Duferrier avait pris un merveilleux penchant
pour ce patois inintelligible, embrouillé, plus grossier et