JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. IT 1,347. 13' Année. Jeudi, 30 Mari 1834. Vires acquint eundo. LA GUERRE. UNE NUIT EN BATEAU A VAPEUR. r-I ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchiesw Ypres, 29 Mars. Le sort en est jeté,la guerre est déclarée par la Grande-Bretagne el la France la Russie. Après avoir joui d'une époque de paix et de tranquillité1 qui a duré, malgré diverses péripéties, pendant 39 "années consécutivesl'Europe se trouve de nouveau précipitée dans une situation violente el qui, hélas! tout le fait croire, ne se modi fiera pas de sitôt. Nous ne voulons pas nous étendre longue ment sur les événements et les négociations qui ont abouti cet étal de guerre entre la Russie et les puissances occidentales seulement nous devons convenir que ces dernières, sous peine de déchoir, ont été forcées de s'opposer aux entreprises violentes de l'autocrate de Russie. L'empereur Nicolas croit le moment venu de se faire l'exécuteur testamentaire de Pierre le troubles révo'utionnaires, les idée» socialistes et républicaines, les excès et les violences de certains énergumènes ont amoindri la sympathie acquise aux gouvernements constitutionnels et par cela mêmel'absolutisme et le despotisme ont regagné du terrain et rendu l'état de guerre de nouveau possible. Aussi longtemps que l'o pinion publique, mystérieux et insaisissable pou voir, a voué, en Europe un culte fervent aux institutions constitutionnelles, le despotisme s'est bien gardé de faire des appels la force. Mais le cataclysme de 1848 a fait reculer la civilisation el pour en revenir au point où l'esprit public était parvenu avant les néfastes journées de Février, il faudra que l'Europe soutienne une lutte sanglante, en tous cas fort coûteuse et qui pourra durer des années. La série des soirées musicales organisée,par ra.re .exécuteur resiamenunre ue r.er.e ,e- amaleurs,dans le but de contribuer au VTA* (îalh_e,r.,n!'-,fi !nn:!Xer soulagement de la classe nécessiteuse,vient d'être closeMercredi dernierpar une soirée qui a répondu l'attente générale du nombreux pu blic qui se pressait dans la salle du Café du Saumon, malgré le désappointement causé par l'absence des messieurs de la Société de l'Ours qu'on attendait, mais qu'une circonstance lout- a-fail imprévue empêché de se rendre au milieu de leurs confrères. C'est que personne n'a oublié l'agrément que ces messieurs ont procuré différentes reprises,en faisant les frais de toute une soirée des plus charmantes el des morceaux des plus choisisMais revenons nos moutons Certes, on ne peut assez louer la commission organisatrice de l'heureuse idée, qu'un élan généreux et spontané a inspirée, du zèle qu elle son empire immense, les plus belles provinces de la Turquie d Europe. Touchant d'un côté l'Océan glacial arctique et du midi voulant faire delà Mer Noire, de la mer de Marmara et de l'Ar chipel, des mers russes, la Russie intercepterait ainsi par terre toute communication entre l'Asie el l'Europe, et par sa position au centre des deux continents, les dominerait fatalement, sans qu'aucune force puisse y mettre obstacle. Par la possession de Constanlinople, l'empire russe deviendrait tellement prépondérant et pèserait si durement sur le vieux continent, que toutes les grandes puissances de l'Europe tomberaient immédiatement au second rang et que tout équilibre serait rompu. Partisan convaincu des institutions constitu tionnelles nous désirons en outre faire remar- j a mis mener bonne fin un projet dont le but quer que c'est au moment où la force a momen- était bien noble, bien beau, mais qu'on ne tanément,en plusieurs pays, prévalu sur le droit, pouvait réaliser sans difficulté: aussi en doit-on que la guerre vient éclater en Europe. Aussi |a réussite complète aux efforts constants de longtemps que les idées constitutionnelles ont son président, M. Valcke, qui a stimulé le zèle été pratiquées en plusieurs pays, l'Europe s'est par le bon exemple el qui mieux que bien bien trouvée lancée dans des complications qui d'autres, est même d'apprécier, par ses rela- plusieurs fois ont menacé d'aboutir la guerre, tions. la véritable position de cette classe ou- mais les nations exerçant celte époque une'vrière qui a subi de si rudes épreuves cet plus forte pression sur les décisions des monar-hiver. Aussi, lui votons-nous, nos sincères re- ques même absolus, toujours la dernière raison merciments on a vu combien son heureuse des rois, la guerre a pu être conjurée. Les initiative a trouvé de l'écho parmi tous ceux qui (suite). Pardon, messieurs, d'avoir tourné un peu court, dit le commandant Maroubat après avoir terminé; mais, depuis un instant, le capitaine me faisait signe que j'allais déborder l'heure convenue d'avance. J'avoue, sans me flatter, que bien des romanciers auraient fait, avec ma courte histoire, de nombreux volumes de roman; mais entre eux et moi il y a cette différence que je me tiens In vérité toute simple, et qu'ils ont pour l'embellir les trente-six mille écrins de pierreries de leur imagi nation. Commandant Maroubatsavez-vous que votre diable d'histoire vraie a fini par tourner aussi au tragique, quoique vous eussiez fait espérer que vous resteriez daus le comique, dit le commissaire de marine. C'est pourtant vrai, répondit le commandant. Puis, indiquant l'homme la physionomie fatale qui, toujours écoutant, se tenait silencieux dans son coin, il ajouta bas l'oreille du commissaire C'est peut- être ce diable d'homme qui en est cause; ce doit être quelque Méphislophélès endiablé. Le docteur et le commandant m'avaient mis en veine, et, quand ils me provoquèrent rendre histoire pour histoire, je ne me fis pas plus prier qu'eux. J'eus soin toutefois de les avertir qu'il y avait des chances pour que je ne fusse pas plus gai qu'eux. Après quoi je me jetai ex-abrujtto dans mon récit, la manière que venait de in'enseigncr le commandant Maroubat. une 1mpbudence de jeune femme. Oh pour le coup, c'est lui qui a sonné, dit, avec l'accent d'une malicieuse gaîlé, une jeune et folâtre enfant de dix-huit ans au plus. Et, en prononçant ces mots, qu'elle adressait une de ses amies, dont l'âge ne paraissait pas de beaucoup supérieur au sien, elle se précipitait vers un cabinet, qui bientôt ne laissa plus voir par sa porte entrebâillée qu'une partie de sa joyeuse figure. Puis elle ajouta, toujours en se tenant prête fermer cette porte au moindre bruit de pas En vérité, ce sera charmant, ma chère Emcline, charmant surtout pour toi car moi, j'en vais être réduite entendre sans parler, sans voir, sans être vue, tandis que toi mon Dieu, quand serai-je donc aussi mariée, pour jouir de ce privilège de traiter tous les genres de conversation sans qu'on en médise?... Allons, continua-t-elle, on vient de lui ouvrir, il va monter soutiens bien ton rôle, Émeline, et nous rirons oh I pouvaient, les uns par leur talent les autres par leur bonne volonté, venir l'aide afin de voir le but dignement rempli. Il y a jusqu'au modeste poète, qui a bien voulu y mêler les accents de sa Ivre, en expri mant,dans des vers bien sentis, le bien-être que tout homme doit éprouver en s'associant une belle œuvre la Charité aussi nous empressons- nous citer plus loin les vers très-heureux qu'il a composés dernièrement l'occasion de la clôture des soirées musicales on y trouvera celle netteté, cette pureté qu'on sent mieux qu'on ne pourrait les décrire un jeune artiste a puissamment contribué au succès de celte pièce, en la dotantde quelques notes harmo nieuses, remplies de goût et de charme, il a prouvé qu'il possède le sentiment de la musique, disons-le encore, il a relevé le caractère el la beauté des vers. Voici celle pièce Cessons les chants de la veillée Déjà l'abeille est sur les fleurs; Déjà l'oiseau, sous la feuillée, Chante ses timides ardeurs. Respirons les brises nouvelles Qui pour nous, descendent des e'eux Elles ramènent, sur leurs ailes, Des jours sereins, des jours heureux. Vous fuyez, saison triste et rude, Devant les zéphirs embaumés; Bientôt la froide solitude Aura des feuillages aimés. Et pourtant regrettons les charmes De cet hiver si rigoureux Nos chants ont séché bien des larmes, Les cœurs étaient bien généreux. L'amitié, de sa main divine, Ici forma des nœuds bien doux Sans les nommer, chacun devine Les amis que nous aimons tous. Quand du nord les sombres nuages Attristaient nos cœurs en ces lieux, Ils accouraient sur nos rivages, La charité priait pour eux. Le temps, de son aile légère, Emporte avec lui nos plaisirs; Ici-bas, tout est éphémère, Tout, excepté nos souvenirs. Ainsi, quand revient l'hirondelle, Quand le doux soleil brille aux cieux, Avec bonheur, on se rappelle L'aumône offerte aux malheureux. nous rirons beaucoup Oui, ma chère Caroline, répondit celle-ci; mais ne laisse pas les choses se pousser trop loin. Ce n'est pas des charmes de cette espèce de magot que j'ai peur, au moins; c'est sa colère que je redoute. Sa colère Mais pas du tout, il faudra bien qu'il ait l'air de rire aussi du fait, reprit In première interlocu trice. 11 aurait même grand tort de ne nous en pas re mercier; car c'est un sujet que nous lui donnons pour sou prochain roman. D'ailleurs, je te promets de faire mon entrée aussitôt qu'il fera sa déclaration. Je veux le surprendre un genou en terre, et disant Je vous aime, je vous adore Oh cela va être délicieux une déclaration je vais entendre une déclaration. Elle achevait peine ces dernières paroles, qu'au bruit des pas qui se firent entendre sur les marches de l'escalier, elle s'enferma précipitamment dans le cabinet, laissant sa compagne seule dans sa chambre, et toute préoccupée de mener joyeuse fin leur projet commun. Emelinc, passant négligemment sa main potelée dans les frisures crépées de ses cheveux châtain clair, se jeta comme avec abandon sur une causeuse el, avec lin demi-sourire de piquante curiosité que ses lèvres ne pouvaient comprimer, elle posa comme une personne qui aRpelle 8 8011 a'd« du naturel «t du sérieux la foii.

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 1