JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
U° 1,M§. «4* inét. Dimanche, 7 Mal 1854.
ti\Ë MJ1T E.X BATEAU A VAPEUR.
iii.
ABONNEMENTS Yfkm (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces,4 francs, f Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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Vphes, 6 Mai.
Ainsi qu'il était facile de le prévoir, après les
saturnales de Février, pendant lesquelles l'anar
chie avait semé des ruines, une ère de despo
tisme et de compression a succédé aux folles et
sanguinaires théories révolutionnaires et socia
listes. La liberté saine et pratique est fille du
temps et ne s'implante pasdu jotirau lendemain.
Quand la suite d'une révolution, des institu
tions plus populaires sont adoptées, il arrive
rarement qu on ne dépasse pas la mesure exacte
de la somme des libertés qu'une nation peut
supporter. De là un mouvement de réaction
qui se fait sentir et vient puissamment en aide
«ux projets absolutistes, que les ministres d'un
Dieu, dont le royaume nest pas de ce monde
essaient de faire triompher La hiérarchie ca
tholique, Prolée aux milles formes dans cha
que pays,.est l'âme de tous les partis réaction
naires. Sans vouloir nous occuper de sa tactique,
en Espagne, en Portugal, en Bade, en Suisse, en
Piémont, ni en Angleterre, nous essayerons de
metlre en lumière ses envahissements continus
en Belgique, où elle jouit d'une liberté inouïe,
ce qui la rend d'autant plus remuante et plus
agitatrice.
Campé au milieu de la nation comme une
milice étrangère, aux ordres d'un souverain
étranger, le clergé catholique n'a conservé
d'autres liens dans le pays qu'il occupe, que
ceux qui peuvent servir étendre son influence.
La famille n'existe plus pour le prêtre romain,
•i non, quand il s agit d'user de leur parenté
pour l'édification de la grande œuvre, la domi
nation du spirituel sur le temporelou eu
d'autres termes, l'exploitation de la société
laïque par une caste privilégiée. Toutes les
tentatives de l'épiscopat sont incessamment di
rigées vers le but de créer des centres d influence,
en érigeant des couvents, des abbayes, des re
fuges, et dans ces gouffres vont s'engloutir les
ressources des familles dépouillées de leur pa
trimoine au profil des gens de main-morte.
En 1842, un évéque, celui du diocèse de
Liège, lança une brochure pour revendiquer le
monopole de renseignement public au nom du
clergé. Il fut assez magnanime pour abandonner
(suite).
Les sept jennes filles étuient sorties dès qu'elles
avaient vu leur onele, subitement revenu la sauté, se
distraire en la compagnie de ses afiidés. L'une d'elles, qui
n'était pas la plus jolie, mais que distinguaient des ma
nières, un sourire, un regard pleiu de charmes, avec la
physionomie la plus gracieusement enjouée, rentra tenant
dans sa main petite et potelée une nouvelle missive qu'on
venait de lui donner pour son éminence.
Dès que l'oncle empressé eut rompu le cachet et qu'il
sut le contenu de la dépêche, sa physionomie retourna
du joyeux au mélancolique aussi rapidement qu'elle
avait passé tout l'heure du mélancolique au joyeux.
Ah de Lionne de Lionne dit-il en retombant
tout d'un morceau sur son fauteuil, tu n'étais pas bien
instruit. Le coadjuteur maudit a suivi la cour jusqu'au
camp d'Amblemont, deux lieues de Sedan. C'est Fabcrt
qui me l'écrit et qui ajoute qu'il tient de bonne source
que, malgré la reine Anne, mon ennemi gagne de plus en
plus dans l'esprit du jeune roi qu'il abuse. Nous étions en
beau chemin pourtaut pour revenir triompher la barbe
du'pai'lelneht f
Puis Mazariacar vous avez vu que c'était lui,
En deux mains ballantes, h partir du poignet, sur tes
l'état le rôle de caissier et doter le clergé de
la suprématie en matière d instruction laïque.
Ces prétentions exorbitantes soulevèrent l'opi
nion contre elles. Aussi depuis celte époque
l'épiscopat a pris des biais pour arriver subrepti
cement sou but. par lal oi sur l'instruction pri
maire. Le lôle de l'état dans la pratique est
secondaire; l'âme de l'enseignement laïc est le
clergé, sinon de droit.au moins de fait. Par la
convention dite d'Anvers, l'influence du cléri
calisme sera prédominante au bout d'un certain
temps de pratique, en matière d instruction
moyenne, par suite d intrigues et la mise en œu
vre d'un système de caplalion, dont peu de per
sonnes savent se garantir. Par l'université ca
tholique et les avantages qu'elle a dû conquérir
pendant plus de quinze ansl'aide des choix
du jury d'examen l'enseignement supérieur
subit en partie une pression catholique, et
l'aide de cet ensemble de mesures combinées,
le cléricalisme aspire dominer le domaine
intellectuel.
En 1854, un évéque, celui du diocèse de
Bruges, édite une brochure par laquelle, sous
prétexte de la liberté de la charité, il veut re
constituer la main-morte dans toute sa splen
deur, la main-morte d antrvf-Ms. qui a été une
cause d'appauvrissement pour les nations et de
ruiue pour les familles II ne s'agit plus de voiler
léxigence de la genl cléricale, on proclame
hautement et avec superbe, qu'on veut la main
morte, comme jadis avec (immobilisation du
sol et la multiplication des moines de toutes
couleurs et de tout genre. La société laïque
doit se laisser exploiter sous forme de charité
par la geut monacale, sans poifvoir même se
plaindre d'être indignement pressurée. Par
la main-morte, si elle était autorisée le cléri
calisme dominerait le domaine matériel.
Ah! les théories socialistes et la révolution
de Février ont fait bien du mal aux nations,
quijouissant des institutions constitutionnel les,
procédaient lentement mais sûrement au déve
loppement des libertés publiques. Pour en
avoir trop voulu, le despotisme a fait un retour
offensif et la réaction prend ses ébats. Qu on y
songe, la Belgique, qui n'a [tas suivi les folies
révolutionnaires, se trouve cependant travaillée
bras de son siège, resta un moment la tête inclinée et
comme absorbé par une pensée décisive pour son avenir.
Insensiblement il se dérida il sourit du coin de la lèvre
et de l'œil, et regardant complaisainment celle de ses
niècesqui lui avait donné la lettre, il la pria de demeurer,
et dit de Lionne et d'Artaiguan de sortir, que tout
n'était pas perdu, qu'ils en verraient plus lard les glorieux
effets. Quand il fut seul avec sa nicce, il prit la petite
main de celle-ci dans ses deux mains, et souriant avec
une effusion croissante
Maria, ina nièce prédilectionnée entre les cinq
Mancini, que j'ai toujourset malgré moi préférées, comme
lu le sais trop, aux deux Martinozzi, Maria, la nièce de
mon cœur, dit-il, j'en reviens ce projet si beau que je
n'ai jamais abandonné qu'à regret Maria, si je te faisais
la reine de France, dis, tu n'oublierais pas que c'est
tononclechérique lu devrais ton rang, ton royal pouvoir?
Mais, mon oncle adoré, répondit Maria, vous
savez bien que ce mariage est impossible, que les princes
s'y opposeront toujours, cl que la reine Anne eile-inéine,
malgré l'amitié qu'elle vous garde, ne fera jamais plier
sa fierté jusqu'à y souscrire.
Maria, nous avons dans Sedan, grâce ce bon gou
verneur, M. de Fabert, qui nous les protège, des trésors
qui abaisseraient bien des orgueils, qui paieraient bien
des couronnes; et si je n'ai pas pris davantage cœur de
l'obtenir une part de celle d'Angleterre, c'est que les
par l'absolutisme clérical, essayant de faire re
vivre tous les abus de làncien régime. Dans peu
de semaines auront lieu les électionsc'est aux
électeurs voir s'ils veulent redevenir le» serf»
de l'ancien régime et les vassaux de l'épiscopat.
S'ils préfèrent maintenir leurs privilèges d'hom
mes libresqu'ils prélent la main au libéra
lisme. C est le drapeau de la société laïque de
1789; ceux qui le renient sont de» dupes ou des
traîtres.
Après les attaques dirigées contre M. Frère,
le parti clérical devait naturellement s'en pren
dre M. Rogier; c'est toujours le même Al. De
Man qui se charge de celle besogne, mais cette
fois I honorable député de Louvain avait moins
d'assurance et il a fallu que M. Osy lui vint eu
aide. M. Osy, en se renfermant dans des banalités
l'appui dcsque les il n'a su citer aucun lait,
s est borné acouser le ministre de l intérieur
d'avoir dilapidé l'argent des contribuables. MM.
De Man et Osy font la paire, ce sont les roquets
du parti clérical, ils aboient tort et travers,
mais ils ne mordent pas. Aussi M. Rogier n'a
pas eu de peine leur répondre, Ihoiturable
ex-ministre de l'intérieur n'a point lancé de ces
grosses phrases creuses qui n'expriment que
Iappréciation exagérée d'un homme; il a cité
des chiffres qui sont la réponse la plus éloquente
que l'on puisse opposer aux insinuations et la
malveillance. Vous me reprochez, a dit M.
Rogier les chiffres de mes dépenses ordinaires
et extraordinaires, mais procédons par compa
raison et non par récriminationmon budget
s'est élevé pour 1849, 6.074,000 fr pour
1850, 5,977.000 fr. tandisque celui de M.
De Theux s'élevait, pour 1847, 6,478,000 fr.,
soit UN demi million en sus, et ensuite j'ai eu
organiser les ateliers et les comices agricoles,
dépense que n'avait point Al. De Theux. De
quoi vous plaignez-vous
Mes crédits supplémentaires se sont élevés
pendant 60 moi»7,040,000 fr., mais j'ai dû
venir en aide aux Flandres, armer la Garde
civique des villes, j'ai créé un fonds pour con
struction de bâtiments d école pour propager
le drainage, pour encourager les travaux d as-
sainissement, et les défrichements toutes dé-
chanccs sont encore trop pour cet heureux fou de Crotn-
well. Ma chère petite nièce, laisse-toi seulement guider
par ton oncle que lu aimes, et nous réussirons. Le jeuuo
roi Louis est plus épris que jamais de les charmes, et co
n'est pas sans raison, ma tome belle nièce; il a fait de
mander de les nouvelles M. de Fabcrt qui m'en donne
avis, l'excellent homme Allons, Maria, tu ne saurais
faire autrement que de remercier le roi écris-lui une do
ces lettres comme les femmes eii trouvent toujours dans
leur cœur pour leur souverain bien-aiiné; n'oublie pas le
bonheur que lu aurais revoir, ne fût-ce qu'un instant
ses traits nobles cl chéris; et pense, en terminant, ton
bon oncle, Maria Dis que, ne pouvant faire mieux
présent, il prie nuit et jour le ciel pour qu'il fasse triom
pher Sa Majesté des ennemis du dehors et de ceux mille
fois plus dangereux qui l'entourent au dedans et trompent
son grand cœur. N'y manque pas, Maria, et louche-moi
le front de tes charmantes lèvres.
La docile Mauciui, après avoir déposé sur le front do
son oncle le baiser demandé, se mit sur le champ en
devoir d'écrire, et quand la lettre fut terminée, elle la
présenta tout ouverte encore Mazariu, en s'appuyant
d'une main au dossier de son siège et en suivant du regard
avec un sourire de satisfaction ses yeux rayonnants.
Mais, sais-tu, ma divine, dit l'oncle éincrvoiUà,
quand il eut fini de lire, sais-tu que tu rendrais fous tous
les souverains du monde