JOllltIVAL D'YPRES ET DE L'ARRO,\DlSSEMEi\T.
M* 1,364. 14' Année. Blinanebe, 36 Mal 1654.
Vires acquint eundo.
LA MAIN-MORTE ET LA CHARITE,
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Traça, 97 Mal.
Tel maître, tel valet, dit le proverbe et le
proverbe dit vrai nous rencontronsen effet
entre le jeune clergé et son aîné, toute la diffé
rence que nous avous souvent eu l'occasion de
Jcorde et le trouble qu'ils oût semés pleines
mains.
Telle est la situation exacte du jeune clergé
dans le eanlon de Wervicq; dans notre dernier
n®. nous avons démontré en effet, combien la
conduite de MM. V. D. B.... et Hde
constater entre Monseigneur levêque Malou et Wérvicq a été, dans ce» derniers temps, pré-
son respectable devancier Monseigneur Boussen; somptueuse et compromettante pour la dignité
tout le monde se rappelle la douceur et lamé- l'influence du clergé nous pouvons en dire
nité de caractère qui distinguaient ce dernier autant de celle de M. Vvicaire Gheluwe.
prélat; il avait des mœurs simples et austères et m. V....... a aussi ta modeste prétention
son cœur «lait accessible tous les sentiments cortiiuiré cette commune en maître suprême;il
8.é,11?.recUX dun abord faci|e, il aimait secou- est vrai que M. Va réussi, pendant plu-
v 1 sieurs années, meuer tout le corps électoral
de Gbeluwe au scrutin, mais l'élection de Wer-
rir l'infortune; en un mot, il ne se bornait pas
prêcher la vertu et écrire sur la charité, il
pratiquait l'une et l'autre.
Nous ne pouvons en dire autant de Mon
seigneur Malou. D'un accès inabordable, ce
prélat se distingue par la fierté et par la raideur
de son caractère allier; impérieux vis-à-vis de
ses inférieurs, il ne l ève que richesses et domi
nation, jaloux et militaul envers l'autorité civile,
il ne recule pas de lancer son clergé dans l'arène
politique.
A juger de la conduite que tient le jeune oiergé,
l'on serait vraiment tenté de croire que Mou-
seigneur a organisé au séminaire des cours spé
ciaux pour les dresser son image. Les sémi
naristes de nos jours professent, en effet, les
principes de l'ullramonlanisme le plus pùr; ils
n'ont d'autre patriequeRome, d'autre provinct,
d'autre commune, d'autre famille que leur
évéché; aucun lien ne les rattache aux commu
nes qu'ils desservent comme pasteurs, ils ne sont
préoccupés que d'y assurer leur influence en
vue d'y exercer leur domination. Que leur im
porte le bien-être el la prospérité d'une popu
lation. La misère ne leur fournit-elle pas l'oc
casion d'étaler leur charité avec l'argent bien
entendu des âmes charitables, el puis quand ils
ont épuisé toutes leurs intrigues, quand ils ont
poussé la déconsidération de l'autorité civile,
quand enfin leur influence succombe sous l'in
dignation et sous le mépris public, oh! alors
ils sont déplacés, sous forme de disgrâce, mais
avec avancement, et il ne leur survit que la dis-
par jean van dammi.
(suite.)
III.
Lorsqu'àvertis, il y a plusieurs années, dit YOb
servateurpar les tentatives d'empiétement et de
domination du clergé catholique, les libéraux si
gnalèrent au pays le but vers lequel on marchait, les
abus que l'on voulait ressusciter, lorsqu'ils mon
trèrent la main-mortecette plaie hideuse de la
vieille société prête gangrener le monde nouveau
sorti de la régénération de 1789, il y eut dans le
camp clérical une incroyable explosion de colère.
La main-morte! qui donc, s'écriait-on, songe la
rétablir On taxait de folie les hommes qui pronon
çaient ce mot effrayant comme un avertissement
suprême, la main-morte ce mot soulevait l'indi
gnation et provoquait les sarcasmes dévots de M. de
Gerlache, il y a dix-huit mois peine.
La voilà cependant cette main-morte, le voiD ce
prétendu fantôme, qui apparaît nos regards, en
chair et en os I La plume de Jean Van Damme
déchire le voile qui la dérobait aux yeux des pro
fanes. La main-morte est là vous la voyez, vous la
louches; elle tient, comme autrefois, la propriété
vicq nous a convaincu que son crédit a singu
lièrement baissé et que les électeurs de Gheluwe
commenceiità comprendre,qu'ils sont beaucoup
plus pptes apprécier leurs propres intérêts
que M. le vicaire Vdont toute la science
économique et administrative se trouve ren
fermée entre les limites étroites et nébuleuses
du catéchisme et de la théologie.
Un décès inopiné, politiquement parlant, a
jeté lundi dernier, toute Ja ville el le canton
de Wervicq dans la consternation. L'Almanavh
pittoresque de 11554 un petit livre assez spiri
tuel, doit avoir prévu cette déplorable mort, car
il avait déjà l'épilaphe de ce grand homme en
portefeuille; c'est frappant de vérité, jugez
plutôt
Ci-gît un roturier d'une illustre naissance,
Un vrai César quoique poltron,
Un habile savant tout rempli d'iguorance,
Un inconnu de grand renom,
Un bourru d'une humeur charmante,
Un homme qui sut tout cl pourtant ne sut rien;
Or, voici le nœud gordien
C'est que notre homiue avait cent mille écus de rente
Uu individu étranger, se nommant d'après
les papiers trouvés sur lui, Étienne-Joseph
Melleville, domestique, âgé de 35 ans, ne
Zantvoorde, s'est pendu le 26 de ce mois, hors
la porte de Bailleul, de cette ville, un saule,
près de la grande roule.
La nommée Vandelanoote, Colette, épouse de
Jean Ryekebusl, cultivateur Walou, étant
descendue sa cave, dans la soirée du 24 de ce
mois, y est tombée accidentellement dans un
puits d'où elle a été retirée privée de vie.
TILLE D'YPRES. Conseil commcml.
Séance publique fixée au mardi30 mai 1154, Muf
heures et demie du matin.
ordre du jour
i* Communication de pièces.
a* Délibérer s'il n'y aurait pas lieu vendre
pour les démolir, trois maisonnettes acquises par la
ville, au coin de la plaine le Zaelhof.
3* Discuter les nouvelles dispositions régle
mentaires pour l'ouverture et la fermeture des
portes de ta ville.
4* Approuver, s'il y a lieu A. Le compte i853
et le budget i854 de l'atelier-modèle d'apprentissage.
B. Le compte i853 et le budget i855 du Monl-de-
piëté.
5° Émettre un avis sur une nouvelle demande
de délai pour la suppression des commissionnaires
près du Mont-de-piété.
6* Approuver, s'il y a lieu, le compte i85a et
le budget 18S4 de l'administration des Hospices.
7* Statuer sur uue nouvelle demande de la
tabrique de l'église S1 Pierre, relative la construc
tion de la sacristie.
8* Emettre un avis A. Sur une transaction
proposée entre le Bureau de bienfaisance de cette
ville, el les héritiers du sieur Vanden Bussche, dé
cédé commissaire de police de cette ville, b. Sur le
procès-verbal de location publique de plusieurs
propriétés rurales appartenant aux Hospices.
9* Approuver, s'il y a lieu, le compte i85a de
la gestion du trésorier de la commission des pompes
funèbres.
10° Arrêter l'état des côtes irrécouvrables de
l'indemnité payer par les familles aisées en »853.
110 Emettre un avis sur la demande du sieur
Becuwe, tendante établir, rue au Beurre, en cette
ville, un magasin de guano.
1 a* Aviser sur la demande du sieur Ives Cassel,
meûnier, tendante établir une machine vapeur
sur sa propriété (S1 Jacques, extra-muros).
i3* Statuer sur une demande du locataire du
moulin eau, propriété de la ville, b Brielen-lez-
Ypi es.
immobile; commeaulrefoiselledérobe aux familles,
sous prétexte de religion ou de bienfaisance, le plus
pur de leur héritage. Dans les deux extraits que
nous avons publiés l'inflexible scrutateur des mys
tères du couvent nous a montré les associations
religieuses, s'efforçant d'éluder, par d'astucieuses
conventions sociales, les lois du pays qui leur refu
sent formellement la personnification civile, for
mant des sociétés d'une durée indéfinie, acquérant
d'immenses propriétés, et riant au nez du fisc qui
venait réclamer le droit de mutation la mort d'un
associé, moine ou religieuse, riant au nez des héri
tiers qui venaient réclamer légitimement leur suc
cession de l'apport de leur parent dans la commu
nauté.
Après avoir posé les faits, Jean Van Damme dis
cute, avec cette logique vigoureuse qui le distingue,
la valeur légale des contrats de ces associations; il
prouve, par le Code civil el par l'ensemble de notre
législation, que les association* religieuses, qui se
forment en vertu de ces contrats, ne peuvent être,
sous aucun rapport, assimilées aux sociétés civiles,
ni jouir de leurs droits en ce qui concerne l'acqui
sition de propriétés. Mais ce n'est là qu'un côté de
l'élude de la main-morte.
La main-morte est ingénieuse; elle se produit
sous des formes multiples, dans sa pieuse ardeur elle
imagine des fraudes nombreuses. Dans l'extrait sui
vant, on la verra se transformer avec une rare
adresse, et grandir sous les auspices de l'épiscopat
aidé par les ministères catholiques. Les pages que
nous allons reproduire sont du plus haut intérêt;
elles prouvent avec évidence qu'en appelant les libé
raux inventeurs de la main-morte, le parti catho
lique a fait preuve d'une extrême modestie; c'est au
parti catholique que revient le brevet d'invention.
Que l'on en juge
Les nombreux offices de la hiérarchie catholique doi
vent, par essence, subsister indéfiniment. A ceux qui les
occupent d'autres succèdent. Ce n'est pas i dire, tant s'en
faut, qu'ils soient investis d'une capacité civile tout au
contraire, clic leur est déniée par la loi. Mais il y a là un
caractère de perpétuité dont on peut, avec certaine habi
leté, tirer un bon parti. On envisagera l'archevêque, les
évéques,lcscurés,etc., ou bien l'archevêché, lesévéchés,
comme tout autant de fidéi-commissaires-nés, aptes
recevoir toute espèce, d'institutions, capables de posséder
et d'administrer des bienstitre de personnes succes
sives et perpétuelles, sortes d'agents généraux, sans con
trôle et sans responsabilité, ayant pourtant une consécra
tion de la part de l'autorité qui interviendra pour lc«
autoriser accepter les libéralités, et admises faire tout
ce que bon leur semble, et surtout des couvents, avee
l'approbation du gouvernement.