JOEMAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. H* 1,966. 14' Année. Dlmanehe, 13 AoAt 1334. FEUILLETON DU PROGRÈS. Kermesse d'Ypres- ABONNEMENTS: Yprïs (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs, f Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces, la ligne 45 centimes. Réclames, la ligne 30 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Tpres, 19 Août, lia Convention d'Anvers et m. Piercot. D'après les journaux libéraux, il paraît que le ministre de l'intérieur obsède certains con seils communaux pour leur faire voter la con vention d'Anvers. Cette concession qui est une nouvelle duperie et, chose plus grave, une atteinte la Constitution, ne semble pas être accueillie partout avec ce laisser-aller qui l'a fait accepter par la Chambre, dans un moment d'erreur ou d'inattention. A mesure que cette affaire se trouve examinée, elle acquiert plus d'importance et il semble hors de contestation que la liberté des cultes, octroyée par la Con stitution, reçoit une légère entorse par le pacte accepté,au nomdu pouvoir civil, par M. Piercot. Il est singulier que l'honorable ministre de l'intérieur ait jamais pu sanctionner les bases de cet arrangement avec lepiscopat, car M. Piercot a fait partie du Congrès libéral de 11146, et cette époque, le discours qu'il prononcé dans cette assemblée, ne pouvait faire prévoir la conduite qu'il vient de teuir comme ministre. Nous nous permettrons de reproduire ici quelques paragraphes de l'allocution de M. Piercot M. Piercot, bourgmestre de Liège. Messieurs, ce qui se passe dans celle assemblée, l'esprit qui y règne, les principes exposés par M. le Président, les sentiments qu'il a fait pénétrer dans nos cœurs et qu'il a exprimés avec tant de conviction et de fran chise, nous dispensent peut-être d'examiner lon guement la double question qui est maintenant l'ordre du jour, celle de savoir s'il faut un pro gramme la confédération libérale et quel doit être ce programme. En effet, Messieurs, tous les membres de cette assemblée ont prouvé, par la chaleureuse adhésion qu'ils ont donnée aux paroles de l'honorable Pré sident, par l'adhésion unanime qu'ils ont donnée au plan de confédération du libéralisme belge, qu'ils comprenaient la nécessité d'une déclaration de prin cipes, et ils ont suffisamment fait pressentir quelle serait cette déclaration. Nous sommes tous ici avec une même pensée: nous voulons que l'opinion libérale monte enfin au gouvernement de l'État; nous voulons qu'elle y monte avec cette franchise, avec celle netteté d'idées et de principes qui a assuré ses premiers succès et qui lui prépare, avant peu, TUIUTDAC*. (suite.) Le Bourgeois d'Y près, ambitieux, comme nous l'avons dit, fut sé duit par ce brillant tableau; il s'écria oui. Pierre, vous aurez ma fille, et la moitié de ma fortune sera sa dot. Je vais lui faire part de la résolution que nous venons de prendre. C'est inutile, Maître, répondit le Gantois, je repars A l'instant; ma présenoe est nécessaire Gand, car les événements marchent vite. Vous peindrez Marie le sort brillant que je lui réserve, et je ne doute nullement qu'elle ne soit heureuse et fièrede devenir mon épouse. Je reviendrai vers les Pâques, et nous célébrerons le mariage le 3e jour qui suit oette grande féte. J'amènerai avec moi les principaux bourgeois de Gand, mes amis; tous se feront honneur d'assister aux nooes de Pierre de Winter. Le Bourgeois de Gand et Maître Jean Fierin se serrèrent la main, ils étaient joyeux l'un et l'autre, ils espéraient que leurs projets ambitieux allaient être couronnés d'un heureux succès. Le Gantois fit ses adieux Marie, mais sans lui dire an mot de l'entretien qu'il venait d'avoir avec Jean Fierin; il monta A cheval et quitta la ville avec toute sa suite. Pierre de Winter était A peine arrivé A la porte de la ville, que le bourgeois d'Ypres avait fait appeler sa fille; il était si fier et si content qu'il ne pouvait contenir sa joie Marie, s'écria le vieillard tout radieux, prenez cet escabeau et venez vous asseoir près de moi; j ai une bien bonne nouvelle A vous apprendre. Marie obéit. Elle ne savait si elle devait se réjouir 011 pleurer; car, malgré la joie sppa. rente de son père, un secret pressentiment troublait son âme. Ma un triomphe définitif dont les effets seront per manents. Nousavons réclamé, nous réclamons depuislong- temps l'indépendance du pouvoir civil. Ce n'est point une banalité. Cette indépendance,comme nous la comprenons, est une réalité. Le pouvoir civil, nos yeux, sera réellement indépendant, quand il sera parvenu s'affranchir de toutes les influences qui gênent aujourd'hui la liberté de ses allures; par exemple, pour préciser, quand il sera parvenu organiser parmi nous l'enseignement national (c'est- à-dire l'enseignement donné par l'État) sur des bases telles, que cet enseignement appartiendrait réel lement et exclusivement l'État, abstraction faite des principes de liberté qui nous régissent, quand il l'aura organisé de telle façon, que ce soit le premier enseignement donné en Belgique et qu'il puisse servir de modèle tous ceux qui aspirentà l'honneur d'instruire la jeunesse belge. Ainsi, nous taisons des vœux pour l'organisation de l'instruction publique tous les degrés, sous la direction exclusive de l'autorité civile, en donnant celle-ci tous les moyens constitutionnels de sou tenir la concurrence des établissements privés; et nous dénions aux ministres des cultes leur inter vention litre d'autorité dans l'état ainsi organisé. (Applaudissement!.) Vos suffrages me prouvent que vos sentiments sont touchés au vif, que c'est là qu'il faut porter la lumière; qu'il ne faut pas une indépendance nomi nale, mais une indépendance réelle; qu'il faut que le pouvoir marche droit et la tête levée, sans se préoccuper, dans l'administration des affaires de l'État, d'intérêts qui doivent rester étrangers au monde. Après avoir lu ces passages, esl-il possible que le même homme ait jamais pu accorder son adhésion celle transaction perfide et impo litique qui se nomme la Convention d'Anvers? Du reste, le temps se chargera de démontrer dans quelle voie dangereuse le gouvernement vient d'entrer. L'épiscopat n'est engagea rien et pourra faire donner dans telle institution l'instruction reli gieuse et la refuser dans telle autre, sans fournir d'autre explication, que celle que nous connais sons depuis longtemps que létablissement n'offre pas toutes les (jaranties nécessaires pour que l'épiscopat puisse avoir la pleine assurance que sa coopération puisse être utile. fille, continua le Tieillard, quand je voyais mes richesses s'accroître, mon crédit augmenter de jour en jour, je me réjouissais car je me disais tout cet or sera un jour la dot de Marie,ma tille chérie, elle sera riche, une des plus riches héritières de la Flandre; des hommes de grand renom viendront solliciter sa main; si moi, Jean Fierin, que tous ont connu ouvrier, je ne puis sortir de la classe où je suis né. Marie en sortira pour occuper dans la société un rang élevé. Eh bien, Marie, aujourd'hui tous mes vœux sont comblés au-delà de mes espérances Marie sentit un frisson parcourir tout sou corps. Vous avez vu Pierre de Winter, ajouta le bourgeois,il appartient une des plus puissantes familles de Gand que diriez-vous, Marie, si Pierre de Winter vous demandait en mariage Ah 1 s'écria Marie stupéfaite, je'dirais que je ne puis épouser cet homme.... mon père, je le connais peine. ..je ne l'aime pas et.... Marie fondait eu larmes. Jean la considéra un instant eufyot, dit-il, vous ne l'aimez pas, mais vous l'aimerez. Vous eussiez voulu peut-être qu il vous fit de tendres déclarations, qu'il vous contât de doux propos mais en a-t-il le loisir les affaires publiques n'absor bent-elles pas tous ses moments? vous l'aimerez, Marie, car il vous réserve un sort brillant. Et que m'importe, mou Dieu Pierre sera bientôt le chef des bourgeois.de Gand et vous serez considérée entre toutes les femmes. Vous prendre* place la table des no bles gens de Flandre, vous serez leur égale; Marie, ma fille, Pierre obtiendra des litres; vos enfants, mes descendants, seront chevaliers, barons peut-être. Que m'importe, mon père, s'écria encore une fois la jeune fille. Que vous importe s'écria Jean, irrité d'uue résistance si inattendue, que vous importe eh bien il m'importe a moi que vous sortiez de l'obscure condition où j'ai traiué ma vie; il Ua ancien élève du Collège communal d'Ypre», M. Auguste Duhayon, né Ypres, vient d'être l'objet d'une distinction aussi bril lante que rare. Élève de l'École supérieure du commerce de France, il a obtenu, dans le pre mier comptoir, une des deux médailles d'argent accordées par l'État. L'école supérieure du commerce de Paris est une institution du gou vernement autrefois dirigée par M. Blanqui et la distribution des diplômes et médailles d'hon neur s'est faite sous la présidence de MHeurlier, conseiller d'état, directeur-général de l'agricul ture et du commerce, délégué par M. le minisire du commerce. Les fêtes communales de la ville d'Ypres ont été brillantes et très-animées. Rarement on a vu, en notre cité, un concours de monde aussi nombreux. Aussi nos concitoyens s'étaient mis en frais pour embellir nos rues et nos places publiques, et des fêtes organisées sous les aus pices de l'autorité communale devaient attirer les étrangers, par leur richesse et leurs attraits. Concours de Pinsons. Le Dimanche malin, 6 Août, a eu lieu un concours de pinsons. Cette espèce de lutte entre d'estimables volatiles a le mérite d'exciter l'in térêt dans une certaine classe de la population, et l'ouvrier qui ne peut se livrer d'autres jeux, pareeque ses moyens le lui défendentpossède un pinson. Ce petit animal remplacé chez lui l'arc, les flèches, l'arbalète, le fusil qui sont les instruments des jeux d'autres catégories de la population. Le Ier prix a été obtenu par la ville de Bail— leul, le 2e par la commune d'Alveringhera le 3e par celle d'Oostroosebekequi a mérité en même temps le prix d'honneur et celui d'éloi- gnement. Ces récompenses consistent en oiseaux en argent gentiment ciselés. Procession religieuse. La procession ordinaire est sortie de l'église S1 Martin, neuf heures du matin, et a ac compli sa tournée habituelle. Tir l'arc. Société royale de S* Sébastien. Un tir magnifique avait été organisé sous le patronage de la ville, par la Société royale de m'importe que Pierre de Winter soit mon gendre; il le aere, car je le Yeux, et je suis votre père. Le mariage aura lieu le3'jourde pAques, ajouta le vieillard en se retirant brusquement. Marie était anéantie; ses larmes coulaient en abondance; dans son trouble elle était incapable de former un projet, de suivre une idée. Parfois l image de Michel se présentait A elle: Marie lui tendait les bras, elles'éoriait Michel, mon bieu-aimé, viens A mon secours... puis s'imsginant que le sacrifioe était consommé, elle croyait voir Pierre de Winter au regard dur et fier; elle reculait épouvantée.... dans son délire, elle s'éeriait Michel, Michel, je ne suis pas coupa ble; mon père l'a voulu,mais c'est toi., toi seul que j'aime. Se jetant A genoux, elle tiia de sou sein le médaillon que son amant lui avait donné en partant et, le couvrantde baisers,elle s'écria mon Oieu. par le bois de la oroix sur laquelle vous ave* soulier l pour nous, ayez pilié de moi 1 Vierge Mariema protectrice et ma patronne, consolation des affligés, refuge des malheureux, ayez pitié de moi. O sainte Marie, ancre de salut, priez pour moi Marie, bouclier des opprimés, trésor des fidèles, de tout mal délivrez moi Cette courte prière ranima le courage de ta jeune fille non, dit- elle, eu se relevant, ma patrouue uo in'abaudonnera pas; n'est-elle pas ma mère, et une mère a-t-elle jamais permis que l'ou sacrifiât son enfant. Ce jour IA Marie ne parut pas au repas du soir. Jean Fierin ne s'inquiéta pas de cette absence; il pensa que la crainte du mariage, le ebagrin de quitter (a ville natale ou peut-être un vague projet d'entrer eu religion étaient lea motifs de la eondoite inconcevable de. sa fille. Ma volonté est inébranlable, se disait-il, elle épousera Pierre; je le veux, et cela sera; car nos lois et nos moeurs ont fait du pouyoir paternel une puissance A laquelle rien ne résiste.

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 1