JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
j*° l,3DO. 14° AliHéc.
Dimanche, 2? A ont 1854.
Vires acqumt eundo.
FEUILLETON DU PROGRÈS.
TOXDAG.- (suite.)
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Ypbes, 26 Août.
VILLE D'YPRES. Conseil communal.
Séance publique du Mercredi23 Août 1854.
Présents MM. le Baron Vanderstichele de Mau-
bus, bourgmestre président; Alphonse Vanden
Peereboom échevin Pierre BekeThéodore
Vanden Bogaerde Charles Vande Brouke
Legraverand, Ivveins-Fonteyne Martin Smae-
len, Edouard Cardinael, Auguste De Ghelcke
Ernest Merghelynck, BoedtavocatCharles
Becuwe, conseillers.
La séance est ouverte trois heures et demie
par la lecture du procès-verbal de la réunion
du Conseil du lr Août 1854. La rédactiou en
est approuvée sans observation.
Une requête est présentée au Conseil par les
demandeurs en concession d'un chemin de fer
de S4 Ghislain Gand par Ath et Grammont,
tendant obtenir de l'assemblée un avis favo
rable au tracé proposé par MM. De Laveleye etj
V. Moucheron. Après examen des pièces, le.
Conseil est d'opinion de s'abstenir dans cette
question, car tous les motifs qu'on pourrait
alléguer en faveur de la ligne directe, s'applique
au point de vue de la ville d'Ypres, plus forte
raison d'autres projets de chemin de fer con
cédés ou dont la concession est sollicitée.
M. leprésidenl donne un aperçu des dépenses
faites l'occasion de la fête communale de la
Tuyndag et il croit pouvoir assurer le Conseil
que les frais ne s'élèveront pas au-delà de
7,000 fr.
L'assemblée aborde son ordre du jour. U y a
quelques mois le sieur Valcke-Hage a adressé
au Conseil une requête tendante obtenir un
a7is favorable la prolongation de l'octroi de
son usine gaz pendant un laps de temps de
20 30 ans. Une enquête a été ouverte et tous
les voisins de l'usine du sieur Valcke ont pro
testé contre la prolongation sollicitée. Entre-
temps cet industriel a examiné la question de
savoir, s'il n'y avait pas moyen de transférer son
usine en dehors de l'enceinte de la ville par suite
de la démolition des fortifications. (I s'est adressé
l'administration communale pour lui offrir de
nouvelles conditions pour l'éclairage public, se
soumettant déplacer son usine, moyennant
une indemnité et la cession d'un terrain au
dehors de la porte de Dixmude faisant partie
Le 4* jour de juillet, Michel Vau Hui t se rendit de bonne heure
l'église de S' Martin, il confessa sespéohés, s'approcha de la sainte
table et resta longtemps en prières. Une voix intérieure semblait
lui dire que oe jour déciderait de son sort. Michel se confiait en son
courage, mais il sentait le besoin de recourir celui de qui vient
toute force et toute puissance.
Bientôt la grosse oloche du beffroi sonna l'alarme, plusieurs atta
ques simultanées étaient dirigées contre la ville. Michel prit ses
armes et sans revoir Marie qu'agitaient de tristes pressentiments, il
courut rejoindre les archers de S1 Sébastien, chargés de défendre les
remparts du côté de la Porte au Beurre. Les ennemis avaient dirigé
de ce côté une tour mouvante et d'autres gigantesques machines de
guerre. Une grande partie de l'armée anglaise sous les ordres de
l'évêque de Noordwyk. et un corps de Gantois nouvellement arrivé,
étaieut chargés de les protéger. Le capitaine André Paelding donna
l'ordre de faire une sortie pour détruire oes machines menaçantes;
les Yprois serrés en masse, sortirent de l'enceinte en bon ordreet
marchèrent vaillamment l'ennemi. Des nuées de (lèohes obscur
cirent l'air. Vingt fois nos milices bourgeoises se précipitèrent aveo
fureur sur les ennemis eu poussant leur cri de guerre Flandre au
lionl vingt fois ils furent repoussés.
Frères, s'écria tout coup Michel, reculerons-nous devant ees
hommes qui ont fui si souvent devant nous, nous laisserons-nous
des fortifications aujourd'hui démolies. Dans
une séance huis closla question posée sur
des bases nouvelles, a été discutée par le Conseil,
et il a été offert M. Valcke de lui concéder
l'éclairage public au gaz qui consisterait en 145
reverbères allumés pendant 950 heures par au
et ce pour un laps de temps de quinze années,
moyennant un subside annuel de 5,132 fr. En
outre la ville solliciterait de l'état l'abandon
gratuit d'un terrain de 30 ares, entre la porte
de Dixmude et le bassin, afin t^ue le sieurYalcke
puisse y établir sou usine gaz et éloigner ainsi,
du centre de la ville, une fabrication qui a ses
désagréments. Par lettre en date du 21 Août,
le sieur Valcke fait connaître qu'il accepte les
propositions qui lui ont été présentées, avec une
modification toutefois qu'il aura la faculté
de pouvoir acquérir plus de terrains'il en a
besoin un prix raisonnable et évalué dire
d'experts. Le Conseil admet celle réserve, en
tant qu'il lui est possible de l'exécuter et prend
acte de l'acceptation de M. Valcke, en décidant
qu'il n'y a pas lieu de prolonger l'octroi de
1 usine gaz oû elle existe actuellement.
Le Conseil discute et adopte le cahier des
charges pour la vente d'une partie de terrains
entre la rue des Bouchers et l'Esplanade. C'est
le même que celui qui a été dressé pour la vente
de terrains, où oui été construites les nouvelles
maisons en face de la Station; seulement on a
diminué 1^ hauteur des constructions ériger
12 mètres. La vente aura lieu au mois de Sep
tembre. Huit lots de terrains de neuf mètres
de largeur sur quatorze de profondeur seront
offerts aux amateurs. Celui qui achètera le lot le
long de la rue des Bouchers,pourra acquérir au
même prix le lot correspondant, faisant face
l'Esplanade. Il sera donc mis en vente une su
perficie de trente-six mètres de long, sur vingt-
huit et une fraction de large. Cette vente se
fera avant l'hiver, afin de fournir aux acquéreurs
le temps nécessaire pour l'achat du bois et la
confection des travaux de menuiserie pendant
la morte-saison.
Sur le rapport de la commission des finances
lû par M. Beke, le budget de l'administration
des Hospices civils est approuvé pour l'exercice
1854. Un crédit est alloué sur cette année pour
l'appropriation de la maison Thibault, rue de
Dixmude, acquise il y a presque quatre ans et
qui sera définitivement convertie eu Hospice de
Vieillards. Les plans et devis seront soumis
l'approbation de l'autorité communalequi
examinera en même temps les propositions de
la Commission des hospices pour l'amélioration
et l'agrandissement de l'Hôpital civil.
Le Conseil épuise son ordre du jour public,
en consentant la radiation d'une inscription
hypothécaire prise sur une maison, du chef
d'une avance remboursée, faite par la caisse
pour l'encouragement des jreçonstryetions des
façades en bois.
M. Charles Verhaeghe, d'Ypres, élève de
l'université de Gand, vient de subir, avec dis
tinction, son examen pour la candidature en
médecine, en chirurgie et en accouchements.
yaincre par ceux que nous avons toujours vaincus? Eu avant en
avant, par S' Sébastien! Électrisés par ces paroles, les Yprois
serrent leurs rangs et se jettent, comme un torrentimpétueux, sur la
colonne ennemie. Rien ue résiste leur fureur} frappant d'estoc et
de taille, culbutant tout ce qui se présente devant lui, Michel par
vient le premier aux pieds de la tour frères, frères, s'écriait-t-il, en
brandissant sa rapière teinte de sang, frères, vive Dieu Victoire est
nostre En un instant l'immense machine fut la proie des flammes
qui la dévorèrent aveo les ennemis qu'elle portait dans ses flancs.
L'armée assiégeante était en pleine déroute} les rangs étaient rom
pus, tous fuyaient la débandade travers les ruines qui couvraient
nos faubourgs. Nos Y prois ne voulurent pas laisser leur victoire
incomplète} ils se mirent la poursuite des fuyaids} bientôt, entraî
nés par leur bouillant courage, ils quittèrent eux-mêmes leurs raugs
pour mieux suivre les ennemis dispersés. Ce ne fut plus alors une
bataille régulière, mais une immense mêlée où chacun combattait
son adversaire corps-à-corps En vain André Paeldiug cherchait
rallier nos imprudentes milices, le sidlemeut des flèches, le cliquetis
des armes, les cris des combattants empêchaient ses ordres d'être
entendus.
Michel cherchait de toutes parts son rival} il montait sur les débris
des maisons et des tours fumantes; de ces points élevés il examinait
les fuyards. Tout-à-coup en détournant les yeux vers la ville, il ap-
perçoit Pierre de Winter. Le Gantois n'avait pas jugé propos de
fuir comme les autres, il avait longé les fossés et se trouvait alors
«près celui nommé Leemput. Peut-être de son côté cherchait-il
lMichel. En apperceyant le jeune Yprois qui courait lui: ahîte
Nous extrayons d'un rapport fait par M.
Félix Aubry la commission française du jury
international de l'exposition universelle de
Londres, sur les dentelles, les blondes, etc.,
le paragraphe qui traite des Valenciennes
Comme il contient des détails très-intéressants
sur une industrie qui se pratique surtout
Ypres et les environs, nous nous empressons de
le publier in extento.
4* valenciennes.
La principale branche de l'industrie dentellière
en Belgique est la fabrication du point de Valen
ciennes, qui, après avoir commencé en France, s'est
successivement répandue dans toutes les Flandres,
où elle occupe aujourd'hui plus de5o,ooo ouvrières,
qui ne fout que des dentelles dites Valencienneê.
Les centres principaux de production sont les
villes d'Ypres, Bruges, Gaud, Courlrai, Meniu,
Alost, etc.
Il est certaiu que cette fabrication a été importée
delà ville de Valenciennes dans les Flandres au xyu*
siècle. C'est dans la ville d'Ypres que l'on a com
mencé faire ce point vers i65€. Les autres villes de
la Belgique (exceptéBruxelles) ne produisaient alors
que des dentelles vendues sous (e nom de Matine
Un recensement fait par ordre de Louis XIV, au
mois de novembre 1684, constate qu'il n'existait
alors Ypres que trois maltresses d'ateliers occu
pant 63 dentellières.
En 1787, époque où celte fabrication prospérait
encore Valenciennes, il n'y avait Ypres que trois
ou quatre fabricants, occupant fort peu d'ouvrières;
en i83o,on comptait 3 3,000 dentellières; aujour-
1 Voici leurs noms: v" Mesele, v* Papegay, v* Turck.
voilà enfin, s'écria Pierre, je t'attendais. Et tu ne m'auras pas
attendu en vain repartit Michel qui n'était plus qu'à vingt pas de
son ennemi, et, oe lui voyant pas d'arme tire ton épée et que
Dieu décide entre nous. Pierre deWinter était appuyé sur une lourde
arbalète, la corde en était tendue; il souleva l'arme terrible, y posa
une flèche, ajusta son rival et lâchant la fatale détente Eh eh,
beau tisserand, s'écriait-t-il, voilà mon cadeau de noces, tu ne le
porteras pas ta pieuse fiancée, cette belle et pudique Marie... La
flèche avait atteint Michel au côté, et il était tombé sur un amas de
décombres, en prononçant le nom de iMarie. Déjà Pierre avait tiré
sa rapière, il voulait en percer le cœur de son ennemi. Mais des
bourgeois aruiés avaient apperçu le Gantois, ils s'élancèrent vers lui.
Pierre de Winter était trop heureux d'avoir accompli aa vengeance,
pour s'exposer de nouveaux dangers, il prit la fuite, les Yprois le
poursuivirent quelque temps eu lui lançant des Itècbea, mais sans
pouvoir l'atteindre.
Cependant nos milices bourgeoises avaient poursuivi leur victoire
lasses de carnage, elles éooutèreut enfin la voix de leurs chefs. André
Paelding, Ger des succès qu'il venait d'obtenir, fit aooner la letraite
et nos braves rentrèrent eu ville en eutonuaut des obaols de niom-
pbe. Lesvaiuqueur» vinrent se ranger eu bataille sur la Graud'PlaCe.
En c, moment Marie quittait l'église où elle avait passé toute la
journée en prières devant l'image de la Vierge; Aie se dirigea en
toute bâte vers l'endroit où se trouvait la confrérie de S< Sébastien.
En un instant ses yeux parcourent tous les rangs et ne découvrant
pas Michel, Maître, dit-elle, en g'adressant un des archers, qu'est
devenu Michel Van Hart, votre confrère? Michel, fit l'archer,!!