JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 1854! - 1855? Vires acquirit eundo. !tB 1,426. 14" Année. Dimanche, 3L -851. ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces,4 francs. INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 30 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal d#K être adressé l'éditeur, Rue ru Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchie». Tpbes, 30 Décembre. Demain une année tombe pour toujours dans l'abîme du néant et une autre commence. Si celle modification se fait naturellement et sans secousse, l'année qui finit et celle qui commen ce, sont-loin de présenter toujours les mêmes vicissitudes. Nous disons vicissitudes, car de puis quelque temps, nous n'avons guère nous féliciter des événements qui s'accomplissent autour de nous. Nous avonsen peu de tempspassé par l'anarchie, la révolution, les guerres civiles, le despotisme, toutes choses qu'on peut juste titre considérer comme les fléaux du genre humain. En 1854, nous avons eu le commen cement d'une guerre de conquête de la part de la Russie, qui veut exécuter le testament de Pierre-le-Grand et absorber la Turquie. Cette lutte gigantesque n'en est encore qu'à son début et nous faisons des vœux pour que 1855 ne voie la guerre s'étendre sur l'Europe entière. Une des conséquences de cette agression de la Russie contre le territoire ottoman a été de faire renchérir la vie animale etrdc déprimer le com merce. En temps de troubles et de guerre, il n'y a que l'agriculture qui prospère, pareeque ses produits sont de première nécessité. Aussi toutes les nations industrieuses et com merçantes souffrent de la querelle suscitée par la Russie, et désormais, quand une agression injustifiable aura lieu de la part d'un individu ou d'une nation, on ne devra plus dire, par forme de proverbe: querelle d'Allemand, mais querelle de Russe, car la Russie en suscite une la Turquie tous les vingt ou treute ans qui finit invariablement par l'acquisition d'une ou de deux provinces. Les nouvelles du théâtre de la lutte entre l'ambition et la faiblesse absorbent entièrement l'attention de l'opinion publique. La politique intérieure peut peine parvenir se faire écouter. Aussi va-l-elle de mal en pis. Cet affaissement a déjà permis de rendre fa société laïque dupe d'une rouerie inqualifiable, sous la forme de la Convention d'Anvers. Contraire l'esprit et la lettre de la loi de 1850, destructif injurier, crier raca, et pour peu que le système de ces aimables nouveaux prophètes puisse prévaloir, l'année 1855 verra restaurer la très- sainte Inquisitionvœu des croyants stylés par les Jésuites. C'est alors que la somme de nos félicités sera complète et que le vase de prédi lection débordera. Pour nous, nous.espérons qu'il n'en sera rien et qu'après tous les maux que nous avons subis, le fanatisme ne parviendra pas de lescouronner, en agitant ses torches incendiaires. Toutefois envisageons l'avenir avec fermeté et qu'on se souvienne que fuir devaut l orage n'est pas tou jours le moyen efficace de n'en être pas victime. L'établissement des aliénés, érigé Ypres par les soins de l'administration des Hospices, avec l'intervention de la ville, la province et le gou vernement, devient de jour en jour plus impor tant.1 Cette nouvelle construction parfaitement appropriée sa destination spéciale, et régu lièrement tenue, vient de recevoir seize nou veaux pensionnaires, par suite d'une modifica tion la destination de I établissement des Bonnes L'HOTEL PIMODAN. un ambitieux. (suite.) Bcllerosc arrangea les tuyaux de sa collerette, caressa la pluine de son l'entre, et jeta sur ses habits un coup- d'œil de complaisance. Cotait un fort bel homme et un grand fat. Il dansait la sarabande admirablement, tirait l'epée et faisait des vers. Au dire des auteurs du temps, Arlequin sous le masque, cl Marais dans us pas de Ber- game ne le valaient pas, Boisrobert le régalait souvent de darioies sous la statue du bon roi de bronze qui est au Pont-Neuf, dans tout son quartier, on le nommait le prince Hector. Une bourse problématiqucmcnt enflée, un couteau et une montre étaient suspendus la chaîne de son ceinturon, ce qui était alors le necplus ultrà de la mode. Il tira froidement de sa poche le Manuel de Robert Bcinière l'usage du lansquenet, et le présenta triomphalement Charles Gruyn. Ce bouquin de Belle- rose était plu* usé que le bréviaire d'un chantre, le co médien le savait par cœur, et il ne se fit faute de s'exta sier surscs mérites. Par ce livre, on devait infailliblement gagner. Le chevalier Clidamant, grand joueur, l'avait annoté, le baron de Sainte-Bricc avait fait fortune, grâce de l'indépendance du pouvoir civilce com promis est une œuvre d'astucieuse perfidie, qui au fond ne lie que la société laïque, taudis que l'autre partie contractante ne le respectera que pour autant qu'elle inspirera l'enseignement public ou que son intérêt l'exigera. Les deujc parties restent libres, dit-on mais alors que signifie une convention qui ne lie personne. Mais, non! le pouvoir civil "est lié et qui plus est, livré pieds et poings liés, aux manœuvres de la prépotence cléricale qui finira par faire admettre subrepticement et en fait, comme lois du pays, les décisions de la Congrégation de 1 Index. Ce sera la part de liberté qui sera laissée la Belgique, si on ne met ordre aux empiétements d'une minorité intolérante, rusée et audacieuse quisous prétexte de religion se prépare asservir le pays. Au fléau de la guerre qui, bien que loin de la Belgique, n'exerce toutefois qu'une trop délétère action sur les affaires, nous avons eu une quasi-disette qu'une bonne récolte n'est pas encore parvenue faire disparaître, car le fro ment et avec lui toutes les denrées alimentaires, r. sont toujours des prix élevés. A eo croire le œuvres deA R,ena,x' conséquence de la mise en ctéricnlianie, la panacée de"t;elté clierté cousis- de la nouvelle loi sur le régime de# tait en la prohibition du froment la sortie et l'on a ,enes* n'a pas vu que le prix du blé, au lieu d'être réglé par le marché général de l'Europe, le serait, depuis le vote de celte mesure, par l'offre et la demande sur notre petit territoire et parconsé- quent bien plus accessible des brusques revi rements. Mais si des malheurs de tout genre ont assailli l'Europe, les catholiques ont joui d'un bonheur inexprimable; le besoin se faisait sentir d'ajou ter aux dogmes anciens un dogme nouveau qu'un grand nombre de pères de l'Eglise ont contesté et que le Concile de Treute n'a pas voulu décréter. Cependant pour satisfaire l'or dre des Jésuites, devenu tout-puissant dans l'Église, le dogme de l'Immaculée Conception de la mère de la Sainte Vierge a été admis et jeté les croyants dans une mer de béatitude. Depuis cette proclamation, qui devait faire planer sur le monde toutes les félicités imaginables, les ultramontains et les cléricaux sont devenus agressifs et féroces. Ils ne font que dénoncer, ses préceptes. Bellerosc le plaçait bien au-dessus de Pline et d'Aristote. Voilà, s'écria-t-il, le livre par excellence! le seul que les jeunes gens de famille doivent étudier! Par la ruorgoy les hommes de cour y puisent mieux qu'ailleurs j des leçons de gentillesse. Il guérit de tout de la fièvre, i du mal des dents, de l'hydropisie et même de l'amour jVive jamais le jeu, il vaut mieux que la bouteille! i Laisse-loi doue combler de ses faveurs, mon jeune ami viens, suis-moi bien vite chez Eudes Roquentin, notre ami, qui demeure au Pont de la Tournclle. Roquentin nous prête son gîte, sa table et son vin. Tu conviendras toi-même que nous serons là plus en sûreté pour notre jeu que chez ton père. A propos, tu n'as pas de nouvelles de l'homme la bourse? Je ne sais pourquoi ce drôle, avec sa rapière, ne me présage rien de bon. Bellerosc, mon ami, vous êtes fort mal dans les papiers de maître Philippe, dii Charles d'un ton sévère et contraint. Il m'a dit que demain il vous demanderait de le payer. Ah .il a dit eela? le vieux renard reprit Bellerosc d'un ton léger. Il croit, n'est-il pas vrai, que je te dérange Qui diable a mis cet homme-là dans ta famille Il ferait beau voir que tu vécusses ici entre les pintes et les verres L'ingrat J quand j# songe qu'il me doit tout -r- Oui; Un arrêté royal du 26 Décembre 1854, ap prouve, pour un terme de trois mois, partir du lr Janvier 1855, la délibération du Conseil communal d Ypres, tendant obtenir l'autori sation de maintenir les dispositions approuvées par arrêtés royaux du 15 Juillet 1851, 29 Dé cembre 1852 et 25 Décembre 1853, relative ment la perception et la restitution des droits sur les bières fabriquées dans le rayon de l'octroi. Cercle philanthropique du Saumon. A dater de Mercredi prochain, 3 Janvier, les soirées musicales, données au Café du Saumon au bénéfice des pauvres, commenceront hujt heures précises. T> tl I li fi Mardi dr a eu lieu l'enterrement de M.Dauchv, sous-officier de la Carde civique de cette ville. A cette occasion, M. Moerman, chef de musique de ce corps, a composé une nouvelle marche mais tu lui dois... Allons, rassure-toi; je paierai. Tu paieras as-tu dit Et l'on parle de Castor et Pollux Charles, laisse-moi t'embrasser Mais ne vas pas croire, au moins, que j'accepte non, je veux jouer, je veux payer dès demain ce père barbare. Te donne-t-il seule ment de quoi jouer la fossette Réponds, car nous jouerons. Tu vois celte bourse; elle est assez bien garnie, dit Charles. Eh bien tu ramasseras le triple i de cet or sur les tables de Roquentin. Mais Mariette, mais mon père Ils reposent tous deux, qu'as-tu craindre? Ainsi, tu veux que je joue Je le veux, 1 parce que des demain tu pourras offrir avec cet argent une collation ou un cadeau ta belle... S'il faut te don ner un bon coup d'épaule, je suis là. Quoi tu m'ai- 1 derais A tout oser, c'est mon fort. Il faudra d'abord que la dame assiste nos comédies. Là, je pourrai lui parler. Tu lui donneras un sonnet, un sonnet que je commande dès ce soir Saint-Amant. Oh il le fera. Mais si elle connaissait mon nom, mon état?... Allons donc tu choisiras un nom de théâtre. Tu as réponse tout, et véritablement je l'admire. Dépê chons, nos joueurs sont rassemblés. Un instant... Si du moins j'écrivais Mariette... je ne sais... ajouta [Charles, mais un pressentiment secret me dit que peut-

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 1