JOURNAL DTPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. M01,548. 15e Année. Dimanche, 2 Mars 1850. Vires acquirit eundo. ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Tpbes, lsr Mars. La droite s'est ravisée au sujet de la lof inler prétative de l'art. 6 sur les extraditions. Après avoir été la cause d'un tumulte au sein de la représentation nationale, les épiscopaux de la Chambre se sont retirés sous leurs tentes comme Achille, le plus vaillant des Grecs, au siège de Troie. Comme la nuit porte conseil, le ministre de la justice, suivi de Ni. Malou, a prononcé le lendemain un meâ culpâ au nom du parti clé rical et ils ont avoué qu'il n'y avait nul incon vénient remettre le projet ministériel sur le métier. Nous avons entendu, pendant quelques an nées, bien des airs bucoliques sur la modération et la conciliation, dont de juste, le parti cléri cal s'adjugeait le monopole, et lu beaucoup de réclames sur la sayesse et le calme de ce char mant parti catholique, tandis que ces libéraux ergoteurs et indisciplinés semblaient ingouver nables. Nous avons le malheur de voir une ad ministration cléricale faire les affaires d'une caste et non celle de la nation et nous ne trou vons plus de trace de celle modération, moins qu'elle ne consiste prendre tout et laisser le reste la presque unanimité de la population. La conciliation est devenue un mythe, car au lieu de bons arguments, la droite fait du bruit, interrompt, et faule de savoir se tirer d'affaire par la discussion, elle abandonne le terrain par lementaire, en proie une effervescence qui n'est pas de la sayesse. Quant au calme du parti rétrograde, il n'en fait preuve, que quand il peut donner carrière ses entreprises despoti ques sans un semblant d'opposition. Du reste, nous ne sommes pas encore au bout de nos épreuves. Le ministère De Decker-Vilain, malgré ses protestations d'impartialité, n'en est pas moins l'agent de la réaction épiscopale qui mine nos institutions libérales et fausse les ga ranties de la Constitution au profit du clérica lisme. Nous apprenons que ta répartition du crédit de 800,000 francs, pour venir en aide aux em ployés qui ne jouissent que d'un traitement en- dessous de 1,400 francs, soulève quelques plaintes. 11 paraît, d'après des renseignements qui nous sont fournis, qu'il y a des employés ne recevant qu'un traitement minime, mais jouissant d'ailleurs d'une certaine aisance, qui ont été compris dans le partage de l'allocation votée par le parlement. Tel n'a pas été le but du gouvernement, croyons-nous, en demandant ce crédit la Chambre. Les employés ne de vaient participer celte gratification extraor dinaire que pour autant que leurs ressources personnelles seraient insuffisantes pour leur faire tenir le rang qu'ils doivent occuper. En admettant au partage, des fonctionnaires qui, bien que remplissant les conditions stipulées, se trouvent dans une position aisée, c'est dimi nuer d'autant la part de ceux qui cette grati fication est indispensable pour traverser, sans trop de privationsl'époque de cherté qui a duré si longtemps et quiespérons-le touche sa fin. UNE FATALITE. XI. (suite.) La comtesse se pencha vivement l'oreille de la mar quise Piranese, pendant.que son mari était au fond de la salle, et lui dit Vous remarquerez, Madame, que votre fils n'a pas encore jeté ufi seul coup-d'œil sur Cécilia. La réponse ces paroles fut un regard vers le ciel et un soupir. Hier, dit ensuite la comtesse haute voix, et avec un accent plein de calme, hier, j'ai fait mes invitations j'ai prié peu de monde, quelques familles de nos intimes et de nos alliés; les Velletri, les Spada, les Ludovisi, les Braschi. J'ai envoyé mes ordres madame Lefèvrc, la bonne faiseuse de Paris, pour le trousseau elle vient aujourd'hui se concerter avec nous, et en six jours elle livrera le plus indispensable de la toilette; c'est con venu... Pardon, ma chère amie, dit Piranese en inler- rompant sa femme, vous avez donc fixé le jour? Sans doute, mon ami; nous faisons la noce jeudi prochain, dans huit jours c'est arrêté avec votre mère. Tout le monde a consenti? Tout Je monde. Voulez-vous re- Une fatale coïncidence s'est fait remarquer dans le décès de quatre personnes atteintes de la petite vérole. Il y a trois quatre semaines, une partie de cartes se trouvait installée au cabaret la Bascule, hors la porte de Menin, quand tout-à-coup un enfant atteint de la pe tite vérole et délirant par suite d'un fort accès de fièvre, fait irruption dans la salle, où se trouvait le public. Nos quatre joueurs sont saisis de voir ce petit malheureux et on le remet au lit d'où il s'était échappé. Le premier mo ment passé, nos joueurs ne songent plus cette aventure, quand quelques jours après, un d'en tre eux, gagne la petite vérole et meurt; uu second se trouve atteint de la même maladie, qui a également une fin fatale. Le troisième est rrappé son tour et éprouve le même sort que les précédeuts. Enfin le quatrième joueur aux cartes vient de mourir hier dans la soirée. L'événement parait aussi triste que singulier et fait le sujet des nombreux commentaires du public. Comme d'ordinaire, nous faisons suivre le programme de la matinée musicale qui sera donnée le Dimanche, 2 Mars, midi, dans les salons de l'Hôlel-de-ville. Nous ferons remar quer qu'un nouvel attrait est venu s'ajouter cueillir les voix? Vous d'abord, mon cher Piranese, vous avez consenti, cela va sans dire. M. Emile Dutrctz... Oh Madame, je voudrais retrancher sept jours, dit Emile avec feu. Madame Piranese... Puisque vous me donnez voix délibérative, je donne mon consentement de tout mon cœur, dit la marquise. Et toi, ma bonne Cécilia dit la comtesse avec une fermeté d'organe qu'un homme eût enviée dans une pareille situation, et toi, ma filleacceptes-tu la noce dans huit jours? Piranese s'arrêta derrière le fauteuil d'Emile et appuya fortement ses mains sur le bois. Une voix musicale et veloutée monta dans le salon, comme un accord de mé lodie; c'était la voix Ae Cécilia qui répondait Oui, ma mère j'accepte volontiers tout ce qui vient de votre cœur et de votre main. Piranese cette fois ne fut pas maître de ses yeux il regarda Cécilia, et ses mains convulsives ébranlèrent le fauteuil de son aini. Ce coup-d'œil donné la jeune Gîte fut court, mais aurait-il été suivi d'une longue contem plation d'amour, il n'eût pas bouleversé davantage l'in fortuné jeune homme. Celte irradiation de beauté qui jaillit du visage et du corps de Cécilia, porta le dernier coup Piranese il sentit s'échapper sa raison il ressem blait au voyageur que le soleil de la zone torride frappe l'intérêt qu'offraient ces réunions. Quelques amateurs ont bien voulu s'y faire entendre et permettre ainsi plus de variété dans le choix des morceaux. Nous engageons toutes les per sonnes qui aiment entendre de la bonne mu sique supérieurement exécutée et des chants magnifiques bieu débités, se rendre l'Hôlel- de-ville. Cela ne durera pas toujours, car au printemps les concerts auront lieu au Jardia public et la partie vocale de la matinée musi cale sera nécessairement supprimée, par suite de ce changement. t* Ouverture de Sémiramide (Rossini.) a* Fantaisie sur Don Sébastien (Donizetti.) 3* Air de Raymond ou le Secret de la reine, chanté par M..., amateur, (Thomas.) Air des Huguenots (Plus blanche que lâ blanche Hermine), chanté par M..., amateur, (Meyerbeer.) 4® Fantaisie de.Jérusalem (Verdi.) 5* Polka (Demeur.) M. Deflor donnera sa soirée musicale et phrénologique Lundi, 3 Mars, 7 heures du soir, en la salle de l'Aiyle d'or. La cranioscopie a quelque chose d'étonnant, rien n'est plus admirable que de pouvoir con naître, par l'examen de la forme d'une tête, quels sout les penchants, les talents, les facultés intellectuelles prédominantes dans un individu ainsi que les facultés les plus faiblesaussi cet art, cause de ses résultats merveilleux, excite au dernier point l'intérêt. Un grand nombre de lettres et de certificats obtenus dans les villes de Belgique, attestent que M. Deflor s'occupe de la phrénologie avec succès. M. Deflor se rend au domicile des personnes qui voudraient des consultations, soit pour l'examen de leur tête, soit pour connaître le caractère ou les dispositions de leurs enfants. S'adresser l'Aiyle d'or, chez MmB v® Dehem, qui délivrera des billets de souscription au prix de fr. 1-50. Prix pour les non-souscripteurs 2 fr. Le 28 février dr, oa a retiré d'une mare, Oostvleterenle cadavre de la nommée De Crock, Fidèle, âgée de 40 ans, journalière, Oostvleteren. Celte fillequi était atteinte de délire midi. Dès ce moment, ses paroles et ses actions ne lui appartenaient plus; cette noble intelligence, domi née par une passion, était abandonnée au hasard. L'homme atteint de folie subite vit quelque temps sous l'empire des idées qui ont accompagné les derniers instants de sa raison, et répète obstinément les mêmes phrases qu'il prononçait alors c'est un mécanisme de lèvres qui fonc tionne sans le secours du cerveau. Piranese frappa du pied le parquet, marcha droit vers sa mère et sa femme, avec un sourire d'aliéné, en disant Ma berline est là, Madame; le service du roi avant tout; cheval che val en roule sur Rimini Les dames et Emile se levèrent, tous agités en sens divers, selon le degré de leur pénétration mais personne pourtant ne comprit quel degré d'égarement le jeune comte était arrivé. Mon cher ami, lui dit la comtesse avec une voix caressante, non, non, vous ne partirez pas ainsi... Oh! Madame le service du roi avant tout A cheval route de Rimini! Mais la guerre n'e^t pas commencée, mou cher Giampolo; allez Rimini, la bonne heure; allez faire une visite au roi de Naples, et soyez de retour dans huit jours; vous repartirez après la noce. Ah voilà qui est raisonnable dit Émilc. Très-raisonnable 1 dit

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