JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Vires acquirit eundo. 15' Année Dimanche, 9 Mars 1856 ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c.—Provinces, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 45 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypues, 8 Mars. VILLE D'YPRES. Conseil comminal. Séance publique du Jeudi, 6 Mars 1856. Présents MM. Pierre Beke, échevin, président; Théodore Vanden Bogaerde Charles Vande Brouke, Legraverand, Martin Smaelen, Edouard Cardinael, Auguste De Ghelcke, Ernest Mer- ghelynck, Pierre-Léopold Boedt, Charles Becu- we, Auguste Maieur, conseillers. M. le secrétaire donne lecture du procès- verbal de la réunion du Conseil du 12 Février 1856. La rédaction en est approuvée sans ob servation. M. le président donne communication des pièces suivantes 1° D'une requête du conseil de fabrique de l'église S' Jacques, envoyée l'avis de l'ad ministration communale. Ce collège demande un subside au ministre de la justice et des cul tes, pour cause d'insuffisance de ses ressources; mais il est dit dans cette requête qu'on s'est vainement adressé l'administration commu nale, tandis qu'en un court espace de temps, cette église a obtenu de la commune plus de 21,000 fr. de subsides, tant ordinaires qu'ex traordinaires et plus que toutes les autres pa roisses. l'exception de celle de S4 Nicolas qui a réédifié son église. 2° Le compte de la Chambre de commerce de l'exercice 1856, offrant en receltes la somme de fr. 1,713-56 et en dépenses celle de fr. 1,562-58, est pris pour notification et approuvé. .M. l'échevin-présidenl informe le Conseil qu'on est sur le point de commencer les travaux d'appropriation de l'étage de la Boucherie, pour l'installation du Musée des beaux-arts. Le devis exige une somme de 3,600 fr., qui sera cou verte par l'encaisse de la Société des beaux-arts, s'élevant environ 1,600 fr.; par le subside de mille francs, alloué par la ville au Musée, et par un subside extraordinaire, prélever sur l'allocation portée au budget communal pour l'encouragement des beaux-arts. On se mettra bientôt l'œuvre, toutes les petites difficultés que soulevait le plan étant résolues. M. le président, au nom de la commission des finances, donne lecture du rapport sur le compte de l'exercice 1854, de l'administration des Hospices. Les conclusions favorables sont admises l'unanimité des membres votants. Le rapport de la même commission, sur le budget de l'exercice 1856 de l'administration des Hos pices se termine, en proposant le renvoi de cette pièce, afin d'aviser au moyen de diminuer les recettes de trois mille francs, portés comme subside fournir par la caisse communale, pour l'entretien des aliénés, le Conseil n'ayant rien porté au budget communal de ce chef. Le rôle pour le recouvrement de la taxe Aur les chiens est approuvé il s'élève 1.296 fr. du chef de la taxe sur 26 chiens de chasse et 380 de toute espèce. Le rôle pour le recouvrement de la taxe pro vinciale sur les chevaux et le bétail, offre le dé nombrement suivant chevaux de plus de trois ans 203, fr. 101-50; chevaux de moins de trois ans 16, fr. 4-25; bêles cornes de plusde deux ans 620, fr. 155; id. de moins de deux ans 259, fr 33-67r*80 moulons, 2 fr. Total général fr. 296-42. Ce rôle est approuvé. Le compte du collège communal pour l'exer cice écoulé offre en recette une somme de fr. 18,636-48 et en dépense celle de fr. 17,061-40, ce compte se trouve clos et approuvé avec un excédent de fr. 1,575-08. M. le président informe l'assemblée que les nouvelles propositions faites par M. Valcke pour l'éclairage de |a salle de spectacle, ne sont pas encore parvenues. Il les a exposées verbale ment. mais on ne peut les examiner et les dis cuter que pour autant que les conditions soient formulées par écrit. Celle affaire sera portée l'ordre du jour d'une prochaine séance Les rapports sur les règlements concernant l'équarrissage et la construction de nouveaux trottoirs ne sont pas encore déposés; ils seront UNE! FATALITE. XII. (suite.) Le jeune homme, en délire, serra vivement Cécilia les traditions des montagnes, réjouissait le fleuve, le bois, la colline; et toutes les harmonies du soir, mêlées au retentissement lointain des casralelles, accompagnaient, comme un orchestre aérien, le chant des jeunes artistes, filles d'Albano et d'Aricia. Émile ne voyait que Cécilia, el dans ses bras, et cette étreinte d'amour, cette ondulation ses yeux s'éteignaient d'amour. On groupe dejeunes sei électrique, ce divin visage, ces nobles boucles de chc- gneurs romains marchait vers les deux époux, et le comte veux, ce cou d'ivoire, ce sein qui se révolta, en laissant Fiatio, s'avançant le premier, sollicita l'honneur de dan- dans la poitrine d'Emile coinine deux empreintes de feu, toute cette révélation de la femme vue de si près le brisa de bonheur, cl fit battre ses artères d'une fièvre de lave. mis l'ordre du jour de la prochaine séance. Le Conseil prend une délibération par la quelle elle s'adresse aux ministres de la guerre et des finances, pour obtenir la cession, au nom de la ville, du magasin poudre n° 2 et de son enclos, aux termes de la loi du 14 Mars 1854. Ce bâtiment servira au dépôt des denrées ali mentaires distribuer aux indigents et la classe ouvrière, soit prix réduit, soit au prix coûtant. v i. k: 's L'assemblée approuve l'acte de vente d'arbres appartenant au Bureau de bienfaisancetenue Moorslede et Passcbendaele. L'estimation s'élevait 3,340 fr. le produit a été de fr. 5,177-70. L'autorisation d'établir une fonderie de suif sur le terrain de la maison sise rue de Dixmude, il" 59, est accordée, après que le Conseil s'est convaincu par le pçocèsrverbal d'enquête, que personne ne s'est opposé l'établissement de celle usioe. La cession de bail d'une petite ferme Brie- len, au cultivateur Bossaert, et la permission de changer urte partie dé pâture en terre la bour, sont consenties par l'assemblée, sur la demande du Bureau de bienfaisance. Enfin le Conseil termine son ordre du jour public en renvoyant, une section spéciale, l'examen d un avant-projet de règlement sur la boulangerie, dont le Collège échevinal vient de le saisir. Nous donnons le programme de la matinée musicale qui aura lieu Dimanche, 9 Mars 1856, midi, dans les salons de l'Hôtel-de-ville. Nous pouvons constater que le succès de ces réunions est très-réel et si elles venaient ces ser brusquement, un vide se ferait sentir de suite. i* Ouverture de Guillaume Tell (Rossini). a* Variations des Diamans de la Couronne (Auberl). 3* Schotliscli (Strauss). 4* Bouquet de Mélodies (Allart). 5* Valse (Labiizki). ser avec Cécilia, et lui présenta respectueusement la main. La jeune épouse hésita un instant.; puis elle suivit son danseur dans le quinconce du bal. L'orchestre jouait Non, dit-il encore d'une voix sourd", non. je ne te un air de contredanse pris dans l'opéra Zingari in Fiera, quitterai pas pour un trône, la plus belle des filles du 1 le méine air qui accompagnait le quadrille, le jour où le ciel!... dis-moi si tu es contente de ton époux? -comte Piranese dansait avec la Cécilia de douze ans. Avec ce merveilleux sang-froid que les femmes savent Le hasard avait fait cela, comme il fait toute autre chose. I garder devant l'obsession la plus impétueuse de l'homme, Ceux qui crient l'invraisemblance n'ont jamais subi les j Cécilia éluda la question d'Émile; elle repoussa modes- combinaisons intelligentes du hasard. Emile élait resté tement et sans affectation ses vives caresses, comme si sur le bord du fleuve, el il aspirait, avec ses lèvres mo elle n'avait eu leur reprocher que leur inopportunité, biles, le sillon d'air embaumé qu'avait suivi le corps Venez, venez, dit-elle; rejoignons le monde; on re- divin de sa femme. Rien ne ressemblait plus la joie que marquera notre absence... Oh! écoutez! écoutez les le bruit du bal, aux dernière* lueurs du crépuscule. Cé- jeuues filles chantent mon Dieu, que j'aime les en- cilia dansait comme aux jours tranquilles de son enfance: tendre, le soir! ,1e bal adoucit les souffrances des jeunes femmes; l'air Ces jeunes filles chantaient en l'honneur de Cécilia, d'un quadrille aimé est un baume qui suspend les in- l'anciennc épilhalatne des vierges de l'Anio. Les voix quiétudes du cœur, et les guérit quelquefois; la fièvre mélodieuses des belles Romaines chantaient ainsi l'épi- harmonieuse des pieds donne du calme la tète. Cécilia, thalame, comme autrefois, la veillée des fêtes de Vénus; i enivrée par ses distractions favorites, ne s'apercevait pas j l'antique mélopée de Tibur, conservée d'âge en âge dans qu'en face d'elle, dans un cadre d'ombre et de feuilles] massives, deux yeux de flamme suivaient tous ses mou vements. Une salve de fanfares éclata sur la terrasse du château; un cri de joie retentit dans le bal; Cécilia s'ar rêta brusquement au milieu d'un pas, et se sentit défaillir. La comtesse Piranese annonçait le retour de son mari lotis les invités de la villa. C'était déjà lui qui, descendu du perron ou I attendaient sa femme et sa mère, accourait au bal ou l'orchestre exécutait un air de quadrille qu'il n'avait jamais oublié. Piranese retrouvait Cécilia sous ces mômes arbres, où il avait dansé .avec elle, l'âge inno cent qui la protégeait contre les aveux de l'amour; la répétitiou des accidents de la même scène le reporta quelques anuées en arrière; ce qu'il avait entrevu alors dans l'avenir se réalisait avec toutes les séductions du présent. L'enfant était devenu cette jeune femme mer veilleuse de grâce et de beauté, qui attachait les yeux d'un peuple d'admirateurs aux franges flottantes de sa robe d'épouse. Piranese, qui avait perdu sa raison, pen dant quelques heures, son départ de la villa, et ne l'avait complètement retrouvée que dans les bras de Joachim Murât et dans le tumulte des Camps, trembla de ressentir encore ce terrible ébranlement de cerveau qui l'avait jeté deux doigts de la folie; il abandonna donc la place dangereuse d'où il assistait au bal, et vint res pirer sur la pelouse de l'Anio. 11 se trouva en face d'Emile, qui le reconnut subitement dans l'ombre, et s'écria Arrivé! oh! béni soit le ciel Piranese se laissa nonchalamment embrasser, et no

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