JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1,559. 15" Année.
Dimanche, 6 Avril 1856
LES MAGASINS DE NOUVEAUTES.
-Lia
Jllh
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces, 4 francs, f Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSEBJTJQNS Annonces, là ligne 15'centimes, Réclames, la ligné: 30 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPBES, 5 AtHImI
I - il
II y a des esprits mal faits qui se plaignent du
peu d'imaginative des publici&tes religieux. Ils
trouvent que le fond de la polémique cléricale
consiste en un çprlaiu, nombre d'expression^
pittoresques, mais injurieuses, et queila,logique
et le bnn sens Millept dans^e^'écrita,.religieux
par leur absence.
Cependant!, de;te/qops,en .tempslç; jpufoa-
lisme religieux npue.sert du fruit nouveau, et
j«n.y songqftptiMep^çiqjdqU trouver que l'esprit
d'invention s'élève crescendo-, e|t comme çnez
Nicolet, c'est de phrrw-pltis fort. M-. De iVfe-4
-rôde, agacé déjVdir ses adversaires se qualifie?
de libéraux, tandis que lui se-prétend>plus li
bérai, sa façon s'eptènd, que tous les libéraux
de l'univers,1 inventa la joîie qualification dp
f/lèérrf/MJe.' C'était déjà chafmanti, mais le parti
clérical n'avait pas encore l'espoir qu'il nourrit
"aujourd'hui, de couquérir' la prépotence, et
pour Ce motif,1 le mot inveplé par l'imagination
'surexcitée de M. De Mérode, était très-inoffensif,
;,d autant plus que personnp n'en saisissait tout
le charme^très-fort goûté cependant par les
nobles amis de l'inventeur.
A quelque temps de là, on sentit le besoin
de servir quelque mets nouveau, et comme le
parti épiscopal, favorisé par le courant du des
potisme qui traversait l'Europe, avait plus de
prétentions, on voulait trouver quelque appel
lation' plus épicée. L'Université catholique se
mit de la partie et, cette époque, un profes
seur dé littérature française rédigeait un petit
jouritàl mort au sein de son triomphe. Un
beau matin, on y lut cet axiome imprimé, que
lés libéraux étaient des lïbérdtres. Le libéra
lisme, l'apparition de celte sublime nouveauté,
fut saisi.... dlun fou rire, et ce coup de massue
qtil devait l'écraser, finit par faire hausser les
épaules.
Le mot de libérâlre n'ayant plus aucune verlu
et étant allé eq eau de boudin, malgré tout le ve
nin qu'il était censé conteOir ,les hauts bonnetsde
l'épiscopal se mirent la recherche d'une éner-
.souS l'effej) de^ feux roulants de la bonne presseT
C'est la Paine de Bruges qui a eu la bonne
fortune de pouvoir éditer la première, une troi
sième qualification l'adresse des adhérents du
libéralisme. Celle-ci a au moins le mérite d'être
comprise de tout le monde, et si les deux pre-
11 - h i ilnul no sa il
mières syllabes sont communes aux premières
appellations, la fin en est beaucoup plus vénéneu
se. Ceteslimable organe de l'évêque Malou Irôuve
que libéral et libertin, c'est tout un, et nous
devons, pour celte découverte, lui adresser nos
jsincè,res félicitations.
L'insulteur patenté de l'évêque Malou a, du
premier coup, dépassé de cent coudées, comme
dit l'Écriture, et M. De Merode, et le professeur
de l'Université catholique. Si cette nouvelle
preuve d'amour de l'épiscopat pour les libéraux
est caractéristiquenous ne pouvons consta
ter toutefois qu'elle soit de bon ton, et en fait
3î> iiiit r
de libertinage, noua connaissons des chers de
file du parti religieux qui,' sous ce rapport,
joqjs^ent de beaucoup de notoriété. Nous pré
férons toutefois les admettre tous bénévolement
l'empilée clérical sans distinction, et il serait
facile de trouver entre l'Olympe des païens et
les dieux et demi-dieux du cléricalisme beau
coup d'aualogie.
Il est souhaiter qu'un libraire voulut
réunir en volumes, tous les documents publiés
sur le régime actuel de la bienfaisàhcé publi
que et des fondations ichai itables. On deVrait
mettre en regard le projet de M, Faider et
même les élucubrations de M. d'Anethan, avec
le projet de loi Nolhomb. Ce serait une grande
facilité pour ceux qui veulent étudier la portée
du nouveau régime que le parti clérical veut
imposer l'État.
AUTREFOIS.
Un petit bonhomme de quatorze ou quinze ans, biea
pur de toute latinité, les doigts encore meurtris des coups
de règle d'un maître d'écriture, élève de Brard et Saint-
Omer, car on né disait pas encore calligraphe, bien frotté
de Barème, fils d'Un marchand, était envoyé chez un
autre marchand par son papa, avec recommandation de
convertir autant que possible en vache enragée, les six
cents livres qu'on allait payer pendant deux ans pour son
apprentissage.
Soyons juste la recommandation était prise la lettre.
Le boutiquier achetait, recevait, déballait, marquait
les marchandises, faisait tous les deux ans un grand
voyage en fabrique: Rouen, Saint-Quentin, Sédan et
Lyon (c'était déjà une hardiesse). II surveillait la vente et
savait, pour ramener une pratique découragée, faire sou
rire son profil gauche, tandis que je profil droit fou
droyait le commis inexpérimenté. Sa femme tenait les
livres «t la caisse.
Une grosse servante normande, picarde ou flamande,
faisait le diner, lavait la devanture, ouvrait et fermait la
boutique en se faisant aider par l'apprenti pour placer ou
serrer les volets, les boulons et les clavettes (vieux sys
tème de fermeture).
S'il arrivait parfois que le pauvre adolescent souffrit,
son insu, de ses appétits comprimés, de ces émanations
Société de
la Concorde. Le programme sera
distribuéaussitôt qu'H'èëra arrêté et approuvé
par les Autorités ci files et militaires.
VOIR» VICINALE. - TRAVÀ
uit1 d'éHîretiÉnï-
VI5ITE5
r?»l liivA
annuelles.
nn on-:
Les matinées musicales sont suspendues jus
qu'à la saison d'hiver et un programme indi
quera les musiques qui donneront alternative
ment des concerts au Jardin public et la
i
aigrelettes que dégage l'apprêt des étoffes neuves, la pa
tronne avait un coup-d'œil éloquent pour en avertir son
mari, et celui-ci disait, en regardant l'apprenti entre les
dçux yeux Voilà un garçon qui n'est pas sage il a be
soin d'air... N'avons-nous pas l'article B. C. 0. rendre
chez tm telVr, mon garçon ah propos, tu dines
avec nous dimanche...
Soixante kilos porter, mais une heure de marche
dans les rues de Paris, avec la liberté de penser
n'importe quoi 1
Oh par exemple, s'il tombait malade!.;.
A lui le médecin de la famille, l'apothicaire de la fa
mille! L'égoïste marchand, la sèche bourgeoise, deve
naient un père et une mère... admirables
Le petit bonhomme grandissait, passait, en suivant les
lois de la hiérarchie la plus scrupuleuse, par tous les
grades de la profession puis reprenait les affaires de son
père, se choisissait religieusement une femme bien enten
due, et devenait son tour le Jupiter tonnant d'un
olympe—soie, laine et coton; il se risquait quelquefois
faire repeindre sa devanture, au risque d'être critiqué
dans son quartier.
Ou bien, quelque gros garçon de campagne arrivait en
sabots la porte d'une boutique et implorait humble
ment la faveur de faire les gros ouvrages. Il avait, dé
faut d'écriture, une prodigieuse mémoire, plus sûre et
plus vaste que le journal le mieux tenu il calculait de
tête comme un usurier de village, et savait vivre de pain
nr Ypres, IéV Avril 4856.
Aux administrations communales de l\arrà)ïdisse-
ment.
!i:m Messieurs, xdr i.
L'époque àpproicheoù la loi vous imposéoèrtainèa
obligations pour BeritVetfeu de la voirie,vicir*aie'; des
obligations août de diverse nature, selon què'l'étl-
trèti'én des chemins èst charge de la commune du
h charge des riverains mais dans l'on comme dans
l'autre cas, 'vous!voudrez bien tous mettre' défci
présent en mesure de rèhiplirilés diverses forma
lités qui sont prfrsfctites par le règlement' provincial
du 22 Juillet 1854.
Dans les Idéalités où l'entretien est devenu une
charge communale, je sais què là visite prescrite per
l'article i5 de ce règlement^ n'a pn'avoié Lien dans
le courant de l'année dernière. Mais vohs -vôûdrez
bien suppléer cette lacune en faisant, a vànt'ht fin
de ce mois, uné visite générale des chemins et en
dressant procès-verbal de tona'leS'trâVBux que vous
trouverez nécessaires v ensuitè' vous1 aurez soin de
faire procéder! l'exécution de ces tràvaiix pour le
i5 Juin au plus tard,'soit sur les revCnas Ordinaires
de la commune, soit au moyen dé prestations et de
centimes additionnels spéciaux,dans les limites fixées
par l'article 14 dela'lôfdu ib Avril 184Û <-
Ddns les 'éoramunés où l'entretien est resté
charge des riverains, les administrations-commu
nales auront soin de faire les deux visites prescrites
par les articles 46 et 49 du règlement préolté, de
rédiger un pTocès-verbâf en i ègle, d'en faire faire la
publication et d'en faire délivrer des eXtrait9 aux
intéressés, le tout en conformité de l'article 47 du
même règlement. j
Vous remarquerez d'ailleurs, que dans l'un et
l'autre système d'entretiences dispositions s'appli
quent a\fx ruisseaux, rigoles, courants d'eau, etc.,
sous la réserve contenue dans l'article 94 du même
règlement.
Quel que soit d'ailleurs le régime adopté pour
votre localité, vous Voudrez bien m'adresser vos
procès-verbaux de visite avant le 1' Mai prochain
bis. Et il. fajlait que ces qualités fussent bien réelles, car
il était soumis de rudes épreuves! Mais s'il avait su ra
masser a propos l'épingle traditionnelle, ou faire preuve,
par quelque autre action de ce genre, d'ordre ej d'écono
mie, il était admis comme garçpn de boutique, puis il
Revenait commis; puis, vers trente ans, il joignait son
petit saint frusquin quelque maigre dot avec des espé
rances, sources de crédit, et il reprenait la boutique du
patron, ou en ouvrait une autre.
UNI HISTOIRE DU TEIF8.
Il y a cinquante ans, pas davantage, un garçon de
seize ans se présentait dans ces conditions chez lin iùar-
chand de la rue Saint-Martin. Tout-à-coup, le patron,
qui s'était montré assez bienveillant, fronce les sourcils
et congédie brusquement le solliciteur j il venait de
s'apercevoir que celui-ci portait des gants, des gants
de tricot, en coton Le pauvre garçpn insiste; le pa
tron regagne les profondeurs de sa boutique.
Je n'ai pas besoin chez moi de mirliflors qui ont
des ganls!
Mais, Monsieur, c'est pour guérir mes engçlures et
pouvoir travailler! Et le pauvre petit diable se bâte de
mettre nu une main boursouiflée, crevassée, rouge,
effrayante
Comment, petit imbécile, tu as des mains pareilles et
tu les caches? s'écrie le marchand attendri Un nouveau
soupçon vint cependant modérer son enthonsiasme.