JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JV l,SSO. 16e Année.
Dimanche, 22 Juin 1856.
Vires acquinteuniu.
XG MEILLEUR AMI.
INTERIEUR.
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Ypres, 31 Juin.
L'excitation produite par les élections est en
voie de se calmer, mais une grande ville se
trouve humiliée; les électeurs de la campague,
auxquels nous ne voulons nullement contester
leurs droits, ont, par leurs votes, fait triompher
la réaction, contre le vœu de tous les électeurs
intelligents, contre ceux qui peuvent le mieux
apprécier la direction politique qu'il s'agit d'im
primer au pays. Un fait aussi singulier que
celui du triomphe des suffrages non raisonnés,
sur les votants qui, en venant au scrutin, ont
bieù compris la portée de l'acte qu'ils posaient,
ne laissera pas que de blesser profondément la
fraction intelligente de la nation,
On veut se rendre compte de ce fait qui,
quoique très-légal, n'en est pas moins déplo
rable, car si les électeurs font de mauvais choix,
s'ils élisent aujourd'hui des réactionnaires, en
nemis intimes des institutions libérales, demain
sous une pression quelconque, ils peuvent con
férer un mandat des individus inféodés
l'étranger qui nous absorberait ainsi traîtreu
sement. Un collège électoral capable de se livrer
ainsi aux instigations de meneurs, compromet
fes destinées et l'indépendance de la nation et
il importe que l'opinion publique réagisse éner-
giquement contre ceux qui, jouissant du droit
électoral, en font un aussi déplorable abus, u
Quoiqu'il en soit, le résultat des élections de
Gand, est dît aux menées du clergé catholique
qui n'est pas intervenu comme citoyen simple
ment, déposant son bulletin dans l'urne, mais au
titre de ses fonctions religieuses, prêchant au
prône, déclamant contre ceux qui ne voulaient
pas des candidats de l'évêchéinjuriant des
hommes tout aussi dignes et aussi honorables
que MM. les prêtres, simplement parce qu'ils
croyaient, et c'était leur droit, que les candi
dats du clergé n'étaient pas les mandataireè
qu'il fallait envoyer la Chambre, pour y dé
fendre, contre la réaction intérieure et exté
rieure, les institutions Belges.
Il est impossible de ne pas faire un rappro
chement très-concluant et qui est.la démons
tration évidente de l'abus, que le clergé fait de
.(suite.)
Victor répondit de son mieux cette bienveillante ré
ception; puis, après quelques instants d'une conversation
banale, croyant le moment propice ses desseins i
M. Auvray, dit-il, vous êtes le maître de ma des
tinée; vous seul pouvez la rendre heureuse jamais.
Et que faut-il pour cela? demanda le négociant surpris.
La main de votre fille.
A cette demande inattendue, Lucile se leva vivement,
et trop émue sans doute pour assister un entretien qui
touchait de si près son bonheur, elle feignit une préçc-
cupatiqn subite et se retira. Quant M. Auvray, R s était
trouvé pris tellement l'improviste qu'il eut d'abord
assez de peine se remettre. Cependant, après quelques
instants de silence et de réflexion, il serra affectueuse
ment U main du jeune homme dans les deux siennes, çt
l'ayant secouée plusieurs reprises
Victor, répondit-il, après le servicegue vous m'avez
rendu, croyez que je suis profondément touché de la dé-1
marche que voua venez de faire... 1 -
En ce moment les yeux du jeune hpmme brillèrbnt
d'un éclat merveilleux, s
Mais, continua le Bordelais, je regrette de ne pou-
son influence religieuse pour peser sur le sys
tème politique du pays. En 184&/le prêtre s'est
abstenu de se jeter comme un perdu dans
l'arène politique et presque tous les serviteurs
et hommes d'affaires du clergé la Chambré
ont élé éliminés. Mais cette époque, la peur
forçait l'épiscopat s'abstenir, et l'orage passé,
il a relevé la tête et est devenu plus despote que
jamais. Aujourd'hui que l'ordre est donné par
l'évêque d'exercer une pression énergique et
patente sur l'électeur et que celui-ci est publi
quement et scandaleusement conduit en laisse
au scrutin par 6on pasteur, croitron qu'on ne
fera pas remonter la responsabilité de ces votes
extorqués, au prêtre qui abuse de ses pouvoirs
sacerdotaux pour s'adonner un pareil métier?
Nous le savons, aujourd'hui le vent est la
réaction et MM. les évéques croient n'avoir plus
rien ménager. Réussir quand même, tel est
leur mot d'ordre mais en 1&15, la réaction
triomphait, en 1830, elle était abattue. Aujour
d'hui elle est glorieuse. Mais si le vent tourne,
on n'oubliera de sitôt que là hiérarchie catho
lique, après avoir béni les arbres de la liberté,
a été un instrument efficace de tyrannie et a
poussé toutes les mesures réactionnaires. Ce
qui met surtout nu le coté déplorable des
allures du clergé, c'est qu'au point de vue ré-
ligiëux, le prêtre ne peut plus remplir sa mis
sion àvec autorité. De quel droit, quand il se
met déclamer et injurier une partie de ses
ouailles, pour cause politique, peut-il encore,
en matière religieuse, consoler et reconforter le
croyant qui a élé insulté. Le prêtre n'est plus
l'homme de Dieu, le ministre d'une religion dé
paix et d'amour, c'est un énergumène d autant
plus ridicule, qu'il veut régenter des affaires
qui ne le regardent et ne le concernent pas.
Le domaine temporel est le domaihe du laïque
qui travaille, cultive, fait le négoce. Telle est
la prescription de l'évangile qui dit Rendez
César ce qui appartient .César, mais l'évan
gile, en beaucoup de circonstances, est pour le
clergé belge une> lettre morte, car en temps
d'élection, il est loin d'agir en vertu de ce pré
cepte du Divin Maître Artuz-vous les uns les
m
autres.
Voiè l'accueillir; ma fille est promise depuis longtemps et
je n'ai qu'une parole.
C'était court et clair; il n'y avait pas une seule objec
tion faire. Victor se^ retira lé cœur navré; Lucile l'at
tendait dans 1,'antichambre.
Eh bien? demanda-t-elle. Je suis un homme
perdu; votre main est promise un autre! 11 Grand
Dieu c'en est dohè fait mes pressentiments ne m'avaient
pas trompée! Que voulcz-rous dire? - Oui, reprit
la jeûne fille; il me semblait aVoit1 entendu la dérobée
parler de ce mariage; mais jusqu'à présent je n'osais y
croire, tant j'étais loin de penser que mon père consen
tirait jamais me donner un époux, sans me consulter.
Vous connaissez donc mon rival? Je l'ai vu deux
ou trois fois seulement Bordeaux, où il nous a été pré
senté par un ami de mon père. Son nom? Émile
Leblay...—Sa profession? Médëtin...Sa demeure?
Ici même... A Paris? Oui, Paris... Ah je
comprends maintenant le but du voyage de votre père;
mais rassurCz-vous, Lucile; ce mariage n'aura pas lieu.
Oh rtiô'n Dieu!' qu'allez-vous faire. Ne craignez
irien: je le sais.
En prononçant ces mots, Victor sortit précipitamment;
mais, une fois dans la rue, il s'àrrétaj ear, a vrai dire, il
ne savait que faire. Cependant, peu pën, ses sens se
calmèrent, et il put envisager sa position sou» toutes les
VILLE D'YPRES. Coxseu. rouui vtt.
Séance publique fixée au Lundi23 Juin 1856,
d neuf heures de relevée.
iH fl ORDRE DU JOUR'î'ri'J
i* Communication de pièces,
al-a» Projet da clôture entre les aubêles de l'oc
troi et. le garde corps, la porte de la Station. -
3* Rapport-sur l'état de la grue en bois au bas
sin.
4* Demande d'un emprunt au fonds spécial
pour la reconstruction des façades en bois.
5* Propositions pour terminer le différend en
tre la ville et la veuve Leliouck, au sujet d'un pas
sage Zillebeke,
6° Dispositions prendre pour la céle'bralion
du 25* anniversaire de l'inauguration du Roi et la
fête communale.
7* Demande par l'administration des Hospices,
afin d'être autorisée h consacrer une somme de fr.
t,774-95, non prévue au bndget du présent exer
cice, pour reconstruction d'une maison en ce mo
ment inhabitée.
8*— DépJaqepient de la tuerie pour les porcs,
g* 7— Approbation des procès-verbaux,-: A. de lo
cation du droit de pêche dans les fossés de la ville, et
b. de vente des herbages erpissant sur le chemin de
ronde intérieur et extérieur sur la plaine et aux
abords des étangs de Dickebusch et de Zillebeke.
io*Délibérersur la fixation du prix maximum
du gaz fournir aux particuliers par l'entrepreneur
de l'éclairage public.
Le Roi,'dans l'audience qu'il a accordée (a
députation brugeoise, a promis de se rendre
Bruges avec là famille royale le 27 juillet.
■muni
La liste des éligibles au Sénat qui a paru dans
le Moniteurdu 15 juin, renfermait beaucoup
d'omissions en ce qui concerne ,1a province
d'Aq vers.
Le Moniteur du 18 reproduit la liste en com
blant les lacunes qui s'y trouvaient. II résulte
de cette rectification que la province d'Anvers
possède, non pas 21 éligibles seulement, comme
nous l'Avons dit, mais 45.
1 -
faces; elle n'était pafe belle. En vain il se creusait la tête,
retournait son imagination, invoquait son génie; il ne
savait comment se'défaire de son rival. 11 y avait bien
un moyen,,c'était de lé tiier; mais en France, on ne tue
pas un cnjiëpiisàhs lui donner le droit de vous rendre la
pareille; défaut de mieux, Victor Choisit ce parti. Aussi
tôt il se réhdit chez M. Émile Leblay. M. Emile Leblay
était un grahd jeune homnfe pâle et sec; mais il était
aisé de Voir, une certaine expression répandue sur son
visage, que cet épuisement ne provenait ni de la médi
tation ni du travail. Il avait étudié la médecine comme
tant d'Autres, mais seulement pour satisfaire les désirs de
sa famille. Lorsque Victor entra, le jeune docteur, revêtu
d'une ample rob'e de chambre et mollement étendu sur
un divan, dégustait avec délices les bouffées d'uno pipe,
placée sur la cheminée, et dont le long tuyau se déroulait
en spirales sur le parquet.
Monsieur, dit Victor en abordant brusquement la
discussion, Affaire qui m'amène veés vous est fort grave;
permettez-moi de passer les préambules... Vous devez
épouser, je crois, M"° Auvray? C'est vrai, monsieur.
Et quand ce mariage doit-il se faire?
A cette question inconvenante, le docteur s'arrêta un
instant èt fixa un regard interrogatif sur son interroga
teur; mais repolissant aussitôt sa première idée.
- Monsieur, reprit-il, le mariage se fera probable-