JOURNAL DTPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 1,58«. 16# Année.
Dimanche, 29 Juin 1856.
Vires acquirit eundo.
LUCIEN BOEDT.
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Ypiies, 28 Jtain.
TILLE D'YPRES. Conseil communal.
Séance publique du Lundi23 Juin 1856.
Présents MM. le baron Vanderstichele de
Maubus, bourgmestre président AlphonseVan-
den Peereboom, Pierre Beke, éehevins Théo
dore Vanden Bogaerde, Charles Vande Brouke,
Legraverand, Martin Smaelen, Édouard Cardi-
nael. Auguste DeGhelcke, Ernest Merghelynck,
Pierre-Léopold Boedt, Charles Becuwe, Auguste
Maieur, conseillers.
La séance s'ouvre par la lecture du procès-
verbal de la réunion du Conseil du 5 Juin dr;
la rédaction en est approuvée.
M, le président informe d'assemblée que la
vente de terrains autrefois affectés aux ouvrages
dedéfense de la place, a été fixée primitivement
au 17 juillet. Toutefois l'autorité compétente a
demandé un ajournement. L'adjudication est
définitivement fixée au 21 Août.
Il est donné lecture d'un rapport sur les opé
rations du Bureau de bienfaisance, concernant
l'approvisionnement de pommes de terre, et la
vente de ces tubercules prix réduit. Ce rapport
sera publié. A cette occasion, le Conseil yple
des remercîmenls au colonel du 2* et au corps
d'officiers et sous-officiers, pour le bienveillant
concours que ces messieurs ont bien voulu prê
ter toutes les fêtes au bénéfice des indigents.
Cette résolution sera portée la connaissance
de MM. les offioiers et sous-officiers du régiment
par les soins du collège échevinal.
Un plan pour un projet de clôture est ensuite
arrêté par le Conseil, afin de pouvoir enlever
l'estacade en bois qui se trouve entre le mur
capital de la place et les aubêles de l'octroi la
porte de la Station.
Le Conseil entend ensuite un rapport sur la
grue établie au Bassin. Elle est en mauvais étal
et aussi ne s'en sert-on plus. Dans les derniers
six mois, elle n'a pas produit cinquante centi
mes. L'estimation en a été faite et l'assemblée
se décide ordonner la démolition de cet engin
disgracieux et on vendra les matériaux qui en
proviehdront.
IiE NIE1LLEIB ANII.
(suite.)
M. Benn leur expliqua en peu de mots l'aventure, et
les poussa, encore tout étourdis, dans un fiacre qui pas
sait. Ce qui arriva ensuite est connu; M. Benn, caché
avec son armée, dans sa voiture, attendit la sortie de M.
de Corvelles, et la suivit distance jusqu'au lieu désigné
pour le duel. A peine fut-il descendu de son fiacre,
qu'impatient de se soustraire une attention que son ar
senal portatif eût nécessairement attirée, Victor s'enfonça
dans l'épaisseur du bois; mais M. Benn et ses deux com
pagnons ne le perdirent pas de vue un seul instant. Enfiu
quand l'usurier jugea l'occasion favorable
Gendarmes, dit-il, empoignez-moi d'abord celui-là!
Aussitôt les deux gendarmes coururent après le jeune
t homme, et s'étast approchés de lui poliment
Monsieur, dit l'un d'eux en désignant la boite ac
cusatrice, que portez-vous là? Qu'est-ce que cela vous
fait? répondit brusquement M. de Corvelles en se retour
nant. Ah! qu'est-ce que cela nous fait!... Avez-vous
des papiers
A cette demande, Victor se mordit les lèvres et pâlit;
il comprit qu'il était perdu.
Une demande d'avance de fonds pour la re
construction d'une façade en bois a été faite
par les héritiers de feu M. Pierre Baelde. Elle
s'élève la somme de 2,500 fr. etje Conseil
l'alloue l'unanimité.
Des propositions d'arrangement ontjélé faites
l'administration de la ville par la famille Le-
bouck, de Zillebeke, pour terminer une affaire
litigieuse ayant pour objet la propriété d'une
parcelle de pré, servant d'issue aux prairies de
l'étang de Zillebeke. Renvoyées la commission
du contentieux fin d'examen dans la séance du
5 Juin, ces propositions ont élé modifiées et
dans son rapport la commission soumet une
autre rédaction de la convention intervenir
entre la ville et la famille Lehouck, Les conclu
sions sont adoptées par le Conseil l'unanimité.
L'assemblée s'occupe des fêtes organisera
l'occasion du 25e anniversaire de Sa Majesté le
Roi, Léopold 1er, mais on se trouve dans l'em
barras cause des belles fêtes qui seront orga
nisées Bruxelles et Bruges. La kermesse
communale même sera très-insignifiante en
présence de la série de fêtes qui auront lieu
dans les principales villes du pays. Dans cette
situation, le Conseil est d'avis de célébrer la
fête de l'anniversaire en même temps que la
kermesse communale, pendant la première se
maine du mois d'Août.
Trois demandes de subsides sont communi
quées au Conseil et il est résolu que pour une
prochaine séance, un projet de programme sera
dressé par le collège sur lequel l'assemblée dé
libérera.
Le Conseil autorise !a commission des Hos
pices consacrer une somme de fr. 1,774-95,
non-allouée au budget du présent exercice, la
reconstruction d'une maison, rue de Cassel.
L'enquête faite par suite du projet de dépla
cement de la tuerie pour les porcs n'a constatée
aucune opposition et les pièces seront envoyées
l'autorité supérieure pour être approuvées.
Le Conseil prend communication de l'acte
d'adjudication du droit de pêche dans les fossés
de la ville, pour une somme de cent francs. La
vente des foins croissant sur les chemins de
ronde a été adjugée plusieurs pour 448 fr. La
Est-ce qu'on a besoin de papiers pour se promener?
demanda-t-il. Monsieur, reprit tranquillement le gen
darme, on n'a pas besoin non plus d'une boîte de pisto
lets. Vous êtes en contravention; veuillez nous accom
pagner votre domicile pour que nous constations votre
identité.
Victor écumait de rage; il jetait des yeux hagards au
tour de lui, comme s'il eût espéré quelque secours im
prévu, fût-il venu de son ennemi; mais personne ne
parut; les deux soldats étaient de taille et de force ne
pas craindre une lutte; il renonça donc entreprendre
une résistance scandaleuse et inutile, et les suivit jusqu'à
sa voiture qui l'attendait. Une heure après, ils arrivèrent
l'hôtel des Qualre-Nations, et les deux gendarmes,
après s'être bien assurés de la demeure, du nom et de la
position de leur prisonnier, le délivrèrent et lui deman
dèrent pardon de l'avoir dérangé. M. Benn avait assisté
de loin l'enlèvement de M. de Corvelles, et, malgré le
succès, il éprouvait une grande inquiétude. En effet, avec
un caractère aussi altier que celui de Victor, il restait
craindre que cette scène n'eût des suites cent fois plus
redoutables que le duel qu'elle avait empêché. L'usurier
sentit la nécessité de les prévenir; et, remontant en toute
hâte dans son fiacre, il accompagna de loin le jeune
homme et entra, peu de temps après lui, dans l'hôtel.
récolte des foins sur la Plaine d'exercice a été
vendue pour une somme de 1,580 fr. et le
produit des herbages de l'étang de Dickebusch
a été de 2,597 fr., mais celui de l'étang de Zil
lebeke n'a rapporté que 1,346 fr.
Le Conseil épuise son ordre du jour en trai
tant la question du prix de l'éclairage au gaz
fournir aux particuliers. Dans le contrat
intervenir entre la ville et M. Valcke-Hage,
entrepreneur de l'éclairage au gaz, une stipu
lation doit être insérée qui fixe le prix du gaz
mesuré par compteur.
Avant de prendre une décision, le Conseil
décide sur une réclamai ion de M. Valcke, qu'il
sera entendu par la commission saisie de celte
affaire, qui fera un rapport sur lequel il sera
statué définitivement.
La séance est levée midi.
Obsèques de M. le conseiller communal
Une triste cérémonie, l'enterrement de M. le
conseiller communal Lucien Boedt, avait réuni
Jeudi passé un grand nombre de personnes
l'église de S1 Pierre de notre ville. A dix heures,
le funèbre cortège s'est dirigé de l'habitation du
défunt vers l'église. Deux conseillers commu
naux et deux notaires tenaient les coins du
poêle. Après la famille suivaient les conseillers
communaux et les membres de l'administration
des Hospices et du Bureau de bienfaisance. En
suite venaient les employés communaux de tout
grade.
Après le service funèbre, le cortège s'est re
formé et l'on s'est dirigé vers le champ du repos.
Avant l'inhumation M. Alphonse Vanden Pee
reboom, échevin de la ville et collègue de M.
Boedt la Chambre des représentants, a retracé
larges traits et avec beaucoup d'âme, la car
rière bien remplie de l'administrateur probe et
énergique que la ville d'Ypres vient de perdre.
Le sieur Ange De Keyrel, âgé de 58 ans, cul
tivateur aisé, demeurant Langhemarcq, s'est
pendu dans son fournit, pendant la nuit du 23
au 24 de ce mois par appréhension, ce que
l'on dit, d'une augmentation de son prix de fer-
Victor était affaissé sur un fauteuil, en proie un abatte
ment extrême, mais, la vue du petit vieillard, il se leva
vivement, ses yeux étincelèrent, et, d'une voix terrible
Ah! vous voilà! s'écria-t-il, en menaçant le pauvre
homme du geste et du regard!... Je comprends tout
maintenant; e'est vous qui avez envoyé les gendarmes,
et vous venez jouir de votre triomphe
A cette brusque attaque, M. Benn éprouva un moment
de terreur involontaire; mais le sentiment de ses trente
mille francs luiVendit son courage et sa présence d'es
prit. Je ne vous comprends pas, répondit-il, en affec
tant un air étonné. Oui, dissimulez; je sais quoi
m'en tenir désormais! Vous m'avez joué un tour indigne,
monsieur Benn; mais je vous jure que cela vous coûtera
cher! Qu'est-ce que cela me coûtera? demanda l'usu-
rier avec un étonnement qui, cette fois, était sincère.
Sans doute, vous avez cru par là sauver votre créance;
mais, continua M. de Corvelles en se précipitant sur ses
armes, vous vous êtes trompé, monsieur Benn! A mon
désespoir vous avez ajouté la honte maintenant, je ne
puis plus vivre, il ne me reste plus qu'à me tuer A ces
paroles, le petit vieillard bondit comme un tigre; il se
jeta sur le bras du jeune homme, le désarma, puis tom
bant aussitôt genoux
Oh monsieur Victor, s'écria-t-il, au nom de Dieu
