Chronique politique.
Nouvelles diverses.
les événements décisifs accomplis Madrid. Sara-
gosse possède, en outre, des carabiniers et quelques
compagnies de partisans, composées de gens sans
aveu et de miliciens. Les troupes envoyées de Madrid
contre Saragosso n'étaient pas encore arrivées.
La Navarre et les provinoes basques soat tran
quilles,
Du 97 Juillet nu SO Inclus.
Une dépêche de Paris de vendredi soir, peu d'ac
cord avec celle du Moniteut^unioersel, dit, d'après
des nouvelles reçues des frontières d'Espagne, que
les troupes insurgées sont désorganisées et abandon
nées par un grand nombre d'officiers Saragosse.
Use dépèche de Saint-Sébastien, datée du a4> Pré
tend que le général Dulce est arrivé devant Sara
gosse, et que, campé sur le mont Serzero, il aurait
ouvert le feu contre la ville, après une sommation
restée sans effet.
Des lettres de Madrid, du a i, parlent de divisions
qui auraient commencé se produire au sein de; la
Cour. Certains personnages'réclament l'application
de mesures ne cadrant pas avec la politique procla
mée par quelques membres du ministère: la Ruine,
par exemple, demande la suspension de la loi de
désamorlissemenl et la non-réorganisation de la mi
lice de Madrid.
Il est aussi question d'exigences pour éloigner des
emplois publiestous les progressisteret les libéraux.
Des dissidences auraient éclaté entre O'Donnell et
le parti dee frèrea Concha. Le premier se trouverait
placé entre la Cour et les généraux qui ont aidé la
réaction ou l'ont forcée eu sens contraire aux prin
cipes du maréchal.
Une nouvelle plua inattendue que toutes les au
tres, est celle-ci le maréchal O'Douueil se serait
rapproché d'Espartero, et comme moyen de solu
tion, celui-ci rentrerait au pouvoir. C'est le corres
pondant d@ la Presse, M. Couaiihac, qui s'est fait
l'éditeur de ce bruit. Tous jes malentendus, dit-il,
auraient été expliqués. Mais la journée du i5 juillet.
Mais la milice madrilène? Ne vous disais-je pas, il y
a deux ans, que nous étions ici daus le pays de l'im
prévu, et qu'il fallait s'attendre tout? Les événe
ments vous l'ont prouvé depuis celle époque; mais
aucun ne sera, je crois, s'il se réalise, plus propre
vous prouver que j'avais raison.
Si vous demandez ce que j'en pense, je vous ré
pondrai que rien n'est impossible ici. O'Donnell a
besoin de trouver un point d'appui de Cautre côte
Espartero se poserait encore comme l'homme né
cessaire, et les miliciens du i5 juillet seraient des
imprudents, des impatients et des inconstitution
nels.
Ce qu'il y a de positif, c'est que, malgré tous les
bruits qui ont couru sur son départ, Espartero n'a
pas quitté Madrid. 11 a loué uu appartement en ville,
pour ne compromettre personne, a-t-Tl dit. Il a re
fusé l'asile que lui ofTrail son ami Mailieu, chez
lequel il demeurait ordinairement pendant ses voya
ges dans la capitale. La location d'un appartement
indique une pensée de résidence.
Eu attendant, les généraux vainqueurs se parta
gent la curée. La Gazette de Madrid du 19 nous
apprend que le général Don Manuel de la Concha
est nommé chevalier de la Toison d'Or; le général
Messina, grand'eroix de l'ordre de Charles III; le
général Serrano est nommé capitaine général des
armées nationales (cela équivaut au grade de maré
chal) le général Dulce est nommé chevalier grand'
eroix de l'ordre royal et militaire de Saint-Ferdinand.
Beaucoup, d'autres faveurs ont plû sur des noms
moins connus. Nuus les passerons sous silence.
La question d'Espagne est-elle destinée refroidir
les relations de l'Angleterre avec la France, comme
il en advint du temps de Louis-Philippe, cause des
mariages espagnols? Nous répondrions oui, sans hé
siter, si la France faisait passer la frontière h ses
troupes. Lord Palmerston ne croit pas cette éven
tualité. Interpellé ce sujet dans la séance de jeudi
soir, par M. Marrough, il a répondu en ces termes
Il n'y a rien présent qui indique une telle inter
vention. A 1 égard de la question générale, l'empereur
des Français est homme de justice et de sagacité, et il
sentira, sans aucun doute, l'inconvénient d'intervenir
dans les affaires intérieures d'une nation étrangère. En
outre, quand on considère l'expérience du passé et qu'on
a présent l'esprit que l'intervention de quelques-uns de
ses prédécesseurs dans le gouvernement intérieur de l'Es
pagne, un peu plus tôt, un peu plus tard, est toujours
retombée sur eux-mêmes, il parait presque impossible
que l'Empereur ferme les yeux ces enseignements de
l'histoire. Mais, présent, il n'y a'pas de raison de sup
poser que Sa Majesté médite une telle intervention.
La session du Parlement anglais sera close mardi
prochain.
La situation de la ville de Saragosse est pour le
moment l'objet de toutes les préoccupations. Le 27,
le général Falcon, au dire du Moniteur fronçaity
tenait une position formidable par les troupes nom
breuses qu'il y commandait le 28, le même journal
atténuait considérablement la portée de celte nou
velle, en réduisant de beaucoup la garnison de la
place.
D'un autre'fcôté, les nouvelles de Bayonne don
nent des craintes sur les troupes envoyées contre
Saragosse, sous le commandement du général Echa-
gue, qui aurait pris devant la ville uue position
compromettante.
Le Constitutionnel a aussi des nouvelles de Sara
gosse, mais elles nous paraissent prématurées. Il
prétend que te général Dulce, après avoir fait sa
jonction avec le général Echague, avait ouvert le feu
le 23, et que le général Concha lui amenait des ren
forts. Les communications télégraphiques étant in
terrompues, il était difficile de savoir Paris, le 25,
ce qui se passait devant Saragosse le a3.
Il faudra donc quelques jours probablement pour
que la vérité se fasse jour. A Madrid, le 22, on
croyait que l'ordre se rétablirait dans l'Aragon, aus
sitôt qu'on y saurait le succès d'O'Donnell Madrid
et de Zapatero Barcelonne. On prétend que le gé
néral Falcon le comprend ainsi, et qu'il a pris des
précautions pour isoler la ville, et empêcher les
nouvelles d'y arriver.
Le rapprochement d'O'Donnell avec Espartero,
dont parlait la correspondance de la Preste, ne se
confirme pas. Les dissentiments entre la Reine et son
ministère, dont il était question, ne se confirment
pas non plus. 11 est certain, dit ce sujet le Jour
On attelait les chcvsux ses compagnes (car c'étaient deux
femmes) étaient déjà en voiture, tin cordon de parents et
d'amis répandus autour de la malle éehangaient avec elles
qui une parole, qui un haiser, qui un geste d'adieu. Jtfles
monta. La malle partit. En 1832, les voitures de la poste
ressemblaient un coupé de diligence; elles contenaient
trois places. Depuis, l'administration a eu pour le voya
geur du milieu un moment d'émouvante charité elle l'a
supprimé pour cause d'insomnie. Cette place du milieu,
où le sommeil faisait relâche forcée, Jules s'en était em
paré avec empressement. Il s'y était donné une sorte de
droit en arrivant le dernier. C'est qu'en effet il était cer
tain d'y être côté de celle qu'il cherchait. Il faut tout
dire, en cas de sommeil ii comptait bien trouver sur une
épaule charitable l'oreiller que l'administration ne lui
fournissait pas. Dans la journée* il avait poussé une re
connaissance dans les bureaux de l'Hôtel des Postes. Là,
il avait appris que les deux coins étaient retenus par la
raarquisa de Santa-Réal et par M"1* Perret. Deux noms
inconnus! Pour ce qui'était des visages, il n'en fit pas
tout d'abord l'inventaire, de peur de faire battre l'ennemi
en retraite il jugea mctne prudent de demeurer caserné
dans son manteau durant la première heure. Au second
relai, il mit l'œil dehors. Son premier regard tomba sur
la voisine de gauche. La lune qui éclairait l'intérieur de la
voilure, lui montra un amas de robes et de manteaux
capable de suffire l'étalage d'un magasin de nouveautés.
Ces vêtements servaient d'asile une femme vieille, sèche
et ridée, et uu joli épagneul. Une de ces charmantes
bétes dont la tendresse console les femmes leur déclin
de l'ingratitude des amans que la première idée a mis en
fuite! Én voyant tomber brusquement le manteau de son
silencieux voisin, la vieille dame laissa échapper une
prise de tabac prèle entrer dans un nez qui devait faire
vivre plusieurs débitants. L'épagneul se relira en jap
pant, au fond du manteau qu'il habitait. Jules se tourna
vers le coin de droite. Le coin de droite avait pour loca
taire «ne jeune femme d'environ vingt-cinq ans, de mise
élégante et distinguée, assoupie sur les coussins pourtant
peu rembourrés qui lui servaient d'appui.
Ce coin-là est mieux habité, pensa le vicomte.
Et grâce au rayon de lune qui leur faisait l'honneur
de voyager avec eux, il examina la dormeuse. La dor
meuse avait des cheveux cendrés, une bouche rose, un
pied charmant. Des paupières armées de longs cils étaient
abaissés sur un œil qui promettait d'être grand et bleu.
Les yeux bleus étaient coupables d'avoir pensé Jules le
portrait avait été commandé par la bouche rose. La vieille
dame et son épagneul étaient au-dessus de tout soupçon.
C'était clair. La bouche rosfe et les yeux bleus devaient
être la propriété de la marquise de Santa-Réal. La vieille
dame devait répondre l'ignoble nom de Perret. C'était
clair encore. Mais ce qui l'était moins, c'est que le lion
se souvenait peu d'avoir jamais vu ni la bouche rose ni les
yeux biens. Il est vrai qu'il ne reconnaissait pas davantage
la vieille dame, et l'épagneul qui faisait partie rie son mo
bilier. 11 regarda, il regarda enoore, puis réfléchit. Sa
mémoire, qui était bonne femme au fond, lui rappela
propos une charmante Arlésienne, qui l'avait aimé l'espa
ce d'une nuit d'Opéra, et qui le lendemain avait quitté
Paris. Entre celte femme qu'il avait vue peine et mas
quée d'ailleurs, et la bouphe rose qui dormait là, il dé-
nal des Débatsque quelques personnes éloignées
des atfaires depuis deux ans, ont cru qu'elles pour
raient reprendre leur ancienne influence, et se soiit
empressées d'offrir aux nouveaux ministres et même
à^a Reine, des conseils qu'on ne leur demandait
pas. Ces personnes voudraient pousser le ministère
dans les voies de la réaction; le ministère se montre
très-décidé n'en rien faire, et tout indique que
jusqu'à présent la Reine est animée des mêmes dis
positions. Nos correspondants affirment de la ma
nière la plus formelle que le plus parfait accord ne
cessa d'exister entre la Reine, le maréchal O'Donnell
et les collègues du maréchal.
Dans la séance de la Chambre des communes,
jeudi dernier, après l'interpellation sur l'interven
tion en Espagne, sir W. Williams a posé lord Pal
merston une question concernant la Belgique. J'ai
lu daus la Gaze/te de Londres, a dit l'orateur, que le
comte de Westmoreland a été envoyé en mission
auprès du roi des Belgespour le complimenter
1 occasion du a5* anniversaire de son élévation au
trône; je demande qui paiera les fiais de celte mis
sion. (Rires).
a J'ai bien peur pour mon honorable ami, a ré
pondu lord Palmerston, qu'il n'ait y contribuer
pour sa quôte part.
Cette réponse a été suivie de nouveaux rires et
d'applaudissements.
La question de la pairie viagère, >qui a été l'occa
sion d'un conflit entre les deux Chambres du Parle
ment, vient d'être résolue par une ordonnance de la
Reine,que publie la Gazette de Londres, et qui élève
lord Wensleydaleà la pairie héréditaire. La même
dignité a été accordée M. Edward Slrutl, et doit
l'être, dit-on, sir Benjamin Hall.
Lord Wensleydale a été admis la Chambre des
lords et a prêté serment dans la séance du 25.
l.a Correspondance autrichienne annonce que les
Monténégrins,au nombre de 10,000 hommes armés,
commandes par le frère du prince Danielo, ont fait
une incursion sur le territoire ottoman, qu'ils ont
mis feu et sang, en enlevant tous les troupeaux.
Ou s'attend de ce côté de sanglantes représailles.
Le Moniteur français àu 27 publie des dépêches
où il est dit que les insurgés de Saragosse ont de
mandé et obtenu une suspension d'armes de cinq
jours. Lorsque le général Dulce est arrivé devant
cette ville, le a5, il s'y est manifesté un grand dé-
couragemeut.
Le général Ruiz, commandant de Girone, qui
s'était prononcé coutre O'Donnell, s'est réfugié eu
France.
On écrit de Hambourg, 21 juillet
Un incendie a détruit avant-hier la grande fabri
que d'étoffes de coton de M. Berger de Laogereke,
Wundsbeck. Elle était assurée par trois sociétés,
pour thalers banco pour chacune. Mais les
marclvandises ne l'étaient pas, et il et» a été réduit en
cendres une grande quantité. 4°° ouvriers se trou
vent momentanément privés de travail par ce sinis
tre. Heureusement, personne n'a péri; on a sauvé
jusqu'aux chevaux de l'établissement. La direction
du veut fesait craindre la propagation de t'incendie;
1
couvrit en un moment quantité de ressemblances. Deux
coups d'œil après, il la reconnut tout fait. Ce point
éclairé, il songea la réveiller, mais poliment, sans le
vouloir. 11 ne pouvait pas décemment lui dire
Madame, vous dormez trop, j'ai causer avec vous.
Il toussa doucement on ne bougea point.
Il toussa plus fort il toussa avec acharnement la
bouche rose dormait toujours il éternuîT, éternua en
core, se moucha bruyamment. La bouche rose n'en dor-
maitque mieux. La situation eut peut-êtredurc longtemps,
sans l'intervention d'un allié plus puissant qu'un vicomte
enrhumé. C'était un affreux eahot qui vint rudement se
couer la dormeuse. En voyant s'ouvrir les grands yeux
bleus qu'il avait devinés, Jules bénit la tendre sollicitude
du gouvernement qui ne réparait pas ses routes nationa
les. En même temps, il lança la dormouse un eoùp-d'œil
narquois en se découvrant brusquement. Ce coup-d'œil,
en provoquant chez la dormeuse étonnée de le trouver là
un cri, un mouvement de surprise 011 d'effroi, devait ser
vir de préface la conversation qu'il désirait naturelle
ment entamer. Mais il était écrit là-haut qu'il ne serait
pas heureux ce jour-là fLa dormeuse répondit son coup
d'œil par un coup d'œil silencieux et négligent; puis,sans
s'émouvoir davantage, elle s'accota de nouveau pour re
prendre le sommeil interrompu.
Encore, se dit Jules et après m'avoir regardé. Bah
je vois me faire entendre.
Tout coup la phrase qu'il allait adresser sa voisine
demeura suspendue au seuil de sas lèvres. La vieille da
me éternuait Le chien faisant chorus, jappait
[La suite au prochain n*.)