JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 1,502. 16" Année. Dimanche, 3 Août 1856.
Vires acquirit eundo.
Y PRES, 2 Août.
AU ROI.
LE VOL AU PORTRAIT.
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ABONNEMENTS Y près (franco), par trimestre, 3 francs SOc. —Provinces,4francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adresse l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Nous nous sommes abstenus, pour des motifs
de haute convenancede publier le texte de
l'adresse présentée le 27 Juillet dr Bruges,
S. M., au nom de la ville d'Ypres, par le délégué
de l'administration communale.
Aujourd'hui que ces motifs n'existent plus,
nous croyons être d'autant plus agréables au
public, en faisant connaître ce document, que
celte adresse exprime parfaitement les senti
ments de la population Yproise.
Il y a vingt-cinq ans, Sire, notre province eut
le bonheur d'acclamer la première le Roi choisi
par la Belgique, au moment où mettant le pied
sur le territoire de sa nouvelle patrie, il venait,
comme nos anciens Comtes de Flandre, le jour
de leur joyeuse entrée, jurer d'observer la Con
stitution et de respecter les libertés du peuple
Belge.
Pendant vingt-cinq années, Sire, vous avez
religieusement gardé votre serment cette fidé
lité la foi jurée ne sera pas le moindre titre
de gloire du premier Roi des Belges; elle a été,
depuis un quart de siècle, le principal élément
de la prospérité nationale, comme elle est dans
l'avenir, pour votre race et pour le pays, une
garantie de stabilité et d'honneur.
Depuis le 21 Juillet 11131, la tourmente ré
volutionnaire a renversé des trônes, menacé
l'ordre social, soulevé des populations entières;
au milieu de ces tempêtes, comme par les
temps les plus calmes, Votre Majesté, forte de
l'amour du peuple, s'appuyant sur notre Con
stitution, inspirée par son noble dévouement
aux intérêts de la patrie, a su éloigner de la
Belgique le fléau de la guerre et assurer l'in
térieur l'ordre et la liberté.
Sous votre règne, Sire, le pays a décrété les
lois organiques les plus libérales, mérité le res
pect des puissances étrangères et l'amour des
peuples qui envient notre sort nos relations
commerciales se sont étendues notre agricul-
(suite.)
la locataire du coin de gauche.
Ce concert deux voix avait rappelé Jules qu'ils
étaient quatre en voiture. Le malheureux l'avatt oublié
Or, que pouvait-il dire de son aventure devant une pa
reille galerie Que pouvait-il en avouer sa jolie voisine,
en présence d'une vieille femme qui avait le défaut de ne
pas dormir en voiture et d'un épagneul qui jappait? Il
n'y avait qu'un parti prendre déloger les oreilles pa
rasites. Mais comment? Demander aux importuns qu'ils
abandonnassent Un confortable coin et un voyage peut-
être indispensable? Cette ouverture eût été une imper
tinence. Un partisan de la paix tout prix l'eût repoussée
«Tec vigueur. Or, la vieille dame et son chien paraissaient
d'humeur sinon de taille montrer énergiquement les
dents. Heureusement pour Jules, en ce moment passait
P0r là une bonne fée qu'on appelle usuellement la Pro
vence, et qui fait parfois jouer sa baguette au profit des
amants embourbés. On était au seuil de l'hivqr et des
nuits fraîches. Depuis le départ, les glaces des portières
étaient relevées. Or, par Un hasard si rare qu'il passera
pour une invraisemblance, l'ouvrier qui avait fait la voi
lure était un ouvrier consciencieux. Les glaces et les
portes soigneusement ajustées interceptaient hermétique
ment les courants d'air mortels aux jambes des voyageurs.
ture a fait d'utiles progrèsle sort des classes
laborieuses, dans notre province surtout, a été
amélioré, enfin les arts et les sciences ont fait
briller au-delà même de nos frontières les noms
de nos écoles et de nos académies.
Votre royale sagesse, Sire, a prévu de nom
breuses calamités votre bonté paternelle est
venue en aide de grands malheurs. Quand
notre ville a vu tomber ses remparts, condam
nés dans l'intérêt du pays; quand elle déplorait
la chute de ces murailles que nos pères avaient
arrosées de leur sang en défendant leurs fran
chises et leurs souverainsces murailles qui
leur rappelaient de si glorieux souvenirs et
assuraient ses habitants d incontestables bien
faits, vous avez daigné, Sire, relever nos cou
rages abattus, provoquer une loi réparatrice et
maintenir nos administrés des avantages dont
une situation séculaire rendait la perle si sen
sible.
Qu'il nous soit permis, Sire, aujourd'hui que
le chef-lieu de notre province p le bonheur de
posséder Votre Majesté et son aifgu'ste famille,
qu'il nous soit permis de venir déposer au pied
du trône le tribut de la reconnaissance de la po
pulation Yproise et de former les vœux les plus
ardents pour que le sceptre qui depuis vingt-
cinq années a si sagement dirigé les destinées
de la Belgique, puisse rester longtemps encore
en votre main royale. Ce vœu, Sire, est celui
du peuple Belge tout entier, il est surtout le
vœu de la population Yproise, qui la devise
nationale de ses ancêtres, Dieu le veut, mêle
aujourd'hui avep confiance le cri patriotique de
Vive le Roi
Fait Ypres, le 7 Juillet 1856, en séance du
Conseil communal, qui décide que celle adresse
sera présentée au Roi, par M. Alphonse Vanden
Peereboom, premier écheVin, spécialement dé
légué cet effet, et restera affichée perpétuité
daus la salle de ses réunions l'Hôtel-de-ville.
B. Vanderstichele, Alph. Vanden Peere
boomP. BekeTh. Vanden Bogaerde
Ch. Vande BroukeLegraverand31 .-J.
Smaelen, E. CardinaelA. De Ghelcke
Il en était résulté que trois heures après le départ, la
voiture avait la température d'un calorifère. La vieille
dame et son épagneul paraissaient éprouver pour la cha
leur une amitié robuste. Ils gardaient un silence satisfait.
Jules était trop occupé pour y songer. Quant la jeune
femme qui ne partageait ni les sympathies des locataires
du coin de gauche ni les préoccupations du vicomte, la
chaleur la réveilla; se sentant incommodée elle abaissa la
glace. Il est dans le monde une race de gens égoïstes et
venimeux, prorapts exagérer leur droit, âpres con
tester celui du prochain, tenant le haut du pavé, s'en-
graissant du bien-être d'autrui. Les avez-vous pour voi
sins? ils passent travers vos blés avec leur meute et
leurs chevaux mais ils vous font un procès quand vous
mettez le pied dans le sentier mitoyen. Étes-vous assis
près d'eux au théâtre? ils vous étouffent pour se mettre
leur aise, quand ils vous permettent d'écouter la pièce.
Et tutti quanti. La vieille dame faisait partie de cette
classe peu intéressante de la société. En voyant s'enfuir
l'étouffante chaleur qui emplissait la voiture, elle pro
testa
Madame, cria-t-elle aigrement, relevez la glace,
nous n'avons pas pris la poste pour voyager la belle
étoile.
La jeune femme était une de ces natures craintives et
résignées qui plient devant le despotisme d'autrui prête
défaillir sous la chaleur, elle obéit sans mol dire.
Ern. Merghelyncky BoedtC. Becutve
Aug. ItJaieur.
fêtes de Bruges.
Les fêtes données au chef-lieu de noire pro
vince, l'occasion du 25° anniversaire du règne
de Notre Roi bien-aimé, ont réussi audelà de
toute espérance. L'antique et pittoresque cité
avait revêtu ses habits de fête, une forêt de dra
peaux ombrageaient les rues ornées de verdure
et d'étoffes, les cloches bruyantes faisaient en
tendre leurs sons tantôt graves tantôt joyeux,
les chemins de fer, comme des fleuves qui dé
bordent inondaient l'ancienne Venise du nord
d'une foule de flamands et d'étrangers comme
aux beaux jours du comté de Flandre, les ban
nières des communes, les oriflammes des ghil-
den ondulaient dans les airs les casques bril
lants et les armes luisantes des corps de
bourgeois armés, étincelaient au soleil, car le
soleil aussi, voulant sans doute contribuer
embellir ces fèîes, dardait, au milieu d'uu ciel
napolitain, ses rayons les plus purs, les plus
ardents quarante corps de musique, accourus
de tous les coins de la province, faisaient en
tendre leur joyeuse harmonie l'harmonie était
partout, elle était surtout dans les cœurs et se
produisait par toutes les bouches au cri de Vive
le Roi
Oh que n'étaienl-ils Bruges le 27 et le 28
Juillet, ces touristes-écrivailleurs qui ont dit
le flamand qui se grise de bière est un être
essentiellement froidinsensible et matériel...
Que n'étaient-ils là pour recevoir un démenti
sans répliqué, ils auraient pu se convaincre
qu'ils avaient calomnié une noble race et que
si les flamands se prêtent peu aux enthousiasmes
de circonstance et de commande, ils savent
acclamer, au dix-neuvième siècle, le prince
sage qui respecte les droits du peuple, comme
leurs ancêtres acclamaient les comtes qui main
tenaient les privilèges des libres communes de
Flandre.
Il nous serait impossible de décrire l'ensemble
des fêtes et cérémonies dont la ville de Bruges
a été le théâtre, cet honneur appartient du
Pauvre petite femme! murmura Jules qui la voyait
souffrir.
Un sourire vint tout-à-coup se poser sur ses lèvres
il avait trouvé moyen d'obliger la vieille fournir elle-
même de l'air sa voisine. 11 tira de sa poche un étui, y
prit un cigare et l'alluma. La vieille le regarda d'un air
ébahi.
Vous fumez, cria-t-elle enfin. Mais c'esfde la der
nière inconvenance, monsieur.
Jules lâcha plusieurs bouffées sans répondre. La vieille
dame lui secoua le bras.
C'est vous que je parle, ajouta-t-elle.
Jules se retourna de son côté et lui répondit froide
ment
Yesit isagreat pleasure lo be smoking invoyage(l).
Et il se remit fumer.
Ua Anglais grommela la vieille dame furieuse. Je
l'aurais parié Des gens qui ne respectent rien Ma
dame, madame, abaissez donc votre glace, continua-t-
elle en fouissant et en abaissant vivement la sienne.
Et elle se remit crier l'Anglais qui ne répondait
pas, et en accentuant lentement chaque mot
On ne peut pas fumer.
Puis elle se tourna vers sa voisine
On n'est pas plus impertinent. Savez-vous l'anglais,
madame?
(1} Oui, c'est un grand agrément de fumer en voyage.