JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Vires acquirit eundo.
N° 1,599. 16° Année
Jeudi, 98 Août 1856.
Après, 37 Août.
UNE VENGEANCE.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c.Provinces, 4 francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doi
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. etre adressé a 1 éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
La vente des terrains militaires de la place
d'Ypres s'est terminée Lundi matin. Comme
nous l'avons prévu, celte aliénation rapportera
au domaine une somme de plus de six cent
mille francs, y compris les dix pour cent, pour
une étendue d'environ cent quarante hectares.
Dans pn précédent article, nous avons dit
que l'inondation de la porte de dessines était
divisée en deux lots, c'est dix qu'il fallait lire.
Plusieurs ouvrages ont été adjugés Lundi matin
des prix favorables. Le terrain près du moulin
du sieur Breyrie a été acquis pour une somme
de plus de douze mille fr. Un fortin près du
canal a été paumé plus de seize mille fr. et
enfin la lunette derrière le moulin eau a été
enebérie jusqu'au-delà de vingt mille francs. Le
seul magasin poudre qui ait été offert en
vente, a trouvé preneur pour 8,400 fr.; la su
perficie du sol emmuraillé sur lequel il se trouve
bâti, est de plus de 13 ares.
Par suite de l'aliénation des terrains affectés
aux ouvrages de défense de la place d'Ypres, la
ville changera en peu d'années d'aspect et il est
croire que bientôt, il n'y aura plus que des
traces des anciennes fortifications, l'exception
des côtés de l'est et de l'ouest où l'ancien mur
d'enceinte est conservé dans l'intérêt de la distri
bution publique d'eau potable.
Ouverture de l'Exposition d'économie
domestique.
L'Exposition d'économie domestique a été
ouverte le 25 août, 11 heures du malin.
M. le ministre de l'intérieur a été reçu par M.
Ducpéliaux et par les autres membres de la
commission. Il a examiné en détail les produits
les plus remarquables par leur utilité et leur
bon marché, et a complimenté plusieurs des
industriels qui se trouvaient là, et qui lui ont
été présentés.
Nous aurons parler de cette Exposition
qui est vraiment du plus haut intérêt, et où l'on
(suite.)
ii. la ch\sse.
Tout est en fête au château d'Aranza. De dix lieues
la ronde on est accouru pour assister la dernière chasse
du marquis avant son mariage. Jeunes et vieux, tous les
sectateurs de saint Hubert ont voulu être de cette partie
de plaisir, et ils arrivent en foule au château où ils re
çoivent l'hospitalité des anciens âges. La journée se passe
dans un festin continuel les vieux ami'â se reconnaissent;
lesgais propos se choquent dans les airs; la joie est partout.
Amené par un ami, M. de Bossange sera de cette fête
qui promet d'être magnifique. Chasseur plein d'adresse
et de courage, ayant fait ses preuves contre le ccrt et le
sanglier dans lés bois Parisiens, contre le lion et la pan
thère dans les déserts d'Afrique, il a" voulu voir de près
la chasse dés montagnes. Et puis, il a trouvé sur toutes
les lèvres l'cloge du marquis d'Aranza, il sait qu'il est le
hère de M™* de Thoiry; il brûle de se signaler sous un
chef tel que lui, comptant bien, si- le ciel le favorise,
gagner par quelque action d'éclat l'estime et l'amitié du
frère et plus tard arriver ainsi d'une façon pins aisée
celle de la sœur.
Vers le milieu de la nuit la troupe des chasseurs se
mit en marçhe. Chacun avait pourvu son armement
avec un soin particulier; car tous connaissaient les diffi
cultés et les périls dé cette expédition; ils savaient que
souvent 1a plus légère négligence est fatale au chasseur.
Nul d'ailleurs n'aurait voulu que la béte échappât par sa
trouve des choses usuelles un prix fabuleuse
ment bas.
La commission avait annoncé qu'elle ferait
mettre en chiffres lisibles, le coût de chaque ob
jet. 11 y a un grand nombre de produits OÙ
celte indication manque, de sorte que pour en
savoir le prix, il faut recourir au catalogue, où
les recherches ne sont pas de» plus faciles et
vous condamnent d'ailleurs un exercice assez
fatiguant. On ne doit pas oublier que les ou
vriers doivent être attirés celte Exposition,
que beaucoup d'enl'eux n'achèteront pas le ca
talogue, les uns pour économiser les 25 c. qu'il
coûte, les autres parce qu'ils n'y sauraient pas
lire, tandis que la plupart connaissant les chif
fres, pourraient se rendre compte du prix de
revient des objets. 11 faudrait eD un mot faire
pour tous les produits ce qu'a fait un des expo
sants, marchand-tailleur Bordeaux. Cet indus
triel a habillé un mannequin de pied en cap,
et le vêlement entier, chemise, cravate, gilet,
pantalon, blouse, etc.est coté au prix de 12 fr.
Cela est simple, clair et frappe tous les yeux,
et c'est quoi doit tendre une Exposition dé ce
genre.
On écrit de Gand, 25 août
On assure que la société de la Lys se présen
tera dimanche prochain au cortège avec un
personnel de 1400 travailleurs, et que la Linière
Gantoise en fournira de 8 900.
Les ouvriers de la carderie porteront la blouse
de toile écrue avec bonnet blanc brides de
couleur uniforme. Les devideuses auront des
robes noires avec tabliers et bonnets blancs.
Les garçons de l'atelier de serançage et les
ouvriers de l'atelier de construction seront vêtus
d'une blouse et d'un pantalon en toile bleu
avec bonnet uniforme. Tous auront un nœud
au bras.
Les différents ateliers seront accompagnés de
leurs contre-maîtres et surveillants.
faute, et l'envi ils brûlaient de faire dignement leur
devoir.
L'aube éclàireissait déjà les limites extrêmes de l'hori
zon quand on atteignit la montagne d'où l'on devait dé
busquer la bête, et la troupe se mit gravir en silence
un sentier âpre et caillouteux qui conduisait aux premiers
plateaux. Là, les chasseurs s'arrêtèrent et pendant qu'ils
se livraient un repos nécessaire de quelques minutes,
le marquis d'Aranza prit le vent, examina le terrain et,
avec cette justesse de coup-d'œil qui ne l'avait jamais
trompé, mesurait! la force et l'intrépidité de ses hommes
il assigna chacun lè1 poste qu'il devait défendre et garder
dans la campagne qu'on allait entreprendre.
La chasse l'ours est en effet une véritable campagne.
Elle exige de la part de ceux qui s'y livrent, d'abord, une
confiance illimitée dans le chef sous lequel ils marchent
et ensuite dans l'exécution de ses ordres un courage, une
force, un adresse toute épreuve.
Le» chasseurs furent donc disséminés isolément ou
deux deux pour garder toutes les issues de la montagne
et attendre la bête de pied ferme partout où elle se pré
senterait. M. de Bossange fut placé en observation der
rière une roche énorme qui cachait un coude du sentier.
Celui-ci plié et replié sur lui-même comme les longs
anneaux d'un reptile, étreignait dans ses capricieux
méandres, tout le flanc de la montagne jusqu'au faite.
D'autres sentiers de chèvres serpentaient tout autour et
venaient droite et gauche confluer au sentier princi
pal. Le poste de M. de Bossange pouvait avoir une grande
importance dans la suite de la chasse, et en le lui confiant
On écrit de Liège, 23 août
Voici quelques détails sur les arrtres qui se
ront offertes la famille royale par les ouvriers
armuriers.
Le fusil destiné au roi sort des ateliers de M.
Raick le nom de M. Raick, chacun le sait, fait
aujourd'hui autorité parmi nos arquebusiers.
Son fusil a du style; les diverses parties de
l'ornementation s'harmonisent entre elles ainsi
qu'avec la forme et l'ensemble de j'arme; c'est
l'une des premières applications importantes du
bel art de la ciselure si longtemps négligé parmi
nous ce fusil a le mérite de l'originalité; on a
pu voir l'exposition que ce n'était point une
contrefaçon il marque donc un véritable pro
grès; il y a de la sévérité, de la sobriété dans
les ornements enfin, et doit tout au travail et
rien la matière.
Celte arme, ainsi que les magnifiques pisto
lets de tir et de combat destiné au comte de
Flandre, a valu M. Raick la médaille de pre
mière classe l'Exposition universelle de Paris.
Le fusil destiné au duc de Brabant sort des
mains de M. P.-J. Lemaire, dont la réputation
est également bien établie celte arme est d'une
simplicité remarquable et d'une exécution par
faite. Son mérite, comme pour le précédent,
consiste dans le travail et non dans la matière.
Nos ouvriers ont compris, et nous les en féli
citons, qu il devait en être ainsi.
M. Alphonse Potain, président du comité
spécial des ouvriers armuriers, est chargé de
porter la parole en cette circonstance il sera
accompagné d'une députation d'ouvriers dont
le mérite particulier a déjà été récompensé par
le gouvernement.
On lit dans le Courrier de la Sambre
- C'était hier, sur le chemin de fer de Char-
leroi Louvain, le jour aux déraillements des
locomotives. Deux sont arrivés Marcinelle et
le troisième Lodelinsart. Celui de la locomo
tive du train de voyageurs partant de notre
le marquis d'Aranza prouvait au comte qu'il savait priser
sa valeur l'intrépidité des chasseurs Parisiens.
Devant ces premiers plateaux, la montagne se dresse
pic. Les tamaris, les rhododendrons, les ronces, les
bruyères, les ajoncs épineux, les chênes nains, les sapins
naissants forment et là sur les roches granitiques des
taillis épais travers lesquels l'œil même ne saurait pé
nétrer. Ailleurs le roc se présente gris et nu, et cette
nudité est quelquefois effrayante voir. Les repaires des
bêtes féroces se cachent dans les fourrés. Accompagné
des plus robustes, des plus agiles et des plus hardis mon
tagnards, le marquis fera dans ces halliers une battue
générale. Voilà sa lâche. Elle exige une bravoure, une
prudence, Une expérience consommées.
Une heure s'écoule ainsi, puis une seconde, heures
d'attente solennelle où la fièvre consume le chasseur...
Enfin, au haut de la montagne un grognement sourd se
fait entendre, grognement formidable qui, répercuté par
tous les échos, suspend les anxiétés, aiguillonne les cou
lages et les impatiences. Ce grognement est le cri de la
béte. Elle est débusquée... La véritable chasse commence.
Violemment chassé de sa retraite, un animal gigan
tesque s'est élancé bravement sur les roches dépouillées.
Il bondit de précipices en précipices, d'escarpements eu
escarpements, flairant chaque passage un ennemi. Les
pierres détachées des flancs de la montagne par son poids
énorme roulent avec fracas et donnent partout l'éveil.
Bientdt la moitié de la chasse a aperçu le terrible gibier.
C'est un superbe ours noir de la plus noble espèce et de
la plus belle venue. Fortement campé sur ses jambes