JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Hu 1.005. 16 Anncc, Jeudi, 18 Septembre 1856. Vires acquint eundo. UNE VENGEANCE. ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces,4 francs. INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Tpbes, 17 Septembre. Depuis quelque temps, il était question d'un orage clérical qui menaçait d'éclater sur la Bel gique en général et sur la ville et l'Université de Gand en particulier, le pape devait même intervenir, pour agiter une vieille rapière et nous menacer d'une bombe remplie de vent, sous prétexte de lancer l'excommunication sur la catholique Belgique. L'époque de la rentrée des vacances est d'ordinaire le moment choisi pour les grandes représentations cléricales exé cutées grand orchestre et avec accompagne ment de tam-tam. Nos concitoyens, saisis d'une terreur vague, dévoraient leur inquiétude et semblaient s'attendre des événements terri bles. Enfin la bombe si bruyamment annoncée vient d'éclater, sous la forme d'un mandement de M. l'évêque de Gand, Louis-Joseph Dele- becque, de docte et littéraire mémoire. Ouf! comme l'estimable prélat a dû se faire violence lui-même, afin de pouvoir remplir ses devoirs épiscopaux avec cette mansuétude qui caractérise son homélie. Non-seiflement l'enseignement universitaire est vertement châ tié, mais encore l'instruction moyenne, qui est sans base, parce que le clergé n'intervient pas pour donner l'enseignement religieux, ce qu'il refuse de faire, malgré les invitations faites par le gouvernement aux termes de l'art. 8 de la loi du lr Juin 1850. L'instruction primaire même ne trouve pas grâce devant l'orthodoxie de cet honorable chef diocésain, quoiqu'on ail violé la Constitution, pour accorder au clergé catholique tout ce qu'if a exigé. L'évêque de Gand ne critique pas seulement l'enseignement officiel, mais il s'attaque aux sociétés de Gand, qui probablement offrent plus d'attraits que celle de S1 Vincent de Paul et lui font ainsi concurrence. Nous en sommes au regret pour l'épiscopat Belge, mais depuis quelques années, il semble s'efforcer de prouver que l'esprit de sagesse et de prudence s'est retiré de lui. 1830 n'est pas si loin de nous et l'on se rappelle encore qu'à cette époque, il ne demandait que la liberté de l'en seignement. Depuis le parti cléricaldont les évêques sont les chefs, ne s'est guère pressé d'organiser l'enseignement de l'état, et après avoir organisé les universités de l'état pour pouvoir doter l'université épiscopale, des col lections et collèges de l'ancienne Aima Mater de Louvain, on n'a songé l'instruction pri maire qu'en 1842, et seulement en 1849, le ministère libérai a pu compléter le système. En 1830, le clergé ne demandait qu'à pouvoir être admis donner l'instruction ea concur rence avec les établissements de l'État et l'on s'étendait avec complaisance sur les bous effets de celte concurrence, traitant 1 instruction pu blique comme un métier quelconque ou une marchandise d'un commerce usuel. Mais le temps a marché et la liberté pour le clergé est un mot qui s'est transformé en celui de mono pole et celle concurrence dont on faisait tant de cas, on l'annulle sous prélex,te d'hérésie. En nous résumant, nous insistons sur les sin gulières variations des allures de lépiscopal et du clergé et nous ajoutons que dans les rela tions commerciales, nous pouvons nous exprimerainsi, puisque le clergé faitde l'instruc tion une affaire de boutique ces manigances ressemblent furieusement des manœuvres frau duleuses. Lundi dernier, il y a eu grande réunion la société de S1 Vincent de Paule des invitations avaient été lancées même des personnes qui n'étaient pas encore enrôlées. M. l'évêque de Bruges présidait la conférence, dit-on, et nous ne douions pas que cet estimable prélat n'ait obtenu beaucoup de succès et produit un grand effet sur ses bénévoles auditeurs. Nous espérons que désormais les libéraux pourront prendre la liberté grande de s'associer et de se réunir leur tour sans s'exposera être traités de francs- maçons et de clubistesdans les feuilles cléricales. Les assemblées de ces soidisant francs-maçons et clubisles se tiennent quasi publiquement et nous aimerions bien de savoir si l'on peut en dire autant des pieuses conférences des cheva liers de S1 Vincent de Paule. Nous apprenons que la Chambre de com merce d'Ypres, après avoir précédemment ad héré aux principes de l'association belge pour (suite.) VI. la vengeance. La désolation règne sur la montagne. Depuis le ma riage du marquis d'Arnnza, Henry de Bossange ne quitte pas les ruine» du château de Viane. Auprès de lui, comme une mère tendre, veille Catish la bohémienne, et sa douleur profonde elle essaie d'opposer ses consola tions. Henry, pourquoi t'aflliger ainsi? Pourquoi te laisser abattre?... Je t'avais bien dit que les Aranza sont fidèles au culte ancien. Imite-les, relève ton courage, et s'ils ne t'aiment pas qu'ils te craignent. Ainsi parlait sans cesse Catish la bohémienne M. de Bossange. Mais le comte ne l'entendait pas. Tout entier aux douleurs poignantes qui le dévastaient, il n'avait de force et de vie que pour écouter la voix qui lui parlait intérieurement. Son imagination, brûlée par la fièvre, lui montrait, comme dans un horizon lointain, les félicités rêvées et fatalement perdues, et ces fantômes le plon geaient dans une reverie morric. Le jour, la nuit, toute heure, il errait sans cesse du tombeau de son père aux ruines de Viane, et ses forces s'usaient dans l'éternel «ombat qui sa livrait au fond de son âme. Ses amis pari- la réforme douanière, vient de déléguer trois de ses membres pour la représenter au congrès international convoqué aux mêmes fins Brux elles, les 22, 23 et 24 de ce mois. On nous annonce que l'ancien établissement de M. Pelit-Porion, utilisé la fabrication du caoul-chouc durcia été détruit par un incen die qui a commencé Lundi dr 9 h. du malin. A midi, tous les bâtiments n'étaient plus qu'un monceau de décombres. Heureusement que Tes maisons voisines ont pu être préservées de rat- teinte de l'élément destructeur, et qu'on a pu arrêter ses ravages. Nous ignorons si ces con structions importantes étaient assurées et nous ne pouvons dire quelle cause on attribue ce sinistre. Dans la nuit du 13 au 14 de ce mois, un incendie dont on ignore la cause, a réduit en cendres l'étable et la grange contenant les ré coltes de l'année d'une ferme Reninghelst, occupée par le cultivateur Henri Demarels. La perte causée par ce sinistre est de 6,500 fr.; ni bâtiment ni récolles n'étaient assurés contre incendie. siens n'auraient plus reconnu l'élégant et beau jeune homme, tant il était pâle et défait, tant la souffrance avait semé de ravages sur tout son corps. Depuis le jour des noces d'Aranza, le comte en était venu un tel degré de prostration physique et morale que son cœur n'avait plus un désir, ni sa tète une volonté. Chez les Cantabres, de telles situations sont fort dangereuses; car dans ces natures vigoureuses, les réactions sont violentes, et si M. de Bossange sortait de sa léthargie il y avait tout crain dre de son réveil. Catish, cette vieille et fidèle gardienne des traditions et des mœurs d'un autre âge, espérait en un de ces revirements soudains. Profitant de la faiblesse du jeune homme, Catish ne le quittait plus. Elle s'était' faite son esclave attentive et prévoyante pour veiller aux nécessités de la vie; mais en retour de ces soins elle aiguisait sans cesse les douleurs du comte et cherchait ranimer les terribles instincts d'une nature sauvage dans cette langue primitive, dont les accents parlent si impé-j rieusement au cœur quand on l'a apprise au berceau. Plusieurs mois se passèrent ainsi. Les longs jours avaient fui les moissons étaient tombées sous la faucille l'automne avait chassé l'été et les feuilles commençaient jaunir dans les bois. Un soir, aux heures reposées et tranquilles du crépuscule dans un de ces moments où, comme l'a dit le poète Par arrêt de la cour d'appel de Gand, chambre des mises en accusation, du aa août dernier, a été ren voyé devant les assises de la Flandre occidentale, séant Bruges, le sieur Vuylslcker, Pierre, âgé de 57 ans, cultivateur Westvleteren, prévenu d'avoir, Westvleteren, dans la nuit du 3 au 4 juin dernier, mis volontairement le feu la maison par lui habités et appartenant Florimond Labbé, Poperinghe. On lit dans le Courrier de Marseille Nos existences en céréales augmentent chaque jour dans de plus grandes proportions; les arrivages des dix premiers jours viennent d'y ajouter environ 600 mille hectolitres, apportés par 137 bâtiments de toutes provenances. Les ports de la mer d'Azof sont toujours en première ligne dans nos importations ils comptent dans ce mouvement d'entrée pour 3q navires et ai 1,000 hectolitres de blés durs. Les expéditions d'Odessa sont toujours consi dérables; elles figurent dans notre relevé pour ai cargaisons, ensemble 97,53o hectolitres blés de Po- logne. C'est 1 heure ou tout le ciel se constelle de mondes, Où Dieu, pour embellir ces bords que nous aimons, D'une main a plongé le soleil dans les ondes, De l'autre fait lever la lune sur les monts. Catish qui avait vu luire quelques, éclairs dans les re gards sombres de M. de Bossange, l'entraîna avec elle vers la montagne. Ils gravirent en silence le sentier ro cailleux, et arrivés sur la crête, ils s'arrêtèrent et décou vrirent un immense horizon. Regarée là-bas, dit la vieille femme; vois-tu ces tourel les qui s'élancent vers le eiel? Vois-tu ces vieux remparts en pierres massives? C'est le manoir d'Aranza. Le mar quis est heureux aujourd'hui auprès de sa jeune épouse, et bientôt il connaîtra les joies des pères. Sa sœur a déjà parlé de quitter ces contrées. Elle a attendu assez long temps, et maintenant elle a hâte de reparaître au milieu des sociétés brillantes des villes qùe tu connais et que tu aimes. Elle a, sans doute, annoncé son retour ceux qui se sont faits les courtisans de sa beauté. Ils vont s'em presser autour d'elle; ils lui prodigueront les hommages et les douces paroles et, pendant ce temps, elle, rieuse, se promènera au milieu de ces adorations, et si parfois elle pense aux montagnes qui l'ont vu naître, elle se mo quera de la faiblesse de son ennemi. Les paroles de la bohémienne s'enfonçaient dans 1*

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