Chronique politique.
Les importations du Danube et des ports turcs
toniprennent 24 navires avec 107,000 lieet.
Nous n'avons que deux arrivages d'Alexandrie
donnant 8,000 heclotitres de blé inférieur.
Les envois de notre Colonie d'Afrique sont encore
insignifiants; ils consistent en 2,45o hectolitres
venus par petites parties sur 6 bâtiments.
Diverses provenances méditerranéennes nous
ont expédié 4 cargaisons, ensemble G,200 hectolitres.
Enfin, 7 navires venus des ports du royaume
de Naples nous ont apporté 24,814 hectolitres. C'est
là, croyons-nous, le solde des importations des
Deux-Siciles.
Les maïs arrivent aussi en quantités considéra
bles; nos purls viennent encore d'en recevoir 5a,000
hectolitres, venus de ConslantinopleGalalz et
Ibraïla, sur 12 navires. Citons encore 9 bâtiments
de la mer Noire, venus avec 81,000 hectolitres orge
et avoine provenant des approvisionnements de l'ar
mée d'Orient.
Voici un document qui peut donner une idée des
lumières dont jouissent les pays où la domination
monacale s'est intronisée depuis des siècles; c'est
dans un journal portugais qu'on le trouve
A Son Emitierice l'archevêque,
Maria-Theresafemme de Domingo Fereira,
de la paroisse de Saint-Thomas de Cadellas, du
district de Gulmaeros, est très-malade; elle a fait
usage de tous les remèdes sans éprouver de sou-
lagement, et prie Votre Éminence de vouloir au-
toriser un prêtre l'exorciser, car elle se croit
i» possédée du démon.
Elle espère que Votre Éminence voudra bien
faire celte grâce. E. R.
Nous autorisons le révérend curé dit la paroisse
h exorciser la suppliante. P. P.
Braga, 26 juillet i856.
Braga est une ville de iâ,ooo âmes, le chef-lieu
de la province d'Entre-Duero-et-Minho; elle est
pourvue d'un archevêché.
Ou croyait le temps des exorcis/nes passés et voilà
que dans une des principales villes du Portugal, un
des grands dignitaires de l'Église se piête une
pareille jonglerie. Qu'on laisse faire nos cléricaux
et les plus beaux temps de la barbarie féodale nous
reviendront avec leur brutale intolérance et leurs
superstitions sauvages.
Une preuve que J'on veut nous ramener vers ces
époques de barbarie et d'omnipotence cléricale, se
puise du reste dans la résolution que Rome a prise
de mettre nos Universités en interdit. Nous disons
nos Universités et non l'Université de Gand. Il n'est
plus question, en effet, d'un seul de nos établisse
ments d'enseignement supérieur, mais de tous. Et
si l'on doit ajouter foi VÉmancipation, la mesure
serait étendue d'autrës Universités qncQpe qu'à
celles de Belgique,
Oserait-on engager une lutte dont les résultats
pourraient bien n'être pas du goût des ultra-cléri
caux? 11 faut encore espérer qu'on réfléchira avant
d'entrer dans une voie où les périls ne seraient pas
tous pour les établissements de l'État. Que Rome et
les évèques ne croieot pas que nous nous trouvons
en plein seizième siècle; ils n'ont plus leur dévo
tion lin pouvoirlaïc assez fort et assez osé pour faire
exécuter de vive force leurs senl'euces; ni des popu
lations assez dévouées aux principes d'un -ultramon-
tanisme exagéré. Impartial
cœur de M. de Bossange avec une douleur aiguë, comme
si une lame y eût pénétré lentement. Des larmes vinrent
dans ses yeux et, une une, elles creusèrent un large
silloq $ur ses jpues pâles, mais ces larmes, l'amour ne les
faisait plus couler. Henry regarda longtemps le château
d'Aranza, puis, faisant un effort suprême, il étendit les
mains vers les tourelles et articula ces mots d'une voix
solennelle
Malédiction sur ceux qui font souffrir, quand ils
peuvent d'un mot consoler, d'un regard apaiser les hai
nes! Malédiction sur ceux qui raillent l'amour! Malédic
tion sur ceux qui ont versé le sang et qui veulent qu'il
en soit encore versé, qu'il en spit versé toujours. Malé
diction! Malédiction!
Comme accablé par cet effort, le comte, après ces mots,
s'affaissa sur lui-même, et resta quelque temps assis sur
le roc et la tête dans ses mains. Bientôt prenant une ré
solution terrible
Catish, tu m'as dit qu'à l'heure promise tu me ferais
connaître des lieux où nu! œil 11e peut voir, nulle main
saisir et arrêter la main qui se venge. L'heure a sonné.
Dévoile-moi ces secrets; ces lieux où sont-ils?
Maître, suis-moj, dit la bohémienne.
El tous deux, saus ajouter une parole, malgré l'obscu
rité qui régnait, car la nuit noire était venue, descendi
rent les premières rampes de la montagne.
Du 14 Septeipbre nu 17 inclus.
Le Time*, dans un article de fond que contient
son numéro de samedi matin, dit que le roi de Na
ples a bien retiré le langage irrespectueux qu'il avait
tenu d'abord envers la France et l'Angleterre, mais
qu'il n'a pas promis de changer de système.
La France et l'Angleterre ont répondu la Note
napolitaine, en démontrant la uéceSsité immédiate
pour le roi de Naples de gouverner d'une manière
plus conforme aux principes de l'humanité et de la
justice. Si une réponse satisfaisante n'était pas faite
ce sujet, la première mesure prise par les alliés
serait la cessation des relations diplomatiques et le
renvoi des envoyés napolitains.
Des forces navales suffisantes seront, dans ce cas,
envoyées sur les côtes de Naples et de la Sicile, pour
proléger les résidents français et anglais.
Nous avons sous les yeux le texte de l'article pu
blié par la Correspondance prussienne sur l'affaire
de Neuchâtel. Le télégraphe en avait donné une
analyse assez exacte.
Il n'est pas nécessaire, y est-il dit, pour établir le
droit de la couronne de Prusse, de remonter jusqu'en
1707, époque où le roi recueillit par héritage la
Principauté de Neuchâtel. Il suffit de rappeler que
l'abandon, signé Paris le 3 juin i3i4,<de la princi
pauté, par le prince de Wagram,qui l'avait possédée
litre de propriété particulière de 1806 1814, la
replaça aux mêmes conditions, sous la souveraineté
de la couronne de Prusse, dont le droit fut reconnu
dans les termes suivants par l'art. 23 de l'acte du
Congrès de Vienne:
Il est reconnu et déclaré que S. M. le Roi.de Prusse,
ses héritiers et successeurs posséderont de nouveau,
comme auparavant, en toute, propriété et souveraineté,
les pays suivants, savoir la principauté dcNcuehâtej
avec le comté de Valengin, tels que leurs frontières
ont été rectifiées par le traité de Paris et par l'article
76 du présent traité général.
Le journal prussien expose ensuite que si, en
i8i5, le Roi a permis l'accession de la principauté
la Confédération Suisse, cette concession, émanée de
sa libre volonté, n'a pu en rien altérer ses droits de
souveraineté que le gouvernement actuel de Neu
châtel, illégitime dans son principe, n'a été reconnu
par aucun acte diplomatique, et qu'enfin, les droits
de la Prusse, consacrés par les traités de 1814, ont
çfé de nouveau et solennellement rappelés dans le
protocole de Londres du 24 ^a' i85a. La Corres
pondance termine en publiant la protestation noti
fiée au Conseil fédéral par M. de Sydow. En voici le
texte
Aussitôt que le soussigné conseiller intime de S. M.
le Roi de Prusse et son envoyé près la Confédération
Suisse, a eu connaissance desévènements dont la prin-
eipauté de Neuchâtel vient d'être le théâtre, il a eu
pour devoir, toute réserve faite des résolutions ulté-
Heures dé son gouvernement, de renouveler immédia-
tentent, et de la façon la plus formelle et la plus
solennelle, la protestation que l'avait déjà mis dans le
cas dé formuler, les 2 et 3 mai 1848 et postérieure-
ment, la révolution do Neuchâtel. 11 le fait Tencontre
de toutes lés atteintes qui ont pu ou qui pourraient
u être portée? au droit de S. M. le roi de Prusse, comme
prince souverain de Neuchâtel et de Valengin.
En même temps que le soussigné porte ceci la
connaissance du très-honorable Conseil fédéral, il lui
renouvelle l'assurance de sa considération la plus dis—
tinguée.
Quelque maîtresse d'elle-même que se fut montrée
madame de Thoiry, le jour où M. de Bossange lui avait
révélé le fatal secret qui donnait, pour ainsi parler, une
sanction sa haine instinctive, plus tard elle n'avait pas
été moins fortement remuée, en se voyant, par un étrange
concours de circonstances, jetées dans une de ces aven
tures formidables qui n'appartiennent plus notre siècle.
Modèle de l'élégance et de la distinction contemporaine,
elle se trouvait tout d'un coup transportée au milieu des
mœurs et des traditions sauvages d'une autre époque.
Il est vrai que de son côté M. de Bossange était aussi un
type d'exquise élégance et eotte réflexion rassurait sou
vent les craintes que, nonobstant son indomptable éner
gie, concevait madame de Thoiry. Elle ne pouvait voir
dans ce dandy des boulevards un homme capable de re
lever sur la montagne cette antique croix de feu que,
jadis, les anciens promenaient de sommets en sommets
pour avertir l'ennemi que la guerre de la vengeance était
ouverte. Dans son propre cœur, côté des sentiments
nouveaux que son éducation élevée avait développés et
faits naitre, elle' éprouvait bien ces passions fortes, ces
bouillonnements impétueux qui sont le partage des races
vigoureuses. Mais Paris, au milieu de ses relations les
plus intimes, elle mettait tous ses soins les comprimer.
Pour rien au monde, elle n'eut voulu que la haute société
laquelle elle appartenait put, de certains moments,
Le Journal de Genève du 11 septembre annonce
que M. le comte de Sydow, chargé d'affaires du roi
de Prusse auprès de la Confédération, est arrivé
Berne. lia eu une longue conférence avec le prési
dent du Conseil fédéral. M. le comte de Sydow de
mandait en première ligne que l'instruction du
procès entamé contre les auteurs et complices de
l'insurrection de Neuchâtel fût suspendue jusqu'à
ce que la question internationale pendante entre le
roi de Prusse, comme souverain de Neuchâtel, et la
Confédération, eût reçu une solution; en seconde
ligne, il demandait qu'il fut usé de clémence l'égard
des prévenus.
Le président du Conseil fédéral a répondu qu'une
suspension de l'enquête était impossible dans l'état
des choses; que la justice devait uvoii son cours, et
que, quant la recommandation de clémence faite
par l'envoyé prussien, elle tombait d'elle-même, par
le fait que le Code pénal fédéral est de tous les Codes
européens le plus doux quant aux crimes de la na
ture de ceux dont il s'agit.
Enfin, quant la protestation adressée précé
demment de Sigmaringen par M. le comte de Sydow,
le Conseil fédéral a déclaré ne la point prendre en
considération.
Les nouvelles de Coustantiriople du fi prétendent
que les Russes fortifient l'entrée du Bug devant Ni-
colaïeff. L'escadre anglaise était rentrée, de sa croi
sière dans la mer Noire. Un seul vapeur, le Gladia-
tor,continuera de stationner devant l'île des Serpents,,
jusqu'à ce qu'elle ail été complètement évacuée par
les Russes.
Les dernières nouvelles de l'Amérique-Centrala
continuent de représenleP la situation de Walker
comme désespérée. Mais d'un autre côté, Rivas s'est
rendu coupable d'un acte qui pourrait lui devenir
singulièrement fatal. Il a fait fusiller Léon, le
consul américain M. Livingston, pour venger la
mort d'un certain Talizar, Nicaraguai.11 auquel Wal
ker avait fait subir le même sort. On ne s'explique
pas comment ni en quoi l'une de ces exécutions a pu
servir d'expiation l'autre. Quoiqu'il en soit, celte
violation du droit des gens pourrait bien contribuer
rétablir les affaires de Walker, en décidant les
Etats-Unis intervenir pour en avoir raison.
On a des nouvelles des îles Sandwich jusqu'à la
date du 28 juin. Le roi Kamehamea IV a épousé, le 9
juin, miss Emma Rooke, fille du docteur de ce nom.
11 y a eu de grandes 1 éjouissances Honolulu, cette
occasion. Le mariage a eu lieu suivant le rite angli
can. Le Roi est âgé de 22 ans, la Reine en a 20.
Nous avons dit, dès le début de l'affaire de l'île
des Serpents, que ce sei-aitdu bruit pour rien. Nous
n'avons pas cessé d'être de cet avis. Cependant les
journaux français,anglais et allemands y ont trouvé
le sujet de discussions interminables, et le Morning-
Post en a pris occasion de faire contre la Russie les
sorties les plus ridicules. Ce journal est allé jusqu'à
dire que l'Angleterre réglerait seule cette question
s'il le fallait, qu'elle fût appuyée ou no,n par les
autres puissances. Et il partait de là pour souteniç
que l'Angleterre doit avoir la suprématie dans le
monde qu'elle tient cette mission du Ciel, et que
son influence étant un des produits de son génie,
elle la maintiendra entière, exclusive, hautaine.
u D'autres nations, ajoutait-il, obéissent d'au-
très influences elles sont poussées par des volé-»
lêls. divers et impérieux dans des voies qui 110
Conviennent pas toujours l'Angleterre. L'An-
gleterre le» laissera obéir ces nécessités, mais
lire comme dans un livre ouvert ce qui se passait au fond
de sa pensée. Car, au milieu des femmes, ses compagne»,
et ses rivales, elle se croyait une exception, et volontiers
elle eut considéré ces ardeurs généreuses de son âme
comme un vice originel. Ainsi faisons-nous trop sou
vent quand nous voulons pous juger et nous connaître
par une comparaison superficielle. Nous nous isojons^e
tout ce qui pourrait nous expliquer de semblables phé
nomènes, et quand nous trouvons en nous ee qui Vnanqùé
aux autres, nous sommes toujours de primesaut portés
croire que c'est un défaut dont nous a gratifiés la mairt
libérale de la nature.
M. d'Aranza, qpi madame de Thoiry avait raconté la
scène du bal, se laissait également aller une pleine et
entière sécurité, mais pour d'autres motifs. Homme loyal
autant que brave, ayant d'ailleurs, il pouvait le croire,
sauvé la vie M. de Bossange, il comptait que son adver
saire lé préviendrait avant de commencêr les hostilités.
Il se réservait alors de faire appel ses forces et son
adresse pour triompher dans cette nouvelle lutte.
Pendant les premières semaines qui suivirent le ma
riage du marquis d'Aranza, la conduite de M. de Bossango
avait pleinement justifié ces manières de voir. Nous
avons vu comment la longue il était sorti de sa léthargie.
(La suite au prochain n'A