Nouvelles diverses. Lestableauxatatistiquesquiremplissent Us blancs - 3 u elle n'est pas faite pour céder des accidents po- litiques des autres États, pour faire fléchir sa politique supérieure, et elle ne fera aux besoins des autres aucune concession de se6 convenances propres. Elle ne suivra que sa voie. Quand elle y rencontrera les autres, elle acceptera leur con- cours. Quand il en sera autrement, elle marchera isolée sans se préoccuper de ses voisins. Elle se <i suffit elle-même en toute chose. La mélodie so- 1 i ta ire de sa voix la ravit. Et surtout, dans l'ar- ra ngemen t des questions étrangères, elle se gardera bien de céder la première place, non pas seulement une puissance, mais toutes les autres puis- sances réunies. Tel est le langage d'un journal gouvernemental. Il serait difficile de montrer plus d'arrogance. Le Morning Post prend assez mal son temps pour par ler ainsi Ja guerre de Crimée est trop présente aux souvenirs de tous, pour que cette prétention la suprématie puisse faire illusion. Un journal français s'est empâté de cet article pour en écrire un où il soutient que l'Angleterre s'isole. Le fait est qu'elle boude un peu, et montre quelque mauvaise humeur de ce qui se passe en Espagne, avec l'appui de l'Empereur des Français. Aussi élève-t-elle des difficultés de divers autres côtés:sur la question des principautés, par exemple, où elle est, dit-on, tombée d'accord avec la Turquie, pour s'opposer la réunion; sur la question napo litaine, sur la question grecque, et enfin, chose in croyable, sur le percement de l'isthme de Suez, dont elle se montre contrariée, asçure-t-on, et auquel elle met des obstacles, ne voulant pas que ses possessions de l'Inde soient trop rapprochées de l'Europe. Mais revenons l'île des Serpents, l'occasion de laquelle a été distillé tant de venin. Deux journaux allemands, le Deuttchland et la Gazette d'Augs- bourgapportent aujourd'hui de nouvelles révéla tions sur l'état dans lequel se trouverait le litige. S'il faut en croire la première de ces deux feuilles, le cabinet de Saint-Pétersbourg et la Porte-Ottomane persisteraient dans leurs prétentions sur l'île. Le conflit se serait même envenimé tel point, que lord Redcliffe, toujours irrité de l'attitude de la Russie ({•'est, ce qu'il paraît, l'état chronique du noble lord), aurait fait au Foreing-Office de pressantes représentations pour l'engager ne pas traiter légè rement cette affaire. Selon la Gazette d'Augsbourg, au contraire, on doit considérer le différend comme terminé. La Russie se borne tout simplement de mander que l'entretien du phare de l'île des Serpents soit assuré d'une manière qui réponde tousfes in térêts, et confié des mains sur lesquelles on puisse compter. En d'autres termes, dit plaisamment un journal français, la question se réduit s une pure affaire d'éclairage, et la diplomatie n'a qu'à la ren voyer l'examen d'une cpmpiission de lampistes européens. Nous préférons, quant nou6, la version de la Gazette d'Augsbourg aux sérieuses difficultés signalées par le Deutsohland. On lit dans VÉmancipation La Flandre occidentale vient d'entrer en posses sion d'un véritable monument topographique, digne sous tous les rapports, de la grande carte de France, exécutée par le dépôt de la guerre avec une richesse de détails et un fini d'exécution qui n'ont jamais été atteints jusqu'ici, avec cette différence que ce qui est en France l'œuvre du gouvernement et du corps de génie le plus savant de l'Europe, n'est ici que l'œuvre d'un simple géomètre (M. Popp)doué d'une patience et d'un talent capables de désespérer les plus persévérants. Qu'on se représente six feuilles de papier grand aigle, couvertes d'un travail de précision, admirable sous tous les rapports; Cassini, FerrariCrayenhoff seraient jaloux de cette perfection et de cette multi plicité de détails et de dbfcuments statistiques que l'on trouve dans l'œuvre du géomètre brugeois, tels que la délimitation des communes, des cantons, des arrondissements judiciaires et administratifs; les limites des waterirignes, le tracé et le classement des routes, des chemins de fer, des voies pavées, em pierrées ou ensablées, jusqtiîau sentiers, canaux na vigables, canaux de dessèchement et d'irrigation; tous les ponts, aqueducs, écluses, syphons, barrages, bornes kilométriques, barrières, digues, villages, hameaux, châteaux, maisons de campagne, fermes, clochers, chapelles, couvents, moulins, cabarets, natures de culture, tout y est, jusqu'aux nivelle ments de la province, tout cela est clair et saisis- sable l'œil nu. donnent la contenance, le revenu territorial et la population, le nombre des propriétaires et des par celles, celui des propriétés bâties, etc., etc. Avant d'avoir vu ce beau travail exécuté, nous l'avions pris, il y a dix ans, pour uno utopie géomé trique, qu'un grand État seul est capable de mener k bonne fin, attendu que l'État ne meurt pas. Quand ses employés périssent la tâche, on les remplace, mais un hotnmeseul,entreprendre un pareil travail d'Hercule, c'est quelque chose d'héroïque dont on parlera longtemps, si l'on n'en parle pas aujour d'hui. Vendredi, M. Tits est venu remettre pu palais du Roi le grand et magnifique album dans lequel ont été réunies les i66 adresses de félicitations au Roi des 266 conseils communaux de la Flandre occi dentale. Cet album, richement relié en rouge, est doré sur tranche avpc les armes de la province. I,'album,avec ses accessoires, occupera une place d'honneur au mi lieu du splendide mobilier qui garnit le palais du Roi. On écrit de Charleroi, i3 septembre M. James Rothschild est passé ici hier matin se rendant en Allemagne. Le célèbre capitaliste n'épar gne rien pour découvrir la retraite des deux em ployés infidèles de la Compagnie du Nord, qui ont pris la fuite, sans qu'on sache encore au juste l'heure qu'il est de quel côté ils ont dirigé leurs pas. Tous les employés de la Compagnie, qui connaissent des langues étrangères, ont été mis en campagne leur poursuite dans toutes les directions. Plusieurs soift partis pour l'Amérique. Le voyage en Allema gne deM. JamesRofhschildse rattache,dit-on, celte affaire. Le vol des caissiers du chemin de fer du Nord domine tous les événements, et prend chaque jour des proportions de plus en plus graves. Hier au soir, le bruit couraii que Grelet avait été arrêté en Bel gique. Il n'en est rien. Si je suis bien informé, il résulte des renseigne ments récueillis par la compagnie du Nord, que Grelet et Carpentier seraient ati contraire partis de Southampton, mardi, 26 août, sur un bâtiment américain qu'ils avaient nolisé leur compte. Ou a acquis la preuve qu'ils avaient vendu Londres, 2,000 actions, c'est-à-dire, réalisé a millions. Aussitôt que la nouvelle de leur départ fut con nue, des agents nombreux furent expédiés par la Compagnie sur leurs traces en Amérique, avec ordre de les poursuivre partout et de mettre en réquisition toutes les polices, et même d'en organiser une s'il le fallait, enfin de n'épargner aucune dépense et de ne reculer devant aucun moyen pour les retrouver. On a remarqué que dans le chiffre donné par la compagnie, në figurent pas les obligations volées, dontja somme s'élève environ un million. Le chif fre total est donc-d'à peu près 7 millions. Quant aux agents de change, il y a déjà une action engagée contre le syndical par la compagnie du Nord. Plusieurs d'entre eux ont entre les mains des actions qui leur ont été remises par les deux cais siers comme cou verture, et la compagnie en exige la restitution. On lit dans le Mémorial de la Loire, du ro M11" Ruliière, de Sillon, commune de Caloire, fut piquée par une petite vipère, il y a quelques jours, en cueillant des fruits. M"° Riillière négligea de faire aucun remède, parce que la piqûre avait été fort légère; cette imprudence lui a coûté cher 6a main, son bras et enfin tout son corps sont enflés au bout de de.ux ou trois jours, et quand on a voulu traiter le mal il n'était plus temps. M"' Ruliière est morte dans d'atroces souffrances. La crinoline est l'ordre du jour. J'ai sous les yeux une chanson composée récemment par un Lillois; j'en extrais les trois couplets suivants (A. L.)" 4. Paris a vu, je m'en souviens, La Vénus bottentote; C'était au bon temps des Prussiens, Quand régnait la gavotte. Alors tout le monde admirait Sa formidable échine; Mais, vraiment, qu'est-ce que c'était Près de la crinoline? '6; - •- Nos' mères avaient le panier Pour enfler leur tournure; Le crin a détrôné l'osier; Pourvu que cela dure! On opposait un mur de bois A la main libertine; 11 vaut mieux (c'est moins dur), je crois, Un mur de crinoline. 8. Je plains cet amant malheureux Qui croit que tout est rose; Qui, sur la foi de ses deux yeux, Croit tenir quelque chose. Époux, il aura droit aussi A tout ce qu'on devine; Alors, il pourra dire si.... C'est de la crinoline! Variétés. Une coulissière. Une petite dame se présente la barre du tribunal correctionnel pour se plain dre d'un abus de confiance qu'elle reproche un beau jeune homme, M. Hector Chavelot. Cette petite dame, dont la robe de soie est bleu clair, le manlelet bleu clair, les bottines bleu clair, n'est ni proprié taire, ni une pensionnée, ni une marchande, ni une artiste on jetterait sa langue'aux chiens avant de deviner ce qu'elle est. Elle est coulissière. Depuis longtemps déjà, la Bourse, et aussi un peu au tri bunal correctionnel, on connaît les coulissiers, mais les coulissières, que nous sachions, n'y avaient pas fait encore leur apparition. Qu'est-ce donc qu'une coulissière? On sait que l'entrée de la bourse esj^ interdite aux femmes; on sait que les plus intré pides, furieuses de cette interdiction, rôdent autour du temple comme des âmes désolées, se forment en groupes, attendent qu'un faux lévite, sortant du sanctuaire, leur transmette les oracles de l'aveugle déesse. Ce faux lévite ordinairement le quatrième commis d'un quart de sous-coulissier, fort affairé au surplus, se faufilant lui-même dans la coulisse pour sou compte, et surtout pour le compte d'au- trui. Telle est la profession du prévenu,îejeune Hector Chavelot, qui y joint une belle figure, une cheve lure et des moustaches ailes de corbeau, Ce commis de coulissier, coulissier lui-même, fort affairé, avons-nous dit, n'a pas le temps de parcourir tous les groupes de femmes éparpillées autour du grand parallélogramme; de là, la nécessité de créer une nouvelle fonction extra-muros, celle de coulissière. C'est/cette fonction dont a été pourvue la dame bleu clair, et elle consiste prendre les nouvelles de la bouche du coulissier pour les transmettre aux oreilles des groupes féminins. Mais la dame bleu clair ne s'est pas bornée l'exercice de sa fonction de coulissière depuis longtemps ellea joué, elle joue encore, etelle jouera toujours; depuis longtemps ellea spéculé sur les télégraphes, sur lesdoks,sur la gastronomie; depuis longtemps elle a jeté ses ancres dans l'océau do l'agio. A-t-elle gagné a-t-elle perdu C'est ce que le débat va apprendre. De quoi vous plaignez-vous? lui demande M. le président. La dame bleu clair. Je me plains de ce que j'ai confié M. Chavelot 700 francs pour m'acheler de la rente, et de ce qu'il m'a acheté la place des actions industrielles sans valeur, ce qui fait que je perds mes 700 francs, qu'il ne veut pas me rendre. Le prévenu. Madame, qui est coulissière, sait bien qu'avec 700 francs on ne peut pas faire des affaires sur la rente. La dame bleu clair. Je ne.sais rien de tout cela; je sais que je ne vous ai chargé ni de m'acheter des actions, ni d'acheter terme, ni prime, ni en liquidation... M. le président. Vous paraissez fort au courant des termes de la Bourse. Y a—t—il longtemps que vous employez le prévenu jouér pour vous? La dame bleu clair. Il y a peut-être un an. M. le président. El vpus a-t-il fait gagner de l'ar gent quelquefois? La dame bleu clairavec une charmante non chalance. Oui, une fois j'ai eu une. bonification de i,5oo tr. sur la gastronomie. M. le président. Et, cette fois, vous avez été bien contente de votre coulissier? La dame bleu clair. Sans doute, il n'y avait ^pas de quoi pleurer. M. le président, d'un ton sévère. Eh bien ma dame, il faut savoir pleurer de la perte, comme vous avez su rire du gain; c'est le sort de tous les joueurs de perdre ou de gagner. Le prévenu fait 011 vilain métier, et vous vous y êtes associée sachant fort bien ce que vous faisiez; retirez-vous, la cause est en tendue. Le tribunal, après un court délibéré, déclare que le délit n'est pas suffisamment établi, et renvoie le prévenu de la plainte. {Gaz. des Tribunaux.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1856 | | pagina 3