Chronique politique.
l'État et les railways concédés. D'assez nom
breuses modifications vont être introduites dans
les heures d'arrivée et de départ des convois sur
toutes les lignes. D'après le nouveau tableau,
nous sommes encore sacrifiés comme l'hiver
dernier, l'exception toutefois que ce régime
u'a été mis en vigueur alors que le 1' Janvier
et que celle fois il commencera le 15 Octobre.
L'arrivée du soir Ypres du centre du pays est
supprimée et il faudra pour aller de Bruxelles
Ypres. partir onze heures du matin, afin
d'arriver vers sept heures du soir. Les relations
postales seront également désorganisées le
premier courrier arrivera dix heures du matin
et le second vers midi et demi. Enfin, si on
avait juré de nous rendre les communications
par le chemin de fer détestables, on ne pour
rait mieux réussir.
Celte administration du chemin de fer de
l'état est dirigée dans un esprit de malveillance
et de taquinerie inconcevable. Tout est sacrifié
aux voyageurs étrangers qui traversent comme
une fusée notre territoire, et les indigèues,
ainsi que les hauts-bonnets du fonctionnarisme
nous nomment doivent se tenir pour assez
heureux d'être transportés comme colis.
Nous espérons bien que des protestations
vont s'élever de toutes parts et nous engageons
vivement le conseil communal et la chambre de
commercé réclamer avec instance et sans
cesse ni repos, jusqu'à ce qu'on ait organisé un
service, qui ne nous fasse pas regretter le bon
vieux temps des diligences.
-■ "T
Nous apprenons que la Chambre de commerce
d Ypres, dans sa séance du 10 cl, a pris la ré
solution de s'adresser au gouvernement afin de
le prier de prendre des mesures, pour faire
cesser la perturbation qui existe,dans le com
merce par la dépréciation de l'or français.
ÎHTÊKIEUK. Sri
M. Isidore-Désiré Anlony, capitaine pensionné
de l'armée belge, chevalier de l'ordre Léopold,
vient, de mourir Ostende, la suite d'une
longue et douloureuse maladie. Dans la révo
lution de 1830, .M. Antony faisait partie, en
qualité de lieutenant, du corps franc de Melli-
net, et fut plus tard capitaine au 2« chasseurs.'
M. Antony est hé Ypres et n'était âgé que de
54 ans.
La pêche aux harengs, laquelle prennent
part les dix-sept chaloupes de la Panne, S'an
nonce admirablement. Lannée dernière, pa
reille époque, chaque bateau ne rapportait que
3 400 harengs; aujourd'hui le chiffre atteint
déjà 1.600. On s'attend des coups de filet de
30,000. En 1854, 36,000 harengs furent pé
chés en une nuit par une seule barque; en
supposant une moyenue de 5,000 par jour et
par bateau, on arrive, pour les deux mois que
dure Ja pêche, plusieurs millions de harengs
livrés aux consommateurs.
Celte industrie nouvelle imitée de celle qui
s'exerce avec succès Boulogne^ est pleine de
sève et de vigueur elle ne réclame aucun droit
protecteur, droit que les consommateurs con
sidèrent avec raison comme un nouvel impôt
perçu au bénéfice des industries privilégiées.
Dans son audience du 29 septembre, le tri.
bunal correctionnel de Neufclaâleau con
damné le nommé Eugène-Joseph Viernu, des
servant de la paroisse de Noville, arrondissement
de Bastogne, une amende de 100 francs et
aux frais, pour avoir, le 28 juillet 11156,
Recogne, commune de Noville, procédé aux
cérémonies religieuses du mariage entre Henri-
Joseph d'Huart et Julie-Adélaïde-Léopoldine
de Wauthier, veuve de Henri-François d Hoff-
schmidt, sans que le mariage civil ait été préa
lablement contracté.
Par arrêté royal du 6 ootobre, le collège
électoral de l'arrondissement de Liège est con
voqué pour le 28 octobre courant, dix heures
du matin, l'effet d'élire un sénateur, en rem
placement de M. Robert, démissionnaire.
On écrit de Namur, qu'un vol de cinq mills
francs en billets de banque a été commis dans
les bureaux des messageries Van Gend. La jus-
lice a été immédiatement informée, et la police
a commencé ses recherches.
1 1 1 1 ..a.
Ou 9 Octobre au 11 inclus.
La crise financière inquiète bon droit le gouver
nement français. Le ministre des finances vient de
publier un rapport par lequel il a voulu rassurer
les esprits, mais où il ne prouve qu'une chose, c'est
que l'argent abonde au trésor public. Un correspon
dant fait remarquer ce sujet que le trésor public
ne s'emplit qu'avec l'argent des contribuables or,
la richesse du premier n'est pas toujours une preuve
de l'aisance des seconds. Du reste, la crise est H.
C'est un fait irrécusable. Si un rapport avait le pou
voir de changer la situation, M. Magne aurait grand
tort de n'avoir pas parlé plus tôt.
Il parle dans son rapport de poursuites exercer
contre les industriels qui se livrent l'affinage de
pièces de cinq francs.
Le bruit courait mercredi Paris que l'expédition
contre Naples était résolue, et que le gouvernement
impérial avait, fini par céder la pression de l'An
gleterre. Nous aimons espérer que ce bruit est sans
fondement. En tout, cas, Louis-Napoléon aurait
trouvé là une excellente recette pour porter le der
nier coup aux affaires, et la place de Paris ne lui
volerait pas des remerciements.
La Gatette autrichienne examinant la question
del'amnistie que l'on veut imposer au roi de Naples,
émet quelques considérations qui rentrent dans les
observations que nous avons en l'occasion de pré
senter nous-mêmes plusieurs reprises
Dans la conduite que l'on tient contre Naples, dit ce
journal, il y a une contradiction frappante: on assure
que rien de violent n'est en œuvre, et pourtant on com
met, par les exigences mêmes envers le gouvernement
napolitain, l'acte de violence le plus manifeste.
tion prématurée des luttes dont la jeunesse des
élè,ves accroît le danger.
Et qu'on ne croie pas que je veuille rabaisser le
rôle de l'enseignement supérieur, en Belgique, ni
compromettre ses nobles destinées. S'adressant des
jeunes gens dont la raison est plus ou moins déve
loppée par leurs éludes antérieures, cet enseigne
ment comporte des investigations philosophiques,
des appréciations historiques qui tiennent sa na
ture même. Les grandes et libres discussions sont
de son essence. Néanmoins cette liberté relative du
maître doit se concilier avec la. liberté de conscience
de Pélève. Cetteconciiialion, nous avons vu qu'elle
est obligatoire, au point de vue constitutionnel. Est
elle possible? Oui, elle est possible; j'en ai pour
garaul les traditions du corps professoral belge dont
les membres les plus émiuents ont toujours su
combiner les progrès de la science avec le respect
dû aux croyances religieuses de la nation.
La présente circulaire a donc pour but de re
commander MM. les professeurs la plus grande
circonspection dans leur enseignement. Le mandat
qu'ils tiennent du gouvernement, l'intérêt de l'éta
blissement auquel ils sont attachés, leur créent des
devoirs particuliers. Ces devoirs les suivent même
en dehors de leur chaire. Sans contester aux pro
fesseurs le droit de jouir de la liberté de leurs con
victions religieuses et de les manifester, le gouver
nement est juge de l'usage qu'ils font de ce droit et
de la convenance qu'ils mettent l'exercer. Ainsi,
il ne leur est pas loisible, comme tout autre ci
toyen,de publier, même sur des matières étrangères
leur enseignement, le résultat de leurs études,
quand cette publication doit nécessairement froisser
la conscience publique et, par ce froissement systé
matique et prémédité, porter un préjudice grave
la prospérité de nos établissements.
«Chargé de la haute direction de ces établisse
ments et responsable, devant la nation, de leur pros
périté ou de leur décadence, j'ai le droit de veiller k
ce que tous ceux qui sont chargés de donner l'en
seignement supérieur conservent la confiance des
lamilles, en respectant les principes religieux et so
ciaux qu'elles considèrent juste titre comme le
principal élément de leur bonheur. Ce droit est en
même temps un devoir pour moi et ce devoir, je
saurai le remplir avec fermeté, mais aussi dans
toute la plénitude de mon indépendance de ministre
constitutionnel.
«Je suis convaincu que MM. les professeurs se
montreront disposés seconder ces vues du gouver
nement. A cet effet, je fais un appel loyal leur
raison, k leur conscience.
Je leur adresse cet appel avec d'autant plus de
confiance, que, de mon côté, je prouverai en toute
circonstance que je comprends les obligations qui
m'incombent comme tuteur légal de la grande
famille académique. Les professeurs savent qu'ils
peuvent compter, pour la défense de leurs droits ét
de leurs intérêts, sur la prudente fermeté du gou
vernement, qui place au nombre de ses plus pré
cieuses prérogatives et de ses devoirs les plus
impérieux le soin de conserver prospères et respec
tées, les Universités de l'État.
Le ministre de F intérieur,
P. De Decker.
A dater du 15 Octobre commencera la période
d'hiver pour le service des chemins de fer de
violentes et le désœuvrement. Malgré cela, ses vassaux
l'avaient en grande vénération et se seraient fait tuer
pour lui. Ces hommes, presque tous chasseurs, pêcheurs,
tourbiers et bûcherons, gens rudes et peu parleurs,
voyaient avec plaisir leur jeune seigneur conserver, au
milieu de ces temps de dépravation, la vie austère et
chaste des anciens jours. Le manoir du markgrave était
situé sur la hauteur d'un petit hameau nommé Brune-
maut; ses pieds, une immense claire plus élevée que
les autres, et connu sous le nom flamand de Ilaut-Broek-
landt, étalait sa nappe d'eau éblouissante. Plus loin ve
naient d'autres claires moins considérables, puis la plaine,
et enfin une colline au sommet de laquelle le bourg
d'Oisy-le-Vcrger profilait sur le bleu du ciel le chaume
verdoyant de ses toits.
Un peu en arrière entre Brunemont et Oisy-lc-Vcrger,
on voykil dans le creux du vallon le clocher d'un im
mense couvent de femmes appelé l'abbaye du Verger.
Elle était entourée de frais tilleuls, de riantes prairies
bordées d'arbres fruitiers, dont l'aspect plein de calme
et d'uniformité, contrastait avec les sites abruptes des
claires voisines.
Quoique la meilleure partie des bois d'Ubia appartint
au comte d'Oisy. son ambition était loin d'être satisfaite
décrite concession faite son père; un chemin portant
le nom bizarre de Où-les-liommes-ont-élé-tué$, sépa
rait seul les deux propriétés de sorte qu'il arrivait sou
vent que les cerfs poursuivis par le comte se réfugiaient
sur le territoire du markgrave et interrompaient la
chasse. Maintes fois le comte proposa ane transaction par
laquelle chacun des deux seigneurs pourrait suivre les
voies du cerf, en tel lieu que ce fut, le forcer et faire la
curée; mais le markgrave se renferma dans urosilence
insultant, et lorsqu'enfin il en fallut venir au fait, il fit
répondre fièrement au comte que lorsque lui, comte
d'Oisy, lui aurait restitué ses propriétés et. serait venu
faire amende honorable la porte de son manoir, il ver
rait s'il devait ou non lui accorder la permission de
chasser dans ses bois. Cette rude réponse enfonça pro
fondément la haine dans l'âme indifférente et frivole du
comte. 11 était bien en cour, et il se promit d'arriver par
des voies plus expéditives, non pas un droit de chasse,
mais la possession complète des domaines qO'il convoi-
lait. Plusieurs fois les deux seigneurs se rencontrèrent
sur les limites de leurs bois sans qu'il y eût entre eux le
moindre regard hostile. Le plus souvent ils se saluaient
avec la froide indifférence de deux gentilshommes qui,
n'ayant rien de commun, portent néanmoins la main au
feutre par courtoisie. Peu peu ils en vinrent échanger
quelques paroles banales. Le comte d'Oisy avait sans
doute un but pour agir ainsi, taudis que le markgrave
n'oubliait sa haine que par une préoccupation plus puis
sante. Sa tristesse habituelle s'était changée en mélan
colie profonde il ne parlait presque point et errait sans
cesse dans les sombres allées des bois d'Ubia.
Les choses en étaient là','lorsqu'un matin, l'aube du
jour, le markgrave sortit dé Son manoir et se dirigea vers
les bois d'Ubia. Son front, brtini par le soleil et par lu
vent des marécages, ombragé d'une forêt de chevcnt
noirs sans poudre, paraissait plus sombre encore que de
coutume. Entre le château du markgrave et les boi»
d'Ubia, outre les claires de Brunemont, il y avait encore
le llaut-Broeklandt il fallait le traverser pour arriver a
la plaine. Arrivé sur le bord de cette immense nappe
d'eau, le markgrave s'arrêta et promena les yeux autour
de lui pour voir s'il ne découvrirait point quelque -tour-
bier ou pêcheur qui pût le transporter sur son bateau
jusqu'à l'autre rive. Rien ne tachait le miroir étincrlant
du Broeklandt, aucune voix d'homme ne s'clevait dti sein
des oserais, et l'on n'entendait que la crcssellc monotone
du rossignol de marais. Le markgrave poussa deux ou
trois cris, mais l'écho seul répondit son appel. L'impa
tience le prit et il frappa du pied avee colère; pu's<
arrondissant la main en forme de cornet, il la frappa sa
bouche en criant de toute sa force
Tya-IIillaut Jéroboam!
(La suite au prochain n°.)