JV 1,615. 16" Année.
Jeudi, 23 Octobre 1656.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Vires acquirit eundo.
ENSEIGNEMENT MOYEN.
IBSTRBCTIONJELIGIEDSE.
VILLE D'YPRES.
EXTRAIT «lu registre «les délibé
rations du Conseil communal de
la Tille d'Ypres.
ABONNEMENTS: Yi-res (franco), par trimestre, 3 francs 50c.Provinces,4francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche-. Tout ce qui concerne le journal doit
être adresse l'éditeur, Rue au iîeurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpiies, 22 Octobre.
Nous reproduisons le procès-verbal de la
séance du Conseil communal, tenue vendredi
dernier, 17 Octobre, et en laquelle s'est traitée
la question de l'enseignement religieux. Malgré
son étendue, nous croyons devoir publier exac
tement ce document, qui jettera un nouveau
jour sur les manœuvres du clergé, l'encontre
de l'enseignement laïc.
SÉANCE 1)0 17 OCTOBRE 1856.
Sont présents Messieurs le Baron Vander-
slichele de Maubusbourgmestre président
Alphonse Vanden Peereboom et Pierre Beke
échevios Théodore Vanden Bogaerde, Martin
Legraverand, Martin Smaelén, Édouard Cardi-
nael, Auguste De Ghelcke, Ernest Merghelynck,
P.-L.-F. Boedt, Charles Becuwe et Auguste
Maieur, conseillers.
A trois heures l'assemblée se trouve en nombre pour
délibérer, la séance publique est déclarée ouverte.
Le secrétaire est invité àMonncr lecture du procès-
verbal de la dernière réunion.
Cette lecture terminée, Monsieur le président consulte
l'assemblée pour savoir, s'il y a des observations faire
sur la rédaction du procès-verbal.
Aucun membre ne demandant la parole, Monsieur le
président déclare le procès-verbal approuvé.
Monsieur le conseiller Merghelynck s'adresse Mon
sieur le président pour réclamer la parole, elle lui est
accordée.
Il croit, dit-il, devoir appeler l'attention du Conseil sur
les termes de la lettre pastorale de Monsieur l'évêque de
Bruges, concernant l'enseignement moyen et supérieur,
lettre dont lecture a été donnée au prône de toutes les
églises et dans laquelle le chef diocésain avance que
trois établissements dans la province, parmi lesquels il
faut comprendre lesélablisscmcnts d'instruction moyenne
d'Ypres, se sont volontairement soustraits l'influence
salutaire du principe religieux.
II témoigne son étonnement de ce qu'après les négo
ciations entamées avec le chef du diocèse, afin d'obtenir
un prêtre pour donner l'enseignement religieux au Col
lège communal, négociations qui n'ont pas abouti, ainsi
qu'il a été déclaré en séance de cette assemblée le 18 Juin
4855, l'on puisse avancer que l'établissement d'Y-près se
soit volontairement soustrait au bienfait de l'instruction
religieuse.
Dans son opinion, ou les membres, qui ont reçu mis
sion du Conseil pour traiter avec l'évêché, ont induit
leurs collègues en erreur, ou l'évêque de Bruges dit dans
son mandement ce qu'il sait ne pas être, exact.
Monsieur l'échevin Vanden Peereboom déclare que la
commission, dès qu'elle a eu connaissance des imputa
tions lancées contre elle, par un journal de celte ville,
a compris qu'il était impossible de rester sous le poids
de ces injustes accusations, elle s'est décidée donner
au Conseil un compte-rendu très-détaillé des demandes
et des offres faites au chef diocésain. Ce rapport écrit
a été adopté par tous les membres de la commission.
Monsieur l'échevin en donne Ipcture.
Messieurs,
Un journal de cette ville, dans son numéro du 44 cou
rant, affirme que l'offre d'inscrire le règlement dit Con
vention d'Anvers dans les règlements d'ordre de nos
établissements d'instruction fut faite par vous en 1854,
dans des circonstances et sous des conditions telles que
son acceptation était impossible; que dans les dé
marches faites ce sujet, on s'est confôl raé au mot d'or
dre donné dans l'origine par le Grand Oricntde Bruxelles,
d'après lequel il était enjoint de multiplier les obstacles
pour empêcher l'exécution de l'art. 8 de la loi sur l'en
seignement moyen; enfin que c'est par votre volonté, que
ces établissements se sont soustraits l'influence salu
taire du principe religieux.
En sa séance du 2 Mars 1854, le Conseil, l'unanimité
moins une voix, nous a chargé d'entrer en négociations
avec le chef de diocèse, l'effet d'obtenir le concours du
clergé pour l'enseignement religieux donner aux élèves
du Collège communal et de l'École moyenne.
C'est donc directement sur les membres de cette com
mission, c'est-à-dire sur nous, que tombent les accusa
tions formulées par le journal dont s'agit.
Si une plume vulgaire "avait consigné dans un article
banal ces assertions, nous nous lussions abstenus de
répondre, mais l'écrit dont nous avons cité des extraits,
a par le style, par la forme et même par le fond, le carac
tère d'une communication directe, nous dirons même
méditée, puisqu'elle répond un article publié depuis
huit jours par une autre feuille de cette ville.
Nous savions en outre, que ces accusations étaient re
produites au sein des familles par des membres du clergé
de la ville et de l'arrondissement.
Dans cette situation, le silence serait une laclreté, car
nous sommes attaqués dans notre honneur, que nous
entendons maintenir intact envers et contre tous.
Sans parler du Grand Orient de Brjj^elles, qui n'a que
faire en cette occurrence, nous ne pouvons souffrir qu'on
nous aceuse d'avoir proposé des conditions inacceptables,
d'avoir multiplié les obstacles pour empêcher la réalisa
tion de vos désirs, d'avoir par conséquent failli au man
dat que vous nous aviez confié et de nous être rendus
quatre fois Bruges, pour y jouer une comédie indigDe!
A ces accusations téméraires nous répondrons par des
faits dont nous affirmons l'exactitude sur l'honneur.
Dès le début des négociai ions, nous offrîmes d'inscrire
le règlement dit Convention d'Anvers, dans nos règlements
jd'ordre intérieur; nous nous engageâmes faire exécuter
ces dispositions dans l'esprit qui les avait diclées.
Cette offre ne fut pas acceptée; des faits posés depuis
plusieurs années, objectait-on, avaient créé Ypres, en
ce qui concerne l'enseignement moyen, une situation
toute spéciale dont il était impossible de ne pas tenir!
compte.
En présence de cette non-acceptation, et mus par un
désir sincère de conciliation, nous résolûmes d'aller au-
delà de la Convention d'Anvers, et nous proposâmes de
fusionner les établissements communaux et celui de l'évê
que. Cette fusion, d'après nous, eut eu pour résultat de
créer Ypres, un établissement de premier ordre et de
faire cesser les divisions qui depuis longtemps partagent
les habitants de la ville. Cette idée ne fut pas repoussée;
restaient régler les moyens d'exéeution et spécialement
déterminer le caractère du nouvel établissement.
Dans notre opinion, le nouveau collège devait être un
Collège communal suhsidié, l'École moyenne devait ctre
régie par le gouvernement ces deux institutions devaient
être soumises au régime de la loi du 1r Juin 4850.
Une proposition faite en ce sens fut provisoirement
admise; il fut convenu en outre, qu'après leur réorgani
sation, le collège et l'école pourraient éKe placés dans
des bâtiments distincts; comme conséquence de celte
dernière résolution, il fut décidé que la ville prendrait en
location les bâtiments du Collège S'Vincent de Paul. Les
questions de détail devaient être ultérieurement réglées,
il fut néanmoins parlé du prix dè location, et bien que
la somme de 2,000 fr. demandée de ce chef nous parût
élevée, nous n'hésitâmes pas déclarer qu'en présence
du but si important que nous désirions d'atteindre, la
i question d'argent était nos yeux une question secon-j
i daire, et que nous proposerions au Conseil d'admettre:
ce chiffre.
Ces stipulations avaient l'avantage 1° de déterminer
le caractère du nouvel établissement; 2° d'assurer le
paiement des intérêts des sommes avancées par les par
ticuliers pour l'acquisition et l'appropriation du Collège
S' Vincent de Paul, et peut-être de permettre d'amortir
en un certain nombre d'années, les emprunts faits cet
effet; 3* d'écarter, par l'occupation simultanée des bâti
ments des deux institutions, toute idée d'annexion d'un
établissement l'autre et de prévenir ainsi les froisse
ments d'amour-propre que pareille idée eut pu faire naître.
Les dispositions connues sous le nom de Convention
d'Anvers auraient fait partie des règlements d'ordre inté
rieur des nouveaux établissements. L'instruction reli
gieuse devait y être donnée par deux ecclésiastiques
désigner par le chef du diocèse, conformément ce qui
se. pratique dans les localités où le règlement d'Anvers
est admis; les traitements de ces deux ecclésiastiques
devaient être fixés de commun accord, sauf approbation
du gouvernement et du conseil communal. Une seule,
limite a été posée par nous; nous avons insisté pour
que le chiffre des dépenses inscrire aux budgets ne dé
passât pas celui des ressources nouvelles, que l'augmen
tation du nombre des élèves devait procurer, car dans
notre opinion, la situation financière de la ville ne per
mettait qjas de majorer actuellement le subside accordé
par elle pour l'instruction moyenne.
Cette condition du reste n'était pas sine qud non.
Nous croyons devoir vous rappeler que la nomination
d'un ecclésiastique comme membre du bureau n'eut pré
senté aucune difficulté, une place était ouverte et, dans
la prévision de celle éventualité, était restée vacante jus
qu'au 24 Juin 4856.
Nous avions pensé d'abord qu'il serait possible de
conserver les deux pensionnats existants, niais la crainte
de voir ces deux institutions se faire une concurrence
dangereuse dans l'intérêt général ayant été manifestée,
nous avons consenti soumettre au conseil une propo
sition que l'on peut considérer comme capitale, c'est-à-
dire voil's'pi'd poser de eonficrls direction du pensionnat
un ecclésiastique qui aurait eu, aux termes de nos
règlements, le droit de désigner, sauf agréation, les sur
veillants au collège et qui aurait pu s'adjoindre ainsi
d'autres ecclésiastiques.
Cet engagement pris par nous ne prouve-t-il pas, la
dernière évidence, combien était sincère notre désir
d'aboutir i<
11 va sans dire que cette clause n'eut pu être insérée
formellement dans la convention, car les communes ne
peuvent renoncer leurs droits, ni aux termes de l'article
7 de la loi du 1' Juin 1850, déléguer un tiers l'autorité
que les lois leur confèrent et spécialement le droit que
l'article 4, 1', delà même loi leur concède; mais comme
elles ont la faculté de traiter avec des particuliers pour
la tenue de pensionnats, le collège des Bourgmestre et
Éciicvins, sauf autorisation du Conseil, eût pu traiter
avec un ecclésiastique comme avec tout autre particulier.
Nous croyons devoir faire observer aussi que dans la
combinaison nouvelle, une position meilleure eût été faite
au directeur actuel du pensionnat communal.
Enfin nous avons déclaré, pour autant que de besoin,
ne trouver aucun inconvénient voir nommer par l'au
torité légale quelques ecclésiastiques comme professeurs
régents ou surveillants, pourvu toutefois qu'ils fussent
dans les conditions prescrites par l'article 40 de la loi du
lr Juin 4850. Cette déclaration était de nature faire
disparaître toute pensée d'exclusion et d'hostilité contre
le clergé.
Tel était, Messieurs, le résultat des négociations après
quatre longues conférences nous avions d'autant plus
l'espoir d'aboutir que pendant ces négociations, nous ap
prîmes que pareil arrangement était adopté Tongrcs
par les chefs du clergé et de la ville et y produisait les
meilleurs résultats; cependant notre dernière réunion
cet espoir fut déçu.
Quelles furent les causes de ectte déception?
On nous posa la question de savoir qui serait le chef
des nouveaux établissements? Quelles seraient ses attri
butions et ses pouvoirs? Qui aurait le droit d'admettre
êt d'exclure les élèves?
La réponse ces questions était claire et facile; les
nouveaux établissements, d'après la nouvellecombinaison
admise provisoirement, devaient être régis par la lpi du
4r Juin 4850 et par les dispositions prises en exécution
de cette loi. Les questions posées étaient donc résolues,
pour l'École moyenne, par l'arrêté royal du 10 Juin 4 852;
pour le Collège, par l'arrêté royal du 7 Juin 4854, qui
par une décision du Conseil, avait été rendu applicable
notre Collège communal.
L'article 4* de ces dispositions royales porte que les
préfets pour les athénées et les directeurs pour les écoles