Yphes, 17 Octobre 1836.
Le Conseil,
B. VANDERSTICHELE.
moyennes sont chargés 1* de la direction des études et
de l'administration intérieure 2» du mainlien de l'ordre
et de In discipline; 5* des relations des éiablissemcnts
avec les diverses autorités et les parents des élèves 4*
que tous les professeurs, régents, instituteurs, maîtres,
surveillants et employés leur sont subordonnés.
Les autres articles de ees arrêtés royaux déterminent
et réglementent les attributions des préfets et des direc
teurs. Ces dispositions sont positives, mais cependant
dans la pratique, quand il y a entente cordiale, il est
facile d'en tempérer la rigueur. Chaque fois d'ailleurs
qu'un fait grave eut surgi, le bureau pouvait intervenir,
et le préfet-directeur, entrant dans les vues de l'adminis
tration, eût usé de son droit de manière prévenir tout
eonflit.
Nous n'hésitâmes pas faire ces observations, néan
moins après une longue discussion, le chef du diocèse
déclara qu'il ne pouvait passer outre de notre côté les
nouveaux établissements devant être régis par la loi de
1850, nous ne pouvions songer mettre néant des
arrêtés royaux pris en exécution de celte disposition
législative.
Dans cette situation, pour aipsi dire sans issue, il fut
décidé, que les négociations seraient indéfiniment ajour
nées, mais qu'elles seraient reprises si le chef du diocèse
ou voire commission parvenaient il découvrir de nou
veaux moyens d'arrangement avant la fin du mois de Mai
1855. Aucune réunion nouvelle n'a eu lieu et le 11 Juin
de la même année, Monseigneur l'évêquc de Bruges nous
fit connaître que les négociations entreprises pour ame-
ncr une fusion entre le Collège S1 Vincent de Paul et
le Collège communal n'ayant point abouti, il avait cru
de son devoir, d'avertir les pères de famille, que l'ac-
cord désiré n'aura pas lieu.
C'est seulement alors, Messieurs, que nous fîmes au
Conseil, en comité secret, notre rapport du 18 Juin 1855,
dont les conclusions portaient un instant nous avons
pensé qu'un arrangement honorable et avantageux
pour tous, pourrait être conclu, malheureusement on
est venu en définitive se heurter contre des faits qu'il
u n'est pas possible de faire disparaître.
Le texte de ces conclusions avait élé pour ainsi dire
littéralement arrêté, séance tenante, lors de notre der
nière conférence avec Monseigneur.
Nous avons cru, au mois de Juin dernier, pouvoir nous
abstenir de donner des explications complètes, nous vous
disions alors Nous croyons superflu d'entrer dans les
détails des négociations, la discussion des questions
soulevées et en partie résolues ne peut aboutir aucun
résultat, mais elle pourrait faire naître l'extérieur des
débats d'autant plus regrettables, que ces négociations
ont été conduites avec le désir sincère d'arriver au but
et que dans notre opinion personnelle, l'impossibilité
d'aboutir dans un temps plus ou moins éloigné n'est
pas irrévocablement démontrée.
Aujourd'hui, Messieurs, des faits récents sont venus
détruire nos prévisions; de plus nous sommes injustement
accusés, notre honneur réclamait une réponse, car nous
tenons l'estime de nos concitoyens.
Nous nous sommes abstenus de toute discussion, de
toute récrimination surtout, car nous sommes convaincus
que le narré simple et vrai des faits suffira pour démon
trer la fausseté des imputations lancées contre nous.
L'opinion publique décidera si nous avons proposé
d'inscrire la Convention d'Anvers dans nos règlements,
sous des conditions telles que son aeceptation était im
possible, si nous avons multiplié les obstacles pour empê
cher l'exécution de l'article 8 de la loi sur l'enseignement,
enfin si le Conseil et sa commission ont volontairement
soustrait nos établissements d'instruction l'influence
salutaire du principe religieux.
Nous n'ignorons pas qu'après avoir lu cet exposé, une
fraction de nos concitoyens nous accusera peut-êtred'avoir
été trop loin. Ce blâme nous toucherait peu, nous avons
consciencieusement voulu atteindre un grand but et
donner une solution définitive une question qui depuis
vingt ans, entretient la discorde entre les habitants de
cette ville, nous trouverions, dans la conviction d'avoir
cherché réaliser une mesure bonne et utile, une large
compensation ces critiques.
Nous avons fait connaître la vérité entière, l'opinion
publique nous jugera.
ALP. VANDEN PEEREBOOM.
TH. VANDEN BOGAERDE.
BOEDT.
Monsieur le conseiller Merghelynck demande de nou
veau la parole pour déclarer qu'en présence des explica
tions de la commission, il lui semble qu'il y a lieu de
signaler un fait très-important l'on pouvait croire jus
qu'ici, dit-il, et cela paraissait d'ailleurs résulter de la
discussion la Chambre lors de l'examen de la Conven
tion d'Anvess, que moyennant l'admission de la conven
tion, l'on était assuré du concours du clergé inscrit
l'art. 8 do la loi du 10 Juin 1850, mais d'après l'évéque
de Bruges, cela n'est pas suffisant pour garantir l'instruc
tion religieuse; la question d'obtenir l'enseignement de
la doctrine chrétienne par un ecclésiastique, dans les
établissements dSnstruction moyenne de cette province,
doit donc être considérée comme tranchée par consé
quent, l'honorable conseiller est d'avis que l'assemblée
n'a plus s'occuper de la lettre pastorale et dépose la
proposition suivante
Entendu les explications catégoriques de sa commis
sion
Attendu que la liberté d'enseignement est garantie par
la Constitution obligatoire pour tous les citoyens Belges;
Attendu qu'en vertu des institutions politiques de la
Beigique, l'autorité civile tous ses degrés a seule la
mission de diriger et da surveiller l'enseignement publie
organisé par l'État;
Considérant qu'il n'y a pas lieu de.s'occuper des écrits
qui, sans caractère légal, peuvent être publiés sur l'in
struction publique;
Passe lWdrc du jour et décide
Que le rapport qui précède ainsi que les explications
données seront insérées au procès-verbal, dont l'impres
sion et la publication sont votées.
Cette proposition est appuyée.
M. l'éc.lievin Vanden Pcercbooni demande pouvoir
dire encore quelques mots avant la clôture de la discus
sion.
Comme échcvin chargé de la surveillance de l'instruc
tion moyenne et président des bureaux d'administration
du collège et de l'école moyenne, je crois devoir, dit-il,
combattre une erreur que l'on cherche accréditer dans
le public en croire certaines personnes, la religion
serait complètement bannie de nos écoles, cela n'est pas
Tous les jours les élèves sont conduits la messe;
Les prières d'usage sont dites au commencement et
la fin des classes
Le Dimanche, les élèves assistent la grand'messe,
au sermon et au salut;
Tous les deux mois au moins, ils sont eonduils con
fesse
Tous sont tenus de remplir ces devoirs religieux,
moins ri'ebtenir une exemption écrite de leurs parents;
Quant l'instruction religieuse proprement dite, nous
nous trouvons entre deux é.cueils, enseigner trop ou
enseigner trop peu.
Dans une brochure intitulée Instruction sur l'ensei
gnement de la religion dans les collègesadressée par
Monseigneur l'évéque de Bruges aux professeurs ecclé
siastiques et laïcs de son diocèse, nous avions lu, que les
délégués seuls des évêques ont la mission d'interpréter
et de propager la doctrine chrétienne, mais d'autre part,
nous avons lu dans le même écrit
Il est essentiel que l'on fasse apprendre aux enfants
la lettre du catéchisme et que l'on acquière l'assurance
qu'ils la savent par cœur. A cet effet, des répétitions
fréquentes sont nécessaires. Des parents trop indul-
gents ont prétendu que cette précaution était inutile,
parce que les enfants apprennent les mots comme des
automates, et les répètent sans les comprendre. C'est
là une objection futile, qui ne mérite aucun égard.
Elle n'est propre qu'à seconder une funeste paresse au
détriment de l'enseignement religieux. Quand les vé-
rites de la foi ont été gravées profondément dans la
mémoire des enfants, elles s'y effacent difficilement;
k-et, aussi longtemps qu'elles y existent, elles servent
de texte aux explications qu'on en donne. Les enfants
qui n'ont pas fixé les paroles du catéchisme dans leur
mémoire, n'ont en général, des dogmes de la religion,
qu'une connaissance vague, incertaine et souvent erro-
née. L'enseignement qu'on leur procure manque en
quelque sorte de base, et ne laisse dans leur esprit
qu'une faible impression. Que l'on attache donc lou-
jours beaucoup de prix la lettre du catéchisme et
qu'on la fasse apprendre par cœur tous les élèves,
avec les points nécessaires au salut et les prières pres-
c critcs dans le diocèse pour les écoles. Ce point est cs-
scntiel.
En présence de ces prescriptions si claires, continue
Monsieur l'échevin, nous avons pensé qu'il était de notre
devoir de faire apprendre la lettre du catéchisme nos
élèves et que bien fixer les paroles du catéchisme dans
leur mémoire, serait obtenir un résultat utile. Ne pou
vant directement aller plus loin en ce qui concerne l'en
seignement de la religion, nous recommandons la lecture
des ouvrages approuvés par les évêques conformément
aux indications données la page 25 de l'instruction
précitée de Monseigneur l'évéque de Bruges.
Est-il donc vrai, de dire que la religion est complète
ment bannie de nos écoles? Dans la situation où nous
sommes, pouvons-nous faire plus, autre chose même que
nous fesons?
Du reste, Messieurs, je suis heureux de pouvoir vous
faire connaître que malgré les efforts de leurs adver
saires, nos établissements d'instruction sont dans une
excellente voie. Au 15 Octobre le nombre des élèves était
de 115 et par conséquent plus élevé que l'année passée
pareille époque. Le pensionnat comptait 14 internes;
depuis vingt ans ce nombre n'avait été atteint. Ces résul
tats sont très-satisfaisants.
Monsieur le conseiller Becuwe déclare appuyer l'ordre
du jour motivé proposé par son collègue Monsieur Mer
ghelynck il pense que le moment est venu de dévoiler
la vérité toute entière et de faire une bonne fois justice
des inexactitudes avancées et des calomnies lancées contre
le Collège communal.
En dénigrant cet établissement, ses adversaires n'agis
sent point, dit-il, par sollicitude pour l'instruction reli
gieuse, leur but est de parvenir anéantir ou asservir
renseignement moyen. Ils voient avec dépit que diS
professeurs honorables, instruits et considérés, donnent
la jeunesse un enseignement solide et la hauteur
du siècle dans lequel nous vivons; ils regrettent de ne
pouvoir pétrir ces jeunes intelligences leur guise, afin
de les façonner d'après leurs principes pour l'avenir. En
un mot, ils font de la question des collèges une affaire
d'étroite concurrence. L'honorable membre manifeste en
même temps le désir que le rapport fait au Conseil par
les membres qui ont été délégués auprès de l'évéque
diocésain pour négocier sur le pied de la Convention
d'Anvers, soit rendu public et adressé tous les pères
de famille, qui pourront ainsi examiner et juger par eux-
mêmes et apprécier aussi la portée des démarches dont
beaucoup d'entr'eux ont été obsédés la veille de la ren
trée du Collège, par des membres dfi clergé, colportant
l'article du journal de cette ville, où il était dit que le
collège et l'école moyenne d'Ypres s'étaient soustraits
volontairement la Convention d'Anvers.
Monsieur Merghelynck demande la parole pour prou
ver que toutes les critiques du clergé n'ont pas l'impor
tance que certaines personnes essaient de leur donner
les jeunes gens qui fréquentent les collèges et établisse
ments d'instruction moyenne, ne s'élèvent tout au plus
qu'à un chiffre de 8 p. °/0 de la population adulte, en âge
do recevoir renseignement du second degré, si on le don
nait tous. Ces jeunes gens, cpnstammcnt surveillés et
occupés d'éludés, sérieuses, se trouvent certes dans de
meilleures conditions de moralité, que les jeunes ap
prentis obligés d'apprendre un métier ou de se faire ou
vrier dans une fabrique. Ces derniers ont certainement
une position beaucoup moins favorable au point de vue
de la morale. Toutefois l'enseignement religieux est aban
donné pour ceux-ci, du moment qu'ils ont fait leur pre
mière communion, et certes, il faut le répéter, sans
vouloir dénigrer la classe ouvrière, ces jeunes gens sont
exposés des tentations et voient des mauvais exemple*
auxquels les jeunes collégiens échappent, sans compter
que l'étude des auteurs et les leçons qu'on leur donne,
leur forment le jugement et développent un haut dégré
les notions du juste et de l'injuste.
D'un autre côté, la loi prescrit d'inviter les ministres
des cultes donner ou surveiller renseignement reli
gieux. Les portes des établissements de l'État et des com
munes leur sont ouvertes. C'est le clergé qui volontai
rement refuse de remplir son devoir. Il est invité y
exercer son ministère et il s'abstient sous des prétextes et
pour des motifs, dont il reste le seul jugo. Toutefois, sur
une simple invitation, le prêtre hante les prisons, et certes
il ne peut espérer de trouver dans les maisons de force
plus de moralité et plus de dévotion que dans le» établis
sements d'instruction moyenne de l'État.
Le gouvernement et la commune, en se bornant in
viter les ministres des cultes accomplir les actes de
leur ministère, ont fait leur devoir. On est allé même
audelà. L'opinion publique décidera en dernier ressort,
quel estselui qui s'est soustrait l'accomplissement de la
mission qui lui incombe..
Monsieur le conseiller Vanden Bognerdc, l'un des
membres qui ont été délégués pour entrer en négociation
avec le chef du diocèse, déclare l'appui de l'opinion
déjà émise par un honorable membre, qu'il a pu remar
quer et ses collègues aussi, que, quand ils ont proposé,
après que l'évéque eut refusé de traiter d'après le prin
cipe de la Convention d'Anvers, la fusion des deux col
lèges, celui-ci mît de suite en question l'existenee de
l'institution qu'il appelait son collègealors que l'établis
sement communal aurait un prêtre pour y -enseigner la
doctrine chrétienne. 11 fit observer, en protestant toute
fois qu'il n'en faisait pas une question d'argent, qu'il avait
des obligations remplir envers certains parents, dont
les enfants fréquentaient ou avaient fréquenté l'institu
tion de S' Vincent de Paul.
Aucun des membres ne demandant plus la parole,
Monsieur le président déclare que la discussion est closo
et met aux voix l'ordre du jour motivé proposé par
Monsieur Merghelynck. Cet ordre du jour est adopté
l'unanimité et le collège des Bourgmestre et Échevins
s'occupera immédiatement de faire imprimer et publier
le présent procès-verbal, ainsi que le rapport de la com
mission.
Fait en séance publique le 17 Octobre 1856.
le bourgmestre président,
(Signé) B. VANDËRSTICIIELE.
PAR ordonnance
LE SECRÉTAIRE,
(Signé) Jf. DE CODT.
POVn EXTRAIT rOXFORHE
les bourgmestre et échevins,
PAR ordonnance:
LE SECRÉTAIRE,
Jt. DE CODT.
Procès-verbal de la réunion de IHeiilenr»
les Bourgmestres de l'arrondissement
d'Ypres, laquelle a en lien le 4 Octobre
1§M.
La séance est ouverte dix heures.
La réunion se compose de plus de 6o membres;