JOURNAL DTPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Jeudi, SO Octobre 1050 10 Année Vires acquinî eundo. LE MARKGRAVE DES CLAIRES. ABONNEMENTS: Ypres INSERTIONS Annonces (franco), par trimestre, 5 francs 5Qc. Pbovinces,4 francs. I Le PnocnÈs paraît le Jeudi et le Dimanche. la ligne' 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. être Tout ce qui concerne le journal doit adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. ïpbes, 39 Octobre. Nous avons fait connaître que le Conseil com tuuoal, désirant venir en aide aux classes labo rieuses, avait décidé, en sa dernière séance, que le salaire des ouvriers et manœuvres qui travaillent pour la ville, serait légèrement aug menté dater de la première semaine du mois de Novembre prochain. Cette décision, en apparence peu grave, n'est pourtant pas sans importance. Quelques cen times de plus de revenu par jour, qu'est-ce que ça disent peut-être ceux qui ont le superflu ou qui même se suffisent; et cependant quel ques centimes de plus pour une famille qui n'a pas le nécessaire, c'est beaucoup c'est un peu de chaleur durant les rudes températures de l'hiver, c'est la lumière nécessaire au travail de nuit de la ménagère, c'est une seconde tartine l'enfant qui D*én a qu'une, c'est un peu de café avec de la chicorée!.... De plus, il est espé rer que les particuliers aisés qui font travailler, imiteront l'exemple de la ville, el que l'initiative prise par la commune, aura un résultat général pour notre classe ouvrière. Nous croyons donc faire chose utile en com muniquant nos lecteurs un résumé du rapport fait au Conseil sur cette question, par Monsieur l'échevin Vanden Peereboom, au nom du col lège, ainsi que le tarif adopté par celte assem blée. M. le rapporteur constate d'abord, que le taux du salaire n'est plus, Ypres. en rapport avec le prix des choses nécessaires la vie, que l'on est généralement d'accord sur ce point et que l'on voit dans ce fait une des causes du paupérisme croissant. Le taux des salaires, con tinue le rapporteur, a peu varié depuis deux siècles, si l'on peut ajouter foi nos annales manuscrites. Le magistrat d'Yprès, vers 1626, voulant récompenser la corporation des maçons qui avaient exécuté les travaux de construction du bâtiment encore connu sous le nom de JVieuw-tcerkbâtiment qui. édifié en 1620, par des maçons étrangers, s'étaitécrouléavanl d être terminé, le magistrat porta le prix de la jour née des ouvriers maçons, quatre escalins I. les bois d'ubu. (suite.) Le mark grave fut si étourdi de ce merveilleux sang- froid, qu'il perdit toute sa présence d'esprit. Lorsqu'enfin la haine el la colère, dominant son étonncment, il voulut s'élancer sur le comte, il était trop tard. 11 le vit cin-; quante pas de là, emporté par le galop furieux de son cheval, mais conservant toujours dans ses mouvements l'aisance et la grâce d'un fin gentilhomme. Dans l'espèce d'abattement *|«ti succéda cette crise de vaines exaspé rations, le markgrave laissa stupidement flotter ses re gards autour de lui. et ses yeux errants rencontrèrent, au sommet de la crête, ceux de Jacques-Ie-Veneur, du hoquillon et du valet des chiens qtii le considéraient tous d'un air sombre et décontenancé. 11 sentit sans doute la force de ce muet et respectueux reproche, car il baissa la tête et croisa les bras sur sa poitrine. Le bruit d'une foule de gentilshommes et de piqueurs qui arrivaient en «rjant; place! attira son attention. 11 tourna les yeux de ce cùté, et frissonna de la tèle aux pieds. Une délicieuse apparition frappa ses regards et lui porta au cœur un «hoc si violent, qu'il demeura immobile, aa risque de se faire passer sur le corps par une quarantaine d»chevaux. (vieille monnaie). Le taux du salaire varia peu depuis lors, el cependant en 1623, le pain de 8 livres (plus de 3 1/2 kilogrammes) coûtait 27 centimes (3 patnrds). Un pain pesant 93 déca- gramraes coûte aujourd hui 30 centimes. Un ouvrier maçon, charpentier, etc., til travaille toute l'annéegagne par an, 486 fr ou fr. 1-32 pour chaque jour de I année. Dans les mêmes conditions, un manœuvre ou aide ne gagne que fr. 305-36 ou 83 centimes 1/2 pour chacun des 365 jours de l'année. En présence de l'augmentation du prix des denrées ou plutôt delà diminution de la vaîèur monétaire, l'iusuffisance du salaire est incontes table. Mais où est le remède Sous l'ancien régime, des corps et métiers privilégiés avaient le monopole de certaines professions, la commune avait le droit de ré glementer le travail el d'en fixer le prix J aujourd hui, sous le régime de la libre concur rence, la valeur du travail comme la valeur de toute chose, n'est réglée que par la loi générale de l'offre et de la demande. Vouloir déterminer en 1856 comme en 1626, par voie d'autorité, le prix de la journée, serait un-anachrpnisme sans résultat utilela cpmmune ne peut donc que prêcher d'exemple cette initiative, on peut l'espérer, exercera une influence heu reuse sur la situation générale. Le rapporteur constate ensuite que les cir constances sont favorables; par suite de l'émi gration d'un grand nombre d'ouvriers, les bras sont plus rares et par conséquent le prix du travail est plus élevé. Les salaires seraient désormais établies en monoaie décimale. Le collège propose ensuite de fixer comme suit les prix de la journée des ouvriers Je di vers étals, travaillant pour compte de la ville du lr Novembre au lr Mars, les ouvriers travaillant l'atelier de la ville gagneraient fr. 1-45 au lieu de fr. 1-36; pour les autres ouvriers travaillant la journée, pour compte de la ville, il serait payé fr. 1-65 au lieu de fr. 1,54, dont fr. 1-47 pour l'ouvrier el 18 C'était la Faustina. Elle accourait la téte des chas seurs, montée sur un admirable cheval blanc qu'elle diri geait avec une parfaite aisance; belle cl intrépide, elle semblait, par le sang-froid avec lequel elle franchissait les plus dangereux passages, jeter un ironique défi aux plus liardis cavaliers. Elle portait le ravisssaut costume de louveliérc. Cela se composait d'une veste en velours couleur feuille de chêne, fermée sur la poitrine et sobre ment brodée d'or, avec feuillage mêlé de glands d'argent. La coiffure était vaste, crêpée et poudrée blanc; un chapeau triangulaire en feuti'e noir mat couvrait son chef. On n'y voyait ni galons ni plumes. Les manches de la veste étaient mi-eollantes, et laissaient pasker une large manchette tailladée et releaée sur le parement de manière figurer un revers aux gants de peau de daim fine et parfumée. Les armes consistaient en u» petit cou telas gaine d'or, vrai bijou de chasse, et une courte carabine damasquinée dont la crosse figurait une téte de sanglier boutoirs d'argent. Au reste, elle était belle femme, riche en corsage, et taillée dans des proportions de Vénus. Quant la grice, elle était fille d'Opéra, c'est assez dire. En voyant cette femme, la colère du markgrave fondit soudain comme Un morceau de glace que l'on jetterait dans un brasier de houille. Il sentit son cœur faiblir, puiy il trembla, rougit, pâlit, comme un enfaDt pris an faute, et essaya vaine- centimes pour le maître. Pendant les mois de Mars et d'Octobre, les ouvriers de l'atelier com munal toucheraient fr. 1-75 au lieu de fr. 1-63, et les ouvriers travaillant la journée coûte raient Fjfj, 1-90 au lieu de fr. 1-81 soit pour l'ouvrier fr. 1-72 au lieu de fr. 1-63; pour le maître comme par le passé, 18 centimes. Enfin, pendant l'été (lr Avril au 1* Octobre), les ou vriers l'année auraient un salaire de fr 1-90 au lieu de fr. 1-82; il serait dû pour les autres travailleurs fr. 2-10 au lieu de 2 fr. dont fr. 1-92 pour iouvrier el 18 centimes pour le maître. La position des manœuvres ou aides est en core plus précaire que celle (jes quvriers; le collège propose de fixer leur salaire comme suit du 1' Novembre au lr Mars fr. 1-09 au lieu de fr. 0-91. plus 18 centimes pour le oiaî- Ire, soit payer fr. 1-25, et du lr Novembre au lr Mars, la ville payerait, au lieu de fr. 1-27,' fr. 1-45, soit tr,. 1-27 pour le travailleur el Î8 centimes pour le maître. Le Conseil a adopté ce tarif et décidé que les maîtres qui retiendraient pjus de 18 centimes par jour el par ouvrier ou, manœuvre, seraient rayés (le la liste des entrepreneurs-chefs de mé tier travaillant pour la commune. Par suite de cette résolution, les ouvriers employés toute l'année I atelier communal, loucheront par an 512 fr.; soit une augmenta tion annuelle de fr. 26-24 les ouvriers travail lant la journée gagneront 516 fr. ou 30 fr. par an de plus qù'aujourd hui. Enfin, les ma nœuvres loucheront 356 fr. par au, soit une augmentation annuelle de 51 fr. Le Conseil décide en outre que le salaire des cureurs de puits sera augmenté de 30 fr. par an. On ne peut se le dissimuler, dit en terminant, Monsieur |e rapporteur, l'augmentation que l'on propose, est bien minime, on n'a pas cru pou voir, pour le moment, aller plus loin, d'abord parce qu'en cette vqie. comme en toute autre voie d'améliprationil faut marçher lentement et avec prudence, ensuite parce qu'en faisant trop, on eut pu oe pas être suivi par les parti culiers, et qu'ainsi le but que l'on se propose ■J i il i i m» ment de détourner la téte pour se soustraire cette fas cination. Celte tentative fut au-dessus de son courage, la puissante magie de ce regard de fetnmc le domina com plètement. Sa nature rude, naïve et sauvage se tordit en vain dans les convulsions d'une volonté désespérée, elle succomba et subit t'influence magnétique et triomphante qui émanait de cette victorieuse amazone. Jugeant la lutte inutile, il la dévora de ses yeux ardents et timides la fois comme ceux d'un bandit qui voit passer une reine. La Faustina souriait. Cette fille aurait apprivoisé un ours et rogné les ongles un tigre. Elle laissa négli gemment tomber au passage un regard damner un saint sur son taciturne et sauvage admirateur, et Jul adressant la parole d'une voix vibrante el flùtée Monsieur, lui dit-ello avec un perfide sourire, le rendez-vous de chasse est au Bachintrum; mais si vous restez ainsi immobile,' vous n'arriverez jamais pour l'in stant où l'on sonnera la mort. Je vous croyais chasseur1.;. En avant, messieurs; le cerf finira par rompre les voies J En achevant ces mots, elle montra du doigt au mark- grave le cheval du piqueur qui avait opéré le relai de chiens. La Faustina et la troupe des chasseurs passèrent devant la Cave-du-Ciel comme nn tourbillon dé feuilles sèches emporté par le vent d'automne. Les paroles et le geste de la danseuse n'avaient pas été jetés en pure perte; un mirage éblouissant passa devant les yeux du mark-

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Le Progrès (1841-1914) | 1856 | | pagina 1